I.4. Les programmes d'enseignement
à travers l'histoire
I.4.1. A l'époque
coloniale
Le « Projet d'organisation de l'enseignement libre
au Congo Belge avec le concours des Sociétés de missions
nationales » de 1925, envisage l'enseignement fondamentale en langue
locale d'après la hiérarchisation des langues
réalisée dans le Rapport Phelps Stockes Found en 1921 :
« La première langue de l'enseignement doit être le
dialecte de la tribu, la deuxième une langue intertribale et la
troisième le français. » Sans difficulté, les 4
grandes langues véhiculaires, intertribales (kikongo, lingala, swahili
et Tshiluba), déclarées par la Commission Franck (1922),
s'imposent à cet effet. L'on a également utilisé des
langues ethniques dont la population locutrice nombreuse justifiait
l'impression des manuels et la formation d'un personnel enseignant. C'est le
cas des langues ci-après : azande, kibemba, kilenda, kinande, kilunda,
kiyombe, lomongo, mashi, otetela, etc. Cette disposition concernait
également les écoles spéciales des moniteurs, des
candidats-commis et autres écoles professionnelles. Le Projet (1925)
précise en effet que « c'est autant que possible dans leur
langue qu'il faut enseigner aux indigènes si l'on veut que
l'enseignement porte des fruits ». Sachant que
« l'enseignement en langue européenne se heurterait à
des objections sérieuses d'ordre pédagogique ».
Tableau 1 : Programme de 1925 : cours de langues par
degré d'études
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MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue nationale
|
Français
|
Langue ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
1er degré du primaire (1ère
et 2ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
2ème degré (3ème,
4ème et 5ème)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole de candidats-commis (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole de moniteurs (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole professionnelle (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
N.B. : « - ou + » signifie que la langue
ethnique ne peut être medium que si elle possède une population
locutrice importante. Sinon, c'est la langue intertribale qui doit être
utilisée. Et si la langue ethnique est medium, dans ce cas, la langue
nationale ne servira pas de langue d'enseignement (+ ou -).
Le programme de 1938 s'inspire de la
même philosophie. Il préconise l'emploi des langues locales en
fonction des besoins de la colonie et de l'évolution des
mentalités. Le français est dès lors inscrit comme
matière à partir de la 3ème année
primaire et adopté comme médium à l'école moyenne
dont le cursus est de 3 ans post primaire.
Tableau 2 : Programme de 1938 : cours de langues par
niveau d'études
|
MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
1er degré du primaire (1ère
et 2ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
2ème degré (3ème,
4ème et 5ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole moyenne (3 ans)
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole normale (3 ans)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole professionnelle (3 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole ménagère
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
N.B. : Les deux programmes de 1925 et 1938
prévoient d'enseigner en langue maternelle, mais n'admettent pas
l'enseignement de ces langues, sauf si c'est une des langues intertribales.
Les programmes d'enseignement diffusés reflètent
les politiques linguistiques éducatives de l'époque coloniale. Le
principe directeur qui oriente cette disposition apparaît clairement dans
le programme de 1948 :
« En ce qui concerne l'enseignement pour
indigènes, la Belgique se défend de manifester des tendances
étroitement assimilatrices. Elle veut créer une civilisation
africaine empruntant ses éléments aussi bien à la
civilisation occidentale qu'à la culture négro-africaine.»
(Encyclopédie du Congo Belge, p.752).
Le programme de 1948, dénommé
« Organisation de l'enseignement libre subsidié pour
indigènes avec le concours des sociétés de missions
chrétiennes », s'assigne les objectifs ci-après :
- amélioration de l'enseignement primaire;
- développement de l'enseignement secondaire et
- création de l'enseignement supérieur.
L'enseignement au degré élémentaire de
l'école primaire (de la 1ère à la
3ème année) se fait à la suite de ce programme
en langue locale. Le français est matière à partir de la
4ème année du 2ème degré
ordinaire ou sélectionné (4ème,
5ème, et 6ème années) et
médium à partir de la 4ème année du
2ème degré sélectionné. Le
néerlandais est admis comme matière à la division latine
et moderne de l'école secondaire en 4ème,
5ème et 6ème années.
Tableau 3 : Programme de 1948 : cours de langues par
degré d'études
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MEDIUM
|
MATIERE
|
Langue
ethnique
|
Langue
nationale
|
Français
|
Néerlandais
|
Langue
nationale
|
Français
|
1er degree du primaire (1ère -
3ème)
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
-
|
2ème degré ordinaire
(4ème - 6ème )
|
- ou +
|
+ ou -
|
-
|
-
|
+
|
+
|
2ème degree sélectionné
(4ème- 6ème)
|
-
|
+
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole secondaire des moniteurs (4 ans)
|
-
|
+
|
-
|
-
|
+
|
+
|
Ecole moyenne (4 ans)
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole secondaire, division latine
et moderne (1ère - 3ème)
|
-
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+
|
Ecole secondaire, division latine
et moderne (4ème - 6ème)
|
-
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+
|
N.B. : - Ayant acquis le statut officiel, le
néerlandais est inscrit comme matière à l'Ecole
secondaire, division latine et moderne où il s'enseigne de la
quatrième à la sixième année.
- Il y a bilinguisme langue locale - français au
deuxième degré sélectionné du primaire.
Le « Programme métropolitain » de
1958 garde le même système au primaire et fait fonctionner
l'école secondaire avec le programme de la Belgique où le
français est seul médium et matière d`enseignement.
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