Paragraphe 2- la mise en place de procédures
terroristes efficaces
Si l'acte de terrorisme aérien demande des
procédures affinées de mise en place du dispositif de sabotage au
sein de l'aéronef (pénétration d'hommes disposant d'armes,
introduction d'un engin explosif doté d'un dispositif plus ou moins
sophistiqué de mise feu ) il ne requiert en revanche pas de moyens
particulièrement important en hommes ou en matériel.
L'expérience des quarante dernières
années tend à montrer qu'un groupe terroriste d'ampleur moyenne
ou un service secret d'un pays déterminé à conserver
l'anonymat pouvait, s'il disposait de relais humains bien placés et de
la capacité d'obtenir des renseignements sûrs, frapper en
adversaire désigné avec un pourcentage de succès
réel.
En outre ; le déplacement des aéronefs sur un
itinéraire prévu à l'avance permet à l'agresseur de
choisir, pour frapper, l'endroit ou le dispositif, pourtant globalement solide
d'un bout à l'autre de la chaîne, connaît une faiblesse.
Ainsi, sur l'axe Europe Tel-Aviv ; dont les aéroports ont
bénéficié très rapidement de mesures de
sécurité très rigoureuses, nous nous souvenons que
l'aéroport d'Athènes, connu pour sa faiblesse endémique
en
la matière, acte utilisée à des maintes
reprises pour déclencher des opérations armées.
Des la fin des années 80, le développement du
tourisme de masse a amené des millions de visiteurs à
fréquenter, au hasard des lignes aériennes internationales, des
dizaines d'aéroports à la crédibilité
sécuritaire plus faible que celle de l'aéroport d'Athènes.
Il ne sert donc plus a rien de protéger efficacement nos structures
aéroportuaires ou nos aéronefs, si les passagers des vols sont
amenés à transiter dans des zones grises45, à
moins d'envisager un système obligeant les pays de ces zones à
sécuriser leurs aéroports, conformément aux normes
internationales préconisés par l'organisation de l'aviation
civile international.
Par ailleurs, rappelons que l'imagination des groupes
terroristes n'a pas manquée lors de ces quarante dernières
années pour innover en matière d'actions armées contre
l'ensemble du dispositif aérien. Ainsi, peut -on citer le
détournement aérien, le sabotage des installations
aéroportuaires,ainsi que le placement a bord des aéronefs
d'engins explosifs, notamment dans des bagages des passagers qui, soit ne se
présentaient pas au départs46, soit quittaient
l'appareil à l'occasion d'une escale précédent
l'explosion. Encore faut-il se souvenir que certains groupes, ont
utilisé des porteurs innocents acceptant de transporter un bagage pour
rendre service. Et par conséquent avec les attentats de 11 septembre
2001 l'avion est devenu elle-même une armée de
déconstruction.
45 Il s'agit, selon le «rapport sur la loi de
programmation militaire 1992-1994» du 20/12/92; de régions devenues
inaccessibles et hostiles a toute pénétration, aucun gouvernement
n'est en mesure de contrôler la situation ou de faire appliquer les
règles minimales du droit, peu à peu abandonnées à
elles-mêmes, des zones entières risquent de se fermer
définitivement et sombrent dans une anarchie tragique pour la population
» cite par Raufer in « les superpuissances du crime : enquête
sur le narco -terrorisme » Plon, paris 1993.
46 Ceci n'est toutefois plus possible aujourd'hui, en
raison du rapprochement systématique entre le bagage et le passager.
1- S'agissant des détournements
Nous pouvons en citer les détournements de deux Airbus
d'Air France, l'un sur l'aéroport d'Entebbe en 1976, et l'autre sur
l'aéroport de Marseille - Marignane en 1994.
- Détournement du 27 juin 1976, perpétré
contre un Airbus A300 de la compagnie Air France, reliant Tel Aviv à
Paris, via Athènes.
Le détournement a eu lieu peu de temps après le
départ d'Athènes. L'avion a été dans un premier
temps dirigé sur Benghazi, en Libye, afin de reprendre du
Kérosène, pour être finalement acheminé la
libération de 53 prisonniers politiques détenus dans
différents pays, en échange de la libération des otages.
Au cours des négociations, 150 otages ont été
relâchés, les 100 restants étant constitué d'une
part des membres d'équipage, et d'autre part de passagers disposant d'un
passeport israélien. Dans la matinée du 3 juillet un commando
israélien a déclenché l'assaut. Tous les terroristes
furent tués, ainsi que 3 otages et le commandant dirigeant l'assaut, le
lieutenant - colonel Netanyahu, frère de l'ancien premier ministre
israélien.
- détournement de l'Airbus d'air France, le 24
décembre 1994, lors de l'embarquement des passagers sur
l'aéroport d'Alger à destination de Paris, des islamistes
appartenant au GIA (Groupe Islamique Armé) ont fait irruption dans
l'avion et exigée des autorités algériennes d'une part ;
la libération de leaders islamistes emprisonnées et d'autre part,
le départ de l'avion au sol algérien. Aux termes de
négociation, le gouvernement français a obtenu des
autorités algériennes le départ de l'avion pour Marseille.
Durant ces négociations trois passagers ont été
tués ; dont un français, alors que plusieurs otages
étaient libérés. Lors de l'arrivée de l'avion
à Marseille de nouvelles négociations longues et difficiles se
sont engagées.
- Les pirates ont exigé le ravitaillement en carburant
de l'avion pour se rendre à Paris, avec pour objectif vraisemblable de
provoquer le « crash » de l'avion au-dessus de la capitale. En raison
du risque d'opération suicide, les autorités françaises
ont alors ordonné une intervention pour libérer les otages.
L'assaut a été finalement donné au bout de 38 heures,
permettant alors la libération de tous les otages et la mort des quatre
pirates. Les seuls blessés graves seront à compter parmi les
gendarmes ayant participé à l'opération.
2-s'agissant des destructions d'aéronefs
Deux ont retenu l'attention : l'une en 1989,
destruction du DC 10 de la compagnie UTA. Cette dernière a
été provoquée par une charge explosive placée dans
un conteneur situé dans la soute avant. Selon les enquêteurs au
BEA (bureau enquêtes accident), la charge aurait été
vraisemblablement contenue dans un bagage d'un passager dupe monté
à Brazzaville. La charge a explosé au-dessus du Niger provoquant
le « crash » de l'appareil dans le désert du
Ténéré et la mort de 170 passagers.
L'autre le 11 septembre 2001 désigne
une série d'événements dramatiques qui ont eu lieu dans le
nord-est des États-Unis le mardi 11septembre 2001 : trois avions
commerciaux se sont écrasés contre des immeubles hautement
symboliques : les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan,
à New York, et le Pentagone, siège du département de la
Défense des États-Unis, à Washington. Un quatrième
avion s'est écrasé en rase campagne à Shanksville, en
Pennsylvanie.
Le rapport de la Commission nationale sur les attaques
terroristes contre les États-Unis, publié fin août 2004, a
conclu à la responsabilité du réseau Al-Qaida, en
affirmant que les dix-neuf pirates de l'air impliqués dans ces
attentats-suicides en étaient membres et que le commanditaire en
était Oussama Ben Laden47 qui, dans plusieurs messages
vidéos, s'est félicité de ces événements.
Ces attentats ont été vécus presque en
temps réel par des centaines de millions de
téléspectateurs à travers le monde, les images de l'avion
heurtant la deuxième tour du World Trade Center ayant été
diffusées en direct, ainsi que l'effondrement complet des trois tours du
WTC à Manhattan. Le choc psychologique a été
considérable au plan international. Ces attentats ont
généré des effets puissants et persistants, notamment
politiques et économiques. Le gouvernement américain a
institué une législation sécuritaire et, en
dénonçant un nouvel « Axe du Mal », s'est lancé
dans une « guerre contre le terrorisme ».
Les victimes directes de ces événements ont
été chiffrées à 2 973 morts et 24 disparus.
Plusieurs milliers de personnes blessées et des milliers d'autres,
notamment parmi les sauveteurs, sont atteintes de maladies induites par
l'inhalation de poussière.
47 Oussama ben Laden originaire d'une très
riche famille saoudienne d'origine yéménite a rejoint
l'Afghanistan durant la guerre. Il est devenu par la suite le chef d'un des
groupes radicaux sunnites dans le monde. Il est aujourd'hui considère
comme le nouveau chef du terrorisme international.
Il reste à marquer que l'imagination des terroristes en
matière de procédures opérationnelles, soulignons leur
ingéniosité à mettre en oeuvre des dispositifs d'actions
particulièrement élaborés - sophistication
résultant du perfectionnement des systèmes de
sécurité, de contrôle des passagers et des bagages
embarquées. Ainsi peut - on noter que l'utilisation du dispositif «
chrono-bro »48 ou d'autre types de mécanisme de retard
ont parfaitement complété les habiles réalisations
effectuées dans la présentation d'engins explosifs, grâce
à des camouflages de plus en plus soignés (dissimulation
d'explosifs au sein de double fond dans des valises, modelage de l'explosif
sous forme de pièces de vaisselle ou de jouets, etc.)
48 Le dispositif dit «chrono - baro» est un
système de mise à feu chrono - barométrique, de
manière à échapper aux dispositifs de sûreté,
ce système est programmable pour n'exploser qu'au deuxième vol
à altitude de croisière.
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