Deuxième partie : Théorie pour une
analyse
narratologique des noms de marque.
1. Introduction.
Comme nous l'avons vu, le fait de donner une impression de
réel dans un roman, oeuvre de fiction par excellence, est très
important. Dans ce sens, insérer des marques au fil du texte arrime de
manière définitive le récit à une époque et
aux marques qui y correspondent. Ces « indices d'actualité »
peuvent avoir différentes fonctions au sein du roman.
Nous chercherons à dégager de l'anarchie apparente
un principe de classement et un foyer de description.
2. Roland Barthes : « Introduction à
l'analyse structurale des récits ».
Dans son «Introduction à l'analyse structurale du
récit », Roland Barthes préconise - pour « trouver les
structures du roman » - d'analyser les différentes « fonctions
» à la suite de V. Propp.
Les fonctions sont des unités de contenu, c'est ce que
veut dire un énoncé qui le constitue en unités
fonctionnelles. Ce signifié peut renvoyer à des concepts
différents. Roland Barthes distingue deux grandes classes de fonctions
narratives : « les fonctions » et les « indices »,
elles-mêmes subdivisées en sous-classes : les « fonctions
cardinales » et les « fonctions catalyses », les « indices
» et les « informations ».
2.1. Première distinction : « fonctions »
et « indices ».
Nous distinguerons « fonctions » et « indices
» selon que leur fonction au sein du récit est distributionnelle ou
intégrative. Nous nommerons les premières « fonctions
».
Le modèle est classique depuis l'analyse de Tomachevski
: l'achat d'un revolver a pour corrélat le moment où l'on s' en
servira (et si l'on ne s' en sert pas, la notation est retournée en
signe de velléitarisme) ; décrocher le téléphone a
pour corrélat le moment où on le
raccrochera ; l'intrusion du perroquet dans la maison de
Félicité a pour corrélat l'épisode de l'empaillage,
de l'adoration...
Les secondes, « indices », renvoient à un
concept plus ou moins diffus, nécessaire cependant au sens de l'histoire
: indices caractériels (concernant les personnages), informations
relatives à l'identité, notations d'atmosphère... Une
notation indicielle est intégrative car elle se dénoue à
un niveau supérieur : celle de l'action des personnages ou de la
narration. Les indices sont des unités véritablement
sémantiques car ils renvoient à un signifié, non à
une opération. La sanction des indices est paradigmatique, au contraire,
la sanction des fonctions est syntagmatique. Cette distinction entre «
indices » et « fonctions » recouvre une autre distinction
classique : les « fonctions » impliquent des relations
métonymiques, les « indices » des relations
métaphoriques ; les unes correspondent à une
fonctionnalité du faire, les autres à une fonctionnalité
de l'être. Cependant, certaines actions sont indicielles, étant
signes d'un caractère ou d'une atmosphère.
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