WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La participation des diasporas camerounaises de France et de Grande-Bretagne à la vie politique nationale: émergence et consolidation de la citoyenneté à distance

( Télécharger le fichier original )
par Ruth Mireille Manga Edimo
Université Yaoundé II - DEA en science politique 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE I

MALENTENDU HISTORIQUE ENTRE L'ETAT ET LES DIASPORAS CAMEROUNAISES DE L'OCCIDENT

La compréhension du malentendu historique entre la diaspora camerounaise et l'Etat du Cameroun passe par une étude politique de ladite société entre 1948-1990. Il s'agit, en d'autres termes, d'essayer de comprendre les rapports politiques entre la diaspora camerounaise (qui avait des liens avec le mouvement nationaliste) et le régime politique camerounais à cette période. Un retour à l'histoire politique de notre pays nous permettra d'appréhender et d'analyser les réactions, décisions et actions des acteurs politiques camerounais au sein et en dehors des frontières. Une attention particulière sera consacrée au ''Cameroun français'' d'autant plus que, selon une formule célèbre, le Cameroun anglophone avait été la « colonie d'une colonie », en l'occurrence du Nigeria. Cette situation particulière imprima sa marque au nationalisme et à l'évolution politique de la région, dont le devenir s'affirma moins contre la Grande-Bretagne, que par rapport à ses deux voisins, le Cameroun francophone et le Nigeria61(*).

Entre 1950 et 1970, la diaspora camerounaise était essentiellement estudiantine et liée, notamment en France, à l'Union Nationale des Etudiants du Kamerun (UNEK), ancienne Association des étudiants camerounais (AEC), et mouvement d'obédience progressiste affilié à l'UPC. Lorsque l'on se remémore les conditions qui ont entouré l'accession du Cameroun à l'indépendance et du rôle de l'UPC dans le mouvement nationaliste, on se rappelle que, grâce aux soutiens extérieurs dont elle a bénéficié, le régime de Yaoundé a connu une adversité farouche. Dès lors, « tout Camerounais de la diaspora était devenu suspect »62(*). Cette suspicion a en quelque sorte contribué à refroidir le climat de relations entre les membres de la diaspora camerounaise, notamment de France, combattant pour la cause de leur pays, et les dirigeants politiques, qui ont le devoir de tout contrôler et le droit au monopole sur sa population. C'est donc la tension entre les deux camps dont les positions sont tout à fait légitimes, que nous tentons d'expliquer dans ce premier chapitre de notre travail. Le chapitre est structuré en deux sections qui comportent chacune deux paragraphes. Les paragraphes peuvent cependant être selon les besoins, subdivisés en sous-titres.

Section I : Un désaccord lié au processus de décolonisation

Trois faits importants ont influencé le cours politique du Cameroun après la Seconde Guerre mondiale. Le premier concerne le changement des orientations politiques adoptées à Brazzaville en 1944 et dans la nouvelle constitution française de 1946. Le deuxième porte sur l'ensemble des changements institutionnels entraînés par la nouvelle constitution. Le troisième est l'acceptation par la France de la tutelle des Nations Unies sur le Cameroun. Ces trois faits eurent une portée essentielle dans la formation des forces politiques au Cameroun et notamment, des forces nationalistes qui se développèrent principalement dans la zone francophone. Les réformes appliquées entre 1946 et 1952 fournirent au Cameroun un cadre constitutionnel et institutionnel pour une action politique63(*). La configuration des évènements ayant abouti aux réformes de 1946, donna au Cameroun les éléments essentiels d'un théâtre politique, à savoir : « un corps électoral, une avant-scène représentative, la mise en scène et quelques indications sur le spectacle qui devait s'y dérouler »64(*). Pour ce spectacle, il fallait une intrigue : la création de tutelle par les Nations Unies.

Les promesses ambiguës des accords de tutelle ont constitué l'un des tous premiers points de discorde entre les nationalistes camerounais de la partie méridionale et le régime colonial. En ce qui concerne ce dernier, il faut noter qu'il y eut des « pro-administration coloniale » qui ne partagèrent pas forcément l'idéologie des mouvements de revendications. La tension entre administration et population s'est poursuivie après l'indépendance. Pour dire vrai, après le régime colonial, c'est le régime « néo-colonial » qui commença à être contesté.

La tutelle fut l'un des facteurs déclenchant des mouvements nationalistes, parce que, devant aboutir à une autonomie, voire l'indépendance65(*). Les accords de tutelle et l'acceptation par la France de la Charte des Nations Unies, engageaient la métropole, qu'elle le voulût ou non, à servir les objectifs de la tutelle. Ces objectifs avaient une portée politique beaucoup plus grande que ceux stipulés par le mandat66(*). En outre, une communauté mondiale élargie dans laquelle des puissances coloniales étaient déjà en minorité, surveillerait d'un oeil de plus en plus critique, les activités françaises. En 1950, tous les anciens territoires africains sous mandat qui n'avaient pas accédé à l'indépendance, à l'exception du Sud-Ouest africain, étaient devenus des territoires sous tutelle, en application des dispositions du chapitre XII de la Charte des Nations Unies. L'article 76 de la Charte énonce les objectifs politiques du système de tutelle :

« ...favoriser le progrès politique, économique, et social des populations des territoires sous tutelle ainsi que l'amélioration de leur instruction ; favoriser également leur évolution progressive vers la capacité à s'administrer eux-mêmes ou l'indépendance, compte tenu des conditions particulières à chaque territoire et à ses populations, des aspirations librement exprimées des populations intéressées et des dispositions qui pourront être prévues dans chaque accord de tutelle... »

Dans l'accord de tutelle pour le Cameroun67(*), la France s'engageait à remplir les devoirs de tutelle, conformément aux dispositions de la Charte, et de poursuivre les objectifs fondamentaux de la tutelle, définis à l'article 76. L'accord donnait à la France tous les pouvoirs législatifs, administratifs et juridictionnels sur le Cameroun « conformément aux lois françaises en tant que partie intégrante du territoire français ». Cependant, en application de l'article 5, la France s'engageait à assurer aux habitants locaux une part dans l'administration du territoire en créant des organes représentatifs démocratiques. En outre, la France promit d'organiser en temps opportun, des consultations appropriées pour permettre aux habitants d'exprimer librement leur opinion sur le régime politique et d'assurer ainsi la réalisation des objectifs stipulés à l'article 76(b) de la Charte. La Charte laissait entrevoir une issue : l'indépendance. C'est cette conquête pour l'indépendance qui anima les nationalistes camerounais durant toute la période de tutelle. Or les puissances coloniales, et principalement la puissance française, avait un chronogramme qui lui semblait plus légitime. Ceci créa donc une tension entre les autorités coloniales et les populations camerounaises soutenues par leurs compatriotes de l'étranger.

Paragraphe 1 : Les diasporas camerounaises comme terre d'élection de l'opposition au pouvoir colonial.

A cette période de l'histoire, les membres de la diaspora camerounaise militante étaient pour la plupart des étudiants. Ces étudiants portaient une attention particulière à la vie socio-politique de leur pays. C'est ainsi qu'on a pu les voir s'organiser pour apporter des soutiens aux forces nationalistes de l'intérieur. Pour la majorité, ils étaient réunis au sein de l'UNEK pour la France, et au sein du National Union of Kamerun Students (NUKS) pour le Royaume-Uni. L'Organisation sera donc au centre de notre étude, dans cette première section du chapitre premier.

* 61 Jean-François Bayart (1985), L'Etat au Cameroun, Paris, FNSP, P. 109

* 62 « Le Cameroun et sa diaspora : un lien à revitaliser » in Conjoncturis, n°06-juin 2004, P.4

* 63 Sur les réformes politiques et constitutionnelles au Cameroun, lire V. T. Le Vine (1984), Le Cameroun : du mandat à l'indépendance, Paris, Présence africaine, PP. 174-178

* 64 Victor (1984), op.cit., P. 178

* 65 Si pour les uns l'autonomie ou l'indépendance devait s'obtenir après avoir atteint un certain nombre d'objectifs, pour les autres, elles devaient s'octroyer rapidement, vue l'assistance des populations aux Grandes Puissances pendant la Deuxième Guerre Mondiale.

* 66 Sur le mandat, lire Victor T. Le Vine (1984), op.cit.

* 67 Accord de tutelle pour le territoire du Cameroun sous administration française, O.N.U., Doc. T/8, 25 mars 1947, P. 39

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"