b). Comment annonce-t-on le Christ ?
Il importe de connaître et d'accueillir
l'évangile, le Christ et son mystère, de se sentir contemporain
du Christ, des Apôtres, de l'Evangile. Quatre attitudes nous semblent
fondamentales dans la prédication.
· La première est l'amitié. Il y a un
miracle de l'amitié. Que de choses rendues possibles grâce
à l'amitié, à la solidarité fraternelle devant les
épreuves, les souffrances ! la propagation de la parole se fait par
l'amitié. Souvenons-nous, entre autres, de cette scène
extraordinaire au début de l'évangile de Jean, où chacun
appelle un ami, qui en appelle un autre. (Jn 1, 29-51)
· La deuxième est la veille, la vigilance.
Jésus a veillé sur ses amis (Jn 17). Le royaume fait irruption
devant ceux qui veillent et l'attendent. Cela demande le sens de l'observation
des signes, des germes, le respect de ce qui naît et grandit.
· La troisième dimension consiste à choisir
et à s'engager, avec le plus de générosité et de
fidélité possibles.
· La dernière est que le royaume est objet de
gratitude. Que nos vies soient capables de vraies et profondes gratitudes. Pas
d'enthousiasme facile, mais de réalisme joyeux devant le monde.
c). On dit volontiers « prêcher par
l'exemple ». Y a-t-il plusieurs façons de prêcher ?
En effet, on distingue traditionnellement la
prédication missionnaire, ou évangélisation, et la
prédication enseignante qui est la catéchèse. Cette
dernière engage le prédicateur missionnaire ou
prophétique, primordial, car c'est elle qui ouvre les yeux des aveugles,
les oreilles des sourds, et fait se lever ceux qui marchent avec
difficulté.
d). On dit souvent que la prédication a mauvaise
presse.
Beaucoup disent la subir plutôt que l'écouter et
la comprennent comme une sorte d'interlude dans la célébration
liturgique eucharistique. Pour certains, aussi, la chaire s'apparente à
une libre tribune où, dans un monde chaque jour plus hermétique
à la parole chrétienne, l'orateur aurait
« enfin » le droit d'exprimer ses opinions sur la vie de
l'Église. Ces façons de voir sont considérablement
réductrices. Non seulement la prédication est la consigne ultime
et essentielle de Jésus mais, sans elle, la promesse de Dieu est en
péril. L'avènement du Royaume de Dieu est même
intrinsèquement lié à l'action du prédicateur.
Saint Augustin avance que « tout homme qui prêche le Verbe
est la voix du Verbe » (sermon 288). Ce propos découle de
l'incarnation de Jésus. Parce que la parole de Dieu s'est faite chair en
Jésus, l'humanité peut, à son tour, porter la parole dans
son corps, dans son âme et dans son esprit. Ainsi la prédication
n'est pas une parole religieuse ayant Dieu pour objet, mais c'est Dieu
lui-même qui y parle, comme sujet de la parole. On comprend ainsi que la
prédication n'est pas un simple commentaire de faits passés
conservés par l'Ecriture, mais le lieu de la présence vivifiante
du Christ. Certains documents du magistère précisent le domaine
de la prédication sacrée qui ne pas le fruit d'une
réflexion personnelle « Il faut donc que toute la
prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne
elle-même, soit nourrie et régie par la Sainte
Écriture » (DV 21) ; « La
prédication puisera en premier lieu à la source de la Sainte
Écriture et de la liturgie » (SC 35) ;
« que tous aient donc soin [...] de n'enseigner quoi que ce soit qui
ne soit conforme à la vérité de l'évangile et
à l'esprit du Christ » (NÆ 4). Le can 768
§ 1 en parle également en ces termes : « Les
prédicateurs de la parole de Dieu proposeront avant tout aux
fidèles ce qu'il faut croire et faire pour la gloire de Dieu et le salut
des hommes ». Le prédicateur doit rester libre d'annoncer
l'évangile sans la réduire au dialogue, mais le courage de dire
la vérité est un défi inéluctable face à la
tentation de conformisme, de recherche de la popularité facile ou de sa
petite tranquillité. La parole doit être proclamée dans sa
toute Vérité.
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