2.4 Qualité de l'huile
Elle est vérifiée par un contrôle de
qualité microbiologique et physico-chimique dans les laboratoires
spécialisés en analyse microbiologique et physico-chimique des
produits agro-alimentaires. Avant toute étude des germes
éventuels des
huiles, il est important de savoir que les matières
grasses outre le beurre « ...sont peu altérées par les
micro-organismes : ils subissent surtout des dommages physico-chimiques.
Cependant les germes lipolytiques peuvent entraîner des
hydrolyses et oxydations. » (GUIRAUD & GALZY, 1980). Selon les
critères microbiologiques du Codex Alimentarius (CAC/GL-21-1997) retenus
pour les huiles, les germes à contrôler sont : la flore
mésophile totale, les levures et les moisissures, les coliformes totaux,
les anaérobies sulfito-réducteurs, Staphylococcus
aureus, les Salmonelles. Ces germes sont qualifiés
d'indicateurs en microbiologie alimentaire, et servent à évaluer
la sécurité alimentaire, les bonnes pratiques de fabrication et
parfois à définir la fraîcheur des produits (qualité
altération) (CARDINAL et al, 2003).
Selon ces mêmes auteurs : « l'examen des produits
à l'aide des indicateurs est simple, fiable et fournit de l'information
rapidement sur les failles dans un procédé de fabrication, sur la
contamination post-procédé, sur la contamination de
l'environnement, sur le niveau d'hygiène général et sur la
fraîcheur du produit ». Quant à la qualité
nutritionnelle de l'huile, elle est incontestablement à l'avantage des
productions villageoises parce qu'extraites à froid, alors que les
huiles industrielles sont privées de leurs éléments
nutritionnels (FAO, 2000).
2.4.1 Bactéries aérobies mésophiles
à 35°C
Selon BOURGEOIS (1980), la microflore aérobie
mésophile est l'ensemble des microorganismes aptes à se
multiplier à l'air et aux températures moyennes, plus
précisément ceux dont la température optimale de
croissance est située entre 25° et 40°C. Ce sont des
bactéries pathogènes pour l'humain d'une part, et des
microorganismes d'altération d'autre part. Toujours selon le même
auteur, le dénombrement de la flore mésophile totale est un test
très important. Sur le plan technologique, une flore mésophile
nombreuse indique que le processus d'altération microbienne est
fortement engagé bien qu'en fait il n'y ait pas de corrélation
précise entre l'importance quantitative de la flore mésophile
totale et le temps qui s'écoule avant que l'altération soit
perceptible organoleptiquement, car l'altération peut être le fait
d'un groupe spécialisé ne représentant au départ
qu'une faible proportion de la population. Sur le plan hygiénique, il
n'y a pas non plus de corrélation étroite entre l'importance de
la flore totale et la présence de microorganismes pathogènes dans
le produit.
On peut cependant dire que le dénombrement de la flore
totale reste la meilleure méthode d'appréciation de la
qualité microbiologique générale des aliments (BOURGEOIS,
(1980) qui cite MISKIMIN et al. (1976)).
2.4.2 Coliformes totaux
Ce groupe contient toutes les bactéries aérobies
ou anaérobies facultatifs, Gram négatif, asporulées, en
forme de bâtonnets, mobiles ou non (CARDINAL et al, 2003).
Selon les mêmes auteurs, ces bactéries disposent
d'un métabolisme respiratoire et fermentaire les rendant capables de
fermenter le lactose en produisant de l'acide et du CO2 à 35°C. La
présence de coliformes totaux dans les aliments indique un traitement
thermique inefficace ou une contamination subséquente au traitement. Ils
peuvent aussi démontrer un mauvais nettoyage et une mauvaise
désinfection des matériels de transformation.
2.4.3 Staphylococcus aureus
Staphylococcus aureus appartient à la
famille des Micrococcaceae qui comprend deux genres : le genre
Staphylococcus et le genre Micrococcus dont les
bactéries se caractérisent par une morphologie en cocci, sont
Gram positives et possèdent une catalase (De BUYSER, 1980). Ces deux
genres se distinguent aussi par le fait que les Staphylocoques sont
des aéro-anaérobies facultatifs alors que les
Microcoques sont des aérobies stricts. BAIRD PARKER (1974)
cité par DE BUYSER (1980) a divisé le genre
Staphylococcus en trois espèces : Staphylococcus aureus,
Staphylococcus epidermidis et Staphylococcus
saprophyticus.
Parmi ces trois espèces, seule Staphylococcus
aureus était présumé développer un pouvoir
pathogène à cause de la présence d'une enzyme, la
coagulase, qui peut transformer le fibrinogène en fibrine. S.
aureus peut être retrouvé notamment chez de nombreuses
espèces animales, sur la peau ou encore sur la muqueuse du
rhinopharynx.
L'importance du rôle des porteurs de germes (plaies
cutanées suppuratives ou rhinopharynx) dans la contamination des
aliments par S. aureus n'est plus à souligner (30% des
sujets seraient porteurs). DE BUYSER affirme que S. aureus
dispose d'un équipement enzymatique important (hyaluronidase,
fibrinolysine) et secrète diverses toxines (hémolysines,
leucocidines, entérotoxines). C'est son aptitude à
élaborer des entérotoxines extrêmement actives qui retient
l'attention des hygiénistes alimentaires, car ce sont elles qui
provoquent l'apparition des toxi-infections alimentaires dites « à
staphylocoques ».
2.4.4 Levures
Les levures sont des champignons microscopiques se
présentant sous forme unicellulaire au moins à un stade de leur
cycle biologique (BOUIX et LEVEAU, 1980). Selon ces mêmes auteurs, compte
tenu des possibilités métaboliques des levures, elles sont
très utilisées dans les industries agricoles et alimentaires. Les
applications les plus connues sont sans doute la fabrication de boisson
alcoolisée
par fermentation d'un moût sucré : bière,
vin, autres boissons à partir des matières premières
variées (riz, fruits tropicaux, ...) ainsi que la production d'alcool
industriel à partir de jus de mélasse de betterave ou de canne
à sucre. Par ailleurs, les levures sont directement utilisées en
panification. Elles participent également à l'affinage de
certains fromages. Enfin, elles peuvent être utilisées à la
fabrication de produits plus nobles comme les enzymes, les vitamines, les
nucléotides, ...
Malgré leur importance, BOUIX et LEVEAU (1980)
affirment que la présence des levures n'est pas souhaitée dans
les produits alimentaires. Les levures n'étant pas pathogènes
(à l'exception de Candida albicans et
Cryptococcus neoformans), elles ne causeront
pas d'exception alimentaire mais peuvent produire, par leur
développement dans les produits alimentaires finis des
altérations de leur qualité marchande par formation de troubles
(cellules de levure), d'odeurs ou de goûts annexes anormaux
(éthanol, augmentation du pH due à la dégradation d'acides
organiques) ou par gonflement des produits ou (et) de leur emballage (CO2).
2.4.5 Moisissures
Les moisissures sont des champignons microscopiques se
développant sur des substrats morts (ce sont des saprophytes) et se
caractérisent par un thalle filamenteux : le mycelium. Ce dernier se
bouture aisément par fragmentation, mais différencie aussi des
organes variés de multiplication : les spores (MOREAU, 1980). Selon les
espèces, les spores sont aisément dispersées par l'air
(xérospores) ou par l'eau (myxospores).
Pour le même auteur, la plupart des denrées
alimentaires, au cours de leur préparation mais surtout de leur
entreposage, sont susceptibles d'être détériorées
par des moisissures. Les pertes qui leur incombent sont considérables.
Parfois l'altération des denrées aboutit à une
modification de la valeur nutritionnelle du produit, à l'apparition de
flaveurs indésirables, à d'autres cas, c'est la santé du
consommateur qui est en jeu. Certaines moisissures élaborent des
substances toxiques, les mycotoxines ; ces dernières diffusent dans
l'aliment et, si elles sont en quantité suffisante, elles peuvent
provoquer des intoxications aiguës ou chroniques. Les intoxications sont
rares chez l'homme en raison de son alimentation diversifiée et du soin
généralement apporté à la préservation de
ses aliments ; elles sont par contre fréquentes dans les élevages
industriels où tous les animaux reçoivent chaque jour
sensiblement les mêmes rations.
Dans le tableau ci-dessous, on présente quelques exemples
de mycotoxicoses,
Tableau 2 : Quelques exemples de mycotoxicoses
et les germes responsables
Syndromes
prédominants
|
Mycotoxines incriminées
|
Moisissures responsables
|
Hépatotoxicoses
|
aflatoxines
|
Aspergillus flavus
|
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Néphrotoxicoses
|
Ochratoxines
|
Aspergillus ochraceus
|
Penicillium viridication
|
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Neurotoxicoses
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Patuline
|
Aspergillus clavatus
|
Penicillium expansum
|
Gastro-
entérotoxicoses hémorragies
|
Trichothécènes
|
Fusarium divers
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Effet astrogène
|
zéaralènone
|
Fusarium graminearum
|
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Source : MOREAU (1980)
2.4.6 Anaérobies
sulfito-réducteurs
Souvent appelés groupe des Clostridium «
sulfito-réducteurs », Clostridium
perfringens et les espèces voisines sont capables de
réduire le sulfite. Cette réaction est mise en évidence
par la formation de sulfure de fer dans un milieu contenant du sulfite de
sodium et un sel de fer (GUIRAUD et GALZY, 1980).
2.4.7 Salmonelles
Citant LE MINOR (1972) et BUCHANAN (1974), GLEDEL (1980)
définit le genre Salmonella comme étant le « genre
regroupant des Bacilles à Gram négatif habituellement mobiles par
des cils péritriches ; des mutants immobiles peuvent être
rencontrés et un sérotype (S.
pullorum-gallinarum) est toujours immobile. »
Les salmonelles sont responsables de troubles pathologiques
graves chez l'homme et les animaux. Largement répandues dans la nature
(eaux, sols), elles peuvent contaminer les locaux et les matériels en
élevage, dans la restauration. Elles sont à l'origine de
toxi-infections alimentaires.
Celles-ci résultent du développement abondant de
ces bactéries au sein d'aliments contaminés placés dans
des conditions thermiques favorables à leur multiplication (GLEDEL,
1980).
Des traitements thermiques relativement modérés
suffisent à détruire les Salmonelles au sein des denrées
contaminées (de l'ordre de 30 à 70°C).
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