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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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§2 Coûts de transformation et risques de gouvernance

Les conditions de fonds propres minimums peuvent se révéler coûteuses à moins que l'institution ne soit parvenue à l'autosuffisance financière, car il lui sera difficile dans un premier temps d'attirer les investisseurs et de contracter les emprunts commerciaux juste après sa transformation. A ce titre, les expériences montrent que la transformation résout une partie des problèmes liés au financement mais ne fait pas attention aux problèmes de propriété et de gouvernance qui en découlent ou qui sont sous jacent. De plus, les IMF sont confrontées à des problèmes d'administration liés à leur transformation. En effet, lorsqu'une institution se crée en tant que ONG, on sait que la participation des membres au conseil d'administration ne procède pas à la recherche d'un gain pécuniaire mais plutôt à une volonté d'accroître leur compétence et leur image de marque ou prestige. De fait des conseils sont parfois composés de représentants du secteur privé aminé par une forte volonté de responsabilité sociale à l'égard de la clientèle ciblée ou parce qu'ils se sentent redevable de la société de manière générale.

La transformation en intermédiaire financier implique pour le conseil d'assumer de nouvelles responsabilités juridiques. Nous pouvons nous interroger si les membres du conseil ont les compétences requises pour administrer une institution financière plus sophistiquée ? Sont- ils en adéquation avec les nouveaux objectifs du nouvel établissement qui combine mission sociale et la recherche du profit?

De façon générale, cela pose d'énormes difficultés aux membres du conseil qui comprennent mal la nécessité de concilier les deux objectifs. Ainsi, la composition globale du conseil doit refléter un équilibre entre ces deux objectifs.

§3 Gouvernance et propriété

A/notion de gouvernance

Le terme gouvernance est d'un usage récent dans le monde du développement. La gouvernance au-delà des effets de mode ou de nouveauté est devenue un concept incontournable depuis des années 90 pour traiter des problèmes de développement économique et social. A l'échelle d'un pays, une bonne gouvernance conduisant à une gestion efficace des organisations et activités, repose sur un certain nombre de principes de droit, de participation directe (par le biais d'institutions légitimes et démocratiques), de transparence (libre circulation de l'information et possibilités d'y accéder pour le plus grand nombre), d'équité, de responsabilisation, de décentralisation et de légitimité.

Les aspects théoriques de la gouvernance s'appuient essentiellement sur les notions de la théorie néo-institutionnelle. En effet, la séparation entre la gestion de l'entreprise et sa propriété entraîne un problème d'agence et des conflits d'intérêts possibles entre les dirigeants et un actionnariat dispersé ou entre actionnaires exerçant le contrôle. En outre, en l'absence de mécanismes de régulation, la séparation de la propriété et du pouvoir laisse aux dirigeants salariés responsables de la gestion une grande latitude pour poursuivre leurs objectifs spécifiques indépendamment de ceux de l'entreprise. Le but sera alors d'identifier les risques de comportements opportunistes (moral hasard), d'encourager les mécanismes de régularisation c'est-à-dire de marché et le contrôle interne exercé par différentes parties prenantes, ainsi que de réduire les asymétries d'information dont jouissent les managers internes et enfin de compte de favoriser la mise en place de systèmes d'incitations et de rémunérations conduisant ces derniers à poursuivre les objectifs de l'entreprise.

L'étude de la gouvernance en microfinance est encore récente, et s'inscrit dans un cadre de réflexion large de rapports de pouvoir et d'intérêts au sein de projet de développement. Dans les écrits de la microfinance, le terme gouvernance, popularisé à partir de 1996[Clarkson, Deck, 1996] se concentre sur le rôle et le mode de fonctionnement du conseil d'administration des IMF. La gouvernance est définie comme « le processus utilisé par le conseil d'administration pour aider une institution à remplir sa mission et protéger l'actif de cette institution au fil des années» [Rock et al. 1998] .Or le « bon fonctionnement » du conseil d'administration n'est pas lui seul le garant de la mission et des actifs d'une IMF. L'étude sur la gouvernance dans le cadre des IMF nécessite d'être élargir pour prendre en compte l'ensemble des acteurs enjeu (salariés, dirigeants, clients, bailleurs, banques partenaires, Etat etc.) et des formes d'organisations destinées à « gouverner » (systèmes comptables et d'information, mode de prise de décision et modes d'organisation, capacité d'exécution, systèmes de contrôles, etc.).

Il s'agit alors de comprendre comment ces éléments peuvent être combinés dans des contextes socio-économiques différents. Comment les IMF étendent leur portée, augmentent leurs actifs, à travers une gestion claire, transparente et surtout efficace. La gouvernance est alors une préoccupation forte pour les IMF. Par ailleurs, la gouvernance est identifiée comme une cause majeure des crises récentes des IMF et constitue une priorité dans leur réussite. En outre, les critères de performance de la gouvernance jugent alors des capacités à définir les grandes orientations, à tenir le cap (notamment pour la microfinance public concerné, les produits financés et le type d'institution), à s'adapter rapidement aux modifications de l'environnement et surmonter les crises.

Toutefois, les auteurs évoquent cependant les responsabilités insuffisantes des acteurs, la confusion de la propriété ou encore le flou et la complexité des processus de décisions comme des facteurs qui amplifient les crises des IMF. En effet, les études de cas font apparaître, à partir des échecs, des crises et aussi des réussites, un socle commun de la gouvernance, condition sine qua non d'un bon pilotage de l'institution. Ce socle commun s'identifie au niveau des « techniques d'information » et des « principes d'organisation ». Pour ce qui concerne les techniques d'information, on peut relever qu'aucune IMF ne fonctionne convenablement sans une comptabilité efficace, rapide, fiable et un système de suivi-évaluation, de contrôle interne et externe qui valide la qualité des informations. Les principes d'organisation sont assez classiques et ne sont pas spécifiques à la microfinance. Comme nous l'avons déjà souligné il s'agit en autres de la clarté des objectifs ou des missions à moyen terme, de la cohérence entre les objectifs, activités et moyens avec une claire répartition des taches et des responsabilités (organigramme, degré de dégradation, décentralisation, profil de postes, etc.), la politique de ressources humaines (niveau adéquat de recrutement, formation, niveau de salaire, etc.), système d'incitations positives (promotion, prime etc.) et négatives(sanctions, licenciement, etc.), modes de coordinations, modes de contrôles. Tout existe dans la littérature du management mais est peu adapté ou peu enseigné dans la réalité des IMF en Afrique car souvent centré sur les grandes entreprises américaines et européennes.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry