1- L'approche néolibérale :
libéralisation financière et non intervention de
l'état
Pour l'approche néolibérale
développé par Mac Kinnon [1973] et Shaw [1973], la promotion de
la croissance financière est une composante essentielle de la croissance
et donc du développement des PED. De fait ils s'opposent à
l'approche d'inspiration libérale traditionnelle (néoclassique et
keynésienne), fondé sur une politique d'incitation
à l'investissement. Pour rappel, l'approche d'inspiration
keynésienne accorde un rôle déterminant à
l'investissement en préconisant la faiblesse des taux débiteurs
imposée aux entreprises qui limiterait le coût du crédit et
garantirait une demande d'investissement élevé. Puisque du point
de vue keynésien, l'investissement est une composante de la
demande globale et donc de production. Un faible niveau de développement
économique est imputable à une insuffisance du taux
d'accumulation du capital. Le rôle de la politique monétaire se
résumerait à une offre abondante de monnaie afin de faire baisse
le taux d'intérêt (coût du crédit) et ainsi
encourager la demande de bien d'investissement.
Schématisation de l'approche keynésienne
La consommation Accroissement de L'offre de monnaie
Baisse du taux d'intérêt
Baisse de
l'épargne
Augmentation de l'investissement
augmentation
Réalisation : auteur
2-L'approche d'inspiration néoclassique
Cette approche soutient que la monnaie et le capital sont
deux actifs substituables, le maintien de taux d'intérêt
réel négatif sur les dépôts monétaires
favorisera l'accumulation du capital. Donc, la monnaie est un actif du
patrimoine, c'est à dire une forme de richesse, acquise en
compétition avec les autres biens (actifs financiers et actifs
physiques). La monnaie fait donc partie intégrante de la
théorie du portefeuille dont le choix est guidé par
l'utilité que sa détention procure. Alors, la détention de
monnaie dépend du couple rentabilité-risque. Par
conséquent, la demande de monnaie dépend donc du niveau de taux
d'intérêt sur les dépôts monétaires
comparativement aux autres actifs du portefeuille et du taux d'inflation qui
représente sa perte de valeur. Donc pour inciter les agents à
détenir moins de monnaie, il est nécessaire de réduire le
rendement réel des encaisses monétaires en augmentant la masse
monétaire. De cette baisse résultera un excèdent
d'encaisse qui sera affecté à l'achat d'actifs
physiques ou à l'acquisition d'actifs financiers émis
en contrepartie d'investissement réel.
Les agents économiques étant supposé
rationnel, donc pour accroître le taux d'accumulation du capital
physique, il faudrait rendre les encaisses monétaires moins
attrayantes en baissant leur rendement en adoptant une politique du
taux d'intérêt bas ou une politique monétaire
inflationniste. D'ailleurs, les deux approches (keynésienne
et néoclassique) recommandaient en matière de politique
monétaire un plafonnement des taux d'intérêt
débiteur et créditeur et une taxe inflationniste sur les
encaisses monétaires. Ces pratiques financières constituent les
pratiques les plus courantes de répression financières suivies
par la plupart des PED visant à fournir aux investisseurs des ressources
à faibles coûts. Elles débouchent sur un
système financier réglementé
avec une forte intervention des pouvoirs publics. Ces derniers interviennent
dans la répartition sectorielle du crédit sur la base de
critères qui ne sont pas ceux du marché. Les banques sont
obligées de financer des projets à rendement faible mais
jugés prioritaire par l'État tels que l'agriculture, le tourisme,
les entreprises publiques....Avec une obligation faite à celle-ci de
constituer des réserves qui servent à financer à moindre
coût les déficits publics. C'est justement, ce que rejettent les
auteurs néolibéraux, en considérant comme faisant partis
de la répression toutes politiques et réglementations qui
empêchent les intermédiaires financiers d'opérer en accord
avec leur potentiel technologique. De fait, cette approche considère que
les politiques de répression financière constituent un obstacle
au développement économique et entraînent des coûts
que l'on peut classer en quatre catégories:
· Des coûts en termes d'efficience qui sont
liés aux distorsions des taux d'intérêt. Les plafonnements
des taux créditeurs des banques limitent les dépôts
monétaires effectués par les épargnants. Cette
réduction de la collecte des dépôts se répercute
à son tour sur l'offre de crédit des intermédiaires
financiers
· Les politiques de plafonnement de taux
d'intérêt bas exercent un effet dissuasif sur l'épargne ce
qui compromet les perspectives de croissance et donc de la production qui
génère à son tour une baisse de revenu et ainsi de
l'épargne.
· Le plafonnement des taux ne permet pas aux banques de
tenir compte du risque dans leur tarification du crédit. Du coup, elles
sont encouragées à financer des projets peu risqués et peu
rentables, ce qui représente un frein au développement des
activités. Les banques sont à la solde du gouvernement qui les
force à financer des projets à faibles rendements mais
jugés prioritaires par l'état.
· Le maintien de taux créditeurs et
débiteurs très bas, exercent des effets dissuasifs sur
l'épargne financière et la politique de crédit des banques
ce qui entraverait le développement financier et par ricochet le
développement économique.