Section 3l'articulation banque et institution de
microfinance: l'exemple de l'UEMOA
Nous savons que la relation entre les institutions
financières peut prendre soit la forme de l'articulation soit de
l'intégration [Lelart, 2000]. Cependant, nous avons vu avec le
modèle de l'intégration que cela pouvait nécessiter des
changements institutionnels qui peuvent être parfois coûteux voir
même risqués. Alors l'articulation nous parait être le
modèle le plus évident dans la mesure où dans ce
modèle, les deux entités (ici IMF et la banque) restent
distinctes mais entretiennent des relations clients fournisseurs et cela dans
les deux sens. En effet, Lanha [2005 ] nous fait remarquer par exemple, que les
IMF utilisent le service de caisse des banques pour encaisser les
remboursements de leurs clients. Ainsi, cela permet à la banque de
connaître l'IMF comme toute banque suit le compte de son client et
éventuellement de lui faire des crédits. De plus la banque peut
passer avec l'IMF des accords de partenariat comme celui qui existe entre la
plupart des donateurs et les IMF.
Toutefois, il existe plusieurs modèles d'articulation,
par exemple, dans le modèle de Colin [1999] relatif aux Etats et au
Canada, les entrepreneurs passent par le stade des IMF qui leur apportent
l'empowermen~91 nécessaire pour être bancable. Les
entrepreneurs qui auront remboursé convenablement au bout d'un certain
nombre de cycle peuvent accéder directement au
crédit
41 Le concept d'empowerment en langue française est
associé à l'automatisation défini comme «le processus
par lequel une personne, ou un groupe social, acquiert la maîtrise des
moyens qui lui permettent de se conscientiser, de renforcer son
potentiel et de se transformer dans une perspective de développement,
d'amélioration de ses conditions de vie et de son environnement»
selon le
grandictionnaire.com.
bancaire. Cependant nous avons choisi de nous intéresser
particulièrement à celle pratiquer dans la zone UEMOA.
§1 .Banques et IMF : vers un système mixte
dans l'UEMOA42
L'union économique et monétaire Ouest Africain
est constituée de sept pays francophones et d'un
pays lusophone. Les pays de l'union sont pour la plupart
des pays à dominante bancaire. Les faillites bancaires dans
les années 80 ainsi que les plans d'ajustement structurel qui ont suivi
et leur accompagnement ont favorisé l'émergence des IMF. En
effet, les institutions de microfinance se situent entre les banques et la
finance informelle et dénote bien de l'intermédiation. Toutefois,
les IMF n'ont pas un pouvoir de création monétaire contrairement
aux banques de l'Union. Cependant, leur émergence résulte de la
forte asymétrie d'information entre les banques et
micro-entrepeneurs dans l'Union, mais aussi du faible degré
d'alphabétisation de la population et des difficultés de
procédures bancaires. Les IMF sont spécialisées dans la
sélection de micro-projets et la clientèle non accessible
à la technologie standard des banques tandis que les banques
opèrent sur un segment de clientèle constitué de grandes
entreprises, citadins et fonctionnaires. A priori, le marché du
crédit semble être segmenté dans l'union.
Par ailleurs, Haudeville et Cado [2002] montrent que le
paysage financier de l'UEMOA bien que composé de trois
parties différentes (banques commerciales, IMF, organisations
informelles) demeurent complémentaires. Ceci dans la mesure où
entre ces trois parties, une nouvelle relation c'est mise en place. Pour
illustrer leur propos, ils font remarquer que les excédents des IMF sont
déposés temporairement dans les banques classiques ou encore le
refinancement d'un banquier ambulant peut être effectué par une
caisse locale de crédit mutuel. Tout ceci concourt à croire
effectivement que le système financier ouest Africain est de
type mixte. En effet, le système financier de
l'UEMOA regroupant des institutions de nature différente, et ces
entités différentes arrivent à établir entre elles
des relations connexes et complémentaires.
En outre, dans la zone UEMOA, il existe de nombreuses
relations de partenariat entre les IMF et les banques, ou ceci pour
gérer d'une part les excédents de ressources et d'autre part de
mettre à disposition des réseaux mutualistes les ressources pour
refinancer leurs crédits. A titre d'exemple, on peut évoquer le
cas de l'IMF malienne Kafo Jiginew et de la Banque nationale de
développement agricole du Mali où précisément l'IMF
dispose auprès de la banque d'une ligne de crédit lui permettant
de répondre aux besoins de crédit d'équipement qui se
trouve être en forte croissance. Par ailleurs, cette relation de
partenariat, inclus aussi l'appui dans le domaine du
42Titre inspiré de l'article de Haudeville et
Cado (2002) «vers un système financier de
type mixte dans l'UEMOA ».
contrôle et de la formation etc. A cet effet, on peut
citer les cas de la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Burkina Faso
et la Caisse Nationale du Crédit Agricole du Sénégal qui
ont des relations de ce type avec quelques SFD [cf. Ndiaye F., 1998].
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