- PARTIE I - LA CONTRIBUTION D'UN CENTRE SOCIAL A
LA CITOYENNETE DE PROXIMITE, DES POINTS DE VUE QUI SE COMPLETENT.
Une reconnaissance de proximité.
Les centres sociaux, par leurs caractéristiques de
généralistes de l'action sociale, ont toujours été
impliqués dans la territorialisation des politiques publiques.
Leur statut associatif, relevant du droit privé, laisse
apparaître une spécificité qui engendre des sources de
financement publiques par l'Etat, la Caisse nationale d'allocations familiales
(CNAF), les caisses locales (CAF) et les collectivités locales. De fait,
les centres sociaux sont identifiés par leurs partenaires locaux
(collectivités publiques et Institutions) comme
partenaires-opérateurs de l'action sociale locale. C'est ainsi qu'ils
sont associés logiquement aux nombreux dispositifs territoriaux
découlant de la politique de la ville.
La décentralisation qui a accompagné
l'émergence de ce nouveau partenariat amène les centres sociaux
à devenir un enjeu de légitimité dans le positionnement
partenarial des CAF. Celles-ci, par leur pouvoir de « labélisation
» incitent à formaliser des processus de concertation
contractualisée : principalement entre elles, les centres sociaux et la
commune.
Les difficultés économiques globales et la
fragmentation sociale actuelle nécessitent que le réseau des
centres sociaux interroge ses valeurs fondamentales afin d'adapter sa pratique
d'intervenant social à une démarche de démocratie locale
participative réactualisée.
- CHAPITRE 1 - LE CENTRE SOCIAL ENTRE PARTENAIRES
ET OPERATEURS DE POLITIQUES PUBLIQUES.
Depuis quelques années un développement
important de la "territorialisation" des politiques sociales peut être
observé 1. Le processus prend racine dans les lois de
décentralisation (1982-1984) qui sont la mise en acte d'une
volonté de "rapprocher la prise de décision du lieu où
elle s 'exerce2."
L'Etat est amené, en raison de la complexité des
problèmes, à coopérer avec les acteurs locaux. C'est ainsi
que les centres sociaux, à travers leur histoire3,
participent à leur façon à ce mouvement et successivement
s'identifient aux politiques territorialisées (Etat
central qui localise des politiques nationales), s'inscrivent dans les
politiques territoriales (actions conjuguées et
volontaristes du pouvoir central et des autorités locales qui deviennent
alors partenaires et contractent ensemble), et sont associés aux
politiques locales (actions à l'initiative des
structures institutionnelles locales)4.
En quelques années, une architecture de dispositifs
s'élabore, en traversant toutes les strates politico-administratives,
générant une coopération inter-institutionnelle et
partenariale locale abondante.
1 - Le centre social : un équipement de voisinage
dédié au travail social et familial.
C'est une circulaire signée par la ministre des
affaires sociales et de la solidarité nationale, Georgina DUFOIX, en
date du 12 mars 1986, qui définit , pour la première fois pour
l'Etat, le rôle prioritaire des centres sociaux5. Cette
circulaire, adressée aux services déconcentrés du
ministère, est consacrée à la présentation
minutieuse des missions du centre social et précise le cadre
institutionnel dans lequel s'inscrivent celles-ci.
Quatre missions caractérisent un centre social :
- "C'est un équipement de quartier à
vocation sociale globale."
Le centre social doit cependant privilégier les
activités et services à caractère social qui prennent en
compte les difficultés économiques des usagers.
- "C'est un équipement à
vocation familiale et pluri-générationnelle."
1 J. ION, 2000, op. cit., pp. 17-53.
2 Rapport de Jean-Pierre Worms sur le projet de la loi
"DEFERRE" remis à l'Assemblée Nationale, août 1981, in
ibid., p. 136.
3 R. DURAND , 1996, op. cit.
4 LABADIE Francine (Rapporteur de la commission
"Jeunes et politiques publiques", Commissariat général au Plan),
1999 - Politiques locales, politiques territorialisées, politiques
territoriales : de quoi parle-t-on ? - Grain de Cel édité
par le Ministère de la jeunesse et des sports, novembre, n°2, pp.
3-4.
5 Annexe 4 - Circulaire du Ministère des
affaires sociales et de la solidarité nationale. Direction de l'action
sociale, 12 mars 1986 - Rôle des centres sociaux -
Le centre social facilite la vie quotidienne des familles en
"leur permettant de mieux maîtriser leur vie économique et
sociale."
Il développe des "actions en direction des jeunes,
sous des formes adaptées et s'efforce "d'intégrer
d'avantage les jeunes retraités et personnes agées [...] aux
actions de solidarité de voisinage.
- C'est un lieu d'animation de la vie
sociale."
C'est un lieu qui favorise et suscite "la participation
des usagers et des habitants. Le bénévolat y trouve pleinement sa
place". Cette participation peut "prendre des formes diverses, mais
elle doit être effective. »
- « C'est un support d'interventions sociales
concertées et novatrices.
Compte tenu de sa polyvalence, de son ouverture à
l'ensemble des problèmes de vie quotidienne des populations de tous
âges, de sa vocation sociale, de son secteur géographique
d'influence, le centre social associe les collectivités locales, les
institutions, les associations, les travailleurs sociaux à des actions
concertées.
L'importance de la concertation pour la mise en place de
l'action sociale locale, dans le cadre de la décentralisation, est
essentielle."
A travers cette circulaire, l'Etat affirme que les
"centres sociaux constituent une priorité de la politique
gouvernementale" en tant qu' "équipement de voisinage où
s'effectue en priorité un travail social et familial [...], en
conformité avec les orientations des pouvoirs publics, des
collectivités locales et des organismes de Sécurité
Sociale."
En quelques lignes, l'architecture institutionnelle dans
laquelle s'inscrivent les centres sociaux est brossée. La circulaire
précise que le "centre social doit être un support pour les
actions sectorielles et prioritaires de l'Etat.
Les centres sociaux sont particulièrement
qualifiés pour contribuer à la mise en place des politiques
sociales concertées engagées dans de nombreux domaines par l'Etat
et les collectivités locales, à partir de l'évaluation des
besoins dans un cadre territorialisé. Ses quatre missions [sont]
définies avec la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF)
[...], approuvées par le ministère. Le centre social est
agréé par la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) sur la base
d'un contrat de projet social, selon une procédure
décentralisée.1"
2 - Les centres sociaux : un réseau-relais local
des politiques d'action sociale de l'Etat.
Une note-circulaire, en date du 6 mai 1994, ayant pour origine
le Ministère du travail et des affaires sociales et le Ministère
de l'aménagement du territoire de la ville et de l'intégration,
vient compléter l'attente de l'Etat envers les centres
sociaux2.
1 Ibid. - Circulaire du Ministère des
affaires sociales et de la solidarité nationale - 12 mars 1986,
cit.
2 Il est intéressant, pour l'intelligence de
l'exposé, de souligner les directions ministérielles qui sont
associées à cette note-circulaire du 6 mai 1994.
- Pour le Ministère du travail et des affaires sociales
:
· La direction de l'action sociale.
· La sous-direction du développement social de la
famille et de l'enfance.
- Pour le Ministère de l'aménagement du
territoire, de la ville et de l'intégration :
· La Direction de la population et des migrations.
· La délégation interministérielle
à la ville et au développement social urbain. Cette note a pour
objet de faire référence à la circulaire CNAF n°56 du
31 octobre 1995, cit.
"Les centres sociaux constituent en effet l'un des relais
essentiels pour la connaissance des réalités sociales du terrain.
Leurs équipes sont à même d'apporter des
éléments d'anticipation et des données capitales sur les
situations vécues. A ce titre, ils font partie des acteurs locaux que
vous devez veiller à intégrer dans le réseau de
partenaires permettant d'assurer la pertinence
du pôle d'action sociale".
La note rappelle que la "Fédération des
centres sociaux et socio-culturels de France" est un réseau de
fédérations locales au plan régional et
départemental et qu'il s'agit donc là d'un maillage sur lequel
les services déconcentrés ont "toute légitimité
à prendre appui, en matière de relais des politiques d'action
sociale de l'Etat et d'animation de l'action locale."
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