Section 4 : Revue de littérature des
études empiriques sur la microfinance et le développement
L'objet de cette revue de littérature empirique est de
faire le point de tous les travaux consacré précisément
à la microfinance en présentant à chaque fois la
méthodologie utilisée et les résultats obtenus par les
auteurs.
Sur le plan de l'analyse théorique, les
pratiques des groupes solidaires et plus précisément le recours
aux réseaux sociaux ont donné lieu à des
analyses fécondes par l'application des modèles visant
à tester les hypothèses à la base des
théories de l'agence36 avec des approches relatives à
l'aléa moral, à la sélection adverse ou au type
de monitoring. Ces travaux partent du fait que le système
financier formel réduit les problèmes
d'asymétrie d'information en rationnant le crédit et
en exigeant des garanties, consécutifs au travail inaugural de Stiglitz
et Weiss [1981]. Ces études n'observent ensuite que la pratique des
crédits à des emprunteurs appartenant à des groupes
solidaires au sein desquels les membres se cautionnent mutuellement. Ces
analyses relèvent de contrat qui applique implicitement les
enseignements des modèles d'agence.
Au plan pratique, Zeller [1998] montre sur le plan empirique
comment la sélection des membres du groupe par leurs pairs,
accroît significativement la qualité des remboursements du fait
aussi de la surveillance, de l'entraide et de la pression, une fois les
prêts obtenus. En effet, il utilise des informations sur 146 groupes de
prêt à Madagascar et fournir des arguments en faveur du prêt
groupé.
36La théorie de l'agence essaie de
comprendre comment un agent économique, le
principal, peut s'assurer qu'un autre agent
économique, l'agent respecte ses
engagements.
Dans le domaine de l'économie appliquée au
développement, les analyses se situent beaucoup plus dans des
préoccupations relatives à la réduction de la
pauvreté dans ses dimensions «statiques » que
dynamiques. Ces analyses traitent de la mesure du
développement des services financiers de proximité et leur
contribution à l'inclusion de la population pauvre en leur permettant
l'accès au crédit mais aussi aux autres services financiers
vitaux (micro épargne, micro assurance, transferts de fonds au profit
des familles des travailleurs migrant). Au delà des services offerts aux
populations ciblées, elles concernent ensuite la stabilisation des
revenus, les régimes nutritionnels et de façon plus
générale la réduction de la précarité.
D'un point de vue méthodologique, les applications
empiriques des concepts théoriques ont donné lieu à des
avancées méthodologiques. On note par exemple la
définition des échantillons appropriés aux groupes de
contrôle en l'absence de données longitudinales pour les
études d'impact réalisés par Seep et Mosley
[2000], et beaucoup plus récemment, celui relatif à l'application
expérimentale.
Marie Godquin et Léandre Bassolé [2004] qui
abordent quant eux la microfinance sous l'optique de la pérennité
et viabilité des institutions opérant dans ce secteur. Ces
auteurs analysent sous des approches différentes les
performances du remboursement des prêts, en recourant aux enseignements
de la théorie des contrats appliqués au marché du
crédit.
Toutefois, Marie Godquin a travaillé sur des
données relatives aux clients des trois plus grandes institutions de
microfinance au Bangladesh et elle nous fourni une analyse sur les
déterminants du remboursement, en focalisant son analyse sur
le rôle des innovations dans les procédures des prêts de
groupe ainsi que l'accompagnement par le canal des services non financiers et
les mécanismes incitations dynamiques. Après qu'elle
est corrigée les biais dus à l'endogéneité de la
taille des groupes, elle arrive à des résultats dont
l'intérêt opérationnel s'avère intéressante.
Ceci dans la mesure où elle montre que les innovations dans les
procédures d'octroi des prêts doivent être poursuivies vue
que l'ancienneté des groupes solidaires agit négativement sur la
qualité des remboursements. De plus, les cycles progressifs
de prêts finissent par ne plus constituer l'incitation à honorer
ses engagements; les sommes plus élevés et
l'expérience des membres des groupes interfèrent pour moins faire
jouer la caution solidaire. Ainsi, elle conclue à la
nécessité de concevoir des incitations spécifiques pour
les clients anciens auxquels les institutions veulent accorder des prêts
les plus élevés, ainsi, elle rejoint les innovations en cours
dans ce secteur par les institutions de microcrédit.
Dans une approche différente, mais
complémentaire, Léandre Bassolé traite du rôle de la
coresponsabilité du groupe sur la performance de groupe en utilisant des
données relatives à la clientèle des IMF au Malawi.
L'intérêt de son approche réside dans la distinction entre
«défaillance interne » et « défaillance externe
» au groupe pour déceler l'occurrence de défaillance
stratégique. Il nous faut préciser que ce questionnement est
très peu développé dans la
littérature37et revient à tester l'existence et
à évaluer l'asymétrie d'informatisation entre
les membres du groupe eux même et non plus seulement vis-à-vis de
l'IMF.
Ce modèle d'un point de vue empirique consiste à
tester les deux propositions suivantes:
· Hypothèse 1 : en situation de
coresponsabilité dans un contrat de crédit de groupe, l'auto
sélection, la surveillance mutuelle, la pression des pairs et l'entraide
mutuelle permettent d'améliorer le taux de remboursement.
· Hypothèse 2: la perte de
l'accès au crédit futur en cas de défaillance d'au moins
un membre augmente les taux de défaillance stratégique, ce qui
détériore le taux de remboursement du groupe.
Avec deux types de taux de défaillance, un
au niveau interne qui correspond à la défaillance entre les
membres du groupe et l'autre externe c'est-à-dire vis-à-vis de
l'institution. Ce choix nous permet de mieux appréhender la
dynamique du mécanisme de remboursement au sein du groupe. En
effet, dans ce modèle nous avons deux niveaux de remboursement, à
l'échéance du contrat, le groupe emprunteur, choisit la
même stratégie, rembourser ou ne pas rembourser le prêt.
Cela permet de savoir si le groupe est défaillant ou pas. Ainsi, si les
emprunteurs choisissent des stratégies différentes, on se
retrouve à un second niveau de remboursement. Ceux qui remboursent au
premier niveau font jouer la pression des pairs afin que les autres respectent
leur contrat, ou leur viennent-en aide par la clause de l'entraide mutuelle
pour que le groupe ne perde pas la possibilité des crédits
futurs. A ce niveau du remboursement, le niveau de la pression des pairs et la
possible entraide mutuelle sont fonctions de l'importance que les bons
emprunteurs accordent au crédit futur .A ce stade du remboursement, le
niveau de pression des pairs et la
37 (Cf. Wenner [1995] qui teste si la
sélection par les pairs a un impact sur la performance de 25 groupes de
crédit du Costa Rica et s'intéresse à l'utilisation
d'information locale des membres des groupes de prêts en vue de la
sélection de leurs pairs. Son étude montre que les groupes de
prêt utilisent de l'information privée pour sélectionner
leurs membres et que ce mécanisme de sélection accroît la
performance de remboursement des groupes.)
possible entraide mutuelle sont fonction de l'importance que
les bons emprunteurs accordent au crédit futur. Les résultats
économétriques de Bassolé confirment le rôle positif
des constituants de la coresponsabilité que sont la pression,
surveillance et l'entraide mutuelle sur les performances de remboursement. Ils
valident aussi l'hypothèse selon laquelle la perte
d'accès au crédit futur en cas de défaillance d'au moins
un membre, augmente les risques d'occurrence de défaillance
stratégique. De fait il en déduit qu'il convient de
relâcher une des règles de coresponsabilité qui consiste
à exclure des prêts futurs, tous les membres d'un groupe dont un
remet en cause le fondement du système des prêts aux
groupes solidaires et que cela permettra de réduire le rôle que
celui est censé avoir. Ainsi, il recommande une application rigoureuse
des procédures qui consiste à la vérification de la
qualité des groupes avant l'octroi des prêts pour s'assurer que
l'auto sélection des membres a été correctement mise en
jeu ainsi que les conditions de « stakeholder ». Alors pour les
clients plus anciens et les prêts élevés, les solutions
résideraient dans les innovations que les IMF peuvent concevoir comme le
suggère Marie Godquin. Il s'agit par exemple d'introduire un
système de garanties plus facile à mettre en oeuvre
pour les clients ayant une expérience avérée
avec l'IMF.
Pour les études d'impact des services offerts aux
populations pauvres ciblées par les Institutions de microfinance, nous
pouvons nous référer aussi bien au travail de Abdelkhalek Toumani
[2004 ] qui a plus un caractère méthodologique et ceux relatifs
aux études de Flore Gubert et Francois Roubaud [2004] sur des
données d'enquêtes auprès d'unités de productions
informelles opérant à Antanarivo (Madagascar) sur la
période 2001 et 2003.
Toumani, lui présente les techniques statistiques
utiles pour tester l'efficacité du financement des microentreprises dans
la lutte contre la pauvreté en revenant sur la question de
l'échantillonnage avec les diverses strates réalisables. De plus
il rappelle les outils qui peuvent être utilisés pour
analyser l'impact des avec des détails sur les indicateurs de
pauvreté.
Gubert et Roubaud [2004] quant à eux effectuent une
analyse sur l'impact des services offerts par les IMF et choisissent
pour critère d'appréciation les gains de productivité. Ils
prennent le soin de vérifier au préalable si l'IMF en question
touche bien la catégorie d'actifs ciblés, dans leur cas il s'agit
des unités productives exclues des systèmes formels de
financements. Pour contourner les problèmes d'endogéneité
relatifs au risque de biais de sélection, ces auteurs appliquent la
méthode des groupes appariés38, sur des données
de panel de 2001 et 2003 c'est-à-
38 L'une de ces méthodes consiste à
identifier des groupes de non participants (ou groupes-temoins)
présentant des caractéristiques analogues à celles des
participants (le groupe traité) et à le comparer entre eux. Parmi
les critères généralement pris en compte pour
l'appariement figurent notamment l'age, le sexe, l'activité
professionnelle, la branche d'activité, etc. Sont en revanche exclues,
faute d'observation satisfaisante, certaines dimensions pertinentes telles que
la motivation ou la confiance en soi. Une autre méthode consiste
à comparer la situation des bénéficiaires
dire avant et après la crise politique Malgache. Cette
base de données leur permet d'effectuer une analyse fine de
l'impact et d'apporter, selon le contexte politique environnant des
éclairages originaux sur les effets différenciés des
services financiers de proximité.
Il nous semble intéressant de présenter une
synthèse de leur étude compte tenu du fait qu'il
existe très peu d'étude d'impact, tout particulièrement en
Afrique subsaharienne qui permettent à la fois d'identifier avec
précisions les caractéristiques des populations
bénéficiaires et surtout de mesurer les changements que ces
programmes induisent ceci afin de mieux appréhender la porté de
leur résultats. L'objectif qu'ils assignent à la microfinance
dans leur étude est qu'elle arrive à la fois à fournir des
services financiers aux populations exclues des circuits de financement mais
surtout à contribuer à la promotion des activités
génératrices de revenu au sein des populations. Leur
exposé débute par une présentation succincte du mode de
financement du secteur informel en Antananarivo. Ceci se poursuit par une
description des caractéristiques des clients de L'IMF concerné
par l'étude. L'intérêt de cette étude tient à
la dimension en panel des données qui autorisent le suivi de l'impact
entre 2001 et 2003 soit après les incidents politiques de
décembre 2001 .Ainsi concernant le mode de financement, ces auteurs nous
expliquent qu'en 2001, plus de 88% du stock de capital dont disposent les
unités de production informelles a été financé
à partir de fonds propres (épargne, héritages, don). Les
résultats se présentent comme suit:
Tableau 1.9.Mode de financement du capital du secteur informel en
2001(%)
|
Epargne, don, héritage
|
Prêt familial
|
Prêt auprès
d'usuriers
|
Prêt bancaire
|
Autres
|
Industrie
|
85,2
|
0,5
|
0,0
|
0,0
|
14,1
|
Commerce
|
93,3
|
0,6
|
0,0
|
0,0
|
6,1
|
Services
|
87,5
|
2,2
|
4,9
|
0,0
|
7,2
|
Total
|
88,3
|
1,5
|
3,0
|
0,0
|
7,2
|
Source : Enquête 1-2-339 2001, phase 2, dans le
cadre du projet Madio (Rakotomanana et al.2000)
du programme avant et après sa mise en oeuvre. A
défaut d'information sur la mise en oeuvre du programme, il est
également possible, mais moins satisfaisant, de recourir
à une comparaison de leur situation entre deux dates postérieures
à la méthode dite de double différence, compare quant
à elle la situation d'un groupe de
bénéficiaires (première différence), avant et
après intervention (seconde différence).
39 L'enquête 1-2-3 est un dispositif de trois
enquêtes emboîtées touchant des populations statistiquement
différentes, individus, unités de production informelles,
ménages. La première phase est une enquête sur l'emploi, le
chômage et les conditions d'activité des individus vivant dans les
ménages. La deuxième phase est une enquête
spécifique auprès des chefs des unités de production
informelles (UPI) sur leurs conditions d'activité, leurs performances
économiques, leur mode d'insertion dans le tissu productif
et leurs perspectives. La troisième phase, enfin, est une enquête
sur la consommation des ménages.
Notes: le réinvestissement des revenus tirés de
l'activité informelle est inclus dans la catégorie «Epargne,
don et héritage ». La catégorie «Autre » comprend
les prêts auprès des clients, des fournisseurs ou des associations
de producteurs.
Les résultats du tableau nous montre que le secteur
financier, qu'il soit formel ou informel ne joue qu'un faible rôle dans
le financement du capital des unités de production informelles (UPI). De
plus l'étude révèle que la majorité des chefs d'UPI
environ 67% la fait de manière informelle en sollicitant l'aide de
membres de sa famille. En effet, cela se justifie par une méconnaissance
par ceux-ci de l'offre de service existant. L'étude estime ainsi
à seulement 30% les UPI qui déclarent connaître une IMF, et
parmi elles, moins de la moitié dit avoir connaissance des financements
proposés par ce type d'institution. En conséquence,
moins de 3% des UPI d'Antanarivo se déclarent s'être
adressées à une IMF pour obtenir un financement. Toutefois, sur
cet échantillon déjà minime, seulement 35% ont vu leur
demande de prêt satisfaite soit moins de 1% de l'ensemble d'UPI existante
sur l'agglomération. Tout ceci en dépit d'une forte expansion de
la microfinance. En conséquence, sur un échantillon de 1000 UPI
représentatives de l'ensemble du secteur informel, la phase 2 de
l'enquête 1-2-3 a été réalisée au cours de la
même année 2001 auprès d'un échantillon
représentatif de 198 entrepreneurs clients ou anciens clients de l'IMF.
La représentativité statistique de leurs univers respectifs peut
se décrit comme suit: secteur informel d'une part et clients de l'IMF de
l'autre. L'intérêt de ces deux enquêtes est quelles
accordent une part importante aux agrégats économiques tels que
le chiffre d'affaires, la valeur ajoutée, etc....
En théorie, nous avons souligné que la plupart
des IMF n'exige aucune garantie de la part de leurs clients. Mais dans la
pratique cela ne se vérifie pas toujours dans les faits .Ainsi donc dans
le cas malgache, certaines institutions vont jusqu'à exiger des
garanties allant de 60à 130% du montant de crédit accordé.
Il s'agit en autre de nantissement de matériels, gage de voiture,
caution solidaire, caution sur salaire, et enfin les promesses
hypothécaires, etc.
On note par ailleurs que les clients de l'IMF appartiennent
à 99% au secteur informel au sens défini par la phase 2 de
l'enquête 1-2-3. Toutefois, sans que cela soit précisément
spécifié dans les objectifs de l'IMF, les microentreprises du
secteur formel c'est-à-dire celles qui sont enregistrées et
tiennent une comptabilité, représentent 3% des unités de
production de moins de cinq employés et constituent en somme
15% des emplois, ne font pas partie de la clientèle de l'IMF. Ceci ne
peut être interprété faute d'informations sur les demandes
d'adhésions rejetées par l'IMF comme provenant d'un processus
d'auto sélection de la part des microentreprises formelles qui ne
s'adressent pas à l'institution ou si cela découle d'un ciblage
volontaire de la part de l'IMF
parmi les microentreprises. Cette spécificité
peut être avantageuse si on se situe dans une optique de lutte contre la
pauvreté dans la mesure où le secteur informel est de loin le
moins rémunérateur40.
Si nous nous situons dans une perspective de performance
économique c'est-à-dire l'analyse des chiffres
d'affaires et valeur ajoutées par unité de production nous
obtenons le résultat suivant :
Tableau 1.10: niveau d'activité des UPI (Valeur moyenne
pour le mois précédent l'enquête-en euros)
Industrie Agriculture/élevage
|
UPI clientes de l'IMF
|
Ensemble des UPI d'Antananarivo
|
Adhésion antérieure à
janvier 2000
|
Adhésion postérieure à
janvier 2000
|
CA
|
VA
|
CA
|
VA
|
CA
|
VA
|
1 607
|
551
|
1 631
|
1 054
|
/
|
|
/
|
Agro-alimentaire
|
615
|
170
|
3 758
|
1 628
|
|
223
|
77
|
Confection
|
2 801
|
1 435
|
1 456
|
861
|
|
142
|
71
|
Autres industries
|
2 109
|
1 071
|
838
|
341
|
|
147
|
87
|
BTP
|
/
|
/
|
/
|
/
|
|
201
|
138
|
Commerce
|
|
|
|
|
|
|
|
Produits primaires
|
2 885
|
309
|
3 070
|
634
|
|
559
|
97
|
Produits transformés
|
7 108
|
1 621
|
4 066
|
771
|
|
499
|
117
|
Services
|
|
|
|
|
|
|
|
Ménages et entreprises
|
1 491
|
1 280
|
315
|
133
|
|
142
|
89
|
Restauration
|
1 688
|
791
|
1 220
|
522
|
|
483
|
163
|
Transport
|
668
|
398
|
713
|
538
|
|
463
|
233
|
Ensemble
|
2 145
|
918
|
1 886
|
669
|
|
316
|
106
|
Sources : Enquête 1-2-3 2001, phase 2 et enquête
quantitative auprès de la clientèle de l'IMF
40
En 2001, le revenu mensuel moyen des travailleurs malgaches du
secteur informel était près de deux fois inférieur
à celui perçu par les actifs du secteur formel, avec
respectivement 224000fmg (monnaie local) et de 404000fmg. De plus l'incidence
de pauvreté avec la ligne internationale de un dollar par jour en
parité du pouvoir d'achat était de 1,5% pour les ménages
dont le chef exerçant dans le secteur public et de 11% lorsqu'il
appartenait au secteur privé formel et de 25,6%quand il travaillait dans
le secteur informel. On a 70% des pauvres de la capitale malgache qui
appartenaient à ce type de ménage.
2001, MADIO.
Notes: CA : chiffre d'affaires. VA : valeur ajoutée. En
2001, le taux de change était de 6 100 FMG pour 1 €.
Sur l'ensemble des secteurs confondus, le volume
d'activité des UPI clientes de l'IMF est six à neuf fois
supérieur en moyenne à celui de l'ensemble des UPI de
l'agglomération, selon l'indicateur retenu et la date d'adhésion
à l'institution. Une explication possible est que ce
dynamisme relatif des UPI clientes de l'IMF soit consécutif
à l'octroi de prêts de la part de l'institution.
En termes de ciblage, l'IMF remplit parfaitement sa mission en
touchant une clientèle de petites entreprises urbaines du secteur
informel. Toutefois, dans cette frange, celle-ci s'adresse à la
catégorie «supérieur » de ce secteur.
L'analyse des données nous permet de conclure, en
moyenne, les entreprises clientes de l'IMF génèrent
plus de chiffres d'affaire ou de valeur ajoutée que la
moyenne des unités de production du secteur ceci parce
qu'elles disposent de plus de facteurs de production c'est-à-dire du
capital et du travail mais aussi surtout d'une production supérieure.
Les auteurs ceux sont aussi intéressés au
changement induit par le crédit et la perception qu'à la
clientèle de l'IMF de ce changement. Sur un échantillon
représentatif de la clientèle de l'institution, 87% de clients
interrogés déclarent que les prêts contractés ont
induit un changement positif sur leur entreprise. Ainsi les résultats ce
présentent comme suit:
Tableau 1.11: Impact perçu des prêts octroyés
(%)
Niveau de production
|
En augmentation/ positif
|
En
baisse/ négatif
|
Inchangé
|
Ne sait pas
|
76,1
|
3,9
|
18,1
|
1,5
|
Qualité des produits
|
67,8
|
1,5
|
28,0
|
2,7
|
Diversification de la
production
|
45,8
|
0,6
|
53,3
|
0,3
|
Niveau des ventes
|
67,5
|
5,1
|
26,8
|
0,6
|
Effectifs employés
|
13,3
|
1,5
|
84,6
|
0,6
|
Niveau des actifs
|
42,2
|
0,3
|
56,6
|
0,9
|
Niveau de trésorerie
|
74,1
|
5,1
|
18,7
|
1,5
|
Changement global induit
|
87,1
|
3,0
|
9,3
|
0,6
|
Source : Enquête quantitative auprès de la
clientèle de l'IMF 2001, MADIO.
Note : Ces statistiques portent sur 198 clients et 332
prêts.
Ce changement est traduit surtout par l'augmentation du niveau
de production dans 76% des cas et une amélioration du niveau de
production estimé à 68% ou encore une diversification de la
production 46%. L'impact perçu des prêts sur la main d'oeuvre est
en revanche négligeable. La suite de l'étude, sur la base
d'éléments objectifs met en évidence, cela quelque soit
l'indicateur de performance retenu, l'impact positif des financements
accordés par l'IMF pour les UPI qui en ont
bénéficié. Ainsi, il apparaît qu'être client
de l'IMF donne lieu à un gain net de chiffre d'affaire de 149% en
moyenne. Si l'on se concentre par exemple sur le niveau de production, les UPI
clientes obtiennent un supplément de production de l'ordre de 704 euros
par mois en moyenne. L'impact sur l'emploi contrairement à la perception
des clients bien que négligeable reste également positif puisque
les UPI clientes de l'IMF comptent en moyenne un employé de plus que les
UPI du groupe témoin, soit une augmentation de 57% qui diffère de
l'impact tel que perçu par la clientèle.
Les résultats sont présentés dans le tableau
ci-dessous :
Tableau1.12 -Gains nets du projet (%) (sept.2001)
Mode d'appariement
5 UPI ayant le score de propension le plus proche
UPI ayant le score de propension le plus proche
+ 148,7 (***)
+ 144,0 (***)
Outputs
Chiffre d'affaires
+ 134,0 (***)
+ 142,4 (***)
Production
+ 103,7 (***)
+ 125,3 (***)
Valeur ajoutée
+ 112,9 (***)
+ 131,2 (***)
Excédent brut d'exploitation
+ 56,6 (***)
+ 67,2
- 4,6
+ 68,0 (***)
Facteurs de production Nombre actuel d'employés Valeur
actuelle du stock de capital
+ 66,9 (***)
+ 61,5 (***)
Productivité VA/L1
+
VA/L2
+ 164,1
182,2 (**)
+ 14,9
+ 21,0
VA/K
Sources : Enquête 1-2-3 2001, phase 2 et enquête
quantitative auprès de la clientèle de l'IMF 2001, MADIO.
Notes : Le nombre d'UPI clientes de l'IMF appariées est
168; le nombre d'UPI non clientes de l'IMF et servant de contrôle est 87
(certaines sont utilisées plusieurs fois). VA : Valeur ajoutée;
L1 : Nombre de travailleurs; L2 : Nombre d'heures de travail par mois. K :
valeur du capital au coût du remplacement; * : significatif au seuil de
1%; ** : significatif au seuil de 5%; *** : significatif au seuil de 1%.
En somme, les mêmes enquêtes ont été
effectuées en 2003 sur le même échantillon
représentatif pour tenter d'isoler la crise politique de 2002 dans
l'analyse d'impact. Les auteurs nous expliquent que bien que les
gains se soient fortement érodés, l'impact de l'IMF reste
largement positif en 2003. Ainsi pour 82% des clients enquêtés en
2003, les changements induits par les prêts octroyés par l'IMF
sont positif, contre moins de 3% qui déclarent le contraire.
L'enquête fournit l'appréciation du client pour
chacun des prêts qu'il à obtenu depuis son adhésion
à l'IMF qui ce traduisent par le tableau suivant :
Tableau 1.12: Impact perçu des prêts
octroyés, sept. 2001 et mars 2003 (solde d'opinion)
|
|
Échantillon complet
|
|
|
|
Entre
|
|
|
|
Avant
|
2001 et
|
Variations
|
|
|
2001
|
2003
|
|
Niveau de production
|
|
+ 73,4
|
+ 80,0
|
+ 6,6
|
Qualité des produits
|
|
+ 59,6
|
+ 63,8
|
+ 4,2
|
Diversification de
production
|
la
|
+ 47,1
|
+ 56,9
|
+ 9,8
|
Niveau des ventes
|
|
+ 65,7
|
+ 62,3
|
- 3,4
|
Effectif employé
|
|
+ 22,9
|
+ 29,2
|
+ 6,3
|
Niveau des actifs
|
|
+ 37,8
|
+ 43,9
|
+ 6,1
|
+ 71,0 + 63,4 - 6,6
+ 32,3 + 31,0 - 0,7
+ 45,2 + 52,1 + 6,9
Avant
2001
Entre 2001 et
2003
Variations
Panel
+ 76,9 + 81,7 + 4,8
+ 70,4 + 64,8 - 5,6
+ 55,4 + 56,3 + 0,9
Pour conclure sur cette étude, les auteurs mentionnent
que les prêts octroyés sont non seulement perçus comme
ayant un impact favorable sur l'activité de l'entreprise, mais surtout
jouent aussi sur les conditions de vie de la famille des clients. En fonction
des soldes d'opinion, ils estiment l'amélioration du niveau de vie
à plus 75,5%, pour la santé à 71% et enfin à plus
de 66,5% pour la scolarité. Toutefois, ils précisent que l'impact
des financements accordés par l'IMF est plus incertain en période
de crise. Nous estimons pour notre part que bien que cette étude
n'établisse de lien entre ces résultats et les procédures
de l'IMF, elle nous semble enrichissante notamment pour les promoteurs de la
microfinance.
Conclusion du chapitre 1
Au terme de ce chapitre, nous pouvons souligner que
l'intérêt pour la microfinance découle de l'échec
des politiques macro financières et d'aide au développement qui
ont eu du mal à s'adapter au réalité local et à
résoudre les problèmes. Aujourd'hui, les théories du
développement ne nos jours ne s'intéressent pas uniquement au
rôle de l'état comme c'était le cas auparavant. Au niveau
de la théorie économique, on constate un intérêt
pour les problèmes liés à l'information à la
participation et encore plus aux questions touchant à l'incitation des
acteurs.
On a aussi une évolution de la politique des bailleurs
de fonds qui prennent maintenant en compte tous ses aspects. De plus, leur
contribution a été indispensable à l'émergence des
institutions tout en soulignant leurs intérêts pour les grands
projets qui ne sont pas forcements rentables pour les économies
locales.
La microfinance suscite aujourd'hui un intérêt
croissant parce que des auteurs tels que Stiglitz ont mis en avant le
rôle important de ces systèmes financiers dans le
développement d'un point de vue théorique dans les années
quatre vingt avec une remise en cause de l'État providence. En effet,
l'échec de l'État dans la politique de développement qui
avait suivi l'exportation du modèle de la grande entreprise a
amené à la réflexion sur le développement
endogène et à l'émergence du paradigme du
développement par « le bas » [Stohr, 1978, 1981,1984]. Ce
type de modèle de développement endogène
basé sur l'utilisation des ressources locales et le contrôle au
niveau local du processus d'accumulation permet d'accroître les
interdépendances productives. C'est dans cette dynamique que
s'inscrire l'action de la microfinance. Toutefois, la problématique de
son intégration dans la finance globale mérite un examen
particulier de notre part compte tenu du fait que l'objet de la microfinance
reste avant tout économique et financier.
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