On a vu que d'après Mac Kinnon [1973], la
répression financière, est entendue comme : «un
interventionnisme étatique sur le système financier
qui entraverait le développement » [Adisson. E 1996]
17tient de thèse au modèle néoclassique. Cette
approche libérale en matière de stimulation de la croissance
mérite d'être rejetée dans la mesure où il n'est pas
conforme aux caractéristiques financières des PED. Comme
caractéristique nous pouvons évoquer entre autres les faiblesses
de la structure financière des PED avec un système
financier peu développé et éclaté. De principe ce
processus de libération financière devrait conduit à un
accroissement de l'épargne intermédiée, et d'autres part
celle de l'investissement induite par la précédente, tout ceci
grâce à l'accroissement de l'offre de fonds prêtable.
Cependant, contrairement aux pays occidentaux, les PED en grande
majorité disposent d'un actif unique, la monnaie. Ce qui
réduirait par exemple la portée de l'hypothèse
de substitution des actifs. La fragmentation des marchés induirait un
isolement des agents économiques. Pour ceux qui sont de
17 Voir son article l'approfondissement financier:
épargne et crédit bancaire paru dans la revue tiers
monde, t.XXXVII, n°145 janvier-mars 1996
la pratique des prix indifférenciés, elle est
très répandue. Dans ces conditions, il apparaît difficile
d'admettre le postulat néoclassique de marchés parfaits. De fait
le cloisonnement rigide des marchés des biens et services induirait
d'énormes difficultés de comparaison des rendements des actifs
distincts. Ainsi nous pouvons nous interroger sur pertinence de
l'hypothèse de substitution des actifs dans les PED. En
tenant compte des caractéristiques structurelles spécifiques aux
PED, Mac Kinnon introduit, dans son modèle, la notion de
complémentarité entre les actifs. Cependant, dans un
environnement économique où l'accès au crédit est
difficile, où il n'y pas de nette distinction entre les
épargnants et investisseurs. Sur ce point, on peut se
référer à l'expression « entreprise-ménage
» de B. Venet [1994] pour expliciter ce processus. C'est à dire
« l'entreprise-ménage » pour réaliser une
dépense, devra nécessairement épargner une partie de ses
revenus. La monnaie étant l'unique actif, il devra soit l'accumuler les
encaisses monétaires, soit accumuler sa propre production du bien
désiré. Le niveau d'encaisse monétaire a accumulé
sera une fonction croissante du prix du bien, plus la valeur du bien sera
grande, plus d'autofinancement. Or dans un contexte d'économie
fragmentée comme celle des PED, le ratio des encaisses monétaires
est une fonction croissante du taux désiré d'accumulation du
capital, ce qui correspond à considérer que l'autofinancement est
une condition nécessaire à la réalisation des
investissements dans les PED. Du coup, le facteur de l'investissement justifie
la demande croissante d'encaisse monétaire réelle. Qu'il s'agisse
de la construction d'une maison ou de l'achat d'une voiture le niveau
d'encaisse ne sera pas le même.
Concernant le taux d'intérêt, on constate qu'une
hausse de celui-ci suffirait à enclencher le processus de
monétarisation. De fait la productivité de bien
d'équipement par exemple devrait augmenter à la suite de
décisions tendant à accroître la demande de monnaie. En ce
sens qu'une hausse de rendement de la monnaie aura pour effet de ne pas
décourager les investissements mais plutôt de les faciliter. Par
conséquent, l'accumulation de l'épargne pourrait donc
coïncider avec l'accroissement du capital. Les actifs réels et les
actifs financiers, essentiellement représentés par la monnaie,
celui-ci devient le canal obligatoire de l'accumulation du capital. On parle
e~~et conduit. Dans la même suite d'idée on peut évoquer,
Shaw [1973] 18, qui lui raisonne dans le cadre d'une économie
monétarisé19. Dans son modèle, il
s'intéresse plus au marché du crédit, avec comme
indicateur pour appréhender la répression la mauvaise
rémunération de l'épargne. Shaw estime que le faible
niveau des taux intérêt (fixation administré en dessous de
leur niveau d'équilibre) servis par les banques découragent
l'épargne, réduit la base de fonds prêtable. C'est ce
qui
18
Cf. Shaw [1973] sur son modèle «
d'intermédiation de la dette» traitant du marché du
crédit.
19 Économie qui se situe déjà
à un stade de développement financier (monnaie interne) avec la
monnaie interne qui est une avance temporaire c'est-à-dire une dette
tandis que la monnaie externe constituée d'or, de devises, de titres
publics et étrangers représente selon les néoclassiques la
richesse nette.
expliquerait la faiblesse du volume d'épargne
drainée par les intermédiaires financiers par rapport aux
demandes de fonds prêtables. Cela pénaliserait l'investissement et
la croissance. Shaw dans son analyse insiste sur les coûts
d'opportunités des investissements dans les PED et met l'accent sur le
rôle des intermédiaires financiers, en termes de maximisation du
bien être. Il souligne la réduction des coûts avec les
économies d'échelle, diversification des risques, meilleur
rendement de l'épargne et réduction des coûts du
crédit. Son approche sera reprise plus tard par les théoriciens
de la croissance endogène que sont: Greenwood et Jovanovik [1990],
Bencivenga et Smith [1991]. Ces auteurs expliquent que, les
intermédiaires financiers centralisent les liquidités ce qui
réduiraient le coût de gestion du risque d'illiquidité.
King et Levine [1992,1993] mettent l'accent sur le rôle du banquier dans
la réalisation du projet mais présentent surtout le secteur
financier à travers les services qu'il rend ceci indépendamment
de sa structure en relevant les profits potentiels aux agents souhaitant
prendre part aux projets. Et que c'est par ces effets d'externalités que
l'intermédiation financière affecterait l'activité
économique.