1.3.2 Communauté, Religion : usages
Deux mots mériteraient d'être éclaircis avant
de continuer : le mot communauté et le mot religion avec son corollaire
religieux
Communauté
La notion de communauté doit être définie
dans ce travail. Dans ma
conception, elle ne définit pas directement la
réalité dans laquelle s'identifie les enquêtés.
Même si les éléments racontés dans leurs discours
tendent à rendre concrète son existence.
Je pense a priori que la communauté malgache en France
en générale est une communauté fictive, car c'est
plutôt le sentiment d'appartenance82 qui regroupe des Malgache
dans un ou des lieux communs. Les Temples sont parmi ces lieux tout comme les
autres lieux de réunions ou de fêtes malgaches qui existent
à Paris. Et les Temples gèrent à leur manière ce
sentiment d'appartenance à travers une organisation et des
modalités de participation diverses. Les leaders, autorités de
ces Temples, fondateurs ou élus se caractérisent par leur offre
communautaire et religieuse. D'autre part, les membres -les gens qui arrivent
pour prier les dimanches- ont leurs
manières de se voir, et de voir leurs co-religionnaires
dans ces lieux communs.
Je veux pouvoir saisir des images de la communauté
malgache observée dans ces Temples. Une résultante des
perceptions des leaders et des jeunes sur ces institutions et la
communauté qui se forme sous les Temples et en dehors des Temples. Hors
des Temples car la communauté malgache du Temple ne prend pas uniquement
vie sous les Temples.
La communauté est donc pensée, ici, comme un
processus, sociétaire ou communautaire. Ce qui importe alors, c'est de
pouvoir identifier, entre autre chose, les orientations en cours de
réalisation. Ce processus ne peut être unique car les individus
qui la constituent ont des images différentes de la communauté
construite -ou en construction-. La vision des leaders prise comme offre
communautaire contraste avec la vision des jeunes individus
enquêtés dans ces Temples. Enfin, je pense que c'est un des
défis qui m'attend dans cette recherche.
Religion
Dans cette recherche j'emploierai tout le temps les termes
religion, religieux et religiosité. La religion, je la conçois
comme WEBER la définit, c'est « une espèce
particulière de façon d'agir en communauté », dont
tout reste à déterminer dans cette recherche : quelle
communauté? Quelle façon d'agir? Et quelles
particularités?
Pour HERVIEU-LEGER, « le religieux ne se définit
pas uniquement à travers les objets sociaux (les « religions
») dans lesquels il se manifeste de façon compacte et
concentrée. Le phénomène humain, qui travaille, de
façon active ou latente, explicite ou implicite, toute
l'épaisseur de la réalité sociale, culturelle et
psychologique, selon des modalités propres à chacune des
civilisations au sein desquelles on s'efforce d'identifier sa présence
».
83 C'est une définition qui prend en profondeur la
réalité humaine de la communauté priante. Je
suggère pour limiter la portée de ce travail que le religieux
reste seulement au niveau du phénotype de la vie religieuse et que la
religiosité soit considérée comme la face vivante,
émotionnelle et active de ce qui est religieux.
Je m'appuie surtout sur cette précision car mes propos
ne constituent pas une description des textes sacrés et leur
transmission, il s'agit de mettre en lumière les conditions
communautaires de la vie religieuse.
83 HERVIEU-LEGER (1999) p19
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