CHAPITRE II : MODELE INTERNE VERSUS
FORMULE STANDARD
Le projet Solvency II a pour but une harmonisation
européenne, et à plus long terme, une internationalisation des
mesures de solvabilité. Des systèmes de solvabilité
basée sur une approche d'analyse du risque existent déjà
dans plusieurs pays (Canada, Finlande, Etats- Unis,...). Dans le même
temps, d'autres pays (Suisse, Australie, Royaume-Uni, Singapour,...) ont
introduit, il y a quelques temps, des systèmes similaires. Le
système européen actuellement en vigueur, Solvency I,
est dit « Fixed Ratio » ou à ratio fixe en fonction des
primes, des prestations et des provisions techniques. Il existe deux autres
types de modèles, les modèles à scénario ou «
stress tests18 » (tels que le système SST Suisse et les
états prospectifs français T3 et C6bis) et les modèles
à facteur (type RBC Américain). Une combinaison de ces deux
méthodes est adoptée dans certains systèmes comme les
normes Individual Capital Adequacy SolvencyICAS au Royaume Uni. Nous
nous proposons dans ce chapitre, de discuter de deux ces méthodes : la
formule standard actuellement testée, et les modèles internes.
SECTION I : La formule standard actuellement
testée et les modèles internes.
Nous avions défini, au chapitre précédent
(au schéma n°2.2.1), la méthode de détermination des
exigences quantitatives et la discussion sur le choix de méthodes
(formule standard et modèle interne) concerne surtout le calcul du SCR.
Avant de les comparer, il convient de présenter très
brièvement ces approches d'analyse du risque.
PARAGRAPHE 1 : La formule standard actuellement
testée
18 Ou encore test d'exigibilité, il permet de
quantifier l'impact sur les fonds propres d'un environnement très
détérioré, tant du côté des engagements que
des actifs investis, en absence de primes futures.
- 23 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
La formule standard actuellement testée s'inspire
beaucoup du système de type RiskBased Capital (RBC) américain. Le
principe du RBC est de traduire chacun des risques de l'assureur par
une exigence de capital, dont la somme aboutit à une exigence unique
d'un capital minimum. Nous présenterons ici les modalités de
calcul relatives à la troisième étude quantitative
d'impact (QIS3); les entreprises d'assurance se livrent actuellement à
la quatrième étude. Ainsi donc, dans la formule standard, le SCR
est la somme du besoin en capital relatif au risque opérationnel
(SCRop) et du Basic
SCR-(BSCR). Ce dernier est calculé
comme l'agrégation des besoins en capital pour chacun des autres
risques, avec une matrice de corrélation, appelée ajustement de
corrélation, et particulièrement dans le cadre d'une
activité vie, d'un mécanisme d'absorption (KC)- destiné
à refléter la réduction du risque engendrée par les
participations aux bénéfices futurs. La formule de
synthèse est la suivante :
SCR = BSCR + SCRop
Le diagramme suivant montre les libellés de chaque besoin
en capital en fonction du type de risque.
SCR
SCRop
BSCR
SCRmar
lié au risque de marché
SCRdef lié au risque de défaut
de contrepartie
SCRsv lié au risque
de souscription vie
SCRsnv lié au risque
de souscription non vie
SCRss lié au risque
de santé
En considérant les notations de ce diagramme et en
notant M cette matrice et X, Y respectivement deux vecteurs ayant pour
composante chacun des SCR et KC calculés pour chaque type de risque, on
a :
BSCR= X . M . X - min Y
. M 1 . Y , FDB avec
' ( )
'
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
X = SCRsv
SCRsnv
SCRmar
SCR def
KCmar
Y =[KC
,
, sv
KCss
|
|
SCRss
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.5
|
M1 = 0.25
|
1
|
0.25
|
et M = 0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
1
|
0
|
|
|
|
0.25
|
0.5
|
0
|
0
|
1
|
Les valeurs numériques présentées dans
tout ce paragraphe sont celles suggérées dans la QIS3. Notons
également que le « Future discretionary benefits »
(FDB) est la valeur de la participation aux bénéfices incluse
dans le montant Best Estimate des provisions techniques ; il fait parti aussi
des mécanismes d'absorption de risques, le KC étant un ajustement
des SCR dû à la participation aux bénéfices futurs.
Concrètement, comment évalue-t-on les différents
éléments des vecteurs X et Y ? En d'autres termes, comment
déterminer le SCR et le KC pour chaque risque ?
Les risques financiers (marché, défaut de
contrepartie) vie et non vie et le risque de souscription vie sont
traités principalement par une approche scénario. On
mesure l'impact de scénario de détérioration des
conditions de marché sur les valeurs caractéristiques de
l'activité. Le besoin en capital (SCR) est donc ainsi
évalué sur la valeur nette de l'actif (VNA) ou
du portefeuille. On a :
VNA = Valeur de marché des actifs -
Valeur économique des provisions techniques (BE seul).
Schéma n° 2.1.1
ilan économique
Actifs en valeur de marché
K.
Best Estimate
VIG_I(Valeur
économique des nassifs1
- 25 -
Réa
Actif Net
Impôts Différés
En revenant donc sur le bilan économique, le schéma
n° 2.1.1 suivant qui illustre le fait :
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Eléments calculés directement
Elément déduit
Cela qui permet de déterminer le SCR de chaque risque ou
sous-risque concerné qui est donc :
SCRi = VNAcentral - VNAchoc.
Les valeurs du vecteur Y ne concernent que l'assurance vie
uniquement. Pour déterminer ces valeurs, un besoin en capital,
noté PBfigée, est d'abord
évalué en supposant que les taux de participation aux
bénéfices futurs ne sont pas ajustés en réaction au
choc (scénario), ensuite on reprend un autre besoin en capital
noté PB ajustée, mais cette fois
en tenant compte de l'ajustement des taux de participation aux
bénéfices futurs. On déduit alors le KCi
relatif au risque i par la différence :
KCi =PB figée - PB
ajustée
Les mêmes calculs sont réalisés au niveau
de chaque type de risque pour ses sous risques sous-jacents. Par exemple pour
le risque de marché, regroupant comme sous-risques : taux (Marint),
action (Mareq), immobilier (Marprop), spread
(Marsp), concentration (Marconc) et change
(Marfx). On a :
SCRmar = Xmar'
.M.Xmar - min ( Ymar
.M1mar.Ymm.,FDBmar) avec
Xmar
|
Marint Mareq Marprop
Mar
sp
Mar
conc
Mar fx
|
, Ymar
|
KCint KC eq
KC
prop
KCsp
KCfx
|
,
|
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
1 0 0.5 0.25 0.25
0 1 0.75 0.25 0.25
1
M mar =
0.5 0.75 1 0.25 0.25
0.25 0.25 0.25 1 0.25
0.25 0.25 0.25 0.25 1
1 0 0.5 0.25 0 0.25
0 1 0.75 0.25 0 0.25
0.5 0.75 1 0.25 0 0.25
et Mmar = 0.25 0.25 0.25 1 0 0.25 .
0 0 0 010
0.25 0.25 0.25 0.25 0 1
Rappelons que les valeurs numériques
présentées ci-dessus sont celles suggérées dans la
QIS3. On détermine ainsi, chaque SCRi pour chaque type de risque.
En ce qui concerne les autres types de risques qui ne sont pas
traités par une approche scénario, notamment le risque de
souscription non-vie, le besoin en capital SCRsnv est
déterminé de la manière suivante :
SCRsnv = snv pr + snv
cat
2 2
Avec snvpr le besoin en capital lié
au sous-risque de souscription non-vie relatif aux primes et provisions, et
snvcat le besoin en capital lié au sous-risque de
souscription non-vie relatif aux catastrophes.
Le snvpr, pour chaque branche de
l'activité, est calculé comme le produit d'une mesure V de volume
d'activité et d'une mesure ñ(ó) de la volatilité du
ratio combiné:
snv pr
=ñ(ó).V
Avec pour V la somme des primes et des provisions pour
sinistres nettes de réassurance et ñ(ó) la combinaison
d'un facteur de marché et d'un facteur (de
crédibilité19) spécifique à la
société. La fonction ñ est calibrée par le CEIOPS
afin d'obtenir une VaR de 99,5% en se basant sur une hypothèse de
log-normalité du risque.
Le snvcat quant à lui
calculé en utilisant deux types de scénarii de catastrophes
(régionaux20 définis par les régulateurs
nationaux et transrégionaux21 définis par le CEIOPS)
et l'exigence en capital est définie par uniquement les coûts de
scénarios qui excèdent 25% du coût engendré par le
scénario le plus défavorable. On a donc ainsi :
2
snv =
cat i
CAT
i
avec CATi le coût de la catastrophe i.
19 Un facteur spécifique au risque de
tarification uniquement et qui est fonction du nombre de branches
pratiquées.
20 Pour la France : Inondation importante due à
une crue de la Seine (coût 5 Md€) ; deux tempêtes (Lothar et
Martin de 1999 d'un coût de 14Md€) ; tremblement de terre sur la
côte Sud-Est d'un coût de 15Md€.
21 Attaque terroriste ou accident d'avion causant des
pertes humaines et affectant sérieusement les bâtiments et la zone
alentour ; tempête survenant tous les 200 ans.
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
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