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La psychologie, un genre médiatique devenu rentable

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par Ariane Gaffuri
Celsa-Université de Paris IV-Sorbonne - Master 2 Pro en Information et Communication spécialisé en Journalisme 2008
  

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2.4.2 « Bas les masques », Mireille Dumas et « Ca se discute », Jean-Luc Delarue

Au début des années 1990, les animateurs sont Mireille Dumas et Jean-Luc Delarue. Traitant de sujets de société en présence de psychanalystes, ils rassemblent chaque semaine jusqu'à sept millions de « fidèles ».71(*) Dans l'émission hebdomadaire « Bas les masques » diffusée sur France 2 de septembre 1992 à juin 1996, des anonymes viennent faire le récit de leur vie. Ils relatent les chagrins d'amour, les deuils, l'abandon, l'alcoolisme, la délinquance, les violences conjugales, les viols, le Sida, l'homosexualité, la prostitution, la transsexualité... Des tragédies alternativement bénignes ou graves sont évoquées avec une mise en scène minimale : un journaliste face à des témoins. Dans certains cas, Mireille Dumas demande la participation d'un psychologue sur le plateau. Dans d'autres, elle semble en adopter le rôle. L'émission « Bas les masques » est suivie en 2000 par « Vie privée, Vie publique » sur France 372(*). Le magazine conserve la même approche, avec la participation de personnalités.

Dans un style plus spectaculaire, Jean-Luc Delarue propose depuis 1994 avec « Ca se discute » une émission de témoignages, aux thèmes d'abord hétérogènes et aujourd'hui centrés sur le couple, la famille, la santé. Au moins un psychologue, voire plusieurs, est présent sur le plateau. Nous étudierons son rôle en détail dans la troisième partie de ce document.

2.4.3 Un nouvel avatar : la téléréalité73(*)

L'émission « Loft Story », inspirée du Big Brother néerlandais, suscite la stupéfaction en 2001. Animée par Benjamin Castaldi, elle apparaît sur les écrans au moment du développement de la webcam (pendant deux saisons de 70 jours, d'avril à juillet, en 2001 et 2002 sur M6). Il ne s'agit plus là d'une émission de témoignages où des personnes viennent faire le récit de leur vie. « Loft Story » est une mise en situation, une mise en « concentration » même selon certains détracteurs, de jeunes gens enfermés dans un grand appartement et devant vivre en communauté pendant onze semaines. Environ trente caméras filment leurs faits et gestes en continu. Internet diffuse l'intégralité des images. Tous les jeudis à 18h25, M6 propose une sélection des moments forts. Des psychiatres et des psychanalystes (Didier Destal, chef de service de l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard et Marie Haddou, psychologue clinicienne) interviennent dans les phases de sélection des candidats, puis tout au long de l'émission. « Loft Story » suscite une vive curiosité et de nombreuses critiques. Le psychanalyste Serge Hefez dit avoir refusé d'y participer, estimant que sans la présence d'un animateur (lequel, selon lui, permet à la relation interpersonnelle de s'établir et à une vérité de se révéler), le concept de l'émission est dangereux. « Ce ne sont plus des personnes, mais des rats dans une cage. Celui qui est observé est déshumanisé, instrumentalisé. Pire, on lui impose un scénario. Un scénario pervers. »74(*)

Propulsé sous les feux de la rampe par l'émission « Loft Story », Didier Destal, s'attire les foudres du Conseil national de L'Ordre des médecins. Il est accusé de galvauder la profession en mettant son expertise au service d'une expérimentation télévisuelle.75(*)

Depuis quarante ans, la psychologie s'est imposée dans les médias sous diverses formes, grâce à l'influence de journalistes et de professionnels qui ont su devancer l'air du temps. A chaque étape, la prise de parole a généré la curiosité et l'adhésion d'un large public. Mais elle a aussi bousculé les schémas sociaux et suscité la désapprobation. Nous verrons dans les pages suivantes, comment la psychologie se manifeste de nos jours dans la presse écrite, à la radio et à la télévision.

* 71 Risser, Hélène, « L'Audimat à mort », Seuil, 2004, op. cit.

* 72 www.evene.fr

* 73 Téléréalité : calque de l'anglais reality-TV. Genre télévisuel qui consiste à filmer la vie quotidienne de

candidats sélectionnés et placés dans des situations déterminées. « Le Petit Robert », 2008.

* 74 Schneidermann, Daniel, « Le cauchemar médiatique », Denoël, 2004, p. 225.

* 75 Ozanam, Mathieu, « Télévision : la Psy-mania », dossier « Les psys sont partout », Psycho pour tous,

www.doctissimo.fr, 2008.

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