PARAGRAPHE 2: Limites et extensions possibles
Dans Solvency II, la marge de solvabilité actuelle sera
remplacée par deux exigences de capital, le MCR et le SCR. Le SCR dont
nous venons de discuter l'approche calculatoire à retenir en fonction de
chaque secteur d'activité, est fondé sur une évaluation
fine des risques de l'assureur, et se veut significatif sans être
très élevé pour les petits assureurs ayant des risques
limités, ni pénalisant pour ceux qui sont
spécialisés et donc ne bénéficient pas
réellement des bonus de diversification. Une chose est sûre
aujourd'hui, c'est qu'il faut inculquer la culture du risque à tous les
niveaux de l'entreprise. Nous avons montré que l'utilisation d'un
modèle interne est plus pertinente en assurance vie qu'en assurance
non-vie. Cependant, cet exercice a été réalisé dans
un cadre très restreint qui nécessite une extension afin de
vérifier la robustesse de notre hypothèse. En effet, nous n'avons
pas pris en compte tous les risques auxquels sont exposés nos assureurs.
Et cela n'est pas le véritable problème c'est surtout certaines
catégories de risques que nous n'avons pas considéré qui
pourrait changer le sens de nos résultats. En effet, les risques de
souscriptions non vie liés aux catastrophes naturelles (les
phénomènes sismiques comme le tremblement de terre en France juin
dernier ou même les inondations, les ouragans, les typhons, ...) n'ont
pas été pris en compte ; alors que la fréquence de ces
événements, ces deux dernières décennies, s'est
accrue. La prise en compte de cette augmentation de fréquence devrait
augmenter les provisions et en même temps faire évoluer la marge
de solvabilité, mais tout dépendra de la proportion dans laquelle
les deux évolueront. Nous avons également traité
uniquement, pour le risque de marché, les sous risques liés aux
actions et obligations sans des possibilités de sorties de contrats (par
rachats de contrats ou par décès) en assurance vie par exemple et
dans un contexte de marché complet. Alors que toutes restrictions sont
très théoriques et ne traduisent pas forcément la
réalité. Pour prêter les termes de Le Moine et Kaltwasser
(2006), une étude en marché incomplet avec des
possibilités de rachats pourrait se révéler plus parlante.
En effet, déjà en marché complet, on connaît la
grande dépendance qu'il y a entre valeur du passif et actifs
présents dans le portefeuille. Ces actifs interviennent dans les outils
de couverture-comme la marge de solvabilité par exemple-, mais aussi
dans le calcul de la probabilité risque neutre. Cette dernière
étant supposée constante en marché complet,
c'est-à-dire que la seule information sur la valeur des actifs à
une date quelconque suffit pour mesurer sa valeur pour tout le reste du temps
(pour l'état du monde). Alors que dans le secteur de l'assurance, il
n'est pas possible de décrire tous les états du monde en fonction
des seuls actifs : l'aléa sur la vie et le comportement des
assurés (sortie de contrats par rachats ou décès) n'est
pas
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
nécessairement lié45 à la
dynamique des marchés financiers. L'hypothèse de marché
complet se trouve donc compromise. Avant de trancher sur la pertinence d'un
approche calculatoire donnée, il nous faut tenir compte de ce fait.
Nous avons également considéré qu'il
n'existait pas de supplément de volatilité dans les portefeuilles
d'actifs concentrés (actions et obligations) ni de variation de spread
de crédits au- delà de la courbe des taux sans risques ; ce qui
suppose l'absence de risque de concentration et de risque de spreads alors que
l'été 2007 a été marqué par la crise des
subprimes dans le secteur de l'immobilier aux Etats-Unis et la hausse continue
du prix du pétrole - deux facteurs qui ont eu beaucoup d'impacts sur les
cours des devises internationales (notamment le dollar et l'euro)- La prise en
compte de ces éléments, surtout pour le secteur vie devrait
apporter plus d'éléments quant à la pertinence d'une
approche calculatoire.
Nous n'avons pas pris en compte les risques
opérationnels, qui bien que négligeables, ne sont pas nuls. Et
dans les grands groupes-multinationales par exemple, ils peuvent se
révéler très importants. Voila autant de
possibilités et d'éléments qu'on pourrait explorer afin de
rendre cet exercice plus pertinent et robuste.
45 La mortalité n'est pas
corrélée avec les évolutions des marchés
financiers
- 80 -
Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
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