3. L'exemple du Sénégal, une privatisation
réussie?
La privatisation au Sénégal est qualifiée de
réussite. Les objectifs sont-ils été atteints ? Le
développement des Télécommunications est-il bien
réel dans le pays ? Qu'en est-il de la couverture du territoire ? Le
service minimum est-il assuré ? Telles sont des questions qu'il serait
intéressant de trouver des réponses pour mesurer le succès
de la privatisation des télécommunications au
Sénégal. Commençons par rappeler les raisons et les
objectifs donnés par l'état du Sénégal concernant
la privatisation des télécommunications au Sénégal.
Avant de se lancer dans la privatisation, l'état
sénégalais avait fixé les objectifs et
éclairé les raisons pour lesquelles il a
préféré confier l'exploitation des
télécommunications à une organisation privée. Il
faut noter qu'au milieu des années 1990, le Sénégal
n'avait toujours pas franchi le seuil d'un téléphone pour 1OOO
habitants. Conscient du manque de communication dont souffre la population,
l'état s'engage alors dans la privatisation faisant appel aux capitaux
étrangers. L'objectif premier que l'état sénégalais
s'est fixé est d'augmenter le ratio d'un téléphone pour
100 habitant qui était d'un téléphone pour 1000 habitants
en 1995. Le but est de mobiliser l'épargne publique et privée
vers des secteurs productifs. Autrement dit réinvestir les
bénéfices issus de la privatisation dans le pays et dans des
secteurs prometteurs. Une raison qui a poussé l'état
sénégalais à privatiser les
télécommunications est le souci de faire face à l'essor
des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Nul
n'ignore le retard de l'Afrique
par rapport aux autres régions du monde dans le domaine
des NTIC. Un retard souvent qualifié de fracture numérique. Pour
réduire cette fracture numérique de son côté et
accélérer l'évolution technologique de son réseau
de télécommunications, le gouvernement sénégalais
espère pouvoir le faire en comptant sur le savoir faire d'un partenaire
stratégique. Ce partenaire stratégique doit donc être
capable d'assurer un chiffre
d'affaires plus important que celui dont l'opérateur
historique ne serait capable de réaliser. Il doit être aussi
capable d'ouvrir les marchés en créant de nouveaux parts de
marché. Ces objectifs semblent bien réalistes et
réalisables et doivent rimer avec le souhait des salariés.
Pourtant ils sont été réticents à la privatisation.
Ils acceptent d'accompagner le processus de privatisation pour plusieurs
raisons. Le caractère rapide de la déréglementation
rythmé par la mondialisation jugé libérale leur faisaient
peur d'autant plus que le secteur des télécommunications est
spécifiquement ouvert au monde. Ils ont donc peur que la privatisation
amène avec elle des maux qu'ils ne sauraient apporter un remède.
Ils ont effectivement peur d'être écrasés par les plus
forts. Ils reprochent à l'état de se désengager et les
livrer à eux même à la proie des plus forts.
Les salariés de la SONATEL ont été
réticents à la privatisation, mais la banque Mondiale elle
était défavorable à l'idée de privatisation de
l'entreprise phare du Sénégal. Contrairement à ce qui se
pratiquait en Afrique en général, la SONATEL allait être
privatisée alors qu'elle ne manifestait pas de difficultés
majeures.
La privatisation a été qualifiée de
succès au Sénégal. Les résultats ont
été satisfaisants. Le secteur des
télécommunications contribue pour 7% au PIB du pays en 2004, soit
290 milliards de FCA, contre une contribution de 4% en 2000. Cela constitue une
croissance de +3% en quatre, ce qui est non négligeable. Le secteur
enregistre une croissance annuelle des revenus de 18% entre 1998 et 2003 et 22%
en 2004. Les opérateurs ont investi 50 milliards de FCA en 2004, soit
5.4% des investissements du Sénégal. Le secteur est
également créateur d'emplois dans la mesure où il a permis
la création de 33 000 emplois dont 30 000 sont
générés par les télécentres. Prudence, car
les emplois générés par les télécentres sont
des emplois qui ne nécessitent aucune formation. Il faut comprendre donc
par
là que la majeure partie des emplois
générés par le secteur des
télécommunications ne sont pas des emplois qualifiants et par
conséquent de permettent à la main d'Ïuvre qualifiée
d'avoir un emploi. La télédensité pour les
téléphones fixes est également passée de 1,79 en
1999 à 2,42 en 2005. Ces résultats montrent que de plus en plus
de personnes ont accès au téléphone fixe. Le
téléphone portable a connu un développement beaucoup plus
rapide que celui du téléphone fixe. En 2005 1400 villages ont
été connecctés au fixe alors qu'ils sont de 6500 ayant
accès au téléphone mobile, soit une
télédensité de 13,43 lignes mobiles pour 100 habitants.
Notons que la plupart de ces 6500 villages ayant accès au
téléphone mobile, n'ont pas d'accès public aux services de
télécommunications. En outre, 64% des lignes fixes, des
télécentres et des équipements mobiles sont
localisés sur Dakar.
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