PARAGRAPHE 2 : Modélisation des
éléments du bilan et calcul des marges
de solvabilités
Le désir du CEIOPS est d'effectuer une projection par
risque pour prendre en compte les spécificités de chacun d'entre
eux. Il s'agit donc pour chaque organisme assureur de mobiliser un capital
agrégé pour faire face à des scénarios pessimistes.
Ces scénarii correspondent pour chacun des éléments du
compte de résultat, à la réalisation de la TVaR
pour un niveau de confiance de 99,5% de la fonction de distribution. Le
compte de résultat technique est un compte vu de l'exercice comptable
avec ventilation par risque. Qu'il s'agisse de la formule standard
proposée dans le QIS 3 ou de l'utilisation d'un modèle interne,
deux étapes sont respectées pour déterminer le SCR : dans
un premier temps, les exigences de marges pour chaque type de risque puis dans
un second temps une consolidation des informations sur la base des sommes de
ces
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
exigences de marges par risque avec une prise en compte de la
structure de dépendance (corrélation intra-branches).
En comparant les charges aux produits, on détermine le
résultat de l'exercice écoulé à partir du compte de
résultat technique. Il permet en une année donnée de
passer du bilan de l'exercice antérieur à celui de l'exercice
présent. Le tableau n°4.1.3 présente le compte de
résultat technique en assurance non-vie, nous présentons en
annexe n°3, celui en assurance vie.
On se place donc dans le cas d'un renouvellement de
portefeuille. Cela nécessite de le faire vieillir d'un an pour estimer
la production nouvelle. Soit donc à une année N donnée, la
projection de tous les postes du compte de résultat pour l'année
N+1, implique de disposer au minimum :
- de l'évolution des primes ;
- de l'évolution du ratio sinistres à primes (S/P)
; - du taux de nouvelles souscriptions ;
- d'une projection des pertes potentielles liées aux
actifs ; - d'une projection de l'actif à un an ;
- d'une projection des frais généraux et
commissions ; - d'une projection du programme de réassurance ;
Tableau n°4.1.3 : Compte de
résultat technique non-vie
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Opérations brutes
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Cessions et
rétrocessions
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Cotisation acquises
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Cotisations
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Charge des provisions pour cotisation non acquises
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Produits des placements alloués du compte
NT
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Autres produits techniques
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Charge des sinistres
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
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Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Prestations
Frais payés
Charge des provisions pour sinistres
Charge des autres provisions techniques
Participation aux résultats
Frais d'acquisition et d'administration
Frais d'acquisition
Frais d'administration
Commissions reçues des réassureurs
Autres charges techniques
Charge de la provision pour
égalisation
Résultat technique des
opérations
Les algorithmes de projections sont présentés
brièvement ci-dessus. Quelles sont alors les données à
insérer dans nos portefeuilles ?
~ Données à intégrer dans nos
portefeuilles. Les cotisations acquises
Elles sont définies comme la différence entre
les cotisations reçues en N+1, les Provisions pour Primes Non acquises
et la libération de Provisions pour Primes Non acquises à N+1. Le
but est d'estimer l'évolution du chiffre d'affaire N+1 afin de
déterminer les cotisations à recevoir en N+1 dont le montant sera
: [Primes*(1+augmentation de primes N+1)]. L'évolution de ce chiffre
d'affaire et l'estimation du Ratio S/P doivent tenir compte des cas
éventuels de résiliations de contrats, de revalorisations
tarifaires et des affaires nouvelles.
Les prestations
Les prestations servies en N sont connues et extraites des
données de portefeuille qui doivent être d'une part le triangle de
liquidation pour les risques de cadence et d'autre part le fichier de
données individuelles pour les risques vie. L'historique des ratios S/P
est obtenu en rapprochant l'historique des montants de prestations et celui de
primes. Nous présentons plus loin la modélisation des prestations
N+1 qui sont, elles, inconnues.
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Les placements
Les placements qui constituent la grande partie de l'actif
d'un bilan et notamment en assurance vie ont un poids important et constitue la
grande partie de l'activité. On retrouve d'une part les produits
constitués de ceux non-alloués (revenus de placements, autres
produits des placements et profits de réalisation), ceux alloués
et ceux transférés ; et d'autre part les charges de ces
placements. Nous avons modélisé le risque associé sur la
base des travaux de Kaltwasser et Le Moine (2006) comme précisé
plus haut.
Les frais
Il s'agit ici des frais de gestions, d'acquisitions et
d'administrations. Seuls les frais de gestions sont à intégrer
dans les charges de sinistres.
La réassurance
Nous avions évoqué le sujet dans les chapitres
précédents lorsque nous présentions les familles
d'assurance ; nous ne le détaillons plus ici. Toutefois, nous rappelons
très rapidement les deux formes de réassurance ; il s'agit de la
réassurance proportionnelle qui s'applique aux risques couverts par
l'entreprise cédante et la réassurance non proportionnelle qui
concerne, elle, les sinistres réalisés.
~ Modélisation des prestations et
provisions
Il s'agit essentiellement des provisions N, provisions N+1 et
des prestations N+1, les prestations N étant une donnée
comptable. Les ruines constatées ces dernières années ont
été presque exclusivement dues à une mauvaise estimation
du stock, qui constitue donc le principal risque de défaut. Partant de
ce fait, nous distinguons la modélisation de stock et l'évolution
du chiffre d'affaires.
De même pour les prestations, une distinction est à
opérer entre d'une part les prestations à servir sur le stock et
d'autre part les prestations à servir sur la production nouvelle.
Projection du stock
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
Il s'agit du risque de cadence, modélisé par le
Bootstrap sur une base de Chain Ladder ; et un risque d'écoulement des
provisions mathématiques, modélisé lui par un
modèle vie tête par tête.
Projection de l'évolution de la
sinistralité
La projection de l'évolution de la sinistralité
N+1 va permettre de déterminer les prestations N+1 et les provisions
N+1. Cette sinistralité est modélisée par une loi
paramétrique calibrée par défaut sur les données
historiques : le S/P moyen constaté et la volatilité du S/P sur
les différentes années comptables disponibles. Il sera
réajusté en fonction des estimations faites pour N+1 si celles-ci
sont possibles.
De la même manière que cela est
présenté, dans un contexte paramétrique, on fait usage de
la loi normale, notamment pour le risque santé ou éventuellement
les branches IARD courtes, qui sont des risques stables et la loi log-normale
notamment pour les risques longs, principalement les branches corporelles et
vie. Ce qui permet de modéliser une queue de distribution plus
lourde.
Pour les modèles de cadence la répartition entre
prestations N+1 et provisions N+1 est effectuée à partir de la
cadence de règlement en 1ère année
constatée sur le triangle d'entré. La
N
charge de sinistre totale S (avec somme nulle si pas de
décès) est définie par : S=
|
S X
= i
|
i= 1
avec N le nombre de sinistre survenus et Xi, les
montants de ceux-ci.
Pour le cas spécifique des garanties
décès (capital décès-rentes), les organismes
gérant le risque à partir d'informations sur les capitaux sous
risques et sur le nombre d'occurrences de sinistres, l'évaluation des
PSAP en N peut être effectuée par un modèle Poisson
Composé. Ce modèle prend en compte une loi de comptage (pour le
nombre des sinistres) et une loi continue (pour les coûts respectifs)
afin de décrire le coût total que le risque génère
pour l'assureur. Restant dans un contexte paramétrique, la loi du nombre
de sinistre est une loi de poisson, P(ë), et la loi du coût, une
log-normale LGN (jt,ó). Pour les garanties décès, les
paramètres à intégrer au modèle sont les
prestations décès et rente servie en N d'une part et les
triangles de nombre de sinistres survenus en décès et rente.
On dispose d'un triangle de liquidation en nombre N1 de
garanties décès et d'un triangle de liquidation en nombre N2 de
garanties rentes, tous deux supposés suivre une loi de Poisson de
paramètres respectifs ë1 et ë2. La propriété de
stabilité de la loi de Poisson, implique que
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Réalisé par : Aristide K.
VIGNIKIN
Solvabilité II : Impact de l'utilisation
d'un modèle interne sur la valorisation du bilan
en assurance.
N=N1+N2 suit une loi de Poisson de paramètre ë =
ë1+ ë2 si et seulement si N1 et N2 sont indépendants.
Le paramètre de la loi de poisson, P(ë) sera donc la somme des
résultats issus du modèle de Chain Ladder appliqué aux
deux triangles. Par ailleurs, le triangle de nombre permet de connaître
le nombre de sinistres payé en N, d'où l'on peut déduire
le coût moyen d'un sinistre, en recoupant ce montant avec le montant des
prestations payées en N. Les paramètres de la loi log-normale
sont ainsi estimés à partir de ces éléments et des
données concernant le S/P et les primes.
Les comptes de résultats établis pour chacun des
risques sont ensuite consolidés en intégrant les structures de
dépendances interbranches. On utilisera la matrice de corrélation
dans le cadre de la formule standard et la copule de Gumbel37 pour
le modèle interne. Dans l'hypothèse que nos compagnies
considérées ne reçoivent pas de nouvelles souscriptions,
que les frais généraux et commissions sont négligeables
et, que le programme de réassurance ne change pas d'une année
à une autre et que le risque de défaillance des
réassureurs est négligeable. Nous ne traitons donc pas ces postes
là.
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