b- Aspects minéralogiques et
géochimiques
· carbonate de calcium (CaCO3) [fig.120]
La valeur moyenne de 42 % obtenue pour les
échantillons 'meubles' reflète bien l'appartenance de ceux-ci
à la classe pétrographique des marnes. Les valeurs extrêmes
nous permettent cependant de distinguer, au sens pétrographique, des
argiles (20 % des échantillons analysés contiennent en
effet moins de 15 % de CaCO3) et des calcaires marneux (environ 20 %
présentent un taux de CaCO3 supérieur à 65%).
L'augmentation logique du taux de carbonate à
l'approche des bancs calcaires traduit une diminution de la tranche d'eau, et
à l'inverse, une proportion d'argile croissante s'explique
généralement par un approfondissement du milieu de
dépôt. En supposant des conditions d'oxygénation normales
lors du dépôt, on s'attend donc à retrouver pour les
échantillons les plus carbonatés une plus grande proportion
d'organismes benthiques.
· glauconie
Composée de minéraux argileux riches en fer, la
glauconie est un indicateur paléoenvironnemental intéressant.
Elle se forme en effet uniquement en milieu marin, à des profondeurs
estimées entre 50 et 500 m, soit de l'ordre de celle du plateau
continental et du talus supérieur. Seule une faible proportion des
échantillons analysés en contiennent (5.7 %),
notamment dans le Cénomanien inférieur
(n°15, 16) et la fin du Cénomanien supérieur
(n°103).
· gypse
`Marnes à huîtres' ou 'marnes à gypse' :
ces deux qualificatifs s'appliquent fort bien aux niveaux marneux du
Cénomanien du Dj. Chemla. Près de 60 % des échantillons
contiennent en effet du gypse (parfois nettement identifié sur le
terrain, parfois seulement sous l'objectif de la loupe).
De vastes lagunes côtières au niveau du Sahara
actuel auraient fourni à l'époque de grosses quantités de
gypse, qui se serait déversées jusque dans les mers du nord
(Busson, 1972), d'où une très probable hypersalure des eaux.
· nodules ferrugineux et pyrite
Très fréquents à tous les niveaux
(présents dans environ 45 % des échantillons), ces nodules ne se
forment qu'en milieu réducteur, également nécessaire
à la formation de pyrite (Baudin, 2008). A certains niveaux en effet,
les microorganismes (ostracodes comme foraminifères) sont très
largement pyritisés. Un tel milieu permet aussi la préservation
de matière organique, attestée par la couleur souvent sombre des
échantillons.
· quartz et minéraux argileux
Aucun grain de quartz n'a pu être formellement
identifié lors de notre étude, mais une analyse par diffraction
aux RX aurait vraisemblablement permis, en étudiant la fraction fine, de
découvrir une certaine proportion de quartz (étude qui n'a pas
été mise en oeuvre ici).
En effet, une telle étude menée sur la
région voisine de Kalaat Senan en Tunisie (approximativement 40 km vers
le NE) [Robaszynski et al., 1993] révèle une
présence régulière de grains de quartz très fins
(moins de 2 gm) au sein de la fraction argileuse, et beaucoup plus rare de
grains fms (30 à 100 gm). Les variations de la teneur en quartz
s'expliquent logiquement selon ces auteurs par un éloignement plus ou
moins grand du continent-source.
Les variations des rapports entre les différents
minéraux argileux s'expliqueraient aussi par des variations dans les
conditions paléoenvironnementales et notamment du niveau eustatique.
· carbone organique total (COT)
La mesure du taux de COT a été
réalisée sur 10 échantillons, certains
prélevés à la limite Vraconnien/Cénomanien
(n°1A, 1B, 2) et les autres à la limite Cénomanien/Turonien
(n°98, 100, 103, 104, 105, 106, 108). L'utilité de cette analyse
est surtout d'apprécier l'éventuel état d'anoxie du milieu
de dépôt, sachant qu'une valeur de COT de l'ordre de 1% (et
supérieure) est qualifiée d'élevée. De telles
valeurs caractérisent en effet des niveaux de type 'black shales',
considérés comme des roches mères potentielles de
pétrole.
Dans notre cas (fig.10), - et considérant une
incertitude du résultat de l'ordre de 0,05% -, la plupart des valeurs
obtenues sont relativement faibles (< 0,4 %). L'enrichissement en COT est
sensible à l'approche de la limite cénomano-turonienne (0,86 %
pour l'échantillon n°100), puis franchement important dans les
niveaux immédiatement sus-jacents (1,2 à 2 %). Les valeurs
décroissent ensuite rapidement (0,1 % seulement pour
l'échantillon 108).
Des valeurs proches de 3 % ont même été
mesurées dans la région de Tébessa, toujours sur des
niveaux cénomano-turoniens (Naili, 1995).
COT (%)
·
·
1,1 1,1.1
0 0,4 2
4Orn
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COT (%)
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714 rn 712 m 710 ni 708 m 706 m 704 m 702 m 700 m
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ti
O
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30m 20m 10m Om
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0 04 1
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(c)Limite Vraconnien / Cénomanien (c)Limite
Cénomanien / Turonien
Figure 10 : Evolution du taux de carbone organique
total (COT).
Remarque: l'altitude '0m' a été
prise pour les niveaux vraconniens de base, dont l'altitude absolue est en
réalité d'environ 800 m (cette même échelle a
été adoptée pour l'ensemble des autres figures
concernées).
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