c- Résultats du tri des microfossiles
Trois axes majeurs seront développés, à
savoir :
(1) l'étude des ostracodes,
(2) puis celle des foraminifères planctoniques,
(3) et enfin celle des foraminifères benthiques.
De chacun de ces axes nous tirerons, dans la mesure du
possible, des interprétations d'ordre paléoenvironnemental et/ou
biostratigraphique. Des illustrations sont fournies pour la plupart des
espèces rencontrées (planches 4, 5, 6 et 7), ainsi que quelques
clichés pris au microscope électronique à balayage
(planche 8). Les résultats sont exposés dans les figures 12 et
14.
Avant d'entamer la présentation des résultats,
il est important de souligner la très grande variété des
populations fauniques rencontrées, du moins aux yeux du chercheur
néophyte que j'étais et que je suis encore : ce sont en effet, au
bas mot, pas moins de 40 espèces de foraminifères qui ont
été reconnues (et certainement beaucoup d'autres ignorées
!) et une dizaine d'ostracodes. La diversité est grande également
entre les échantillons observés : certains montrant une
population diversifiée, d'autres ultra-dominés par de rares
espèces, entre des assemblages composés presque uniquement d'un
type de population (planctonique, benthique, ostracodes) ou des assemblages
mixtes. Les enseignements à tirer de ces observations sont
évidemment nombreux et nous allons essayer d'y parvenir le mieux
possible.
Pour caractériser les milieux de vie des organismes
rencontrés, nous emploierons un certain nombre de termes (étage
infra- ou circalittoral, plate-forme carbonatée interne ou externe...)
[fig. 11].
Domaines
|
Continental
|
Marin
|
|
Milieux
|
fluviatile ou fluvio- iacustre
|
lagunaire
|
côtier
|
marin restreint
|
ou interne
|
marin ouvert ou externe
|
Etages
|
|
supralittoral
marginolittoral
|
mediolittoral
|
infralittoral
|
circalittoral
|
bathyal
|
- m
· · · - 50 m a
- 80 m
Figure 11 : Etages de peuplement et milieux de
dépôt (modifié d'après Andreu, 1991).
Précisions : L'étage
infralittoral est défini comme la zone comprise
entre les plus basses eaux et la limite inférieure de survie des algues
photosynthétiques (soit une profondeur moyenne de 20m).
L'étage circalittoral lui fait suite et s'étend
jusqu'à une profondeur moyenne de 200 m (il correspond à la
plate-forme continentale externe).
c-1 -- Les ostracodes
Rarement très abondants (un peu moins de 13% du total
des microfossiles triés), leur présence est cependant habituelle,
puisque seuls 7% des échantillons triés n'en contiennent pas du
tout. Les assemblages de microfossiles sont donc généralement
nettement dominés par des foraminifères (benthiques et/ou
planctoniques), à l'exception de 4 échantillons pour lesquels les
ostracodes sont majoritaires (n° 35 et 36 pour le Cénomanien
inférieur, 52 pour le Cénomanien moyen et 94 à la fin de
la période considérée). L'évolution de la
répartition des ostracodes peut être détaillée comme
suit (fig.12):
- la partie inférieure du Cénomanien
est globalement caractérisée par un faible pourcentage
d'ostracodes (5.3%), avec de très rares ostracodes ornementés
(observés dans deux échantillons seulement). Seuls les niveaux
marquant la transition avec le Cénomanien moyen se distinguent, avec une
ostracofaune nettement dominante sur les assemblages de
foraminifères,
- dans le Cénomanien moyen, la
proportion d'ostracodes est sensiblement plus élevée (12.3%),
excepté à son tout début. Les ostracodes ornementés
sont fréquents, mais jamais dominants,
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II a
4101, a ?
b
41111b b
250 i/m
1-1
- enfin, dans les niveaux terminaux du
Cénomanien, la proportion d'ostracodes continue à
croître (15.4% en moyenne), sauf à la limite
Cénomanien/Turonien. Les organismes benthiques (foraminifères et
ostracodes) y sont alors très rares. Remarquons cependant un niveau
particulièrement riche en ostracodes (>57%), marqué dans le
même temps par une très faible proportion de foraminifères
benthiques et donc un rapport P/B assez élevé (>9).
Nous verrons plus loin comment ces évolutions peuvent
être interprétées.
En plus de ces simples comptages, nous avons également
essayé de différencier les individus et, dans la mesure du
possible, de les identifier. Une première distinction a d'abord
été réalisée entre ostracodes à carapace
lisse d'une part, et ostracodes à carapace ornementée d'autre
part. Les premiers (à carapace lisse) sont très largement
majoritaires (près de 96 % de l'ensemble des ostracodes). Seuls 1/3 des
échantillons contiennent des ostracodes à carapace
ornementée, et jamais de façon dominante (voir fig. 120).
Essai de classification des individus rencontrés
:
(d'après la classification proposée par Maddocks
en 1982)
Sous-classe OSTRACODA Latreille, 1806
Ordre PLATYCOPIDA Sars, 1866
Famille CYTHERELLIDAE Sars, 1866
Genre Cytherella a
(JONES, 1849) p1.4 a et b
Ces organismes, à coquille lisse et arrondie, vivent
enfouis dans les premiers millimètres du sédiment, et sont
typiques d'un environnement circalittoral profond (Andreu, 1991). Ils
constituent souvent des assemblages dominants, notamment en association avec le
genre Paracypris. Les coquilles peuvent atteindre des dimensions
impressionnantes.
Ordre PODOCOPIDA Sars, 1866
Sous-ordre CYPRIDOCOPINA Sohn, 1988
Superfamille CYPRIDOIDEA Baird, 1845
Famille CANDONIDAE Kaufmann, 1900
Sous-famille PARACYPRIDINAE Sars, 1923
Genre Paracypris b (SARS,
1866) p1.4 e et f
Le genre Paracypris, à coquille lisse et
très allongée, particulièrement caractéristique,
est lui aussi très fréquent. Son milieu de vie semble être
assez ubiquiste, puisqu'on le rencontre sur toute l'étendue de la
plate-forme, de l'étage infralittoral à l'étage
circalittoral (Andreu, 1991).
Infra-ordre CYTHEROCOPINA Gründel, 1967
Famille CYTHERURIDAE Müller, 1894
Genre Procytherura (WHATLEY, 1970)*
p1.4 j
L'espèce observée se rapproche de
l'espèce Procytherura? sp.1 décrite par Vivière
(1985). L'attribution générique faite par cet auteur semble
cependant incertaine. Pour notre part, elle n'a été
observée que dans quelques niveaux du Cénomanien moyen à
supérieur (n°54, 71), et reste relativement rare. Le genre
Procytherura semble apprécier les environnements
peu profonds, de type infralittoral à intertidal (Damotte, 1992).
Sous-famille CYTHEROPTERINAE Hanai, 1957 Genre
Eocytheropteron (ALEXANDER, 1933)
L'espèce observée, de toute petite taille et
très atypique (valve très pointue, presque 'cornue') semble
être Eocytheropteron glintzboeckeli (DONZE et LEFEVRE, 1981)*,
figurée par Vivière en 1985 (p1.26, fig.6-7). Observée
uniquement dans le Cénomanien inférieur (éch. n° 4,
18, 28), elle y est rare et semble caractéristique de cette
période, du moins en Tunisie (Bismuth et al., 1981).
Famille LOXOCONCHIDAE Sars, 1925
Genre Phlyctocythere (KEIJ, 1958) p1.4
d
L'unique spécimen observé s'apparente à
l'espère Phlyctocythere citreum nouvellement décrite par
Vivière en 1985 dans la région de Tébessa. Cette
espèce n'a été observée que dans un seul
échantillon (n°56) dans le Cénomanien moyen.
Famille SCHIZOCYTHERIDAE Howe, 1961
Genre Amphicytherura C
(BUTLER et JONES, 1957) p1.4 i
Les organismes observés, de petite taille, semblent
appartenir à l'espèce Amphicytherura (Sondagella) distincta
(GERRY et ROSENFELD, 1973) [planche 39 de Andreu, 1991]. Leur
présence a été précédemment attestée
en Algérie, dans la région de Tébessa (Vivière,
1985). Leur milieu de vie semble comparable à celui de Paracypris
(plate-forme carbonatée moyenne à distale, étage
infra- à circalittoral [Andreu, 1991]). Ils constituent l'essentiel des
organismes ornementés rencontrés.
Famille TRACHYLEBERIDIDAE Sylvester-Bradley,
1948
Genres indet. d p1.4 g et h
Ces organismes, dont la présence est anecdotique, n'ont
été observés que dans les tous derniers niveaux
cénomaniens (n° 91 et 94). Peut-être s'agit-il entre autre de
l'espèce Oertliella ? tarfayaensis (REYMENT, 1978) [planches 70
et 71 de Andreu, 1991], par ailleurs déjà décrite dans la
région (Vivière, 1985) et caractérisant les étages
Turonien à Santonien, du moins en Algérie du NE (dès le
Cénomanien supérieur au Maroc). Il nous est toutefois absolument
impossible d'être affirmatif, devant la rareté des exemplaires
rencontrés (3 individus seulement). Ces spécimens
présentent par ailleurs une grande taille très
caractéristique.
Remarque : Plusieurs autres spécimens
n'ont en outre pas pu être identifiés (mauvais état de
conservation ou insuffisance de la documentation...), et nous le regrettons.
Ces organismes sont cependant tous exceptionnels, puisque rencontrés
à une ou deux reprises uniquement.
* Les références concernant ces deux
espèces ne sont pas données dans la liste bibliographique. Nous
nous contenterons de retenir qu'elles sont toutes deux citées par
Vivière (1985), qui en fourni aussi des illustrations.
Planche 4 : Ostracodes.
Pour tous les spécimens, la barre d'échelle
représente 250 pm.
a : vue latérale droite (en haut), vue dorsale (au
milieu), vue latérale gauche (en bas),
b à j : vue latérale droite (en haut), vue
dorsale (en bas)
a et b : Cytherella sp.
(JONES), c : Cytherella sp. ? (JONES), d
: Phlyctocythere citreum (VIVIERE), e et
f : Paracypris sp.(SARS), g
et h : Spécimens appartenant à la
famille des Trachyleberididae, I : Amphicytherura (Sondagella)
distincta (BUTLER et JONES), j :
Procytherura ? sp. (WHATLEY).
Chap. III : Résultats et interprétations
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Figure 12 : Log stratigraphique et paramètres de
tri.
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