CHAPITRE 5 : ORGANISATION DE L'EXPLOITATION DU BOIS
ENERGIE
Le diagnostique général des terroirs riverains
de la RBP révèle qu'ils disposent de ressources
naturelles dont l'une des plus importantes est la ressource ligneuse. Cette
ressource est importante pour les ménages car son exploitation constitue
une stratégie de survie pour eux. En effet ils l'utilisent non seulement
pour leurs besoins domestiques mais le commercialisent aussi. Le présent
chapitre présente l'organisation de l'exploitation du bois
énergie. Il décrit son système de production (collecte du
bois de feu et fabrication du charbon de bois), son système de
commercialisation, et la distribution du revenu qui en sort entre les
différents acteurs du circuit de commercialisation. Son objectif est de
comprendre les objectifs de production et/ou de commercialisation des acteurs
afm de contribuer à une meilleure connaissance et organisation de la
filière bois énergie.
5-1- Organisation de la collecte de bois de feu
5-1-1- Processus d'approvisionnement des ménages
et du marché
Le bois de feu est la principale source d'énergie
domestique dans les ménages : 98,5% des ménages
enquêtés l'utilisent comme source exclusive d'énergie pour
faire la cuisine. Il intervient pour la cuisson des aliments pour se
réchauffer pendant les périodes froides et même pour
l'éclairage. On le retrouve également dans certains usages peu
conventionnels. Notamment sa fumée sert à éloigner les
moustiques et les pucerons, et sa cendre est utilisée comme potasse et
pour conserver certains produits de récolte comme le
niébé. A côté du bois de feu d'autres formes
d'énergie sont aussi utilisées : le pétrole, le butane,
les résidus des petites industries de bois. Mais ce sont les couches
sociales aisées, situées dans la ville de Tanguiéta, qui
utilisent ces dernières sources.
Pour les communautés rurales des villages riverains de
la réserve, le bois est considéré comme un
élément du patrimoine, au même titre que le bétail.
En effet non seulement doit-on avoir suffisamment de bois à la maison
pour cuisiner mais aussi le revenu tiré de sa vente constitue un filet
de sécurité aux ménages en cas de crises
financières passagères. Ainsi dans 62% des cas l'âge du
stock de bois est supérieur à une année et les raisons qui
poussent les ménages à constituer des stocks sont le principe de
précaution (100% des chefs cuisine enquêtés) et le principe
de spéculation (37%).
L'activité de collecte est essentiellement le travail
des femmes Ce sont elles qu'on retrouve également dans la
commercialisation de ce produit. Mais à cause des revenus que
cette exploitation génère, certains hommes (1%
des producteurs de BE) s'y adonnent. Le bois est récolté dans les
jachères forestières, dans les champs, les parcs agro-forestiers.
Mais avec l'augmentation des besoins (domestiques et commerciaux), les
ressources en bois au niveau des jachères deviennent insuffisantes car
la durée des jachères a considérablement diminué
devant l'extension des zones mises en cultures en relation avec la pression
démographique croissante (les jachères dépassant rarement
5 ans). Cette situation a abouti à la recherche de nouvelles zones de
collecte plus au nord, principalement dans la RBP et parfois
même au-delà de la ZER1. Les montagnes, qui sont
supposées être des lieux de refuge de ces espèces, sont
aussi prises d'assaut.
Le bois de feu se présente sous diverses formes allant
du bois mort aux résidus de récolte. Le bois mort, provenant des
arbres ou des arbustes naturellement morts ou détruits lors des travaux
champêtres surtout lors du défrichage, est la forme de bois
principalement utilisée par les ménages. Ajouté au bois
vert séché ils sont aussi commercialisés. Les brindilles
sont aussi utilisées mais peu commercialisées. Quant aux
résidus de récolte, ils comprennent les tiges de sorgho et de
mil. Ils sont utilisés pour les usages domestiques surtout durant la
période de saison des pluies où la nature luxuriante de la
végétation en cette période, rend difficile aux
colleteuses la pénétration des formations
végétales. De plus, à cette époque de
l'année, elles doivent s'adonner aux travaux champêtres qui ne
laissent pas beaucoup de temps pour la collecte du bois énergie.
Photo 3: Tiges de sorgho prêtes utilisées comme
combustible.
(Cliché : LAWANI, 2007)
|
à être
|
Photo 4: Utilisation des rafles de maïs pour la cuisson
des graines de karité dans un foyer amélioré, fruit d'une
innovation locale.
(Cliché : LAWANI, 2007)
|
1 Voir 6-4-1- Menace sur la conservation de la
biodiversité de la RBP
Les techniques de collecte varient en fonction des saisons de
l'année et s'apparentent à la cueillette reposant sur des
techniques extensives : ramassage de bois mort. Pendant les pluies, c'est le
stock accumulé durant la saison sèche qui est utilisé avec
les résidus des récoltes. Durant la saison sèche, les
pratiques les plus fréquentes sont le ramassage du bois mort,
l'ébranchage du bois sec, l'abattage-coupe de troncs secs et parfois
l'ébranchage et l'abattage-coupe des troncs verts ainsi que
l'utilisation du feu pour abattre les grands arbres.
Photo 5 : Utilisation du feu pour abattre un
arbre mort (Cliché : LAWANI, 2007)
Ces dernières pratiques, bien qu'interdites, ont
été recensées à Bouniessou, Nanebou, Pessagou et
à Tchanwassaga. Ces régions coïncident avec les lieux
où le bois est surtout commercialisé. Les outils utilisés
varient de la machette à la hache.
|