Chapitre 2 : Typologie de la négociation
Section 1 : Qu'est ce qu'une négociation ?
1. Définition
Une négociation est une discussion permettant de parvenir
à un accord. Elle peut avoir lieu entre personnes ou encore entre
institutions.
La négociation représente un moyen permettant
d'obtenir des autres ce que nous désirons. C'est une forme de
communication bilatérale destinée à produire un accord
entre des gens qui possèdent à la fois des intérêts
communs et des intérêts opposés. Elle fait partie
intégrante du quotidien de tout un chacun et peut revêtir
plusieurs formes compromettant quelque fois son indentification.
2. Quelques types de
négociation
Depuis quelques années, la négociation a fait
l'objet de nombreuses études. Elle ne cesse de bénéficier
d'un intérêt particulier tant pour les universitaires que pour le
monde des affaires. De ce fait, de nombreuses tentatives d'approches ont
été faites en vue de la dompter. Partie intégrante de
notre quotidien, elle ne cesse d'évoluer tout comme le monde.
Quelle que soit la méthode, une négociation se doit
d'aboutir à trois points essentiels :
· permettre d'aboutir à un accord judicieux à
supposer qu'un accord soit possible,
· être efficace,
· permettre d'améliorer ou tout au moins de ne pas
compromettre les relations entre les parties en présence.
Parmi les nombreuses méthodes de négociation qui
existent, nous pouvons citer :
2.1 Les négociations distributives
Ce sont des négociations typiques des situations
traditionnelles dans lesquelles l'enjeu est fixé à l'avance et
l'une des parties gagne ce que l'autre perd. La négociation distributive
se produit le plus souvent à propos des questions économiques.
Les modèles comportementaux appropriés à ce genre de
négociation comprennent : la prudence dans la communication, la
méfiance, la menace et la feinte.
En bref, la négociation distributive suppose que les
parties sont engagées dans un conflit intense.
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Présenté et soutenu par Mlle Emma Nathalie
MANDZOUNGOU NTOUMPA pour l'obtention d'un International Master in Business
Administration (IMBA).
2.2 Les négociations
intégratives
Elles s'appliquent à la résolution collective
d'un problème, c'est-à-dire à la recherche de solutions
où l'ensemble des parties peuvent trouver un avantage. Les parties en
présence déterminent leurs problèmes communs,
définissent et évaluent les options possibles. Elles manifestent
ouvertement leurs préférences et parviennent à une
solution acceptable pour tout le monde.
Il est rare que l'on trouve le choix également
avantageux pour tout le monde, mais il faut qu'il comporte des avantages pour
l'ensemble des parties en présence. Dans ce cadre, les parties sont
fortement motivées pour résoudre leurs problèmes, elles
manifestent de la souplesse, font preuve de confiance et explorent de nouvelles
idées.
2.3 Les négociations
intraorganisationnelles
Bien que les négociateurs des parties parviennent
parfois à un accord, ils peuvent avoir besoin de le voir ratifier par
leurs mandants respectifs. Au cours des négociations
intraoganisationnelles, les principaux «meneurs de jeu»
représentant chaque partie cherchent à bénéficier
d'un consensus dans ce domaine à l'intérieur de leur groupe
respectif. Cela vise à résoudre le conflit intragroupe.
Les négociations entre individus ou entre
organisations peuvent s'avérer très complexes. Les
négociations entre des parties ressortissantes des cultures et des
systèmes juridiques ou politiques différents peuvent être
particulièrement difficiles.
2.4 La négociation sur les positions ou
négociation classique
La négociation sur les positions peut être
décrite de la manière suivante : elle consiste à adopter
une position, à présenter les arguments favorables à cette
position, à faire des concessions et à rechercher un compromis.
Elle se caractérise par l'adoption suivie de l'abandon successif d'une
série de positions.
Seulement, la négociation sur les positions ne
répond pas aux trois critères cités plus haut. Elle ne
permet pas d'aboutir à un accord judicieux.
Un affrontement sur des positions restreint le pouvoir des
négociateurs. Plus on s'évertue à convaincre le camp
adverse qu'on ne peut changer sa position plus ce sera difficile de le faire.
Plus on met l'accent sur les positions, moins on se tourne vers les
préoccupations qui les sous- tendent et qu'il convient d'apaiser.
Ce type de négociation basé sur les positions
n'est pas efficace, il retarde la conclusion d'un accord et nécessite
d'énormes efforts. Il compromet les relations existantes, au lieu de
convenir d'un commun accord d'une ou d'un ensemble de solutions convenables. Il
favorise l'affrontement des deux parties adverses.
La négociation classique masque le véritable enjeu
de la discussion et les compromis que l'on finit par accepter ne
répondent pas toujours aux besoins initiaux des négociateurs.
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Présenté et soutenu par Mlle Emma Nathalie
MANDZOUNGOU NTOUMPA pour l'obtention d'un International Master in Business
Administration (IMBA).
Dans la négociation classique, celui qui s'accroche a
l'avantage sur celui qui cède. Le jeu penche très souvent du
côté du négociateur qui exige sans arrêt des
concessions en recourant, au besoin, aux menaces au détriment de celui
qui est prêt à céder. On peut distinguer dans la
négociation classique deux styles, le style doux et le style dur.
2.4.1 Le style doux
Dans le style doux, l'adversaire est traité en ami et pas
en ennemi. Ici, on mettra l'accent à ne rechercher non pas une victoire
mais un accord.
Le négociateur doux procède en faisant des
propositions et des concessions. Il manifeste sa confiance à la partie
adverse et essaye d'être amical et enfin de céder, si cela semble
représenter la seule solution pour éviter un affrontement.
Le négociateur doux concentre son intérêt
sur sa relation avec son adversaire. Cette manière est très
utilisée parce qu'elle donne des résultats rapides.
Certes, si deux parties adverses font preuve de
générosité et d'ouverture d'esprit, on a toutes les
chances d'aboutir à un accord. Mais, rien ne garantit qu'il soit
judicieux.
2.4.2 Le style dur
La négociation à la manière dure est
pénible particulièrement dans le domaine des relations.
L'adversaire est considéré comme un ennemi et le but premier est
de gagner au détriment de l'adversaire. On exige beaucoup et on ne
concède rien.
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Présenté et soutenu par Mlle Emma Nathalie
MANDZOUNGOU NTOUMPA pour l'obtention d'un International Master in Business
Administration (IMBA).
Tableau récapitulatif des deux
styles1
Négociation sur des positions
|
Style doux
|
Style dur
|
Les participants sont des amis
|
Les participants sont des ennemis
|
L'objectif est de parvenir à un accord
|
L'objectif est de gagner
|
On fait des concessions pour cultiver les relations
|
On exige des concessions comme condition à la poursuite
des relations
|
On est doux à l'égard des personnes et du
différent
|
On est dur à l'égard des personnes et du
différent
|
On fait confiance aux autres
|
On se méfie des autres
|
On fait des offres
|
On fait des menaces
|
On dévoile ses exigences minimales
|
On trompe sur ses exigences minimales
|
On accepte des pertes unilatérales pour
parvenir à un accord
|
On exige des avantages unilatéraux comme prix d'un
accord
|
On recherche une solution et une seule : celle qu'on les croit
prêts à accepter
|
On recherche une solution et une seule : celle que l'on peut
soi-même accepter
|
L'important c'est de parvenir à un accord
|
L'important c'est de rester sur sa position
|
On essaie d'éviter l'affrontement de volontés
|
On essaie de gagner dans un affrontement de volontés
|
On cède aux pressions
|
On exerce des pressions
|
|
1 Comment réussir une négociation.
Roger Fisher, William Ury. Nouvelle édition 1982, Edition du Seuil.
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Présenté et soutenu par Mlle Emma Nathalie
MANDZOUNGOU NTOUMPA pour l'obtention d'un International Master in Business
Administration (IMBA).
2.5 La négociation raisonnée ou
négociation sur le fond.
La négociation raisonnée consiste à
trancher les litiges sur le fond plutôt que de discuter sur les
concessions que les parties en présence sont prêtes à
consentir et de celles qu'elles refusent.
Face aux questions débattues, la méthode
raisonnée permet d'être dure et souple face aux
négociateurs. Elle exclut les tromperies et les attitudes passionnantes
et permet d'obtenir ce que l'on est en droit d'attendre sans perdre sa
dignité. Elle repose sur quatre points fondamentaux : les hommes, les
intérêts, les solutions, les critères.
2.5.1 Les hommes
La dimension humaine consiste à traiter
séparément les questions de personnes et le différend, et
à mettre l'accent sur le différend non sur la personne du
négociateur.
Un négociateur est un être humain disposant ou
pas de capacités à communiquer, une source d'émotions
pouvant être ou ne pas être compatible à toute
négociation. Cela peut influer de différentes manières une
négociation, d'où, la nécessité de dégager
l'aspect personnel pour le traiter séparément.
2.5.2 Les intérêts
Toute négociation est pourvue d'intérêts
; ne pas les perdre de vue permet de ne pas s'éloigner des objectifs
fixés et ce, quelles que soient les tournures qu'une négociation
peut prendre. Contrairement à la négociation classique,
centrée sur les positions, se concentrer sur les intérêts
permet de gagner du temps et de servir les intérêts de chacun. Il
permet aussi d'éviter des compromis ne répondant pas toujours aux
besoins initiaux des négociateurs.
2.5.3 Les solutions
Le caractère stressant que peut prendre une
négociation n'est quelquefois pas favorable à l'éclosion
de solutions servant l'intérêt de tous. Pour y remédier, il
convient de s'attribuer un moment de repis qui permettra l'élaboration
de solutions avant de prendre toute décision pour un
bénéfice mutuel.
2.5.4 Les critères
Un accord doit reposer sur des critères objectifs afin
d'éviter de prendre des décisions résolvant de
manière artificielle les différends en présence. Ils
doivent être choisis d'un commun accord par les négociateurs. On
peut citer comme critère, la valeur marchande, l'avis d'un expert...
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Présenté et soutenu par Mlle Emma Nathalie
MANDZOUNGOU NTOUMPA pour l'obtention d'un International Master in Business
Administration (IMBA).
Tableau récapitulatif des différentes
négociations1
Négociation sur les positions
|
Négociation raisonnée
|
Négociateur doux
|
Négociateur dur
|
|
Les participants sont des
amis
|
Les participants sont des
ennemis
|
Les participants sont là pour résoudre un
différend
|
L'objectif est de parvenir à un accord
|
L'objectif est de gagner
|
L'objectif est de conclure à l'amiable un accord
judicieux et efficace
|
Faire des concessions pour cultiver ses relations
|
Exiger des concessions
comme condition à la poursuite des relations
|
Traiter séparément les
questions de personne et le différend
|
Etre doux à l'égard des
hommes et du différend
|
Etre dur à l'égard des
hommes et du différend
|
Etre doux à l'égard des
hommes et dur à l'égard du différend
|
Faire confiance aux autres
|
Se défier des autres
|
La confiance n'entre pas en ligne de compte
|
Changer de position sans
difficultés
|
Se cantonner dans sa position
|
Se concentrer sur les intérêts en jeu et non
sur les positions
|
Faire des offres
|
Faire des menaces
|
Etudier les intérêts
|
Découvrir ses exigences
minimales
|
Tromper sur ses exigences minimales
|
Eviter d'avoir des exigences minimales
|
Accepter des pertes
unilatérales pour parvenir à un accord
|
Exiger des avantages
unilatéraux comme prix d'un accord
|
Imaginer des solutions pour un bénéfice mutuel
|
Chercher la solution unique, la seule qu'ils accepteront
|
Chercher la solution unique la seule que l'on acceptera
|
Mettre au point des solutions variées parmi lesquelles
choisir ; remettre la décision à plus tard
|
L'important est de parvenir à un accord
|
L'important est de garder sa position
|
Exiger l'utilisation des
critères objectifs
|
Eviter un affrontement de volonté
|
Vaincre dans un
affrontement de volonté
|
Obtenir un résultat fondé sur des
critères indépendants de la volonté
|
Céder aux pressions
|
Exercer des pressions
|
Raisonner et être ouvert aux raisons de l'adversaire :
céder aux principes pas à des pressions
|
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1 Comment réussir une négociation.
Roger Fisher, William Ury. Nouvelle édition. 1982, Edition du Seuil.
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Présenté et soutenu par Mlle Emma Nathalie
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Administration (IMBA).
3. Les grandes étapes de la négociation
raisonnée
La négociation raisonnée peut se résumer
par les étapes suivantes :
· l'analyse,
· la mise au point d'un plan
· la discussion qui constitue le coeur de la
négociation.
3.1 L'analyse
L' analyse est un examen qui consiste à faire le point
de la situation dans le but de déterminer le désaccord qui existe
entre les parties adverses. Il s'agit de recueillir des informations, de les
classer et de les étudier.
Il convient également à cette étape de
mettre à nu l'aspect personnel, c'est-à-dire élucider les
partis pris, les hostilités tout comme les intérêts en jeu
des différentes fractions. Il est recommandé de faire
également une étude des critères qui permettront de
résoudre le désaccord.
3.2 La mise au point
Elle consiste à appliquer un plan que l'on aura au
préalable conçu. Une démarche qui devra permettre de
trouver une solution aux problèmes de personnes, de déterminer de
manière aisée les enjeux les plus importants et les objectifs
réalisables.
Il s'agit ici de trouver des solutions et des critères
avant de prendre toute décision.
3.3 La discussion
La discussion correspond au dialogue et à la recherche
d'un ou de plusieurs accords. Il convient à cette étape de
régler franchement les différents points ne permettant pas de
trouver un accord ; cela peut être des questions personnelles, les
frustrations, des sentiments de colère, parler des divergences de
perception.
Essayer de comprendre les préoccupations de l'autre
permet d'entrevoir ensemble des solutions mutuellement avantageuses. Mais il
faut rechercher un accord en tenant compte des intérêts
opposés et sur la base de critères purement objectifs.
La négociation raisonnée se focalise sur l'enjeu
de la négociation et tente de satisfaire les intérêts
respectifs des parties en présence. Elle permet d'établir une
nette distinction entre les aspects personnels de la négociation et son
contenu. Elle permet également de traiter directement et
honnêtement avec son adversaire ; ce qui est de loin la meilleure
façon de conclure un accord à l'amiable.
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Présenté et soutenu par Mlle Emma Nathalie
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