La psychologie, un genre médiatique devenu rentable( Télécharger le fichier original )par Ariane Gaffuri Celsa-Université de Paris IV-Sorbonne - Master 2 Pro en Information et Communication spécialisé en Journalisme 2008 |
2.4 A l'école de « Psy-Show »« L'instrumentalisation de la psychanalyse par le ludique (les candidats jouent) jointe au mécanisme de l'enquête policière est d'autant plus efficace [...] qu'elle cadre mieux avec la mission que s'assigne la télévision des années 1990, à savoir se substituer aux institutions défaillantes. »68(*) François Jost, « De Psy-Show à Loft Story », 2003. Dans « L'Amour en danger », « Sexy folies », « Témoin numéro un », « Mea culpa », « Perdu de vue », émissions produites par Pascale Breugnot, les journalistes et les experts présents sur le plateau ne se contentent plus de recueillir et d'encourager les confidences. Ils mettent en spectacle l'intimité et la souffrance des témoins. 2.4.1 « L'Amour en danger », Pascale Breugnot« La télévision est un spectacle, donc elle tire du côté du spectacle, de "voir". De voir à exhiber, il n'y a qu'un pas. »69(*) Claude Halmos, « Psy et médias sont-ils compatibles ? », 2003. Dans la lignée de « Psy-Show », le magazine « L'Amour en danger », diffusé à 22 heures sur TF1 du 28 octobre 1991 au 6 mai 1993, est animé par Jacques Pradel et la psychanalyste Catherine Muller. La problématique est de nouveau celle d'un couple qui se raconte. Nous prendrons l'exemple de Danièle et Alain, le 28 octobre 1991. Le rôle joué par la praticienne se démarque de l'écoute prudente de Serge Leclaire. En coulisses pendant la première partie de l'émission, elle entre en scène sous les applaudissements, après la pause publicitaire, lorsque les hostilités entre les conjoints sont à leur paroxysme. L'émotion sur le plateau est à son comble et les participants sont dans l'impasse. La psychanalyste est appelée pour « sauver » un conflit qui a été exacerbé par l'animateur. Par un jeu de rôles entre Danièle et Alain, elle incite le couple à improviser une scène de ménage, se mettant l'un à la place de l'autre. Elle leur demande ensuite de rejouer le même conflit en suivant ses instructions. Puis, elle livre ses déductions : Danièle, maniaque, range pour satisfaire le désir de sa mère et Alain, époux violent, frappe l'enfant en lui... Catherine Muller transforme le récit de paroles par un spectacle où le suspens règne. Elle apparaît, selon le sociologue François Jost, comme celle qui a le pouvoir « de lire un sens caché là où chacun n'y verrait que pure gesticulation. »70(*) Elle n'est alors ni psychanalyste, ni journaliste. * 68 Jost, François, « De Psy-Show à Loft Story », Dossiers de l'audiovisuel, septembre-octobre 2003, p. 15. * 69 Jost, François, « Psy et médias sont-ils compatibles ? », Dossiers de l'audiovisuel, INA, n° 111, septembre-octobre 2003, p. 57. * 70 Ibid, p. 15. |
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