1.3. ETIOLOGIE
Vibrio cholerae est une
bactérie Gram négatif qui sécrète une toxine
extrêmement puissante (exotoxine). Parmi les nombreux séro groupes
de V. cholerae, seuls sont pathogènes
les souches O1 pandémiques (vibrio cholerae classique et El
Tor) et les nouvelles souches non- O1 épidémiques
(O139 Bengale et O37 Soudan).
Le Vibrio cholerae se
développe bien : dans l'eau (> à 15°), les milieux
humides alcalins (pH > 8) et salés. Il vit des années dans
l'eau profonde et saumâtre (estuaire). Il vit plusieurs jours dans les
poissons et crustacés contaminés, dans les déjections
humaines (6 à 10 j), à la surface des aliments souillés (2
j). Il résiste bien au froid (10 jours à une température
de 5 à 10°). En revanche, le Vibrio
cholerae est détruit par le soleil, la dessiccation, la
chaleur sèche, le chauffage (> 70°C), l'eau de Javel et par les
milieux acides (donc l'acidité gastrique) (1).
1.4. PHYSIOPATHOLOGIE
Le choléra est une diarrhée due à
l'élaboration par le vibrion d'une toxine, la choléragène,
qui inverse le flux hydro sodé au niveau de l'épithélium
du grêle par activation d'un enzyme, l'adénylcyclase. Cette
inversion entraîne la production dans la lumière intestinale d'un
liquide très abondant isotonique au plasma, particulièrement
riche en potassium et en bicarbonates. La conséquence de cette
diarrhée hydro électrolytique massive est une
déshydratation aiguë avec hypokaliémie et acidose. Le
vibrion ne pénètre pas à l'intérieur de la muqueuse
intestinale qui reste donc anatomiquement intacte. Il n'y a pas d'invasion
muqueuse. .Le vibrion disparaît des selles spontanément en 7
à 14 jours (20).
1.5. CLINIQUE
Le syndrome «cholérique» est
caractérisé par la survenue brutale d'une diarrhée aqueuse
(eau de riz), d'odeur fade, sans glaire ni sang, avec des vomissements
abondants «en jet», entraînant une déshydratation rapide
et sévère réalisant la triade «diarrhée
aqueuse, vomissements, déshydratation». Le nombre d'émission
est de l'ordre de 10 à 50 et plus par jour (4 à 20 litres de
liquides). Le malade est apyrétique et présente des crampes
abdominales qui seraient plus fréquentes avec le Vibrio
cholerae O 139 (20).
1.6. PA RA CLINIQUE
Le diagnostic de certitude repose sur la coproculture (selle,
écouvillonnage rectal). Les tests rapides basés sur des
techniques immunologiques utilisent l'or colloïdal : la
révélation de la réaction antigène-anticorps se
fait par la capture et donc l'accumulation de particules d'or
sensibilisées par des anticorps monoclonaux. L'IPM développe des
bandelettes diagnostiques validées sur prélèvement de
selles et écouvillonnage rectal pouvant donner en résultat en
moins 15 minutes.
La PCR est pratiquée dans les centres de
référence pour rechercher le gène de la
toxine.
En revanche, l'analyse au laboratoire de
prélèvements effectués sur les premiers cas suspects est
effectivement essentielle afin de confirmer la présence du cholera
(20).
1.7. EVOLUTION
Le choléra est une infection bactérienne qui
entraîne des troubles digestifs et des diarrhées massives pouvant
provoquer la mort par déshydratation en l'absence d'une prise en charge
médicale rapide et adaptée. Cependant, la plupart des infections
à vibrion cholérique restent asymptomatiques ou peuvent mimer une
gastroentérite banale (21).
1.8. PREVENTION
La seule protection sure contre les épidémies de
cholera consiste dans la qualité de l'approvisionnement en eau et de
l'assainissement. La prévention repose sur la réduction du risque
d'ingestion des vibrions. Quand le cholera fait son apparition dans une
collectivité, il faut intensifier les activités visant à
promouvoir l'évacuation hygiénique des excréta, un
approvisionnement en eau saine et des pratiques alimentaires éliminant
tout danger. Il est vain d'essayer de combattre le cholera par la
chimioprophylaxie de masse, la vaccination et des restrictions à la
circulation des personnes et des marchandises (22).
1.9. TRAITEMENT
Le traitement du choléra est basé sur la
réhydratation d'urgence, par voie veineuse, pour compenser les pertes
hydro électrolytiques massives observées chez certains patients.
Cette réhydratation d'urgence entraîne une amélioration
clinique rapide. Ce traitement seul suffit à guérir du
choléra car les défenses immunitaires sont capables
d'éliminer complètement le germe en quelques jours. Cependant, il
est évident que la destruction des vibrions dans l'intestin hâtera
la guérison, le traitement d'appoint est basé sur
l'administration d'une antibiothérapie. Ce traitement réduit le
risque de dissémination du germe qui disparaît des selles en
quelques heures. Cependant, il existe des souches de V.
cholerae résistantes parfois poly-résistantes
à divers antibiotiques (23).
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