5-2- Du bois de feu à la production de charbon de
bois
Le bois de feu représentait l'unique source
d'énergie dans cette région avant l'utilisation du charbon de
bois. Aujourd'hui, il demeure encore la principale source d'énergie,
devant le charbon, les produits pétroliers, l'électricité
et le gaz. Mais l'utilisation du charbon est aussi fréquente dans la
ville de Tanguiéta. Le charbon est utilisé
généralement par les couches sociales aisées soit
exclusivement avec le bois, soit en combinaison avec les énergies
conventionnelles (gaz, électricité, etc.). Le charbon est aussi
destiné aux usages domestiques (cuisine, chauffage) et, accessoirement,
à certains usages extra-domestiques où le bois est
remplacé par le charbon de bois : restauration informelle, boulangerie
artisanale, forges artisanales, brasseries traditionnelles, etc. Le charbon est
utilisé à cause des nombreux avantages qu'il présente : il
est "plus propre", il fait moins de fumée, il gaspille moins
d'énergie, il donne un bon goût aux aliments cuits, il est plus
économique (un ménage de 5 personnes consomme un sac de charbon
par mois pour 1500FCFA ou 1 fagot tous les 3 jours soit 2000FCFA/mois). Le
charbon est durable, il ne se décompose pas, et son stockage est plus
facile alors que le bois de feu est attaqué par les micro-organismes.
Dans les campagnes, le bois de feu reste plus utilisé car les ressources
sont disponibles et bien que ce soit dans ces campagnes que le charbon est
fabriqué, il n'est pas utilisé par les paysans car pour eux le
coût d'acquisition des fourneaux est trop élevé et le bois
est une source gratuite d'énergie qui n'a pas besoin de subir une
transformation avant d'être utilisée contrairement au charbon. A
Tanguiéta l'usage du charbon, bien qu'en progression, reste cependant
limité Aujourd'hui encore 82% des ménages enquêtés
utilisent exclusivement le bois de feu, 15% les deux tandis que 3% utilisent
seulement le charbon.
Le procédé de carbonisation était
apparemment inconnu dans la zone avant l'accroissement de la consommation
urbaine en bois de feu et l'arrivée des étrangers venus des
autres régions surtout du Sud-Bénin et qui exprimaient une forte
demande en ce produit. La recherche de solutions à l'approvisionnement
urbain aurait poussé en premier les villages Waaba proches de
Tanguiéta à se lancer dans cette activité. Les versions
divergent quant à la période d'utilisation du charbon dans le
milieu. Pour certains ce serait au début des années 1996 que la
fabrication auraient commencé dans certains villages situés sur
la route inter- états. Pour d'autres, la fabrication est beaucoup plus
récente. Elle daterait des années 2000. Mais tous s'accordent sur
le fait que le procédé de carbonisation serait venu du
côté de Natitingou par l'intermédiaire des Wao ou des Fons.
Les mouvements de population auraient permis la diffusion du savoir-faire.
La production du charbon est assurée par un nombre
limité d'exploitants pour qui cette activité est
généralement secondaire. Dans un souci de produire un charbon de
qualité, les arbres sont sélectionnés selon la
dureté de leur bois, comme Pterocarpus erinaceus, Prosopis africana,
Vitellaria paradoxa, Anogeissus leiocarpus. Le procédé le
plus couramment utilisé est la meule de terre. Les tas de bois secs
parfois verts à carboniser sont disposés sur le sol ou dans une
fosse de forme rectangulaire ou circulaire et recouverts de feuilles et de
pailles. Les couches de gros bois sont intercalées de couches de petits
bois secs pouvant brûler rapidement. Au centre un cône de
combustion est réalisé à partir de petits bois secs
empilés. Le tout est recouvert de terre. Des évents sont
aménagés pour contrôler la carbonisation qui se
déroule en trois phases : déshydratation, carbonisation,
refroidissement. La surveillance est constante afin d'empêcher l'air de
pénétrer. Mais il faut remarquer que le rendement des meules de
terre est supérieur que le procédé qui consiste à
disposer les bois directement sur le sol. La recherche d'autres
procédés plus rentables et leur vulgarisation permettraient
surement de réduire les quantités prélevées aux
dépens de la RBP et d'augmenter le profit des producteurs de charbon.
Ce charbon est mis dans les sacs ou des bassines pour être
exposés au bord des routes pour la vente ou transporté au
marché.
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