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Etude de la réception de deux coproductions théâtrales européennes, à travers des articles de la presse écrite d'Europe

( Télécharger le fichier original )
par Laetitia van de Walle
Université Libre de Bruxelles - Master européen en Art du spectacle vivant 2007
  

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3.3.3. Analyse du contenu de la presse écrite dans ses articles concernant les manifestations théâtrales

Quand nous avons demandé aux responsables des théâtres de nous faire parvenir les articles de presse, nous pensions inconsciemment aux articles critiques. Pourtant aucun théâtre ne nous a envoyé que des articles critiques. Il semble que les responsables de presse dans les théâtres aient retenu chaque article paru, quel qu'il soit.

L'article d'information a-t-il supplanté l'article critique ? C'est ce que pense François Roche qui se demandait, dans le cadre des rencontres du Grand Jardin, s'il y avait

« encore une place, aujourd'hui, dans la presse écrite, pour un commentaire critique sur la création artistique ? »159

Parmi tous ceux qui nous ont été transmis, dans leur majorité, les articles développent un point de vue critique. Mais il est évident que nous ne disposons pas de l'intégralité de tous ceux parus pour Gurs et Learning Europa dans les sept villes de représentation. Cependant, pour Gurs, sur quarante-sept articles publiés dans les journaux à Séville, Nice, Luxembourg, Paris et Berlin, vingt-quatre proposent un point de vue critique sur le spectacle, si minime soit-il. Et pour Learning Europa à Hambourg et à Francfort, sur dix-neuf articles, seuls cinq sont uniquement informatifs.

Comme, nous l'avons déjà expliqué ci-dessus, pour la suite nous relèverons les critères repris dans nos analyses en tableaux (selon Patrice Pavis) et nous terminerons par l'application du schéma de W. Sauter.

3.3.3.1. Informations concernant le « contexte culturel », la « théâtralité en contexte » et la « culture du jeu »

D'une manière plus générale, nous présentons ci-dessous quelques graphiques rendant compte de la place réservée dans le contenu des articles, à l'information sur les conditions de production de l'oeuvre. Ils se rapportent à ce que W. Sauter nomme « le contexte culture ». Nous y montrons aussi l'espace réservé à l'auteur, au metteur en scène et aux acteurs, donc à « la théâtralité en contexte ». Nous prenons la mesure de l'information sur le texte (thème, langue, forme) et sur la fable (contexte, personnages, résumé), partie intégrante de notre histoire commune, relevant de nos habitudes en matière de jeu. Tous deux s'intègrent donc dans « la culture du jeu ».

Pour commencer, fort heureusement, pour Gurs et Learning Europa, le titre du spectacle et le lieu de représentation sont formulés dans 100% des cas160.

Dans ces articles d'opinion, il est très important, de l'avis général, que le journaliste critique signe son texte. Si c'est le cas, pour Gurs, à Séville, Nice et Berlin, seuls 75% des

159 ROCHE, François dans Culture Europe : Revue de presse internationale des professionnels de l'art et de la médiation culturelle. Dossier « La chronique culturelle dans la presse européenne », N° 45, hiver 2005- 2006, page 1.

160 Dans le tableau, pour l'article du Pac Hebdo à Paris, le nom de l'auteur n'est pas pris en compte dans les calculs car cette information ne se trouve pas dans l'article critique mais bien dans l'interview le précédent (dans le même journal). Nous pouvons établir la même remarque pour le lieu qui n'est pas mentionné dans l'article du Luxemburger Wort du 17 décembre 2004, mais cet élément est renseigné dans l'information publiée le jour précédent.

articles sont signés à Luxembourg et 43% à Paris. Pour Learning Europa, à Hambourg, seul un avis n'est pas signé, 57% portent la signature du journaliste et 29% uniquement ses initiales. A Strasbourg, 75% des articles sont signés et 25% présentés par des initiales. À Wiesbaden, l'article est signé mais pas à Luxembourg.

La question du titre de l'article nous a paru également digne d'intérêt. En effet, le journaliste annonce souvent son avis dans le titre. Pour Gurs, à Berlin, dans 100% des cas, les titres sont originaux. À notre avis, les journalistes sont souvent ouverts à la discussion sur un point particulier, sans oser émettre un véritable jugement de valeur. En revanche, à Luxembourg, 50% des articles proposent un titre original. Ils y annoncent un avis, dans ce cas négatif. A Paris comme à Nice, dans la majorité des articles, le titre de la pièce est intégré systématiquement : Gurs ou tragédie européenne, voire les deux, parfois suivi d'un sous-titre annonçant le thème. Seul l'article Internet Avoir-alire évoque un avis, négatif encore, dans son titre. A Séville, trois articles sur quatre affichent un titre original annonçant le thème ou un avis positif, négatif ou nuancé.

Pour Learning Europa, 86% des articles de Hambourg présentent un titre original qui se rapporte à un avis, favorable ou non ; à un thème de réflexion sur la pièce (« Les cris insupportables du voisin », « Dérangement fort » « Le coeur du continent » « Ensemble » ; et un sous-titre : « un agrandissement de l'est artistique ») , 100% des titres à Francfort reprennent véritablement des éléments marquants, des impressions générales sur le spectacle (« La blague, la satire, sans signification plus haute » , « Un petit pays de dormeurs heureux », « Une Europe sauvage », « Nous construisons une cabane », « Un désordre organisé »). L'article luxembourgeois se nomme, modestement « Learning Europa ».

(1) Informations concernant la production de l'oeuvre

Dans cette catégorie, nous verrons quels sont les éléments concernant la production qui sont diffusés dans la presse : les subventions accordées par Culture 2000, au programme « Réfugiés », sur le thème « Théâtre en Europe: miroir des populations déplacées », organisé par le réseau de la CTE. Ces pièces (sur commande) sont réalisées en coproduction avec plusieurs théâtres membres de la CTE, ce qui permet de mettre en commun des moyens financiers et artistiques. Les deux pièces ont été jouées lors du septième Festival de la CTE à Nova Gorica et sont ensuite parties en tournée dans les théâtres producteurs, parfois invitées par d'autres.

+ Gurs, une tragédie européenne

Il convient de rappeler que Gurs a été jouée deux ans après sa création, à Paris et Berlin. Il semble, en effet, que les informations concernant la production de l'oeuvre se soient diluées au cours du temps. A Berlin, aucun article critique ne mentionne les trois théâtres coproducteurs, omettant même de préciser qu'il s'agit d'une coproduction, en passant sous silence des actions de la CTE et de l'UE. A Paris, la situation n'est pas plus glorieuse, puisque seul un article mentionne la CTE et le programme particulier : « Théâtre en Europe: miroir des populations déplacées », et deux (sur sept) précisent que le texte de Jorge Semprún est une oeuvre de commande. Dans les trois autres pays, la situation est plus homogène, bien que les informations les plus complètes se trouvent à Séville, première ville de représentation après Nova Gorica et seule ville où ce festival est mentionné dans 25% des cas161. Séville est aussi la seule qui précise que ce projet est en lien avec les activités de l'Union européenne (dans 50% des articles). Nous remarquons que le rôle de la CTE dans la production de cette pièce, à travers un programme particulier, est mentionné uniquement dans les pays membres du réseau (à Paris, un article sur sept l'évoque). Il est également opportun de signaler qu'à Séville, 50% des articles annoncent la tournée future de la pièce dans les autres pays producteurs. Cette information est réduite de moitié à Nice et atteint 0% à Luxembourg.

Le tableau ci-dessous représente, en moyenne pour chaque ville, l'espace occupé par ces informations dans les articles critiques.

Luxembourg

Séville

Berlin

Paris

Nice

0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 14% 16% 18% 20%

0%

1,6%

Informations sur la production de GURS

4,5%

3,0%

9,2%

+ Learning Europa

Cette pièce a été jouée uniquement dans les six pays coproducteurs. Il est frappant de constater le fait que la pièce est une coproduction entre six metteurs en scène de six

161 Aucune des autres villes ne le mentionne.

théâtres européens, chacun accompagné de deux acteurs, est présenté dans 100% des cas dans toutes les villes. Le nom des institutions théâtrales participant au projet est uniquement mentionné à Luxembourg. Ces théâtres font tous partie de la CTE. Pourtant ce réseau qui a permis au spectacle d'exister n'est renseigné que dans 100% des cas à Luxembourg, 71% à Hambourg et 25% à Francfort. Aucun journaliste n'évoque le programme « Théâtre en Europe, miroir des populations déplacées ». De plus, les subventions accordées par l'Union européenne pour ce projet sont signalées dans 14% des journaux à Hambourg et 25% à Francfort, 0% à Luxembourg et Wiesbaden. Après la représentation de Hambourg, la future tournée du spectacle, dans les cinq autres villes, n'est annoncée que dans 29% des articles à Hambourg, 50% à Francfort et 100% à Wiesbaden et Luxembourg.

Dans le graphique ci-dessous, il apparaît clairement que les journalistes luxembourgeois sont ceux qui réservent le plus d'espace aux informations sur la production.

Luxembourg

Hambourg

Francfort

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Informations sur la production de LEARNIG EUROPA

10%

15%

46%

(2) L'auteur, le metteur en scène et les acteurs

Dans cette section, nous regroupons les informations concernant les personnes ayant participé à la création de la pièce : les données biographiques, bibliographiques, scénographiques, rôles précédents, leurs réputations, leurs styles particuliers.

+ Gurs, une tragédie européenne o Le nom de l'auteur

Jorge Semprún est inscrit partout. L'écrivain a, en outre, l'honneur de voir apparaître quelques renseignements sur sa biographie, ses oeuvres et sa réputation162. Comme nous le visualisons dans le graphique, ceux-ci occupent en moyenne 15% de l'espace à Séville dont il est originaire. Vient ensuite Paris, son lieu de résidence actuel.

162 Sauf dans la presse parisienne.

C'est à Luxembourg que l'auteur semble le moins populaire. A Nice, cette information est assez bien représentée. Il faut ajouter que dans cette ville, deux articles sont précédés d'une interview entièrement consacrée à l'auteur163. A Berlin, l'auteur est cité. On ne développe pas vraiment sa biographie mais les journalistes insistent sur sa réputation européenne, ses capacités à se mesurer au maître, Bertolt Brecht.

Luxembourg

Séville

Berlin

Paris

Nice

0% 5% 10% 15% 20%

Informations sur l'auteur: JORGE SEMPRUN

5%

7%

9%

10%

15%

+ Learning Europa

Armin Petras est à la base du scénario original de Learning Europa. Son nom est présent dans tous les articles, sans exception. En tant que metteur en scène, il est affilié au théâtre de Hambourg, mais il est également auteur dramatique, sous le pseudonyme de Fritz Kate. La presse locale (de Hambourg) mentionne des éléments bibliographiques dans 14% des cas. 29% des journalistes évoquent la réputation de cet homme de théâtre. Aucune information de ce type n'est développée dans les autres villes, les journalistes se contentant de citer le nom du responsable du projet.

Luxembourg

4%

Francfort

1,3%

Hambourg

4%

0% 2% 4% 6% 8%

Informations sur l'auteur: ARMIN PET RAS

163 Le Pac Hebdo et Art jonction sont précédés d'une interview.

o Le metteur en scène

+ Gurs, une tragédie européenne

Daniel Benoin est uniquement mentionné à 100% à Nice, sa ville d'origine, à 86% à Paris164, 67% à Berlin. Au Luxembourg, seul un article y fait allusion. A Séville, le metteur en scène est cité dans les informations générales, en début ou fin d'article. De plus, aucun écrit ne fait mention de sa biographie, de sa scénographie, sa réputation 165 ou de son style166. La situation des assistants du metteur en scène, est encore plus triste (75% à Séville, 25% à Nice -dont ils sont originaires - mais seulement 14% à Paris et 0% à Luxembourg comme à Berlin). Le plus souvent, ils sont cités dans un cadre informatif reprenant tous les artistes ayant participé à l'événement.

Le tableau ci-dessous nous permet de remarquer que, si le metteur en scène et ses assistants sont plus populaires à Nice et souvent mentionnés, c'est à Paris que les journalistes leur accordent le plus d'espace. Notons également que deux articles niçois éditent une photo du metteur en scène, l'un pour la représentation de Nice, l'autre avant celle de Paris, où l'on voit le metteur en scène en compagnie de l'auteur, Jorge Semprún. La visibilité de l'artiste, dans les journaux français, est sans doute à mettre en relation avec le fait que les critiques s'intéressent principalement aux artistes locaux.

Luxembourg

Séville

Berlin

Paris

Nice

0% 1% 2% 3% 4% 5%

informations sur le metteur en scème: DANIEL BENOUIN

1,2%

1,4%

1,6%

3,0%

4%

+ Learning Europa

La particularité du projet Learning Europa est que le metteur en scène est différent dans chaque ville. Pour Hambourg, il s'agit d'Annette Pullen. Son nom est cité seulement

164 Seul un article de l'Impact Medecin omet cette information.

165 Seul un article du Pac Hebdo à Nice évoque sa réputation en parlant du « vrai metteur en scène ».

166 Mis à part un article du Lëtzebuerger land qui parle de la « griffe du metteur en scène ».

dans 43% des articles critiques, mais ils ne développent aucunement sa biographie, ni ses travaux précédents. Seul un article informatif mentionne trois mises en scène antérieures. A Francfort, le metteur en scène est Turneim qui n'est évoqué que par un journaliste, sans aucun détail supplémentaire. A Luxembourg, le critique épingle le nom du metteur en scène, Beryl Koltz, mais sans plus, comme à Francfort. Notons que dans Die Tageszeitung, une photo présentant les six metteurs en scène accompagne l'article.

Le tableau ci-dessous se passe de commentaires. Signalons toutefois, que de nombreux journalistes allemands connaissant Armin Petras et son originalité se méprennent et annoncent ce dernier comme metteur en scène de la pièce. Nous n'avons pas comptabilisé cette information erronée.

Luxembourg

Hambourg

Francfort

0% 1% 2% 3% 4% 5%

Informations sur les metteurs en scène Annette Pullen, André
Turheim et Beryl Kolz

0,3%

0,6%

2%

o Les acteurs

+ Gurs, une tragédie européenne

Parmi tous les articles critiques dont nous disposons, aucune ville ne cite dans 100% des articles les six acteurs167 et quand ils y sont, c'est souvent dans un cadre informatif situé en début ou fin d'article. La Française Sophie Duez est nommée à Nice et à Paris, alors que les Luxembourgeois parlent de leurs acteurs, Germain Wagner et Patrick Hastert. Les Espagnols n'épinglent, parmi leurs trois acteurs enrôlés dans le projet, que Manuel Seda. Notons cependant, que la réputation de Sophie Duez semble un petit peu plus européenne puisqu'elle est également mentionnée à Séville et à Luxembourg. Nous n'avons rencontré aucun article présentant brièvement la carrière d'un ou des comédiens. Seuls deux articles sur vingt-deux annoncent la distribution dans la pièce.

167 Les acteurs sont tous cité dans 75% des cas à Séville, 50% à Nice, 25% à Luxembourg, 14% à Paris et 0% à Luxembourg et à Berlin, souvent dans le cadre informatif.

Le tableau ci-dessous permet de se rendre compte du faible espace consacré uniquement à la mention du nom des acteurs. Et de nouveau, les autochtones sont cités dans quelques journaux régionaux.

Luxembourg

Séville

Berlin

Paris

Nice

0% 1% 2% 3% 4% 5% 6%

Informations sur les acteurs dans GURS

0,6%

1,9%

2,0%

2,8%

5,3%

+ Learning Europa

A Francfort et Luxembourg, tous les articles évoquent les comédiens. Ils sont douze et tous issus, par couple, des théâtres participant au projet. En revanche, cette information n'est visible que dans 57% des articles hambourgeois. Le nom des acteurs est encore moins visible que pour Gurs : quelques noms (entre deux et cinq) apparaissent dans 29% des articles de Hambourg, 50% à Francfort et 100% à Luxembourg. Notons que le nom des acteurs locaux est souvent mentionné dans les articles de la même ville, d'autant que le projet leur accorde un rôle de médiateurs entre la scène multilingue et la salle. L'identité des autres acteurs est écrite en légende des photos, (et il s'agit, le plus souvent, d'acteurs « étrangers »)168 ou s'ils ont particulièrement séduit le journaliste. Comme pour Gurs, aucun article ne fait référence à la carrière des acteurs, à leurs formations....

Dans le tableau ci-dessous, nous constatons que c'est au Luxembourg que l'information sur les acteurs est la plus précise. Nous devons nuancer cette observation car tous les acteurs sont cités dans le texte, avec entre parenthèses le théâtre auquel ils sont affiliés. Cette description succincte occupe, en effet, une place importante dans l'article.

168 Notons que dans deux journaux de Francfort, la légende qui accompagne la photo des acteurs ne donne pas leur nom, mais seulement leur nationalité : Frankfurter Rundschau Kultur RheinMain et Frankfurter Neue Presse Kultur.

Luxembourg

Hambourg

Francfort

Infomations sur les acteurs dans LEARNING EUROPA

0% 2% 4% 6% 8% 10%

2,3%

3%

6%

(3) Le texte dramatique

Nous chercherons si les principales caractéristiques se retrouvent dans les articles. A savoir, s'il y a plusieurs langues, un thème spécifique, un genre particulier, la forme de texte.

+ Gurs, une tragédie européenne

Quant au texte dramatique, le thème est développé partout, seul l'article du « Berliner Zeitung » fait l'impasse. Que le texte soit en plusieurs langues est également bien représenté (100% à Séville, 75% à Nice, 71% à Paris, 50% à Luxembourg), sauf en Allemagne où cette spécificité n'est reprise que dans le Tagesspiegel.

Les commentaires sur la forme dramatique que Semprún a donnée à son texte sont assez confus. A Séville, les journalistes critiques qualifient l'oeuvre de pédagogique, de pièce à thèse. Les Français évoquent son didactisme. Seul l'article du Pac Hebdo développe largement le genre du Lehrstück, forme officielle du texte. Au Luxembourg, cette particularité n'est pas évoquée. A Berlin, la pièce a été donnée dans le cadre de la Fête de Brecht à qui Semprún emprunte la forme de son texte, et ce fait est évoqué dans 67% des cas. Il nous semble évident que cette forme est mieux connue en Allemagne qu'ailleurs, mais cela ne mérite-t-il pas justement une information plus importante ? Les journalistes ne semblent pas de cet avis. La mention du genre de la pièce est assez imprécise. En effet, certains journalistes semblent confondre le sous-titre de la pièce « tragédie européenne » avec le genre de la tragédie. Cependant, d'autres considèrent que Gurs est une tragédie par rapport au sujet sombre qu'elle évoque.

Nous devons spécifier que le graphique ci-dessous rend compte des trois catégories
précédentes globalement. Nous pouvons affirmer qu'en Allemagne, où cette section est

majoritairement représentée, c'est l'information sur la forme dramatique brechtienne qui est la plus développée.

Luxembourg

Séville

Berlin

Paris

Nice

0% 5% 10% 15% 20% 25%

Informations sur le texte de JORGE SEMPRUN

2%

8,1 %

14%

14%

21%

+ Learning Europa

Comme pour Gurs, le thème est l'élément le plus souvent invoqué dans les commentaires : 100% à Hambourg, à Wiesbaden et Luxembourg, et 50% à Francfort. Contrairement à Gurs, la particularité d'un spectacle en plusieurs langues est très peu mise en évidence dans la presse critique : seulement deux journalistes, l'un de Hambourg et l'autre de Luxembourg signalent que les langues utilisées sont celles des acteurs issus de six pays européens. De plus, celles-ci sont plutôt inhabituelles puisqu'il s'agit du slovène, slovaque, lituanien, et bien sûr, de l'allemand. La pièce est jouée sans surtitrage. Les Allemands seraient-ils plus ouverts à ce genre de pratique, au point qu'en faire la remarque ne les effleure même pas? C'est à approfondir.

Par contre, la mention d'une forme dramatique particulière est beaucoup plus présente que dans les articles consacrés à Gurs. N'oublions pas que Learning Europa est une approche expérimentale et chacun, quelle que soit sa culture, peut s' en rendre compte. En effet, on apprend que la pièce est constituée de dix-neuf tâches pour lesquelles Armin Petras a prescrit le matériel multidisciplinaire à utiliser : danse, vidéo, jeu de théâtre, chant. Toutes les scènes sont minutées. Dans chaque ville, les acteurs du théâtre hôte endossent un rôle de médiateur. Cette information est relayée dans 100% des cas à Luxembourg et Wiesbaden, 75% à Francfort et 86% à Hambourg. Le genre du texte est également assez bien précisé. De l'avis des journalistes, il s'agit d'une pièce expérimentale, une non pièce, un jeu international... Cette information est diffusée par le journaliste de Wiesbaden, par 50% des journalistes de Francfort et par 43% de ceux de Hambourg.

Luxembourg

Hambourg

Francfort

0% 5% 10% 15% 20%

Informations sur le texte de ARMIN PETRAS

7%

9%

13%

(4) La fable

Pour ce qui concerne la fable, nous retiendrons la mise en contexte, la présence d'un résumé général, la présentation des personnages... .Cependant, pour Learing Europa, seul existe le résumé de l'oeuvre.

+ Gurs, une tragédie européenne

Concernant la fable, le contexte général est donné partout, dans 100% des articles, seul celui du Berliner Zeitung fait l'impasse, intégrant cet élément dans le résumé de l'histoire. Les journalistes allemands développent très largement et précisément l'intrigue. Au contraire, à Séville, les articles évoquent tous le contexte historique, de manière plus ou moins précise mais ne donnent aucune explication relative à l'intrigue. Entre le 0% espagnol et le 100% allemand, Nice et Paris consacrent un espace variable au développement de la fable (entre 1 et 23 lignes dans Pac hebdo), soit 71% des articles parisiens et 75% des niçois. Les Luxembourgeois évoquent la fable à 50%, occupant entre 6 et 14 lignes. La présentation des personnages fictifs est un peu plus homogène : elle s'échelonne de 100% à Séville à 43% à Paris. Nice et Luxembourg diffusent cette information à 75% et Berlin à 67%.

En somme, comme le montre clairement le graphique ci-dessous, l'espace consacré à la présentation de la fable est important partout.

Luxembourg

Séville

Berlin

Paris

Nice

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Informations sur la fable de GURS

11%

24%

32%

46%

42%

Luxembourg

Hambourg

Francfort

Informations sur la FABLE pour LEARNING EUROPA

0% 20% 40% 60% 80% 100%

24%

62%

79%

+ Learning Europa

Nous ne pouvons pas aborder « la fable » de Learning Europa de la même manière que celle de Gurs étant donné sa forme dramatique. Il n'existe pas véritablement d'histoire dans ce spectacle. Nous n'avons donc aucun élément de contexte ou de présentation des personnages. Cela est imputable à la forme de la pièce et non à une omission du journaliste. Cependant, nous avons considéré la description des nombreuses tâches composant le spectacle comme un certain type de fable. Nous avons donc comptabilisé ces informations dans le résumé de l'oeuvre. Cette dernière est d'ailleurs représentée à 100% à Wiesbaden et Luxembourg, 75% à Francfort et 71% à Hambourg et occupe une place de choix dans les articles comme en témoigne le graphique.

(5) « Contexte culture », « théâtralité en contexte » et « culture des jeux »

50%

45%

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0%

Production des
oeuvres

Tableau récapitulatif des informations générales sur
GURS

Auteur Metteur en scène Les acteurs Le texte La fable

Séville

Nice Luxembourg Paris

Berlin

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

La production des
oeuvres

Tableau récapitulatif des informations générales pour
LEARNING EUROPA

Auteur Metteur en scène Les acteurs Le texte La fable

Hambourg Francfort Luxembourg

Dans les articles d'information mais aussi dans les critiques, nous trouvons les mêmes éléments informatifs: fable, texte dramatique, auteur, metteurs en scène, acteurs. Ils sont souvent issus des communiqués de presse, d'interviews données par les organisateurs, l'auteur, les comédiens ou des responsables politiques soutenant l'événement. Nous retrouvons souvent, à peu de choses près, les mêmes que sur les affiches et les papillons publicitaires. Ces constatations poussent d'ailleurs Fabrice Larceneux à dénoncer, en 2001,

« la participation directe de plus en plus fréquente des critiques au système promotionnel des oeuvres »169.

La « hiérarchie » des informations est également la même dans les articles critiques et d'information : en tête, l'auteur, la fable et le texte, à la fin, le metteur en scène et les acteurs170. De plus, il est intéressant de noter que, bien que notre démarche comme notre matériel soient différents, Pascale Palmer et Jérémie Siska, arrivaient aux mêmes conclusions171.

Notons que l'information dispensée par les articles n'est pas toujours à considérer comme une valeur sûre. En effet, nous avons rencontré au fil de nos analyses quelques erreurs. Ainsi les Espagnols considèrent parfois Daniel Benoin comme le metteur en scène affilié au théâtre de Luxembourg au lieu de Nice. Mieux encore, ils ont rebaptisé le protagoniste historique de Gurs, Hans Gunde au lieu d'Ernst Bush ! Pour Learning Europa, comme nous l'avons déjà expliqué, la principale erreur des journalistes est de considérer Armin Petras comme metteur en scène alors qu'il n'est que le concepteur du projet et son coordinateur.

Tous ces éléments, extérieurs à la communication théâtrale, influencent la réception du spectateur, la compréhension de l'intrigue, son jugement du spectacle. Ils sont bien représentés. De plus, de nombreux articles leur consacrent un petit cadre particulier reprenant ces informations et également les points pratiques.

À Séville, notamment, trois articles sur cinq offrent, avant le texte, l'équipe artistique et l'information pratique élémentaire : le lieu de la représentation.

À Nice, la tendance est inversée : sur quatre articles, trois ont recours au cadre informatif (que seul un journaliste ne pratique pas172), avant le début du texte. Le dernier article est quelque peu particulier. Publié dans un hebdomadaire (on line), il apparaît après la fin des représentations niçoises de Gurs et annonce la pièce à Luxembourg, en précisant, et c'est le seul, le nom des acteurs. De plus, contrairement aux autres articles, ces données sont indiquées en bas de page.

169 DEBENEDETTI, Loc. Cit. p 3.

170 Les tableaux d'analyse concernant les articles d'information se trouvent en annexe.

171 Nous joignons les résultats de leurs analyses en annexe.

172 Le journaliste du Pac Hebdo.

À Luxembourg, la pratique des cadres informatifs n'est pas courante. Seul le journaliste du Lëtzebuerger Land (1/4) présente, en fin d'article, les membres de l'équipe artistique, ainsi que le lieu de représentation. Et à Berlin, aucun n'insère de cadre informatif.

A l'opposé, la pratique du cadre informatif est pratiquement généralisée à Paris. Seul l'article niçois consacré à la représentation parisienne fait l'impasse. Plus étonnant encore, dans cette ville, seuls deux journalistes y joignent des informations d'ordre « artistique ».

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo