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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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§3. Approfondissement financier dans les PED et l'apport des institutions de microfinance : fondements théoriques

On a vu que d'après Mac Kinnon [1973], la répression financière, est entendue comme : «un interventionnisme étatique sur le système financier qui entraverait le développement » [Adisson. E 1996] 17tient de thèse au modèle néoclassique. Cette approche libérale en matière de stimulation de la croissance mérite d'être rejetée dans la mesure où il n'est pas conforme aux caractéristiques financières des PED. Comme caractéristique nous pouvons évoquer entre autres les faiblesses de la structure financière des PED avec un système financier peu développé et éclaté. De principe ce processus de libération financière devrait conduit à un accroissement de l'épargne intermédiée, et d'autres part celle de l'investissement induite par la précédente, tout ceci grâce à l'accroissement de l'offre de fonds prêtable. Cependant, contrairement aux pays occidentaux, les PED en grande majorité disposent d'un actif unique, la monnaie. Ce qui réduirait par exemple la portée de l'hypothèse de substitution des actifs. La fragmentation des marchés induirait un isolement des agents économiques. Pour ceux qui sont de

17 Voir son article l'approfondissement financier: épargne et crédit bancaire paru dans la revue tiers monde, t.XXXVII, n°145 janvier-mars 1996

la pratique des prix indifférenciés, elle est très répandue. Dans ces conditions, il apparaît difficile d'admettre le postulat néoclassique de marchés parfaits. De fait le cloisonnement rigide des marchés des biens et services induirait d'énormes difficultés de comparaison des rendements des actifs distincts. Ainsi nous pouvons nous interroger sur pertinence de l'hypothèse de substitution des actifs dans les PED. En tenant compte des caractéristiques structurelles spécifiques aux PED, Mac Kinnon introduit, dans son modèle, la notion de complémentarité entre les actifs. Cependant, dans un environnement économique où l'accès au crédit est difficile, où il n'y pas de nette distinction entre les épargnants et investisseurs. Sur ce point, on peut se référer à l'expression « entreprise-ménage » de B. Venet [1994] pour expliciter ce processus. C'est à dire « l'entreprise-ménage » pour réaliser une dépense, devra nécessairement épargner une partie de ses revenus. La monnaie étant l'unique actif, il devra soit l'accumuler les encaisses monétaires, soit accumuler sa propre production du bien désiré. Le niveau d'encaisse monétaire a accumulé sera une fonction croissante du prix du bien, plus la valeur du bien sera grande, plus d'autofinancement. Or dans un contexte d'économie fragmentée comme celle des PED, le ratio des encaisses monétaires est une fonction croissante du taux désiré d'accumulation du capital, ce qui correspond à considérer que l'autofinancement est une condition nécessaire à la réalisation des investissements dans les PED. Du coup, le facteur de l'investissement justifie la demande croissante d'encaisse monétaire réelle. Qu'il s'agisse de la construction d'une maison ou de l'achat d'une voiture le niveau d'encaisse ne sera pas le même.

Concernant le taux d'intérêt, on constate qu'une hausse de celui-ci suffirait à enclencher le processus de monétarisation. De fait la productivité de bien d'équipement par exemple devrait augmenter à la suite de décisions tendant à accroître la demande de monnaie. En ce sens qu'une hausse de rendement de la monnaie aura pour effet de ne pas décourager les investissements mais plutôt de les faciliter. Par conséquent, l'accumulation de l'épargne pourrait donc coïncider avec l'accroissement du capital. Les actifs réels et les actifs financiers, essentiellement représentés par la monnaie, celui-ci devient le canal obligatoire de l'accumulation du capital. On parle e~~et conduit. Dans la même suite d'idée on peut évoquer, Shaw [1973] 18, qui lui raisonne dans le cadre d'une économie monétarisé19. Dans son modèle, il s'intéresse plus au marché du crédit, avec comme indicateur pour appréhender la répression la mauvaise rémunération de l'épargne. Shaw estime que le faible niveau des taux intérêt (fixation administré en dessous de leur niveau d'équilibre) servis par les banques découragent l'épargne, réduit la base de fonds prêtable. C'est ce qui

18

Cf. Shaw [1973] sur son modèle « d'intermédiation de la dette» traitant du marché du crédit.

19 Économie qui se situe déjà à un stade de développement financier (monnaie interne) avec la monnaie interne qui est une avance temporaire c'est-à-dire une dette tandis que la monnaie externe constituée d'or, de devises, de titres publics et étrangers représente selon les néoclassiques la richesse nette.

expliquerait la faiblesse du volume d'épargne drainée par les intermédiaires financiers par rapport aux demandes de fonds prêtables. Cela pénaliserait l'investissement et la croissance. Shaw dans son analyse insiste sur les coûts d'opportunités des investissements dans les PED et met l'accent sur le rôle des intermédiaires financiers, en termes de maximisation du bien être. Il souligne la réduction des coûts avec les économies d'échelle, diversification des risques, meilleur rendement de l'épargne et réduction des coûts du crédit. Son approche sera reprise plus tard par les théoriciens de la croissance endogène que sont: Greenwood et Jovanovik [1990], Bencivenga et Smith [1991]. Ces auteurs expliquent que, les intermédiaires financiers centralisent les liquidités ce qui réduiraient le coût de gestion du risque d'illiquidité. King et Levine [1992,1993] mettent l'accent sur le rôle du banquier dans la réalisation du projet mais présentent surtout le secteur financier à travers les services qu'il rend ceci indépendamment de sa structure en relevant les profits potentiels aux agents souhaitant prendre part aux projets. Et que c'est par ces effets d'externalités que l'intermédiation financière affecterait l'activité économique.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault