INTRODUCTION
Après plusieurs décennies
d'indépendance, de nombreux pays africains éprouvent toujours de
grandes difficultés à amorcer leur développement. La
corruption figure en bonne place au sein des multiples obstacles au
développement. Au Bénin comme ailleurs, elle constitue un
épineux problème de développement dont
l'éradication conditionne l'instauration de la bonne gouvernance. Les
études prospectives font de la lutte contre la corruption, l'une des
voies de réalisation de la vision ALAFIA qui fait du Bénin
à l'horizon 2025 : « un pays phare, uni et de paix, à
économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel
et de bien être social » (MPCAG, 2001).
A l'heure actuelle la lutte contre la corruption semble
connaître un regain d'intérêt au Bénin mais un bref
examen historique débouche sur le constat qu'une telle
préoccupation n'est pas récente et que les responsables
politiques semblent s'en être toujours
préoccupés1. Pourtant et paradoxalement, le
phénomène semble avoir gagné en intensité depuis
l'indépendance du Bénin. Entre 1996 et 2006, de nombreux
scandales politico financiers ont été déplorés. A
plusieurs égards, la corruption ressemble au monstre de l'hydre de lerne
dont les têtes se multiplient au fur et à mesure qu'on les coupe
et dont personne ne semble en mesure de triompher. Dépité et
désabusé, l'on pourrait s'adonner à la fatalité et
convenir que ce pays fait partie des damnés de la terre. Il est à
souhaiter cependant, que la lutte contre la corruption soit poursuivie et que
ce phénomène soit repoussé dans ses derniers
retranchements. Les rhétoriques politiques et les actions anti
corruption qui ont cours en ce moment, pour être efficaces devraient
être fondées sur une meilleure connaissance de ses contours et de
son dynamisme. Ici comme ailleurs, la réflexion devrait
précéder et baliser le terrain pour l'action.
1 On trouvera dans le Plan stratégique national de lutte
contre la corruption un résumé historique de la lutte contre ce
phénomène.
Quelques récents travaux ont sans doute
contribué significativement à une meilleure appréhension
du phénomène mais son acuité autorise à postuler
que la lutte devrait porter sur des aspects non encore élucidés,
en l'occurrence le comportement des acteurs de la corruption et les
caractéristiques de l'environnement sociopolitique. Le présent
mémoire se situe dans une telle perspective. Ses deux principales
parties sont articulées de manières cohérentes et mettent
en relief les stratégies de contournement des mesures anticorruption et
les éléments du contexte sociopolitique qui rendent difficile
mais pas impossible la lutte contre la corruption. En effet, la première
partie pose les fondements théoriques et méthodologiques de la
recherche en cernant le problème et en identifiant les
hypothèses, les objectifs, les concepts et la démarche de
collecte des données. La deuxième partie complète
utilement la première en présentant les stratégies de
contournement des réformes anti corruption de même que les
stratégies de construction et d'entretien de l'impunité. Cette
partie met également en exergue certains facteurs sociopolitiques qui
tendent à maintenir le Bénin dans le cercle vicieux de la
corruption.
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