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Etude de la réception de deux coproductions théâtrales européennes, à travers des articles de la presse écrite d'Europe

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par Laetitia van de Walle
Université Libre de Bruxelles - Master européen en Art du spectacle vivant 2007
  

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3.3. Analyse des articles critiques de la presse européenne pour Gurs, une tragédie européenne et Learning Europa

Nous avons choisi deux pièces européennes présentées lors du Festival de Nova Gorica. Il s'agit de Gurs, une tragédie européenne et de Learning Europa. Les points communs de ces deux spectacles sont peu nombreux, mais il s'agit de coproductions créées dans le cadre du projet de la CTE « Théâtre en Europe : miroir des populations déplacées », subventionnées par le programme Culture 2000 de l'Union européenne. Elles ont été présentées au festival « Mejni Fest » de Nova Gorica. Tous les autres éléments sont dissemblables.

3.3.1. Présentation des coproductions

Ci-dessous, nous évoquerons brièvement les pièces, en fonction des personnes qui ont contribués à la création des spectacles et de la fable. Nous avons préféré ne pas émettre d'avis personnel quant aux pièces. Ces informations sont donc d'ordre « technique ».

Gurs se base sur un texte écrit par Jorge Semprún qui jouit d'une certaine aura intellectuelle et culturelle en Europe et particulièrement en Espagne, en France et en Allemagne. Learning Europa se fonde sur un texte d'Armin Petras, auteur et metteur en scène réputé surtout en Allemagne. Ce texte tient davantage d'un scénario, d'un canevas autour duquel les metteurs en scène et les acteurs organisent la matière à présenter.

André Turnhein- Francfort, et Adolfas Ve~erskis- Vilnius) des pays participants. L'auteur a distribué le scénario aux metteurs en scène, chacun devant préparer ses « devoirs », selon les mots d'Armin Petras, dans son propre théâtre, avec deux comédiens. Au moment de la représentation, le metteur en scène du théâtre d'accueil dirige les acteurs des six autres pays. Il est libre d'organiser comme il le veut la matière. Ainsi donc, la représentation prend une coloration chaque fois différente.

Pour Gurs, Daniel Benoin est le metteur en scène, avec Paul Chariéras et Cécile Mathieu comme assistants, tous issus du Théâtre national de Nice.

Pour Gurs, les acteurs viennent de trois pays : trois acteurs espagnols (Anne Rebolleda, José Manuel Seda et Ignacio Andreù), une actrice française (Sophie Duez) et deux acteurs luxembourgeois (Germain Wagner et Patrick Hastert). L'ensemble de l'équipe artistique a, traditionnellement, répété ensemble durant deux mois au total (un mois à Nice et un mois à Luxembourg).

Pour Learning Europe, on compte au total douze acteurs : Valérie Bodson et Josiane Peiffer (Luxembourg), Alexander Brill et Seweryn Zelazny (Francfort), Monika Hilmerovà et Marko Igonda (Bratislava), Jurga Kalvaityte et Vytautas Rumsas (Vilnius) et Jörg Kleenmann et Xenia Snagowski (Hambourg). Les répétitions se sont déroulées également de manière originale. Chaque metteur en scène a travaillé chez lui avec ses acteurs durant six semaines pour préparer les « devoirs », c'est-à-dire la composition des rôles et des actions mais aussi les décors, les vidéos... .Une fois les « devoirs » accomplis par les metteurs en scène et les acteurs, ils se sont rassemblés durant deux jours, au théâtre de Hambourg, afin d'organiser la première représentation.

L'équipe technique de Learning Europa est majoritairement originaire de Hambourg, théâtre porteur du projet (vidéo et son : Tim Maier et directeur de production : Christa Müller). Pour la scénographie, l'équipe hambourgeoise (Juliane Koepp et Patricia Talacko) est augmentée de Claus Cäsar de Francfort et de Peter Pavlac de Bratislava.

En revanche, pour Gurs, Daniel Benoin signe la scénographie et le design. Les costumes sont réalisés par un autre Français du Théâtre de Nice, Jean-Pierre Laporte. L'assistante de direction, Emmanuelle Duverger, est également niçoise.

La composition de l'équipe artistique de Gurs se prête peut-être plus facilement au déplacement. Les deux coproductions ont tourné dans les pays participants. Gurs a eu, deux

ans plus tard, l'opportunité d'être jouée à Paris et à Berlin. Pour des raisons techniques (principalement, les acteurs), Learning Europa n'a pas eu cette chance.

Pour pallier les difficultés de compréhension dues à l'utilisation de plusieurs langues, Gurs est surtitré. Ce n'est pas le cas de Learning Europa pour lequel, lors de la représentation dans leur théâtre, les acteurs du théâtre d'accueil ne jouent pas, endossant un rôle de médiateurs par rapport au public.

Concernant la barrière linguistique pour la compréhension d'une oeuvre, nos lectures nous ont fourni un exemple très intéressant présenté dans l'article « The Audience of Popular Theatre in Africa »157. Ingrid Björkman y a analysé un énorme succès théâtral écrit en plusieurs langues : « No, Mother Sing for me ». Elle explique que tous les membres des différentes ethnies ont tout à fait bien compris la majorité de l'intrigue, même si aucun d'entre eux n'a été capable d'en comprendre la totalité. La barrière de la compréhension linguistique est, dans ce cas précis, brisée par la connaissance populaire du passé historique commun, l'insertion de chants et de danses. Ces caractéristiques se retrouvent, dans les deux créations de la CTE, bien que chacune accentue l'un ou l'autre aspect.

Gurs, évoque, « une troupe de comédiens de plusieurs pays, en train de répéter une pièce évoquant le camp de Gurs dans le sud de la France, entre 1939 et 1944. Dans ce camp sous administration française se sont succédés Républicains espagnols et membres des Brigades Internationales, puis de nombreux Juifs allemands et français, enfin des résistants. La pièce joue sans arrêt sur une triple mise en abîme où les comédiens d'aujourd'hui jouent des prisonniers d'hier, qui, eux-mêmes interprètent des rôles dans une revue qui doit être donnée le 14 juillet. Parmi Eux, Ernest Bush, compagnon de Brecht avant et après la guerre, chanteur et résistant, mène le spectacle.

C'est ainsi qu'est résumée la pièce dans le fascicule réalisé par la CTE pour la présentation des pièces du programme « Théâtre en Europe: miroir des populations déplacées ». Pour Learning Europa, la même source d'information ne nous parle pas de fable.

Armin Petras a rédigé un scénario précis regroupant dix-neuf tâches. L'auteur nous parle des « sujets : l'amour et la haine, être chez soi, être un étranger. Que savez-vous de l'Europe ? Que savons-nous de nous-mêmes, de notre pays, de nos racines ? De nos peurs ?

157 BJERKMAN, Ingrid: « The Audience of Popular Theatre in Africa, Experiencing a Tribal Language Play by Means of Non-verbal Communication » dans New Direction in Audience Research. Instituut voor Theaterwetenschap, Editions de l' Instituut voor Theaterwetenschap, Utrecht, 1988, pp 85 - 97.

De nos désirs ? Les tâches doivent être transformées en théâtre, danse et vidéo. » A chaque représentation, les scènes sont agencées d'une manière différente.

Les thèmes sont très opposés aussi. Gurs traite du passé commun à tous les peuples européens ayant connu la Première Guerre mondiale et ses horreurs. Par son caractère didactique, il constitue une véritable leçon d'histoire. De manière moins évidente et moins traditionnelle, Learning Europa entreprend de partir à la découverte de ses voisins, en se basant sur des activités, des comportements communs à tous les peuples. D'un point de vue « pédagogique », la pièce nous permet d'apprendre à les connaître. Nous pouvons affirmer sans crainte que les émotions dégagées par les deux pièces se situent à des niveaux distincts, sans aucun jugement hiérarchique.

Il apparaît évident que ces créations originales appartiennent à deux types de théâtre que nous différencions en fonction de la théâtralité dont nous avons évoqué les nombreux aspects précédemment. En tant qu'oeuvre basée sur un texte, nous dirons que dans Gurs, le travail théâtral est important bien que le texte reste l'élément principal. Dans Learning Europa, nous avons véritablement affaire à un spectacle de recherche, d'expérimentation où la primauté va à la mise en scène.

Nous avons demandé aux responsables des théâtres ayant produit ou accueilli les coproductions que nous avons choisies, de bien vouloir nous communiquer tous les articles de presse publiés en regard de l'événement.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci