SECTION 3 : ASPECTS ÉCOLOGIQUES DE LA RÉPARTITION DE L'ONCHOCERCOSE
3.1. Onchocercose
et environnement
D'après le Petit Larousse (2002), l'environnement est
l'ensemble des éléments physiques, chimiques ou biologiques,
naturels et artificiels, qui entourent un être humain, un animal ou un
végétal. Dans le cadre de l'étude des relations entre
l'onchocercose et l'environnement, l'environnement peut être
considéré comme l'ensemble des paramètres du milieu humain
qui favorisent l'apparition de l'onchocercose. Autrement dit, l'environnement
sera considéré comme l'ensemble des conditions naturelles et
culturelles susceptibles de favoriser le développement de
l'onchocercose ; il prend également en compte les
caractéristiques sociales, familiales ou économiques liées
à la population humaine concernée.
L'onchocercose ne sévit que dans les régions
tropicales où les conditions environnementales permettent le
développement de son vecteur (OMS, 1999). C'est une maladie liée
à l'eau et par conséquent aux saisons climatiques et à
l'environnement.
Les facteurs climatiques qui influencent en grande partie le
développement et le comportement des simulies sont la
température, l'hygrométrie et la pluviométrie. La
température agit sur le développement larvaire,
l'hygrométrie influence l'activité des simulies et la
pluviométrie agit sur le régime des cours d'eau qui est un
élément important pour la reproduction. La forêt dense
constitue un frein au déplacement des populations de simulies. Lorsque
l'homme ouvre des couloirs dans cet environnement pour l'agriculture,
l'exploitation forestière ou le désenclavement de certains sites,
les simulies trouvent des espaces pour se déplacer et infester de
nouvelles zones (Paris F.).
La transmission de l'onchocercose est plus fréquente
à proximité des rivières et ruisseaux à courant
rapide, donc très oxygénés. Les larves de simulies sont
rhéophiles et trouvent des conditions favorables dans les eaux rapides
et les imagos qui y émergent peuvent facilement attaquer les hommes qui
vivent à proximité de ces eaux. Généralement en
zone tropicale, la température moyenne du mois le plus froid descend
rarement en dessous de 18°C. Étant donné que la transmission
de l'onchocercose n'est possible que pour des températures
supérieures à 18°C (OMS, 1999), les conditions sont
favorables à la propagation de la maladie. Les régions dans
lesquelles cette maladie est endémique sont non seulement situées
dans la zone tropicale, mais elles sont caractérisées par un
réseau hydrographique dense ; c'est le cas du Cameroun. Les foyers
de l'onchocercose sont situés près des cours d'eau à
courants rapides très oxygénés (eau blanche). Les
gîtes larvaires des mouches noires sont ainsi situés au niveau des
chutes et des rapides. Les pics de transmissions sont liés au niveau
d'oxygénation de l'eau qui varie en fonction des saisons. Une
étude épidémiologique de certains foyers a permis de
distinguer une onchocercose de type savane et une onchocercose de type
forêt. Si la majorité des caractères
épidémiologiques et climatiques de ces deux types d'onchocercose
sont identiques, les taux de lésions oculaires onchocerquiennes graves
et des cécités sont beaucoup plus élevés dans les
foyers de savane que dans les foyers de forêt (PICQ et
al., 1992 ; DUKE, 1981). Actuellement, l'hypothèse retenue
pour expliquer cette différence est l'existence de souches
d'Onchocerca volvulus différentes en savane et en
forêt.
Les changements de pluviométrie entraînent un
changement du débit des cours d'eau à courants rapides où
les simulies se reproduisent. C'est ainsi que le pic de transmission de
l'onchocercose et de nuisances dans les régions traversées par
ces cours d'eau est observé en saison de pluie. Pendant cette
période le débit des cours d'eau et l'oxygénation de l'eau
augmentent, créant ainsi des conditions propices au développement
des larves de simulie. En saison sèche, dans certaines régions
où le lit du cours d'eau a une topographie de fond rocheux, on
peut aussi avoir un pic de transmission, car on a la création de rapides
due aux chocs entre l'eau et les roches du lit.
Dans les régions où sont implantés des
barrages, les conditions de prolifération des mouches noires sont
permanentes car le débit rapide est maintenu en aval. Le maintien d'un
débit rapide fait que dans ces régions, l'onchocercose n'est plus
saisonnière. Les barrages créent ainsi d'un côté des
rapides propices pour le développement des larves de simulies et de
l'autre côté des eaux stagnantes propices au développement
les larves de moustiques.
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