UNIVERSITÉ JEAN MOULIN - LYON 3 Institut
d'Administration des Entreprises
|
DU SYSTÈME D'ORGANISATION
D'UN CENTRE SOCIAL ASSOCIATIF
À LA CITOYENNETÉ DE
PROXIMITÉ,
EN TANT QU'ENJEU DÉMOCRATIQUE.
L'ASSOCIATION DE GESTION
DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET MONTA BERLET
À DÉCINES.
- 1998.2000 -
|
|
Mémoire présenté pour l'obtention
de
la Maîtrise d'Administration Économique et
Sociale : . Mention Administration et Gestion des Entreprises,
. Option Pratiques Managériales.
Tuteur : DOC. 3 Présenté par
PIVOT Catherine 2000 KONATÉ Yves
SOMMAIRE
INTRODUCTION :
L'ACTE D'ASSOCIATION AU CENTRE DU SOCIAL.
P. 7
PARTIE I : LA CONTRIBUTION D'UN CENTRE SOCIAL
A LA CITOYENNETE DE PROXIMITE,
DES POINTS DE VUE QUI SE COMPLETENT. P. 14
|
Une reconnaissance de proximité. P. 14
Chapitre 1 - Le centre social, entre partenaires et
opérateurs de
politiques publiques. P. 15 Chapitre
2 - Le centre social, un enjeu de légitimité des
poltiques
d'action sociale locales. P.
21 Chapitre 3 - Les centres sociaux en équilibre
entre la demande
sociale et la commande publique. P.28
Une proximité de reconnaissance. P. 36
PARTIE II : UNE ADMINISTRATION DE PROJETS QUI SOUS-TEND
UNE RECONNAISSANCE DE
LEGITIMITE RECIPROQUE ENTRE L'ASSOCIATION DE GESTION
DES
CENTRES SOCIAUX ET LA COMMUNE. P.37
|
Une vision du champ de l'action sociale
déterminée par
la position des acteurs. P.37
Chapitre 1 - Une conjecture : des acteurs dont la
position
s'inscrit dans une démarche institutionnelle.
P.38
Chapitre 2 - Une méthode : une analyse induite par
des
entretiens. P. 50
Chapitre 3 - Un résultat : une
légitimité réciproquement
reconnue et controversée. P. 56
Une valeur commune énoncée,
déterminée par la traduction
pratique à la partager. P.63
PARTIE III : LA CONTRIBUTION DE L'ASSOCIATION DE
GESTION DES CENTRES SOCIAUX DOLTO ET MONTABERLET A LA PRODUCTION DE LA
DEMOCRATIE LOCALE, UNE ORGANISATION QUI S'AJUSTE AU PROJET D'INTERMEDIATION. P.
64
|
L'incertitude de l`entre-deux : la source du pouvoir
associatif. P. 64
Chapitre 1 - Ni privé, ni public, l'entre-deux
socio-économique associatif. P. 66 Chapitre 2 - Ni
indépendant, ni assujetti, l'entre-deux de
l'acteur associatif. P. 79
Chapitre 3 - Ni amateur, ni spécialiste,
l'entre-deux des
compétences des ressources humaines associatives.
P. 84
La ressource de l'entre-deux : l'espace
d'intermédiation. P. 91
CONCLUSION :
VIVRE ENSEMBLE AU CENTRE DU SOCIAL. P. 94
BIBLIOGRAPHIE P. 96
SIGLES P.105
DOCUMENTS P. 107
TABLE DES MATIERES P. 109
ANNEXES P.112
- INTRODUCTION - L'ACTE D'ASSOCIATION AU CENTRE DU
SOCIAL.
L'association de gestion du centre social de Décines a
été créée en 1978 pour gérer le centre
social Dolto, le plus important équipement social de la ville de
Décines, " point de transition entre la déclinaison de la
croissance et l'enracinement de ce qui n'est perçu , par le commun de la
population, que comme un déséquilibre
économique1. "
En effet, la transmutation de ce bourg en banlieue rurbaine
ouvrière cosmopolite, ponctuée par les aléas de
l'histoire, a trouvé son seuil d'équilibre à l'aube de
cette courbe de croissance dite des « 30 glorieuses ».
Ainsi, « l'Association du centre social de Décines
», constituée, à l'origine, à l'initiative de la
municipalité, sera destinée à la population
composée de nouvelles couches moyennes qui sont amenées à
investir massivement les nouveaux équipementrs
collectifs2.
De fait, ce centre social, élaboré comme espace
structurant la ville, est alors dépositaire d'une triple mission : "
être un lieu de socialisation collectif, contribuer à
l'émergence d'un centre-ville, être un « outil » au
service de l'action sociale municipale3. "
L'identité de ces équipements s'est
structurée et construite à travers l'histoire, d'abord en
Angleterre et aux Etats-Unis, où les « Maisons de voisinage »
accueillaient dans les banlieues des grandes villes des populations venues
d'ailleurs.
En France, des « Maisons sociales »
s'établissent à la fin du siècle dernier pour devenir
des
« Centres sociaux » à partir des
années 1910. De nombreuses structures se créent au lendemain de
la Grande Guerre, pour impulser la renaissance de la vie sociale dans les
regions dévastées. En 1922, une vingtaine d'établissements
se regroupent pour créer la Fédaration des centres sociaux et
socio-culturels de France (FNCS).
Dans un rapport présenté en 1952 au Conseil
économique et social des Nations Unies, le Gouvernement français
définissait la conception française du centre social, de la
façon suivante : « On entend par centre social, une organisation
qui, avec la collaboration des usagers, s'efforce de résoudre les
problèmes propres à la population d'un quartier ou d'un secteur
géographique, en mettant à sa libre disposition, dans un local
approprié, un ensemble de services et de réalisations collectives
de caractère éducatif, social ou sanitaire, animé par une
assistante sociale responsable de la marche générale du Centre,
qui doit y assurer des permanences régulières et si possible y
résider. »
JALON 1 : Bref historique des centres
sociaux.
1 KONATE Yves, 19991 - Décines,
banlieue rurbaine. Les centres sociaux Dolto et Montaberlet : une association
d'intérêt public. un espace social, traducteur de logiques
d'actions - Université Jean Moulin, Lyon 3, Institut
d'Administration des Entreprises, p. 27.
Cette monographie met en perspective la transformation, en un
siècle, d'une bourgade d'un millier de villageois en une cité
urbaine de 25000 habitants, produit des flux migratoires et de
l'industrialisation naissante. Cet ancien village de l'Isère,
rattaché à l'agglomération lyonnaise en 1967, tend en
cette fin des années soixante-dix à structurer sa vie sociale
à travers une osssature associative fédérative. Ibid.,
tableau 3 - Période de création des
principales associations, des principaux équipements
et dispositifs sociaux, éducatifs et culturels à
Décines - p 23.
2 COLOMBANI Henri, in DURAND Robert, 1996 -
Histoire des centres sociaux : du voisinage à la citoyenneté
- Paris, Syros, pp. 239-241.
3 Yves KONATE, 19991, doc. cit., p . 25.
La définition, qui en était donnée alors,
contient les notions présentes encore aujourd'hui, de voisinage, de
collaboration des usagers, de regroupement d'un certain nombre de services et
de réalisations (sociales, éducatives et médico-sociales),
d'animation par un personnel qualifié.
Le développement des centres sociaux accompagne alors
le bouleversement des modes de vie, l'urbanisation, les mutations du monde
rural, puis, dans les années soixante, la multiplication des grands
ensemble. Marquée par une forte dominante socio-culturelle,
l'activité des centres sociaux s'est, depuis le milieu des années
quatre-vingt-dix, orientée davantage vers les domaines du
développement social.
DURAND Robert, 1996
- Histoire des Centres sociaux : du voisinage à la
citoyenneté - Paris, Syros, 264 p.
Vingt ans plus tard, la crise est à son apogée,
le chômage et son cortège de misère n'ont cessé de
croître, les familles se sont décomposées, les flux
d'immigration qui ont formé la ville se sont déplacés de
l'Est au Sud, Sud-est, la banlieue se dénomme « quartiers sensibles
». L'association qui, à travers des activités de «
droit commun » (activités de loisirs, permanences, services de
garde d'enfant, ...) rayonne sur la ville, développe sur des quartiers
ciblés des actions de socialisation (cours de Français,
animations de rue, ...).
C'est ainsi que , en octobre 1998, s'ouvre le centre social
Montaberlet, fruit d'un travail de plusieurs années de professionnels de
diverses institutions et de demandes des habitants. L'intitulé
associatif s'actualise en « Association de gestion des centres sociaux
Dolto et Montaberlet1», l'un de ville et l'autre de
quartier.
SCHEMA 1 : L'association de gestion des centres
sociaux Dolto et Montaberlet.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Voir, en complément de ce schéma, l'annexe
16 - L'organigramme institutionnel, hiérarchique et
pédagogique -
1 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique de l'association de gestion des
centres sociaux Dolto et Montaberlet -
JALON 2 : Les missions principales du directeur de
l'association de gestion.
Directeura de cette association depuis 1993, nous
déployons notre mission en trois axes principauxb :
- Tout d'abord, nous assurons la direction de l'association,
en tant que responsable de la conformité du projet « Centre social
» dans ses applications les plus concrètes, à partir de la
mise en oeuvre des orientations décidées par les instances
associatives. A l'instar, nous prenons soin de créer des conditions de
consolidation du bénévolat, essence-même de
l'association.
- En second lieu, en tant que chef d'entreprise associative, par
délégation, nous en assurons la gestion et
l'organisationC.
- Enfin, et ce n'est pas la moindre de nos tâches, nous
veillons à la cohérence du projet, en tant que coordonateur
pédagogique. Chargé principalement des relations publiques
internes et externes, nous traitons et retraitons l'information à
travers un dispositif de communication, afin de rendre cohérente et
lisible l'action des deux centres sociaux.
a L'employeur du directeur est la
fédération Leo Lagrange, qui est financée par la
municipalité de Décines pour le mettre à disposition de
l'association.
b Yves KONATE, 19991, doc. cit.,
ppÀ4-70.
c En 1999, 99 salariés (38 équivalents
temps plein), un budget de 9 millions de francs, plus de 2200m2 de
bâtiments, répartis sur deux sites. Voir partie III-1.
Né d'une volonté originelle municipale, à
travers le renouvellement de son bénévolat1 et de ses
administrateurs, cette association a su s'éveiller à un mode
d'autonomie laissant place, dans le cadre de ses missions, à une
coopération contractualisée avec ses financeurs.
C'est ainsi qu'elle a répondu à des attentes
diversifiées et a été en mesure d'adapter sa
réponse à la spécificité institutionnelle de ses
partenaires financiers déterminants2 que sont l'Etat, la
Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF), sa caisse locale (la CAF de
Lyon) et la commune de Décines.
- Elle a donc intégré les thèmes majeurs de
l'Etat3 :
. l'intervention sur des territoires prioritaires,
. la mise en oeuvre d'un projet pédagogique
partenarial,
. la mise en oeuvre de projets éducatifs partenariaux,
. l'implication et la participation des habitants.
- Elle a sounmis, à la demande de la CNAF4, un
projet pédagogique à la discussion et à l'assentiment de
ses partenaires publics, en particulier la commune.
- Elle a reconnu la commune5 comme représentant
légitime de l'action sociale et éducative locale.
1 Tableau 9 - La répartition des
contributions bénévoles au sein del'association de gestion -
1998.
2 Tableau 1 - L'origine et la répartition
des ressources financières de l'association de gestion - 1998.
3 Courrier adressé au maire de Décines
en novembre 1998, par le sous-préfet du département du
Rhône, chargé de mission pour la politique de la ville.
4 Annexe 2 - Circulaire CNAF n°56 du 31
octobre 1995 - Les relations entre les caisses d'allocations familiales, les
centres sociaux et leurs partenaires. Approfondiir la concertation partenariale
et la contractualisation sur des objectifs de qualité.
Lettre-circulaire CNAF n°268 du 31 octobre 1995 - Les
relations entre les caisses d'allocations familiales, les centres sociaux et
leurs partenaires. Outils d'analyses et d'aides à la décision, 16
pages.
5 Les maires veulent renouer le lien social et
s'investissent de plus en plus dans l'action sociale selon l'observatoire
national de l'action sociale décentralisée - 1998,
Actualités Sociales Hebdomadaires, novembre, n°2094, pp.
7-8.
Ces prescriptions, sans être contradictoires, se
révèlent néanmoins inscrites dans des logiques politiques
et administratives propres à chaque collectivité et seraient
susceptibles de conduire l'association à avoir une gestion
pédagogique écartelée. D'autant que la
démultiplication des contraintes rationnelles produites par ces
mécanismes (instruction des dossiers, montage des projets,
présentation financière, sensibilité aux
réalités de terrain, ...) risqueraient de déstabiliser
l'organisation associative.
Sans compter que les bénévoles d'aujourd'hui ne
sont pas issus des courants des années soixante-dix1 et, de
fait, ne sont pas rompus aux arcanes des jeux politico-administratifs ; que les
salariés, sous pression sociale et statutaire, sont plus en recherche de
positionnement professionnel qu'attentifs aux enjeux du devenir de l'action
associative2 ; que le directeur, au coeur de ces logiques, est
lui-même dépendant de ses propres contraintes
statutaires3.
Non seulement, nous constatons que cette organisation
associative n'implose pas mais, au contraire, paraît
générer une forme de cohésion sociale4 par la
cohabitation de milieux, de cultures et de générations diverses,
assortie à des demandes sociales et éducatives variées (
activités de loisirs, animations sociales, services collectifs et
individuels, ...).
Etayée par son ancrage fédératif,
celle-ci est conduite à developper une philosophie de l'action qui
promeut une démarche de participation des habitants à la
finalité citoyenne5, basée sur la primauté de
la démarche associative. En corrélation, le débat
politique tourne, aujourd'hui,,autour de l'élaboration de la
décision au plus près des préoccupations des citoyens et
se traduit par la déclinaison de projets municipaux de démocratie
locale se concrétisant par des dispositifs suscitant la participation
des habitants6.
C'est pourquoi s'impose à nous cette question initiale
:
Quels sont les critères du système
d'organisation d'un centre social associatif qui peuvent contribuer à la
citoyenneté de proximité, en tant qu'enjeu démocratique
local ?
En effet, le monde du social ayant une dimension intangible,
il nous apparaît opportun de délimiter des
critères7, en tant que normes de référence,
permettant ainsi de mesurer la pertinence du système d'organisation
associatif centre social.
1 HALBA Bénédicte et LENET Michel, 1997
- Bénévolat et volontariat dans la vie économique,
sociale et politique - Paris, Editions La documentation française,
p. 34.
FOUREST Alain, juin 1998 - L'avenir des centres sociaux
- Caisse des dépôts et consignations, pp. 13-14.
2 PAILLET Paule, 1996 - Le travail social dans la
tourmente - Actualités Sociales Hebdomadaires, janvier,
n°1956, pp. 17-18.
MIGNON Jean-Marie, 1999 - Ne pas brader la fonction
d'animateur - Action Jeunes, novembre, n°197, pp. 1-3.
HIVERT Agostina, 1998 - La grande nébuleuse du travail
social - Le progrès de Lyon.
VACHON Jérôme, 1993 - Jusqu'où
réformer la formation ? - Actualités Sociales Hebdomadaires,
janvier, n°2100, pp. 25-26.
3 Le type de mise à disposition du poste de
directeur par la ville de Décines, par l'intermédiaire de la
fédération Leo Lagrange, révèle une
dépendance du directeur. Par exemple, les augmentations non statutaires
sont accordées par l'employeur à condition que la commune accepte
de les financer.
4 Près de 10% des habitants de la commune sont
des usagers réguliers d'activités. En outre, on peut estimer
qu'un habitant sur deux est utilisateur ponctuel. Voir partie III-1 .1.
5 Annexe 3 - Projet de charte
fédérale, assemblée générale de la
Fédération des centres sociaux et sociosocio-culturels de
France- juin 2000.
6 KONATE Yves, 19992 - La place du
cabinet du maire dans l'organisation municipale de la ville de
Villeurbanne - Université Jean Moulin, Lyon 3, I.A.E, p. 19.
7 GRAWITZ Madeleine, 1991, article «
Critère »- Lexique des sciences sociales - Paris, Editions
Dalloz, Dalloz, p. 96.
De la sorte, dans cette première définition,
nous caractériserons le système d'organisation1 comme
une idée directrice permettant de formaliser un ensemble
d'éléments interdépendants en tant que réseaux
complexes de sous-systèmes entretenant entre eux des liaisons. Cette
composition corrélative ne peut maintenir ses objectifs qu'en se donnant
les moyens d'une adaptation à des conditions externes et internes
changeantes.
En l'occurrence, ce qui nous intéresse ici, c'est la
capacité de ce système à discriminer des critères
qui vont contribuer à la citoyenneté de proximité en tant
qu'enjeu démocratique local. Nous affirmons également, qu'en
préalable à notre propos, notre réflexion s'inscrit dans
le cadre d'une Constitution démocratique, en tant qu'organisation
politique dans laquelle la souveraineté appartient à l'ensemble
des citoyens. Celle-ci reposant sur la séparation des pouvoirs
législatif, exécutif et judiciaire2, nous
considèrerons qu'un citoyen3 est un membre de la
communauté politique (Etat, cité), ce qui lui donne le droit de
participer à la « gouvernance4 ». Nous
soulignerons, avec Jean-Pierre WORMS5, que la citoyenneté
n'est plus un attribut descendant de la bienveillance des autorités
publiques mais le produit d'un investissement personnel qui nécessite un
apprentissage, qui passe par l'expérience dans la participation aux
affaires locales6 et qui renvoie à des relations de type
contractuel où la réciprocité des droits a pour corrolaire
des devoirs7.
Par conséquent, l'affirmation de la proximité a,
ici, non seulement le sens donné à la politique de
décentralisation dans le fait de rapprocher le pouvoir du
citoyen8 mais, en outre, manifeste une volonté active de
rendre tangible cette participation.
De la sorte, la démocratie, telle que nous l'avons
définie plus haut, met l'accent sur une tradition qui se traduit par une
affirmation individualiste et une méfiance à l'égard des
gouvernants9.
A l'instar, la FNCS. l'exprime à sa manière, en
reconnaissant que la commande publique institutionnelle, fondée en droit
public, relève de la mission confiée dans l'ordre de la
démocratie élective. Celle-ci constitue ainsi la réponse
légitime à la demande sociale, sans épuiser pour autant
les réponses émanant de l'initiative de la société
civile, dans l'ordre de la démocratie participative de proximité
et du quotidien., " celle au nom de laquelle interviennent les habitants
s'organisant pour prendre en charge un travail sur leurs conditions de vie et,
plus particulièrement, dans le cadre des équipements
collectifs10. "
A partir de là, nous formulerons notre
problématique11 et nous la déploierons au long de
notre exposé en la resituant dans le système d'organisation
particulier instauré entre la commune de Décines et l'association
des deux centres sociaux Dolto et Montaberlet.
1 BOUDON Raymond et BOURRICAUD François, 1999,
article « Système » - Dictionnaire critique de la
sociologie - Paris, Editions Presses universitaires de France, pp.
602-609.
2 Article «Démocratie », Le Petit
robert, 1972, pp. 431-433.
Article « Montesquieu », Larousse sélection,
1962, p. 1411.
3 M . GRAWITZ, 1991, article «Citoyen », op.
cit ., p. 59.
4 La gouvernance est la capacité des
sociétés humaines à se doter de systèmes de
représentations, d'institutions, de processus, de corps sociaux, pour se
gérer elles-mêmes dans un mouvement volontaire.
Pierre CALAME et André TALMANT in Les cahiers du
millémaire, 1998 - La gouvernance - Mission prospective et
stratégie d'agglomération - Grand Lyon, n°9, juin, p. 4.
5 WORMS Jean-Pierre, 1998 - Se former pour une
démocratie participative et une citoyenneté active - Paris,
Ouvertures, revue éditée par la Fédération des
centres sociaux et socio-culturels de France, n°4, septembre, p. 6.
6 BARBER Benjamin, 2000 - La démocratie
à l'heure de la mondialisation - Sciences Humaines, n°102,
n°102, février, p. 40.
7 VIDAL-NAQUET Pierre, 1993 - Une grille de
lecture des missions et des légitimités des centres sociaux
- Paris, Ouvertures, n°10, octobre, p. 6.
8 ION Jacques, 2000 - Le travail social à
l'épreuve du territoire - Paris, Editions Dunod, p. 136.
9 R. BOUDON et F. BOURRICAUD, 1994, article «
Démocratie », op. cit., pp. 155-160.
10 COLOMBANI Henry, 1995 - Le local contre
l'exclusion - Ouvertures, n°95-4, septembre, p. 2. 11Nous
nous inspirons des travaux de QUIVY Raymond et VAN CAMPENHOUDT Luc, 1995 -
Manuel de recherche en sciences sociales - Paris, Editions Dunod.
C'est ainsi que l'approche théorique que nous choisirons
pour traiter cette question s'articule à deux perspectives : la
sociologie de l'organisation et la sociologie de l'association.
Pour la sociologie des organisations, nous nous inspirerons de
plusieurs courants.
Tout d'abord, celui qui est relatif à la structure
d'une organisation et, particulièrement, la conception qu'en propose
Henri MINTZBERG1, qui la définit comme « la somme totale
de moyens utilisés pour diviser le travail entre tâches distinctes
et pour assurer la coordination nécessaire entre ces tâches.
» En effet, il nous importe de pouvoir caractériser les
modèles d'organisation auxquelles nous avons à faire, de
manière à en comprendre les caractéristiques
intrinsèques.
Le deuxième courant, sur lequel nous appuierons notre
processus réflexif, analyse l'organisation " comme un lieu où
se prennent des décisions, où s'exercent des contrôles,
où existent des rapports d'autorité2 ". Ce sont
les travaux de Michel CROZIER et Erhard FRIEBERG qui, en développant
l'analyse stratégique3, rendent compte de l'organisation
comme d'un système politique résultant du jeu des acteurs. Le
pouvoir, à l'intérieur de l'organisation, est lié à
la répartition de celui-ci et dépend de son mode de
discrimination à l'extérieur4. De la sorte, nous
examinerons précisément les liens d'influence de l'association de
gestion dans ses rapports avec la municipalité et ce, aussi bien dans la
dimension collective des acteurs que dans celle individuelle.
Cette vision de l'organisation aboutit à mettre en
évidence la marge de liberté dont disposent les individus et les
groupes humains qui la composent. " Il y a un « jeu » possible ;
il y a des zones d'incertitude autour desquelles f...] les acteurs (individus
et groupes) vont adopter des comportements allant dans le sens de la
préservation de leurs intérêts (économiques,
sociaux, symboliques, culturels, ...).5"
La sagacité de cette théorie nous permettra de
saisir l'interaction permanente entre « l'acteur et le système
», facilitant ainsi la compréhension du fonctionnement réel
du système d'organisation du centre social associatif6.
Enfin, les deux derniers courants, en tant que nouvelles
approches de la sociologie de l'organisation, viendront enrichir nos
possibilités d'agir, par leur qualité d'explication productrice
de changement.
Le premier est le modèle de Laurent THEVENOT et Luc
BOLTANSKI : « Les économies de la grandeur ». Celui-ci
décrit l'organsation comme un lieu composé de plusieurs mondes
qui vont devoir, s'il y a controverse, se distinguer les uns des autres, «
s'arranger », en se mettant d'accord par une transaction, afin d'aboutir
à un « compromis », comme forme d'accord durable qui vise
à un « bien commun »7.
Le second modèle, de Michel CALLON et Bernard LATOUR,
« la sociologie de la traduction », renvoie à une
opération qui consiste à transformer un message, un fait, une
information intelligible en un autre message, un autre fait, une autre
information intelligible qui rend possible la compréhension d'un
tiers.
L'opération de traduction nécessite, selon ces
auteurs, une méthodologie précise constituée
de plusieurs étapes. L'idée essentielle est que le
système d'organisation, dans tous ses aspects et
Pour ces auteurs, la problématique est l'approche ou la
perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ. Elle est une
manière d'interroger les phénomènes étudiés,
p102.
1 MINTZBERG Henri, 1990 - Le management : voyage
au centre des organisations - Paris, Editions d'organisation, 516
pages.
2 LIVIAN Yves-Frédéric, 1998 -
Organisation, théories et pratiques - Paris, Editions Dunod, p.
39.
3 CROZIER Michel et FRIEDBERG Erhard, 1977 -
L'acteur et le système - Paris, Editions du Seuil, 568
pages.
4 Y.F. LIVIAN, 1998, op. cit., p. 39.
5 Ibid. , p. 39.
6 Ibid., p. 40.
7 AMBLARD Henri, BERNOUX Philippe, HERREROS Gilles,
LIVIAN Yves-Frédéric, 1996 - Les nouvelles approches
sociologiques des organisations - Paris, Editions du Seuil, pp.73-128.
détails, constitue un réseau qui est le produit
d'une négociation permanente entre contenu et contexte et suppose, par
conséquent, qu'elle soit conduite par des porteurs de
projet1.
La seconde perspective théorique que nous avons retenue
est la socologie de l'association et, plus précisément, son
entrée socio-économique2. Cette approche fonde le
cheminement de notre pensée, en partant de la thèse que
l'association est, et doit être au coeur du rapport social, qu'en cela
" elle n'est rien d'autre que la démocratie en acte. Et
réciproquement.3 " Sans idéaliser ce mode de
coopération citoyen , il convient de faire émerger son impact sur
le plan, " à la fois économique, éthique et
politique4 ", en somme son influence sur la
société et, précisément, sur le lien social.
Ainsi, cette architecture théorique nous conduit
à élaborer l'hypothèse suivante : Le
système d'organisation d'un centre social associatif peut contribuer
à la citoyenneté de proximité, en tant
qu'enjeu démocratique local, si l'ensemble des acteurs internes et
externes
à ce système se reconnaissent
mutuellement dans leurs dimensions collectives et individuelles, à
partir de leur mission, de leur fonction, de leur statut, comme étant
partie prenante du projet pédagogique de l'association.
Avant de conclure sur la méthode de
présentation, nous rappellerons au lecteur que ce document est un
complément théorique et un approfondissement pratique aux
premiers travaux abordant ce sujet5et qu'ainsi, moult informations,
exposées alors, ont été ici traitées implicitement,
que cela soit sur la transformation historique et sociologique de la ville de
Décines, ou bien sur la description détaillée de
l'organisation centre social dans ses aspects internes et externes, ou encore
sur le management de l'association dans tous ses compartiments. Ce faisant,
dans le document présent, nous avons organisé notre
réflexion à partir d'un plan en trois parties.
Dans la première partie, nous brosserons
l'environnement institutionnel dans lequel s'inscrit l'association de gestion
des centres sociaux Dolto et Montaberlet, de manière à faire
apparaître les enjeux dans lesquels les acteurs déterminent leur
logique de positionnement et d'action.
La deuxième partie nous amènera à
identifier plus particulièrement le système d'organisation dans
lequel sont enchâssées l'association de gestion et la commune de
Décines. Ceci nous conduira, à travers des points de vue
recueillis et à partir d'une méthodologie explicitée,
à les mettre en perspective les uns par rapport aux autres et, ce,
à partir des entretiens retraités.
La dernière partie aboutit, à partir du
déploiement de notre problématique, à éclairer
significativement la contribution associative centre social à la
citoyenneté de proximité et, par là, à la
démocratie locale, tout en produisant des orientations pour l'action,
accordant ainsi, pensons-nous , quelques justifications à notre
hypothèse de départ.
1 Ibid. , pp. 129-186.
2 La revue du MAUSS, 1998 - Une seule solution,
l'association ? Socio-économie du fait associatif - 1er semestre,
n°11, Paris, La découverte, 368 pages.
LAVILLE Jean-Louis et SAINSAULIEU Renaud (dir), 1997 -
Sociologie de l'Association : des organisations à l'épreuve
du changement social - Paris, Editions Desclée et Brouwer, 416
pages.
3 La revue du MAUSS, 1998, op.cit., Alain CAILLE et
Jean-Louis LAVILLE, p.5.
4 Ibid.
5 Yves KONATE, 19991, op. cit.
|