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Biostratigraphie et Paléoenvironnement du Crétacé moyen des Hameimats à partir de l'étude de la faune et de la microfaune - Coupe du Djebel Chemla (Morsott, NE Algérie)

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par Muriel Ruault-Djerrab
Université de Tébessa (Algérie) - Magister, spécialité géologie (paléontologie) 2008
  

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c- Résultats du tri des microfossiles

Trois axes majeurs seront développés, à savoir :

(1) l'étude des ostracodes,

(2) puis celle des foraminifères planctoniques,

(3) et enfin celle des foraminifères benthiques.

De chacun de ces axes nous tirerons, dans la mesure du possible, des interprétations d'ordre paléoenvironnemental et/ou biostratigraphique. Des illustrations sont fournies pour la plupart des espèces rencontrées (planches 4, 5, 6 et 7), ainsi que quelques clichés pris au microscope électronique à balayage (planche 8). Les résultats sont exposés dans les figures 12 et 14.

Avant d'entamer la présentation des résultats, il est important de souligner la très grande variété des populations fauniques rencontrées, du moins aux yeux du chercheur néophyte que j'étais et que je suis encore : ce sont en effet, au bas mot, pas moins de 40 espèces de foraminifères qui ont été reconnues (et certainement beaucoup d'autres ignorées !) et une dizaine d'ostracodes. La diversité est grande également entre les échantillons observés : certains montrant une population diversifiée, d'autres ultra-dominés par de rares espèces, entre des assemblages composés presque uniquement d'un type de population (planctonique, benthique, ostracodes) ou des assemblages mixtes. Les enseignements à tirer de ces observations sont évidemment nombreux et nous allons essayer d'y parvenir le mieux possible.

Pour caractériser les milieux de vie des organismes rencontrés, nous emploierons un certain nombre de termes (étage infra- ou circalittoral, plate-forme carbonatée interne ou externe...) [fig. 11].

Domaines

Continental

Marin

 

Milieux

fluviatile ou fluvio- iacustre

lagunaire

côtier

marin restreint

ou interne

marin ouvert ou externe

Etages

 

supralittoral

marginolittoral

mediolittoral

infralittoral

circalittoral

bathyal

- m


·
·
· - 50 m a

- 80 m

Figure 11 : Etages de peuplement et milieux de dépôt (modifié d'après Andreu, 1991).

Précisions : L'étage infralittoral est défini comme la zone comprise entre les plus basses eaux et la limite inférieure de survie des algues photosynthétiques (soit une profondeur moyenne de 20m). L'étage circalittoral lui fait suite et s'étend jusqu'à une profondeur moyenne de 200 m (il correspond à la plate-forme continentale externe).

c-1 -- Les ostracodes

Rarement très abondants (un peu moins de 13% du total des microfossiles triés), leur présence est cependant habituelle, puisque seuls 7% des échantillons triés n'en contiennent pas du tout. Les assemblages de microfossiles sont donc généralement nettement dominés par des foraminifères (benthiques et/ou planctoniques), à l'exception de 4 échantillons pour lesquels les ostracodes sont majoritaires (n° 35 et 36 pour le Cénomanien inférieur, 52 pour le Cénomanien moyen et 94 à la fin de la période considérée). L'évolution de la répartition des ostracodes peut être détaillée comme suit (fig.12):

- la partie inférieure du Cénomanien est globalement caractérisée par un faible pourcentage d'ostracodes (5.3%), avec de très rares ostracodes ornementés (observés dans deux échantillons seulement). Seuls les niveaux marquant la transition avec le Cénomanien moyen se distinguent, avec une ostracofaune nettement dominante sur les assemblages de foraminifères,

- dans le Cénomanien moyen, la proportion d'ostracodes est sensiblement plus élevée (12.3%), excepté à son tout début. Les ostracodes ornementés sont fréquents, mais jamais dominants,

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- enfin, dans les niveaux terminaux du Cénomanien, la proportion d'ostracodes continue à croître (15.4% en moyenne), sauf à la limite Cénomanien/Turonien. Les organismes benthiques (foraminifères et ostracodes) y sont alors très rares. Remarquons cependant un niveau particulièrement riche en ostracodes (>57%), marqué dans le même temps par une très faible proportion de foraminifères benthiques et donc un rapport P/B assez élevé (>9).

Nous verrons plus loin comment ces évolutions peuvent être interprétées.

En plus de ces simples comptages, nous avons également essayé de différencier les individus et, dans la mesure du possible, de les identifier. Une première distinction a d'abord été réalisée entre ostracodes à carapace lisse d'une part, et ostracodes à carapace ornementée d'autre part. Les premiers (à carapace lisse) sont très largement majoritaires (près de 96 % de l'ensemble des ostracodes). Seuls 1/3 des échantillons contiennent des ostracodes à carapace ornementée, et jamais de façon dominante (voir fig. 120).

Essai de classification des individus rencontrés :

(d'après la classification proposée par Maddocks en 1982)

Sous-classe OSTRACODA Latreille, 1806

Ordre PLATYCOPIDA Sars, 1866

Famille CYTHERELLIDAE Sars, 1866

Genre Cytherella a (JONES, 1849) p1.4 a et b

Ces organismes, à coquille lisse et arrondie, vivent enfouis dans les premiers millimètres du sédiment, et sont typiques d'un environnement circalittoral profond (Andreu, 1991). Ils constituent souvent des assemblages dominants, notamment en association avec le genre Paracypris. Les coquilles peuvent atteindre des dimensions impressionnantes.

Ordre PODOCOPIDA Sars, 1866

Sous-ordre CYPRIDOCOPINA Sohn, 1988

Superfamille CYPRIDOIDEA Baird, 1845

Famille CANDONIDAE Kaufmann, 1900

Sous-famille PARACYPRIDINAE Sars, 1923

Genre Paracypris b (SARS, 1866) p1.4 e et f

Le genre Paracypris, à coquille lisse et très allongée, particulièrement caractéristique, est lui aussi très fréquent. Son milieu de vie semble être assez ubiquiste, puisqu'on le rencontre sur toute l'étendue de la plate-forme, de l'étage infralittoral à l'étage circalittoral (Andreu, 1991).

Infra-ordre CYTHEROCOPINA Gründel, 1967

Famille CYTHERURIDAE Müller, 1894

Genre Procytherura (WHATLEY, 1970)* p1.4 j

L'espèce observée se rapproche de l'espèce Procytherura? sp.1 décrite par Vivière (1985). L'attribution générique faite par cet auteur semble cependant incertaine. Pour notre part, elle n'a été observée que dans quelques niveaux du Cénomanien moyen à supérieur (n°54, 71), et reste relativement rare. Le genre

Procytherura semble apprécier les environnements peu profonds, de type infralittoral à intertidal (Damotte, 1992).

Sous-famille CYTHEROPTERINAE Hanai, 1957 Genre Eocytheropteron (ALEXANDER, 1933)

L'espèce observée, de toute petite taille et très atypique (valve très pointue, presque 'cornue') semble être Eocytheropteron glintzboeckeli (DONZE et LEFEVRE, 1981)*, figurée par Vivière en 1985 (p1.26, fig.6-7). Observée uniquement dans le Cénomanien inférieur (éch. n° 4, 18, 28), elle y est rare et semble caractéristique de cette période, du moins en Tunisie (Bismuth et al., 1981).

Famille LOXOCONCHIDAE Sars, 1925

Genre Phlyctocythere (KEIJ, 1958) p1.4 d

L'unique spécimen observé s'apparente à l'espère Phlyctocythere citreum nouvellement décrite par Vivière en 1985 dans la région de Tébessa. Cette espèce n'a été observée que dans un seul échantillon (n°56) dans le Cénomanien moyen.

Famille SCHIZOCYTHERIDAE Howe, 1961

Genre Amphicytherura C (BUTLER et JONES, 1957) p1.4 i

Les organismes observés, de petite taille, semblent appartenir à l'espèce Amphicytherura (Sondagella) distincta (GERRY et ROSENFELD, 1973) [planche 39 de Andreu, 1991]. Leur présence a été précédemment attestée en Algérie, dans la région de Tébessa (Vivière, 1985). Leur milieu de vie semble comparable à celui de Paracypris (plate-forme carbonatée moyenne à distale, étage infra- à circalittoral [Andreu, 1991]). Ils constituent l'essentiel des organismes ornementés rencontrés.

Famille TRACHYLEBERIDIDAE Sylvester-Bradley, 1948

Genres indet. d p1.4 g et h

Ces organismes, dont la présence est anecdotique, n'ont été observés que dans les tous derniers niveaux cénomaniens (n° 91 et 94). Peut-être s'agit-il entre autre de l'espèce Oertliella ? tarfayaensis (REYMENT, 1978) [planches 70 et 71 de Andreu, 1991], par ailleurs déjà décrite dans la région (Vivière, 1985) et caractérisant les étages Turonien à Santonien, du moins en Algérie du NE (dès le Cénomanien supérieur au Maroc). Il nous est toutefois absolument impossible d'être affirmatif, devant la rareté des exemplaires rencontrés (3 individus seulement). Ces spécimens présentent par ailleurs une grande taille très caractéristique.

Remarque : Plusieurs autres spécimens n'ont en outre pas pu être identifiés (mauvais état de conservation ou insuffisance de la documentation...), et nous le regrettons. Ces organismes sont cependant tous exceptionnels, puisque rencontrés à une ou deux reprises uniquement.

* Les références concernant ces deux espèces ne sont pas données dans la liste bibliographique. Nous nous contenterons de retenir qu'elles sont toutes deux citées par Vivière (1985), qui en fourni aussi des illustrations.

Planche 4 : Ostracodes.

Pour tous les spécimens, la barre d'échelle représente 250 pm.

a : vue latérale droite (en haut), vue dorsale (au milieu), vue latérale gauche (en bas),

b à j : vue latérale droite (en haut), vue dorsale (en bas)

a et b : Cytherella sp. (JONES), c : Cytherella sp. ? (JONES), d : Phlyctocythere citreum (VIVIERE), e et f : Paracypris sp.(SARS), g et h : Spécimens appartenant à la famille des Trachyleberididae, I : Amphicytherura (Sondagella) distincta (BUTLER et JONES), j : Procytherura ? sp. (WHATLEY).

Chap. III : Résultats et interprétations

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Figure 12 : Log stratigraphique et paramètres de tri.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery