4. La crise brésilienne de 1998-1999 :
Si le Brésil semble bien avoir subi les effets de la
crise russe de 1998 (voir Baig et Godfajn, 2000), les raisons de ses
difficultés sont plus profondes et plus spécifiques. Depuis le
Plan Real de 1994, le Brésil tente de lutter contre une inflation
historiquement très élevée, qui a
généré une faiblesse structurelle de l'épargne
financière intérieure. En outre, l'Etat central gère les
déficits publics conséquents (6 à7 % du PIB) et
persistants, via des émissions de dette publique, le plus souvent
à court terme qui reste détenue principalement par des
résidents. Les taux d'intérêt étant restés
élevés (plus de 30% en terme réel), les poids et les
charges de la dette n'ont cessé de croître dans les premiers mois
suivant la crise russe, l'impact sur le Brésil est déjà
substantiel : les investisseurs étrangers commencent à
rapatrier leurs capitaux et les résidents convertissent leur
épargne en devises étrangères. La banque centrale
intervient massivement pour maintenir le taux de change dans les limites de son
système de crémaillère (crawlimg-band).Mais ce faisant, en
alourdissant la dette (à taux flottant), elle a dégradé
après court terme une situation budgétaire déjà
précaire.
Ainsi, le gouvernement a bien tenté de faire voter puis
d'appliquer des programmes successifs de correction budgétaire, mais les
résultats ont été longs : le solde primaire a
été réduit d'un point de PIB en 1998, mais le paiement
d'intérêt se sont accrus de plus de quatre points, tandis que la
dette publique a augmenté de dix points de PIB en dix huit mois de
crise.
[J Sgard,2002,p.126].
Finalement, le 6 janvier 1998, deux après le plan de
soutien préventif du FMI, l'Etat du Minas Gerais déclarait un
moratoire sur sa dette à l'égard du gouvernement
fédéral, suivi par la plupart des autres Etats. La dynamique de
sorties de capitaux, pesant à la baisse de Réal, contraignit
alors les autorités à laisser flotter le Réal .Dans les
jours suivant, plus de un milliard de dollars sont sortis du pays
quotidiennement. On a commencé par élargir la bande de
fluctuation du Real le 13 janvier, mais la manoeuvre a échoué
comme au Mexique, en Indonésie, en Corée, en Russie. L'encrage
est abandonné le 16, après quoi l'échange s'effondre de
35% en trois semaines dans un contexte d'extrême volatilité des
marchés et d`incertitude sur la capacité de l'économie
à absorber le choc, voir sur la capacité des autorités
à financer la dette publique ( Baig at Gldfajn, 2000.Le retour de
confiance des investisseurs et du marché après l'accord avec le
FMI a accéléré le rétablissement de la situation.
Ainsi, les taux d'intérêt ont chuté fortement d'avril en
juin, ce qui a facilité la stabilisation budgétaire. Le
Brésil a réussi enfin à rétablir les confiances du
marché et le Real revient presque au niveau d'avant crise.
La crise est presque passée fin 1999. Toutefois, la
situation financière et économique du pays reste toujours
embarrassante.En effet, la croissance économique reste atone en raison
d'une politique monétaire et budgétaire restrictive qui a
passé de 0,8 % en 1999 à 1,4% en 2001 et de 0,5% en 2003.Cet
années 2004 la Coface estime une croissance de 3,7 % du pays. De l'autre
côté le déficit public reste toujours dans un niveau
critique de 5,8 % en 1999 à -3,6% en 2001 et estimé à 4,7
% cette année. La dette extérieure du pays a presque
stagné de 243 milliards de dollars en 1999 à 227,3 en 2000 et
244,3 cette année. Enfin, le réserve en mois d'importation du
pays a passé de 4,8 milliards de dollars en 1999 à 4,5 en 2001,
et devait atteindre 7,2 milliards de dollars cette année. Dans la
dernière publication du Coface 2004, le pays est classé parmi les
pays « à risque élevé. L'accession en pouvoir du
président LULA en 2002 offres un nouvel espoir de développement
à la population dont la majorité vivent dans des conditions
très précaires avec un PNB / habitant de l'ordre de 3070 dollars
par an, et un indice de développement de 0,777 sur l'échelle de
un, avoisinant alors la moyenne régionale qui est de 0,77 et
excédant un peu celle de PED de 0,708.
Après le Mexique, les pays asiatiques, la Russies, le
Brésil, c'est l'Argentine, pays qualifié souvent de
« bon élève » du FMI qui sera le champ de
théâtre des crises financières multiforme depuis les
années 90.
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