3-4-4- Test des hypothèses 4
3-4-4,1-Test de l'hypothèse
4-1
L'hypothèse 4-1 vise à déterminer les
facteurs socio-économiques, culturels qui pourraient expliquer la
dépendance des ménages vis-à-vis du bois énergie.
Il s'agit de trouver les déterminants de la dépendance. Au sens
du Petit Robert, le terme déterminant renvoie à ce qui peut
amener, inciter, pousser à poser volontairement un acte. Dans l'optique
de déterminer ces facteurs qui poussent les ménages à
exploiter ou non le bois énergie, les outils d'analyse les plus
appropriés sont ceux de la régression. Il se pose un
problème de choix de modèle de régression. En effet,
n'importe quel modèle de régression ne peut être
utilisé pour n'importe quelle régression (Maddala, 1983 ;
Gourieroux, 1989; Pindyck et Rubinfeld, 1991; Doucouré, 2001). C'est
d'abord la nature continue et/ou discontinue des variables qui
déterminent le choix du modèle de régression.
> Choix du modèle
Selon Maddala (1983), Gourieroux (1989) et Doucouré
(2001), les modèles usuels de régression (moindres carrés
ordinaires, régression linéaire, doubles log etc.) sont
indiqués lorsqu'il s'agit de variables continues. Dans le cas des
variables discontinues, ces modèles de régression ne peuvent
être utilisés. En effet, l'approximation linéaire est peu
adaptée au problème car les nuages de points sont difficilement
approchables par une seule courbe pouvant donner l'équation de
régression. Il a donc fallu élaborer des modèles de
régression à variables qualitatives. Il s'agit du Probit, du
Logit, du Tobit etc.
Nous avons eu recours au revenu relatif (le rapport du revenu
issu de l'exploitation du bois énergie sur le revenu total) pour mesurer
le degré de dépendance vis-à-vis du bois énergie.
Cette variable dépendante, étant un rapport compris dans
l'intervalle [0, 1], est limitée. L'estimation par les méthodes
des moindres carrées ordinaires (MCO) n'est pas applicable dans ce cas.
Car, pour cette analyse des déterminants de la dépendance des
ménages du bois énergie, il est important de tenir compte de la
nature censurée de la variable dépendante. En effet ici, la
variable à expliquer est continue, mais n'est observable que sur un
certain intervalle. Ce type de modélisation fait appel à la fois
aux concepts développés dans le cadre de la régression
linéaire puisque la variable est continue mais également à
ceux utilisés dans les modèles à variables qualitatives,
la variable n'étant observable que sur un intervalle. Nous avons donc eu
recours à un modèle économétrique à variable
dépendante limitée, à savoir le modèle Tobit
censuré (TOBIN, 1958). L'estimation du modèle Tobit est
basée sur la notion de maximum de vraisemblance et
l'analyse des résultats de ce modèle porte essentiellement sur
:
· La qualité du modèle
La qualité du modèle est attribuée par
le seuil de significativité de la valeur du khi- deux ou le ratio de
vraisemblance (LR) ou encore par le log du maximum de vraisemblance. A un seuil
donné (1%, 5% ou 10%), le modèle est globalement significatif
lorsque la valeur du LR est supérieure à celle du khi-deux au
même degré de liberté. Le modèle est bon lorsque la
probabilité du LR est inférieure à un des seuils ou bien
lorsque la valeur du khi- deux donnée par le modèle est
inférieure à celle de la table de khi-deux à un des seuils
ci- dessus cités.
· Le pouvoir de prédiction du
modèle
Le pouvoir de prédiction du modèle est
donné par le pseudo-R, équivalent au R ajusté pour les
modèles de régression linéaires. Il donne la concordance
entre les probabilités calculées et les fréquences des
réponses observées.
· Les signes et leur signification
Les signes des coefficients sont importants. Ils indiquent si
la variation associée influence la probabilité à la hausse
ou à la baisse. Autrement dit, ces signes indiquent dans quel sens la
variation de la variable explicative influence la variation de la variable
expliquée. A chaque signe des coefficients est associée une
significativité qui revêt une grande importance. Elle est
donnée par une probabilité qui indique dans quel intervalle de
confiance on peut compter sur le signe. Cet intervalle peut être de 90%,
95% ou de 99% selon que la probabilité associée au signe est
respectivement inférieure à 10%, 5% ou 1%.
> Forme Générale du
modèle
De façon générale, on peut
considérer que la dépendance des ménages vis-à-vis
du bois énergie dépend des caractéristiques du chef
ménage et de celles de son ménage (l'âge du chef
ménage, son sexe, son niveau de prospérité, son niveau
d'instruction, la taille du ménage, le revenu du ménage net du
revenu issu de l'exploitation du bois énergie, l'appartenance à
une organisation de gestion de la RBP).
Le modèle théorique peut s'écrire :
Y= f (Age, Sexe, Nivinst, Nivprosp, Taille, Membgest,
RevhorsBE, Repas) ;
Y : la variable dépendante correspond
à la dépendance par rapport au bois énergie ;
Age : l'âge du chef ménage. La
force physique se détériorant avec l'âge, plus le chef
ménage est âgé, moins il exploitera le BE car
l'exploitation du BE nécessite beaucoup d'efforts physiques. On pourrait
donc s'attendre à ce que les chefs ménage âgés
dépendent moins du BE que les jeunes ;
Sexe : le sexe du chef ménage. Cette variable peut
influencer la dépendance vis-à-vis du BE. En effet, en Afrique,
la tâche de la collecte de bois de feu revient aux femmes et aux enfants.
On s'attend à ce que les chefs ménage femmes exploitent plus le
bois énergie que les hommes vu qu'elles ont plus recours à cette
ressource pour les besoins domestiques mais aussi pour le revenu que cela leur
procure ;
Nivprosp : variable mesurant le niveau de
prospérité. Le bois énergie est une ressource gratuite,
contrairement aux autres combustibles qui ne le sont pas. L'hypothèse
ici est que ce sont les ménages pauvres, disposant de peu de revenu, qui
exploitent le plus cette ressource. Ce sont eux donc qui dépendront le
plus de cette ressource ;
Nivinst : variable mesurant les niveaux
d'instruction. Les individus instruits sont supposés être mieux
informés sur les conséquences de la dégradation de
l'environnement suite à l'exploitation du BE. De plus ils connaissent
l'intérêt de préserver la RBP. On peut donc s'attendre
à ce qu'ils exploitent moins le BE et par ricochet qu'ils en
dépendent moins ;
RevhoBE: il s'agit du revenu du ménage
non compris le revenu issu de l'exploitation du bois énergie. On
s'attend à ce que plus le ménage a un revenu hors bois
énergie faible, plus il dépend du revenu issu du BE pour pouvoir
assurer ses dépenses de consommation ;
Taille : la taille du ménage. Les
besoins en énergie domestique sont influencés par la taille du
ménage. Elle peut donc avoir un impact sur la dépendance
vis-à-vis du BE car plus le ménage est grand, plus la
quantité de repas est importante et plus il faut utiliser de
combustible. Ainsi la taille du ménage sera positivement
corrélée avec la dépendance par rapport au BE ;
Membgest: appartenance à une
organisation de gestion. L'hypothèse sous-jacente est que les
ménages dont le chef est membre d'une organisation de gestion auront
plus de facilité à exploiter le bois énergie que ceux dont
les chefs n'en sont pas membres ;
Repas : cette variable désigne le
nombre de repas manqués. Cette variable a été retenue
parce que nous nous attendons à ce que plus le nombre de repas
manqué n'est élevé, (donc plus le ménage est
pauvre), plus le ménage dépendra du bois énergie.
Les données collectées, leur nature, leur code,
leurs modalités et leurs signes probables sont résumés
dans le Tableau II.
Tableau II : Noms, types, codes,
modalités et signes attendus des coefficients des variables explicatives
du modèle Tobit
Nom de la variable
|
Type
|
Code
|
Modalités
Signe
|
attendu
|
Variable expliquée :
|
Dépendance par rapport au bois énergie
|
Numérique
|
Depend
|
|
|
Variables explicatives
|
Age du chef ménage
|
Continue
|
Age
|
|
-
|
Sexe du chef ménage
|
Nominale
|
Sexe
|
0 si femme et 1 si homme
|
-
|
Niveau de prospérité du chef ménage
|
Ordinal
|
Nivprosp
|
1 si très riche ; 2 si riche ; 3 si
prospérité moyenne ;
4 si pauvre et
5 si très pauvre
|
+
|
Niveau d'instruction du chef ménage
|
Ordinal
|
Nivinst
|
0 si pas instruit ;
1 si primaire ;
2 si secondaire ;
3 si supérieur ;
4 si universitaire et
5 si alphabétisé
|
-
|
Revenu du ménage net du revenu issu du bois
énergie
|
Numérique
|
Revhobe
|
|
-
|
Taille du ménage
|
Numérique
|
Taille
|
|
+
|
Appartenance à une organisation de gestion
|
Binaire
|
Membgest
|
0 si NON et 1 si OUI
|
+
|
Nombre de repas sauté
|
Numérique
|
Repas
|
|
+
|
Source : Enquêtes terrain juillet-octobre
2007
3-4-4,2- Test de l'hypothèse
4-2
L'hypothèse à tester ici est
Ho : Le niveau de participation
des H1 : Le niveau de
participation
ménages aux actions de gestion telles que VS
des ménages aux actions de gestion telles
faites par le CENAGREF ne dépend pas que faites par le
CENAGREF dépend de
de leur niveau de prospérité leur niveau de
prospérité
Les deux variables en jeu sont des variables ordinales : le
niveau de participation avec trois modalités (forte participation,
participation moyenne, faible participation) et le niveau
de prospérité avec cinq modalités (comme
présentées dans le Tableau II-). L'outil
d'analyse appropriée lorsqu'on s'intéresse à une relation
bivariée entre deux variables ordinales est le test
d'indépendance de Chi-deux (X2) de Pearson. La
lecture de la valeur de X2 nous permettra de rejeter
l'hypothèse Ho si cette valeur est significative ou de
l'accepter si la valeur ne l'est pas.
Le Tableau III- qui suit nous donne une vue
synoptique des outils d'analyse en fonction des hypothèses à
tester.
Tableau III : Outils d'analyse en fonction des
hypothèses à tester
Objectifs
|
Hypothèses
|
Variables concernées
|
Modalités des variables
|
Outils d'analyse
|
01 : Evaluer et analyser l'importance de
l'exploitation du bois énergie sur les moyens d'existence
des ménages riverains de la RBP
|
H1 : L'exploitation du bois énergie
améliore de façon substantielle les moyens d'existence des
ménages
|
H1_1 : L'exploitation du bois énergie
améliore le revenu des ménages
|
- Revenu issu du BE
|
-Numérique
|
-Statistique descriptive
|
H14 : L'exploitation du bois énergie
améliore le bien-être des ménages
|
Contribution du BE aux dépenses de :
*Bien-être humain : Dépenses de santé, de
scolarisation, d'habillement, nutrition et combustibles
*Bien-être matériel : Dépenses en
équipement de production, de transformation, intrants et main d'oeuvre
agricole, fonds de roulement
*Bien-être social : Dépenses de
cérémonies, dons et tontines
|
-Numérique
|
-Statistique descriptive
|
H1_3 : L'exploitation du bois énergie
n'affecte pas le capital naturel de la RBP
|
-Quantité de BE exploitée -Potentiel de BE
existant
|
-Numérique -Numérique
|
-Statistique descriptive
|
02 : Comprendre et analyser les effets de la
législation sur l'accès des populations au BE.
|
H2- : Les populations riveraines de la
RBP exploitent le bois énergie au-delà de la
Zone d'Exploitation des Ressources.
|
-Coordonnées géo-référencées
des lieux de collecte
|
-Numérique
|
-GPS Mapping
|
03 : Comprendre l'organisation et le
fonctionnement du système de commercialisation du BE
|
H3_1: La commercialisation du bois
énergie est rentable
|
-Marges brutes unitaires -Marges de commercialisation
|
-Numérique
|
Analyse des marges
|
H3_2 : Le prix payé par le consommateur
fmal du bois énergie est équitablement réparti entre les
différents acteurs
|
-Part du prix payé par le consommateur fmal reçu
par acteur
-Acteurs du circuit de commercialisation
|
-Numérique -Nominale
|
Test t de Student
|
04 ; Identifier les
déterminants de la gestion durable du bois
énergie
|
1-14-1- : Les caractéristiques
socio-économiques du chef ménage et son appartenance aux
groupements de gestion expliquent la dépendance du ménage
vis-à-vis du bois énergie
|
-Variable expliquée : dépendance
-Variables explicatives : Caractéristiques socio-
économiques du chef ménage et du ménage
|
-Numérique
|
-Analyse de régression par le modèle Tobit
|
114_2_ : Le niveau de participation des
ménages aux actions de gestions dépend de leur niveau de
prospérité
|
-Niveau de participation -Niveau de prospérité
|
-Ordinal -Ordinal
|
Test Chi-deux (X2) de Pearson
|
Source : Enquêtes terrain juillet-octobre
2007
|