I.2.2. Après
l'indépendance
Les actes légaux en matière de politique
linguistique sont assez timides depuis l'accession du pays à la
souveraineté nationale. Néanmoins, l'Etat congolais prend des
initiatives en organisant des réunions des scientifiques et des
politiques, mais dont les recommandations ne sont parfois pas
respectées.
A titre illustratif, on peut citer :
- les résolutions de la 3ème
conférence des responsables de l'éducation (22-26/8/1966) qui
préconisent le développement et la diffusion d'une langue locale
devant devenir l'unique langue nationale et exercer toutes les fonctions
linguistiques;
- le rapport de la 1ère session de la
commission de réforme de l'enseignement (20/2 - 1er /3/1968)
qui prône le bilinguisme franco-congolais à l'école
primaire;
- le communiqué n° 253/59 (1968) du
Département de la culture et du tourisme décidant la promotion et
la diffusion des 4 langues nationales, mais sans en indiquer les
modalités d'application;
- les résolutions du 1er congrès
ordinaire du MPR (Mouvement populaire de la révolution) (1972) qui
recommandent l'étude et l'apprentissage des langues nationales à
tous les niveaux de l'éducation nationale;
- les actes du 1er séminaire de la
Société nationale des linguistes (Lubumbashi, 22-26/5/1974) qui
suggèrent la réintégration des 4 langues nationales dans
l'enseignement;
- le constat fait au cours du 3ème
congrès ordinaire du MPR (1982) sur l'absence d'une politique en
matière d'utilisation des langues nationales;
- les actes du colloque sur l'utilisation des langues
nationales dans l'éducation et dans la vie socioculturelle (Kinshasa,
11-16/3/1985) qui font des propositions intéressantes pour
l'élaboration d'une politique linguistique appropriée, etc.
L'article 8 de la constitution élaborée en 1964
après l'accession de la RDC à l'indépendance (30 juin
1960) stipule que le français est la seule langue officielle du pays,
mais avec la possibilité, pour chacune des deux chambres du Parlement
d'adopter d'autres langues de travail parmi les langues nationales (kikongo,
lingala, swahili, tshiluba). La constitution actuelle reconnaît en son
article 1er du titre 1er (DES DISPOSITIONS GENERALES), chapitre 1er
(De l'Etat et de la Souveraineté), Section 1ère (De l'Etat) que
le français est la langue officielle de la RDC. « Ses langues
nationales sont le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba. L'Etat en
assure la promotion sans discrimination. Les autres langues du pays font partie
du patrimoine culturel congolais dont l'Etat assure la
protection. »
Le Congo indépendant estime devoir compenser son
déficit des cadres scolarisés et universitaires. Il se propose
alors d'instaurer un système éducatif entièrement en
français. C'est ainsi que l'ordonnance n° 174 du 17/10/1962
décide la suppression de l'usage des langues nationales dans
l'enseignement. En effet, lorsqu'il accède à
l'indépendance, la RDC ne compte pas suffisamment de cadres. Aussi se
lance-t-elle obstinément dans un projet éducatif
accéléré et vulgarisé, où l'enseignement du
et en français est considéré comme une panacée pour
réparer ce déficit.
A la suite du 1er séminaire des linguistes
congolais (22-26/5/1974), le gouvernement réintroduit les langues
nationales comme matière à l'école primaire
(1ère, 2ème, 3ème et
4ème années) et comme médium en
1ère et 2ème années. Le
français intervient comme matière et médium à
partir de la 3ème année primaire. Ces dispositions non
officiellement abrogées apparaissent dans le programme national
d'enseignement, mais n'ont jamais été sanctionnées par un
arrêté ou une ordonnance de l'autorité publique.
Nous remarquons que la politique linguistique congolaise est
plus orientée vers le choix de la langue ou des langues d'enseignement.
On ne perçoit pas vraiment le désir d'un aménagement
linguistique devant mettre en place des infrastructures de normalisation et de
standardisation des langues locales et gérer véritablement les
interactions langagières dans la vie socioculturelle, en tenant compte
de la réalité complexe qui détermine la situation
sociolinguistique du pays.
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