3.2.
Répartition de la maladie dans le monde
Les rapports des maladies à transmission vectorielle
aux facteurs physiques et humains des milieux affectés dépendent
de l'écologie de l'agent pathogène ainsi que celle de son
vecteur, de son hôte intermédiaire et/ou de son réservoir
si son cycle biologique exige leur intervention.
Dans le cas de l'onchocercose, la maladie qui se
développe principalement en milieu tropical, son existence et son
expansion sont largement tributaires de la survie du vecteur et au comportement
humain. Sa répartition dépend des paramètres
environnementaux. Elle est étroitement liée à la
distribution des gîtes larvaires de simulies qui est liée au
réseau hydrographique.
L'onchocercose sévit dans toute l'Afrique Centrale et
l'Afrique de l'Ouest ainsi que dans certaines zones de l'Afrique Orientale. Les
régions les plus touchées sont les zones de savane de l'Afrique
de l'Ouest et des régions situées le long des cours d'eau,
d'où son nom « cécité des
rivières ». La maladie existe également en
Amérique Centrale, en Amérique du Sud et la Péninsule
arabique (figure4).
Figure 4 :
Répartition géographique des foyers d'onchocercose (vers
1985)
Source : OMS/OCP, 1985
Ø En Amérique et dans la
Péninsule arabique
Dans les régions d'Amérique, la
maladie concerne aussi bien le Brésil, le Venezuela, la Colombie et
l'Equateur que le Mexique et le Guatemala (OMS, 1999).
Au Brésil, l'onchocercose sévit chez les indiens
Makiritari et Yanomami qui vivent à proximité de la
frontière Vénézuélienne, près des
rivières Auaris, Parima et Toototobi alors qu'au Venezuela, aux foyers
du Nord s'ajoute celui situé à la frontière
Brésilienne dans l'État de Bolivar et le Territoire
fédéral d'Amazonas.
En Colombie, l'endémie semble se cantonner au niveau de
la région du Micay alors qu'en Équateur, l'infection sévit
dans la province d'Esméralda et dans le bassin du Sandiago.
Au Mexique, les deux principales régions d'infection se
localisent dans le Sud-est du pays au niveau des États du Chiapas et
d'Oaxaca alors qu'au Guatemala, des foyers d'endémie sont
recensés dans le Nord-ouest du pays, à la frontière du
Mexique ainsi que dans le Sud et l'Est.
Dans la Péninsule arabique, le
principal foyer de l'onchocercose se trouve au Yémen. Toutefois,
l'infection semble se limiter au voisinage de quelques oueds permanents se
situant à des altitudes comprises entre 300 et 1500 mètres
notamment les oueds de Rima, Rasyan, Wadi Ghayl, Zabid et Surdud, Siham et
harad.
Ø En Afrique
En Afrique, l'onchocercose sévit du 15e
parallèle nord au 13e parallèle sud, soit du Sahel
présaharien jusqu'à l'Angola et la Tanzanie. Les régions
hyper-endémiques se situent au Nigeria, en Côte-d'Ivoire, au Ghana
et au Burkina-Faso. Dans le 3ème rapport du comité OMS
d'experts de l'onchocercose, la prévalence montrait que sur l'ensemble
des personnes qui, dans le monde, étaient infectées et aveugles
à cause de l'onchocercose, plus de 99% résidaient dans la
ceinture tropicale.
En Afrique de l'Ouest, l'onchocercose
concerne plus d'une dizaine de pays. Mais c'est le Nigeria, pays le plus
peuplé de l'Afrique subsaharienne, qui occupe le premier rang de nombre
de personnes infectées compris entre 3 millions (estimation
nigériane par sondage) et 7 millions (estimation OMS). Dans ce pays,
l'infection est répandue localement dans tous les États sauf ceux
de Lagos et de Rivers et elle s'observe aussi bien en savane qu'en
forêt.
Au Burkina Faso, les foyers de concentration se situent autour
des cours d'eau. En Côte d'Ivoire, la maladie est présente aussi
bien en milieu de savane qu'en milieu de forêt alors qu'au Ghana, les
régions du nord de Brong-Ahafo, Ashanti et Volta sont concernées
ainsi que le long des rivières du Pra (dans la région centrale),
de l'Ochi et du Tano et de l'Ankobra (dans la région occidentale).
En Afrique de l'Est, de nombreux foyers
d'infection à des altitudes comprises entre 500 et 1500 mètres
ont été recensés, notamment le long d'une ligne
s'étendant des monts Usambara dans le nord-est au lac Nyassa.
En Afrique Centrale, la maladie
s'étend de l'Est du Nigeria jusqu'au Sud-Ouest du Tchad, du Nord-ouest
de la République Centrafricaine et au Sud-est du Soudan en passant par
le nord du Cameroun.
Ø Au Cameroun
Au Cameroun, la répartition de l'onchocercose est
hétérogène (figure E.1 en annexe E). La maladie est
présente dans toutes les provinces. Les régions infestées
sont caractérisées par un réseau hydrographique
dense : bassins des grands fleuves et leurs principaux affluents
(MINSANTE, 1986). En effet, il existe trois types de régions : les
régions hyperendémiques où le taux de prévalence de
la maladie est supérieur ou égal à 60%, les régions
mésoendémiques où ce taux se situe entre 35 et 59% et les
régions hypoendémiques où ce taux est inférieur
à 35%. Ces régions sont inclues dans deux grandes
zones : la zone de savane (Nord Cameroun) et la zone de forêt (Sud
Cameroun). Toutefois, les manifestations cliniques de l'onchocercose dans ces
zones diffèrent profondément. D'une manière
générale, la maladie est plus grave en zone de savane qu'en zone
de forêt car elle peut être responsable de près de 15 % de
cécité dans certains villages hyperendémiques en milieu de
savane et moins de 5 % de cécité en milieu de forêt (SAME
EKOBO, 1997). Cependant, l'opposition entre l'onchocercose de savane et de
forêt demeure assez schématique à cause de l'existence des
faciès épidémiologiques de transition connus au Cameroun
sous le nom de zone de transition forêt-savane.
Ainsi, la distribution de l'onchocercose recoupe l'aire de
répartition de la mouche noire qui trouve dans ces milieux un biotope
favorable à son existence. Cependant, il convient de rappeler que la
mouche noire (simulie) en soi n'est pas source de maladie mais
dépositaire d'une situation dont il est l'un des maillons essentiels
comme nous l'avons montré dans la présentation du cycle de
développement du parasite responsable de la maladie. La simulie ne
devient donc agent de dissémination qu'après avoir
été en contact avec un sujet déjà
infecté.
Face à cette situation, l'homme doit réagir.
Sachant que les aspects humains constituent un élément
considérable dans la répartition géographique de
l'onchocercose, la connaissance de ceux-ci va prendre, à
côté de la recherche médicale, une part importante dans
les recherches de stratégies de lutte contre la maladie.
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