Trad. fr : Traduction
française
INTRODUCTION
Le monde du troisième millénaire est
marqué par le phénomène du prophétisme religieux et
celui de la prolifération des nouveaux mouvements religieux. Chacun
proclame ou plutôt prétend proclamer le nom de Dieu, avec des
variantes allant des plus fantaisistes aux plus insolites. Les lieux de culte
se multiplient à une vitesse vertigineuse. Même de simples
habitations sont transformées en
« sanctuaires ». Des « pasteurs »
sans formation requise dans le ministère pastoral, qui se disent
appelés par Dieu lui-même, animent ces communautés.
L'Evangile est proclamé haut, avec parfois le concours de
mégaphones. On n'est pas loin de croire que la religion est devenue un
secteur d'affaires. La foi, le miracle, la guérison et autres promesses
séduisantes entretiennent un lien étroit.
La fascination de cette nouvelle vague de religions est telle
que les fidèles du Christ de l'Eglise catholique en subissent
l'influence. Ils ont tendance à imiter, sinon à copier
aveuglément certaines pratiques en vogue dans ces religions à la
mode. Certains groupes catholiques de piété manifestent davantage
ce mimétisme. Cette fascination entraîne parfois de doutes
sur certaines affirmations de la foi catholique. Si d'aucuns y
résistent, d'autres, par contre, finissent par quitter l'Eglise qui les
a fait naître dans la foi. Ce passage constitue la négation de
tout un héritage religieux. Les
« déserteurs » deviennent ainsi prisonniers des
opinions religieuses bouleversantes, troublantes même qui, au fond,
répondent plus aux besoins immédiats de l'homme plutôt que
d'établir une relation aimante avec Dieu
C'est une forme d'esclavage qui réduit certains
fidèles à « consommer » une religion de
miracles, de profits égoïstes, d'illusions parfois, en tout cas un
trafic de manipulations entretenu par un jeu psychologique pas ou peu
orthodoxe. Ce type d'esclavage a conduit certains à perdre non
seulement leur personnalité, mais aussi leurs biens matériels au
profit de leur nouvelle communauté ou de leur chef spirituel.
La fascination de mouvements religieux à la mode
met aussi les chrétiens catholiques dans l'embarras dans le domaine de
l'oecuménisme. Certains catholiques se sentent obligés de faire
oecuménisme avec toutes les religions du milieu, sans pour autant
connaître leur doctrine. C'est ainsi que le processus oecuménique
lui-même perd son sens dans certains milieux. Il prend les allures d'un
amalgame, d'un syncrétisme ou d'une confusion de religions. Or,
l'oecuménisme n'est possible qu'entre Eglises ayant en commun la foi en
Jésus-Christ, reconnu comme Fils de Dieu. C'est un processus
où l'on s'engage à promouvoir les points communs de la foi en
n'insistant pas sur les divergences. Bref, c'est la recherche de la promotion
du patrimoine commun. Mais dans certains cas, ce patrimoine commun ne semble
pas clairement défini à cause du flou doctrinal de certains
nouveaux mouvements religieux.
Ces phénomènes peuvent être
justifiés par le fait que ces "pasteurs", sans aucun mandat et sans
formation adéquate, s'autoproclament ministres de la parole de Dieu. Or,
dans l'Eglise catholique, les fidèles du christ remplissent tous la
mission de l'Eglise mais, chacun selon sa condition propre. Concernant la
parole de Dieu, le droit universel de l'Eglise a établi des normes pour
une meilleure discipline dans la prédication. De ce constat, surgissent
quelques questions : Tous les fidèles du Christ sont-ils
habilités à annoncer la parole de Dieu ? De quelle
prédication s'agit-il et dans quelles circonstances ? Autrement dit,
quel peut être le titre canonique de celui qui est appelé à
prêcher dans l'Eglise Puisque dans une communauté humaine, la
prise de la parole se fait à quelque titre et pour une mission
déterminée. La problématique se pose avec acuité,
surtout dans une Eglise où chacun veut se montrer utile. L'annonce de la
parole de Dieu a des normes spécifiques que la suite de nos
réflexions plus modeste tentera d'élucider
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