Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en
assurance.
« Volonté de développer un nouveau
système de solvabilité pour toutes les entreprises d'assurance
(vie et non-vie) et de réassurance que tous les Etats membres seront en
mesure d'appliquer de façon harmonisée, robuste et
pérenne, sans engendrer de perturbation des marchés
»
Le projet Solvency II intervient donc surtout pour consolider
l'ensemble des directives existantes et pour réformer en profondeur les
règles de solvabilité auxquelles sont soumises actuellement les
entreprises d'assurance.
Avant d'aborder les objectifs de Solvency II, il convient de
rappeler très brièvement quelques critères11,
comme le citait le Comitee of European Insurance and Occupational Pensions
Supervisors-CEIOPS (1999)12, ces critères permettant de
qualifier de "qualité" ou d'"objective", une directive de
solvabilité :
y' protéger les assurés en ménageant aux
autorités de surveillance un intervalle de temps suffisant pour leur
permettre de repérer et de porter remède à tout
problème ou défaillance d'une entreprise d'assurance ;
y' assurer la comparabilité et la transparence, de
manière à assurer des conditions de concurrence équitables
;
y' fixer une exigence de marge de solvabilité qui soit
mieux adaptée aux risques réellement encourus ;
y' éviter une complexité inutile ;
y' prendre en compte les évolutions du marché ;
y' fixer des principes tout en veillant à ne pas
être excessivement prescriptif ;
y' chaque fois que possible, fonder le système sur des
approches comptables communes
de manière à éviter la multiplication des
systèmes d'information financière ;
y' éviter que les coûts en fonds propres ne soient
inutilement élevés, au risque de menacer
la compétitivité globale de l'assurance
européenne.
Afin de tenir compte de ces critères, le projet
Solvency II s'est fixé comme objectif de créer un système
plus harmonisé, avec une meilleure prise en compte des risques encourus
par les organismes d'assurance, et plus cohérent avec le système
prudentiel bancaire. Nous reviendrons dans la section suivante sur les
différents risques auxquels sont soumis les compagnies d'assurances et
comment Solvency II les apprécie comparativement à Solvency I.
11 L'OCDE ainsi que l'IAIS ont établi des
critères généraux : il est légitime qu'un nouveau
système de solvabilité européen satisfasse au moins
à ces critères et il ne semble pas utile de refaire le travail
qui a déjà été fait dans d'autres instances
internationales.
12 « Révision de la position financière
globale d'une entreprise d'assurance - exercice solvabilité 2 »
;
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en
assurance.
Dans ce cadre, il s'inscrit dans une démarche
identique au même exercice réalisé dans le secteur bancaire
pour les directives CRD dont la mise en place s'inscrit dans une architecture
dite « Lamfalussy » (schéma n° 1.1.1) en
plusieurs étapes. A cet effet, une proposition de directive comportant
les éléments essentiels du nouveau système a
été adoptée et publiée en Juillet 2007 par le
conseil de l'Union européenne et le Parlement européen.
Schéma n° 1.1.1 : PROCESSUS
LAMFALUSSY
Niveau 2: Mesures techniques
d'exécution
Niveau 1: Directive-cadre, prévoyant
compétences
d'exécution
Niveau 3: Mise en oeuvre harmonisée par
une
coopération renforcée
Niveau 4: Renforcement des procédures de
suivi
Source : Flor (2008)
L'architecture retenue depuis avril 2003 est
constituée de trois piliers (et donc comparable à celle
définie pour le secteur bancaire par le Comité de Bâle II)
: exigences quantitatives, activités de surveillance, information et
publicité.
> Pilier I : les règles
quantitatives
Le pilier I vise à définir les règles
quantitatives dans trois domaines :
les provisions techniques avec un objectif d'harmonisation de
leur valorisation ;
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en
assurance.
y' l'exigence de capital ; deux niveaux de capital sont
déterminés : (1) le minimum de capital requis ou MCR en-dessous
duquel un organisme d'assurance ne devrait pas tomber. Son mode de calcul
devrait être plus simple que celui du SCR et robuste d'un point de vue
juridique. Le non respect du MCR entraîne le retrait d'agrément
s'il n'est pas couvert rapidement ; et (2) le capital de solvabilité
requis capital requis ou SCR qui est le niveau de capital qui doit permettre
à l'entreprise d'absorber un certain montant de pertes, correspondant,
en principe, à une probabilité de ruine à un an
inférieure à 0,5 %. Son calcul vise à prendre en compte
les risques quantifiables pris par l'entreprise ;
y' la définition et les règles
d'éligibilité des éléments de capital.
Le SCR pourra être calculé de deux
manières : par l'intermédiaire d'une formule dite « standard
» harmonisée au niveau européen ou par
l'intermédiaire d'un modèle interne propre à chaque
entreprise mais dont les conditions d'utilisation devront être
précisées à l'autorité de contrôle.
> Pilier II : Le processus de contrôle
prudentiel
L'objectif poursuivi, dans le cadre du Pilier II est de
définir et d'harmoniser les activités de surveillance aussi bien
au niveau des entreprises d'assurance elles-mêmes qu'à
l'échelon des superviseurs. Au sein des organismes d'assurance, ce sont
les mécanismes de contrôle interne et d'organisation qui sont
visés ainsi que les principes applicables en matière de gestion
des risques.
> Pilier III : Information et discipline de
marché
Le pilier III étudie les éléments
d'information qui doivent être publiés par les entreprises
d'assurance :
y' information publique dans le cadre de la discipline de
marché,
y' information à l'usage des superviseurs (dossier
annuel),
y' règles d'information des assurés.
Il faut noter à cette étape que le pilier III
de Solvency II couvre un champ plus large que le pilier III de Bâle II.
En effet, outre les exigences de publication par les entreprises en vue
d'améliorer la transparence de l'information et de promouvoir une
meilleure discipline de marché, il comporte des exigences de
Reporting aux superviseurs, notamment le dossier annuel. Si la
construction du pilier III est subordonnée à l'avancement des
deux premiers piliers, deux grands principes en ont, déjà,
été posés par le CEIOPS :
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en
assurance.
V' un principe de cohérence maximum avec les exigences
comptables de publication d'information ;
V' un principe d'harmonisation des états
réglementaires de Reporting aux superviseurs, avec comme objectif un
dossier annuel européen.
Schéma n°1.1.2 : Structure de
Solvency II