La plantation a lieu fin aout- début
septembre, sauf pour les variétés de tomates vertes dont la
campagne est plus courte et qui sont plantées en octobre. Parfois, les
agriculteurs essayent de décaler la plantation d'une semaine dans chaque
serre afin d'étaler un peu la période de production, mais
même ainsi, il arrive un moment où toutes les serres sont en
pleine production au même moment. On plante à la main des
plantules d'une dizaine de centimètres en faisant des trous dans le
sable à l'aide d'une tige pointue en métal. Parfois, on ouvre le
sable avant de planter de façon à recouvrir les premières
feuilles de sable, ce qui favorise la création de racines. Chaque serre
est plantée en un seul jour afin que la plantation soit uniforme. Chaque
rang est séparé par 1m50, parfois de 90 cm alterné avec
1m70 pour faciliter le travail avec les perches. Chaque plant est
séparé de 50 cm, ce qui correspond à la distance entre
chaque sortie du système d'irrigation au goutte à goutte, ou de
1m, lorsque les pieds sont greffés et qu'il y a deux talles par pied.
Les greffes : pour éviter les
maladies des racines et les problèmes liés aux nématodes,
on peut utiliser des plants greffés. Le pied est alors
plus solide, on laisse deux talles producteurs à la place de un. Chaque
pied nécessite alors plus d'eau et la densité de plantation est
divisée par deux. Les plants greffés produisent des tomates de
moindre qualité au niveau de la couleur et la récolte commence un
peu plus tard. Les greffes sont faites chez le semencier, beaucoup
d'agriculteurs ne le font pas car cela coute cher à un moment où
la trésorerie est assez basse, au début de la campagne.
La période de production : Le
début de la production s'étend d'octobre à janvier selon
la variété et le choix de l'agriculteur. Au début de la
campagne, il y a une forte production de tomates de gros calibre. Le pic de
production se trouve en février, mars et avril. A partir de mai, la
production diminue, les tomates sont plus petites et se vendent un prix plus
faibles. Fin juin, il ne reste presque plus de plantations, sauf celle qui ont
été plantée en février en deuxième
campagne.
La coupe des talles : Le début de la
campagne est surtout marquée par l'entretien des jeunes plants : il faut
couper les talles qui sont nombreux car en automne la température est
encore élevée et installer et réajuster les fils au fur et
à mesure de la croissance. En hiver, la croissance est moindre, et le
temps passé à couper les talles se réduit. La coupe des
talles, au début de campagne, peut prendre à deux personnes une
journée par hectare tous les 5 jours. L'ajustement des fils peut prendre
à deux personnes une journée par hectare tous les 10 jours.
Les bourdons sont systématiquement
utilisés dans toutes les exploitations. Une caisse de bourdons est
placée tous les 1000 m2 et peut être utilisée de
1 à 2 mois en fonction de la température. Avant que l'utilisation
de bourdons se généralise, il fallait poloniser les fleurs de
tomates en appliquant une hormone sur chaque fleur. L'utilisation des bourdons
trace la voie dans l'utilisation des insectes pour la lutte
intégrée.
Avec perches : Dans le cas de production avec
perches, il faut tout au long de la campagne déplacer
les perches afin que la plante ne traine jamais sur le sol.
Sans perches : Lorsqu'il s'agit d'une
production sans perches, il faut, lorsque la plante atteint le réseau de
fil en fauteur, faire passer la tête soit directement par-dessus deux
rangées de fils, soit dans un clip destiné
à cet effet qui permet de ne pas abimer a plante et de ne pas couper le
passage de la sève.
La récolte et le calibrage : durant
la période de production, les deux travaux les plus importants sont la
récolte dans la serre, et le calibrage dans l'entrepôt. Le
calibrage prend un peu plus de temps que la récolte, il peut se faire
à la main, ou à l'aide d'une planche percée de trous
laissant passer les tomates selon leur calibre, ou à l'aide d'une
calibreuse motorisée. Il est manuel avec les variétés en
rameau. Il est possible de déléguer le calibrage à la
coopérative agricole mais c'est rare, le coût est alors
retiré du prix de vente.
En général, les agriculteurs récolte le
matin et trie l'après-midi lorsqu'il fait très chaud. Lorsqu'il y
a des salariés, soit le salarié suit l'agriculteur, c'est le cas
surtout lorsque ce sont des salariés qui restent plusieurs
années, soit le salarié ne fait que le travail de récolte,
même l'après-midi, le calibrage nécessitant plus
d'expérience et étant moins pénible. Lorsqu'il s'agit de
grandes exploitations, il peut y avoir une division du travail avec certaines
personnes ne faisant que la récolte et d'autres ne faisant que le
calibrage (avec dans ce cas, une préférence pour le travail des
femmes au calibrage et le travail des hommes dans la serre). En période
de forte production, les agriculteurs travaillent entre 12 et 14 heures par
jour.
Les produits phytosanitaires : on applique
sur les cultures des fertilisants, des fongicides et insecticides. Le
désherbage se fait à la main lors de l'entretien des cultures.
Parmi les fertilisants, on trouve du nitrate, du potassium et du phosphore et
un certain nombre d'éléments minéraux : Fer, Calcium,
Zinc, Borre, Magnésium,... ils sont mélangés avec l'eau de
l'irrigation. En général, on applique du phosphore pendant la
phase de croissance, de l'azote pour que les tomates soient plus gosses et de
la potasse pour produire plus de fruits. De l'acide humique liquide peut
également remplacer momentanément le fumier. Les fongicides et
insecticides (Sulfate...) sont soit appliqués dans l'eau lorsque c'est
pour combattre une maladie qui vient du sol, soit directement sur la plante
pour repousser les insectes vecteur de maladies comme la mouche blanche qui
apporte le virus de la cuchara. Des produits très puissants sont
mélangés à l'eau pour désinfecter le sol entre deux
campagnes. Ce sont les nombreux techniciens des coopératives agricoles
qui écrivent la « recette » des produits à appliquer en
fonction de la situation.
La coupe des têtes : on coupe la
tête des pantes vers le mois de mars, la plante arrête alors de
grandir et cela permet de produire des fruits plus gros pour les derniers
mois.
L'irrigation : on irrigue en fonction de la
saison, tous les jours au début et à la fin de la campagne, une
fois tous les deux ou trois jours en hiver. La durée de l'irrigation
varie aussi en fonction de la saison et des tuyaux, elle peut durer d'une
demi-heure à une heure.
Le vent a une très grande importance,
la ventilation permet de contrôler la température et
l'humidité à l'intérieur de la serre.
Le blanchissage consiste à peindre
le toit des serres avec de la chaux. Le but est d'éviter que la
température soit trop élevée. Comme le plastique dure
trois ans, on le fait surtout sur le plastique neuf qui n'a jamais
été blanchi. Ce travail est fréquemment
délégué à une entreprise. Il est effectué au
début de la campagne car les jeunes plants supportent mal la chaleur et
c'est une période où il fait encore chaud et au printemps,
lorsque la température commence à monter. La différence de
température lorsque le plastique a été blanchi est
d'environ 10°C
Le nettoyage : à la fin de la
campagne, on laisse sécher puis on arrache les plants, le sable est
nettoyé des résidus à l'aide d'un râteau, en
général à la main. On peut alors griffer le sol, pour le
nettoyer.
La désinfection : Il est
impératif de désinfecter entre deux campagnes afin de tuer les
maladies qui persistent dans le sol et d'éviter les mauvaises herbes. Il
existe des produits destinés à cet effet, le telone par exemple.
Une technique de désinfection consiste à appliquer un plastique
fin sur le sol et d'irriguer le sol afin de l'humidifier, la température
peut alors atteindre 80°C. Cette désinfection par chaleur se fait
au moment où le plastique est renouvelé, en effet le nouveau
plastique n'a pas été blanchi et va permettre un meilleur passage
des rayons du soleil. C'est également à ce moment là qu'on
choisit de renouveler le fumier, la désinfection permettant de tuer les
graines des adventices.
L'application du fumier : Dans la plupart
des exploitations, on applique du fumier tous les 3 à 5 ans. Pour
appliquer le fumier on ouvre le sable sur le rang de façon à
atteindre la couche inférieure qui est en fait un mélange de
terre, de sable et de fumier. Le fumier est donc à environ 20 cm en
dessous de la surface.
Le plastique doit être changé
tous les 3 ans, ce qui est généralement fait par une
entreprise.
Il y a parfois deux campagnes de tomates ou une campagne de
tomate suivie d'une autre culture (pastèque, melon...). Il y a parfois
des variétés qui supportent mal l'hiver, ou des maladies qui
obligent les agriculteurs à arracher la plantation. Dans ce cas, la
plante reste toujours de taille modeste, un fil rattaché à l
'alembre lui sert de tuteur. Deux campagnes représentent plus de
travail.
Il y a très peu de cultures hydroponiques utilisant
des substrats différents du sable. L'investissement et l'entretien que
cela requièrent sont trop important par rapport aux avantages, qui sont
surtout un meilleur contrôle phytosanitaire et une meilleure utilisation
de l'eau. Les maladies sont combattues par d'autres moyens et l'eau, qui
pourtant est une ressource rare de la région est très peu
couteuse.
Quelques exploitations, surtout celles affiliées
à la CASUR, pratiquent l'agriculture biologique. Les techniques de
productions ne changent pas fondamentalement, la grande différence se
trouve dans l'utilisation des produits chimiques. Pour lutter contre les
insectes, vecteurs de maladies, on utilise d'autres insectes
prédateurs.