Source : BCEAO-UEMOA 2007
Sur l'ensemble de la zone, au plan quantitatif, on constate
un développement impressionnant du nombre d'institution, avec
l'année 2005 qui confirme le développement continu du secteur. En
effet, entre 1993 et 2005, le nombre d'institution est passé de 107
à 673 soit un coefficient multiplicateur de 6 et en termes de point
4200fin 2006 contre 1136 en 1993. Un autre facteur du dynamisme des
SFD est l'accroissement du nombre de bénéficiaires qui lui
connaît un taux de croissance moyen se situant à 24%
par an ce qui est très considérable. A titre exemple, entre 1993
à 2007, la clientèle des SFD de la zone UEMOA est passée
de 312425 à 7 108 468 soit un coefficient multiplicateur de 22,75. Il
y a aussi l'accroissement du nombre de guichets ouverts sur la
période 1993-2006 le nombre à augmenté de l'ordre de 12%
en moyenne par an passant de 1136 en 1993 à4200 en 2006. Les
résultats des estimations sur l'évolution du secteur nous
permettent de conclure à la viabilité du secteur des SFD. En
effet, ce dynamisme se traduit aussi par croissance des
dépôts et crédit accordés. En effet, au titre de
l'année 2006, ces institutions ont collecté 327200milliards de
CFA et disposent d'encours de crédit de 335 900milliards de CFA. Le
ratio de qualité du portefeuille (des créances en souffrance sur
l'encours de crédit) ressort à 6,5% en dégradation par
rapport à celui de 6,10 relevé en 2005. Ce ratio demeure au
delà de la norme communément admise dans le secteur.
Graphique 1 : évolution du nombre de
bénéficiaires directs
Source BCEAO-UEMOA 2007
Les services ont été offerts à
7,1millions de bénéficiaires directs (environ 45% des
bénéficiaires des services offerts par les SFD sont des femmes).
Le nombre de bénéficiaires (y compris les membres des
groupements) représente près de 7% de la population totale de la
zone et 15% de la population active.
Graphique 2: intermédiation financière des SFD
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Tableau 2.2: Proportions des crédits et des
dépôts des SFD par rapports à ceux des banques
(*)Non-comprise la Guinée-Bissau Source : BCEAO-UEMOA,
2007
Le Bénin est le pays qui connaît le
développement le plus important dans le secteur de la microfinance. En
effet, il ressort du rapport crédit des SFD sur les crédits
bancaires, que le Bénin a le taux le plus élevé, ce qui
traduit un accroissement de ce secteur. Le Burkina et le Mali connaissent aussi
un développement soutenu de la microfinance au regard des
différents ratios du tableau. Ces institutions occupent une place
importante dans la collecte de l'épargne comme le montre les parts de
marchés des SFD par rapport aux banques. Toutefois, les SFD ont un poids
relatifs encore faible par rapport au secteur bancaire car représentant
moins de 8% de l'ensemble des transactions portant sur l'épargne et de
crédit. En effet, les flux financiers générés par
les SFD dans l'espace UEMAO n'ont guère été
comparativement à ceux du secteur bancaire, que de l'ordre de 7,1% pour
les crédits et de 6,1% pour les dépôts sur la même
année 2006. Mais il faut convenir que l'importance des SFD n'est pas
seulement quantitative, mais également et surtout qualitative car en
termes d'impact et d'accès à des services financiers
adaptés pour les populations non bancarisées, les SFD font preuve
d'une bonne performance comme en témoigne les chiffres sur le nombre de
bénéficiaires qui eux sont en nette progression.
Tableau 2.3 : Montants moyens des prêts des SFD (en
CFA)
*UEMOA Non comprise la Guinée-Bissau
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
On constate que le montant moyen des prêts est
en nette progression sur l'ensemble sur
l'ensemble de la zone. En effet, de
2000 à 2004, le niveau moyen des prêts a doublé
dans les cas
du Bénin et de la Côte d'ivoire, il se situait
respectivement à 228 000CFA et 651000CFA en 2000
contre 513000CFA et
1100000CFA en fin 2004. Sur l'ensemble de la zone il se situe
à
390000CFA en 2004 contre 291 000 CFA ce qui nous donne une
progression d'environ 13%.
Graphique 3: répartition sectorielle des crédits
offerts par les SFD
Secteur
primaire
19%
Habitat
2%
Autres
services
24%
Commerce
55%
Secteur primaire Habitat
Commerce Autres services
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Les crédits sont principalement orientés vers
le commerce avec une proportion de 55% de l'ensemble des encours. Toutefois,
les parts de crédit aux autres secteurs ne paraissent pas
négligeables notamment dans le secteur primaire et l'activité de
service. Cependant, concernant le domaine de l'habitat, il est pratiquement
négligeable et se situe à seulement deux pourcents de l'ensemble
des encours. Cela peut être aisément compris compte tenu du fait
que ce secteur nécessite des prêts à maturité
longue. Or les SFD, se situent généralement dans des prêts
à court et moyen terme.
Graphique 4: concentration du secteur (part des TOP3 dans le
crédit)
100
40
90
80
60
50
30
20
70
10
0
concentration du secteur ( part des TOP3 dans le
crédit)
Bénin Burkina Côte
d'ivoire
Mali Niger Sénégal Togo
pays
Source : BCEAO-UEMOA, 2007
Sur l'ensemble de l'union, on relève une forte
concentration du secteur de la microfinance, toutefois en nous
appuyant sur les analyses de Sabrina Djefal43
et du graphique ci-dessus, on remarque que le Burkina, le Mali et le Togo
diffèrent de pays comme la Cote d'ivoire. En effet, dans les
trois premiers pays cités, la microfinance offre un grand
nombre de caisses ou d'organisations tandis qu'elle ne connaît pas la
même diffusion dans les deux derniers pays.
En Côte d'ivoire, l'activité du
microcrédit est du ressort d'un nombre limité d'institutions qui
jouissent d'un quasi-monopole [J-M. Servet, 2005]44. A titre
d'exemple, la FENACOOPEC-CI, fédération nationale des
coopératives d'épargne et de crédit réunit 88% de
l'ensemble des membres des IMF. Le taux de concentration de 90,2% illustre bien
cette tendance. De même, au Bénin, la FECECAM a longtemps
bénéficié d'une situation de quasi monopole et
bénéficie toujours d'une part de marché
considérable estimée à environ 88% des clients des IMF. Au
titre de l'année 2006, elle avait un portefeuille de prêt de 13,7
milliards de CFA. (Source: mix market soit 27 626 102 US$ sur la base de un
dollar égal 497CFA).
Les taux de concentration du Mali, Sénégal et
du Niger respectivement de 55,2%; 54,3% et 31,8% sont faibles
comparativement à l'ensemble de la zone avec un taux moyen
qui se situe à 66,97%. En effet, la microfinance parait beaucoup plus
éclatée au Mali et au Sénégal. Au Mali, les
principaux intervenants du secteur sont: Kafo Jiginew45,
Nyesigiso, jemeni et Kondo Jigima
43 Sabrina Djebel, thèse de doctorat 2004 sur la
microfinance en Afrique de l'Ouest pour les années 1980-2000,
université Lumière Lyon-II.
44 Cf. ServetJ.M, «Banquiers aux pieds nus p.232 »,
Odile, Jacob.
45 Pour une analyse beaucoup plus approfondie sur
l'institution Kafo Jiginew, confère l'excellent article de M.
Haudeville. B sur la portée et les limites d'une expérience de
crédit et d'épargne solidaires paru dans le rapport du
centre Walras 2001.
représentent ensemble que plus de 70% du marché
de microcrédit national (source: planet rating rapport, 2006 sur le
secteur d'institution de microfinance Kafo Jiginew). Les caisses villageoises
du pays dogon représentent une catégorie beaucoup plus
petite mais nombreuses. Au Sénégal, l'ACEP, Alliance de
Crédit mutuel du Sénégal, le CMS, Crédit mutuel du
Sénégal et l'UMPamecas, les trois plus grandes IMF du
pays détiennent les trois quarts du marché du secteur
de la microfinance du pays.
Au Burkina, les principales institutions sont le RCB,
Réseau des caisses populaires du Burkina Faso, suivie du fonds d'appui
aux activités génératrices de revenus des femmes (FAAF) et
la promotion du développement industriel et agricole. Ces trois
institutions captent la grande part du secteur de microcrédit du Burkina
Faso et traduit ce fort taux de concentration de TOP 3 dans le crédit
qui se situe 83,3%. Toutefois, la concentration de la microfinance à
l'intérieur d'un pays ou d'une zone par un certain nombre
d'institutions n'empêche pas la concurrence entre les différentes
institutions pour une même clientèle [cf. S. Djefal 2004.p1
93].