3.2 Les limites de la trame commerciale à
« faire ville », ou les freins au modèle de
boulevard urbain commercial
Les conditions du mouvement et de ses arrêts sur le
boulevard Charles de Gaulle ont permis de dessiner les nouvelles structures de
la halte. L'analyse de l'évolution fonctionnelle des rives du boulevard
en lien avec la voie apparaît aussi décisive pour
appréhender la capacité future de la voie à
« faire centre ».
Quel type de fonction va prédominer sur l'axe ? Va-t-on
s'approcher du modèle de « boulevard urbain
commercial », espace structuré par une offre commerciale
diverse, apprécié par des chalands déambulant sur
l'ensemble du boulevard. Ou bien cette évolution apparaît-elle en
faite incertaine, donnant lieu à des espaces où la
riveraineté resterait concentrée en des lieux précis ?
3.2.1 Un boulevard urbain à revitaliser
Aux centralités commerciales préexistantes
(carrefour des quatre chemins) s'ajoutent d'autres espaces mis sous tension par
des nouveaux types de commerces.
Le carrefour des quatre chemins, centralité
commerciale structurée par le commerce ethnique
L'implantation de la station de tramway confirme la
centralité du lieu, pôle de chalandise à dimension
intercommunale. Néanmoins, la troisième phase de
rénovation du boulevard ne concerne pour un premier pas les
« quatre chemins ». Seul un étroit contact
entre le carrefour des quatre chemins et le futur programme de la Marine, au
nord du carrefour, inscrit la requalification du carrefour dans une
démarche plus large de renouvellement urbain. On a vu
précédemment que l'impact du parking de la Marine sur la
fréquentation des commerces des quatre chemins était faible. Il
apparaît toutefois que les nouveaux programmes (Marine,
Lagravère Mancel) tendent à prolonger le carrefour dans une
continuité commerciale et en équipements, grâce à la
relocalisation du bureau de poste (opération
« Lagravère Mancel »), à la relocalisation de
la médiathèque (« Z.A.C Marine »), mais aussi
avec la création d'une nouvelle école en coeur de l'îlot
Marine (« Marcelin Berthelot »).
La rénovation des rives du carrefour des quatre chemins
dans un horizon de 10 ans apparaît assez probable. Inscrite au programme
électoral de la liste majoritaire au scrutin municipal de mars 2008
("gauche rassemblée": PS, PCF, Les Verts, PRG, MDC), la
"restructuration de la Place Aragon" s'appuiera sur le potentiel
nouveau offert par la station de tramway "Victor Basch", qui servira
de desserte à une partie des passagers qui descendaient alors à
l'ancienne station de bus "Buffon". La préexistence d'un tissu
commercial détermine aussi fortement la fonction future du lieu.
L'aménagement de la place peut s'appuyer ici sur deux
bases: la mise en valeur des offres commerciales du carrefour à travers
des aménagements de remodelage et de réhabilitation. En effet, la
faible lisibilité et l'intélligibilité actuelle du
carrefour des quatre chemins ne permettent actuellement pas d'identifier
l'offre commerciale. Ensuite, la requalification des itinéraires
pédestres entre les espaces publics (Place Aragon, Square Victor Basch)
et les rives du boulevard vers le nord et vers le sud, apparaissent comme
primordiale pour le projet de boulevard urbain. A ce titre, le trottoir
situé sur le long de la façade du centre commercial au contact du
boulevard pourrait être densifié par des mobiliers urbains ou des
petits commerces, visant à atténuer la banalité du trajet
infligé au piéton qui emprunte ce long passage.
Ces aménagements doivent également permettre de
structurer les pratiques "d'agora" qui sont faites de la place Aragon et de
l'îlot "Victor Basch" exposé au boulevard. Lieu de halte
pédestre et de rencontres amicales, la survie de ces pratiques tient
pour beaucoup au caractère circulatoire du carrefour et de ces espaces
publics, qui offrent à l'observateur le théatre des chalands et
des travailleurs pressés. Plutôt que de "fixer" le mouvement par
des mobiliers urbains contraignants et rigides (bancs), le territoire
pédestre du carrefour doit être au contraire aménagé
par des formes urbaines laissant la place à des haltes "souples",
spontanées et courtes: rebords, adossoirs... De même, les
aménagements paysagers ne doivent pas être réalisés
par des « blocs » de paysages trop rigides.
Aménagée dans la passé avec une dominante minérale,
le carrefour mériterait un traitement végétalisé.
En réponse à un commerce à caractère exotique
important, comme l'avait mis en évidence la typologie établie
à partir de la classification de Guillon et de Taboada Leonetti, une
composition paysagère par touche de végétations de type
méditerranéenne pourrait agrémenter la place Aragon et la
partie de la rue Gabriel Péri ouest en entrée du Petit-Nanterre.
L'utilisation de graminées plantées de manière ponctuelle,
« par touches », pourrait participer à constituer
une ambiance chaude.
Illustration 41: Exemples de graminés
Le parking de la galerie commerciale Leclerc constitue le
principal point de halte automobile du quartier. Néanmoins, étant
étroitement lié à la seule pratique de la galerie, les
chalands automobilistes ne sortent pas à pied du Leclerc. Le manque
d'attractivité des espaces n'est pas seulement lié à la
mauvaise image des espaces publics, associée à une
automobilité perçue négativement (que la requalification
du carrefour contribuera à gommer, on le verra dans un troisième
temps), mais elle peut aussi être saisie du fait de la
monofonctionnalité des types de commerces du carrefour. La
diversification des commerces de la galerie commerciale, associée
à l'ouverture d'enseignes comme « H&M »,
mériterait de s'étendre au-delà de la galerie ; par
l'accueil d'autres enseignes afin de diversifier l'offre commerciale, et de
manière saisonnière avec des évènements occupant la
place Aragon comme un marché de Noël.
Le sud, un potentiel de nouveaux types de
commerces
Illustration 42: Une trame commerciale génératrice de
centralité
Cette partie du boulevard subit initialement le plus les
impacts négatifs de l'automobilité (invasion des
contre-allées par les voitures, activités commerciales de biens
volumineux...). L'implantation de la station « Jacqueline
Auriol », au croisement de la rue d'Estienne d'Orves et du
boulevard Charles de Gaulle, renforcera les pratiques pédestres de cet
espace. En lien avec cette requalification de la voie, le renouvellement de la
trame commerciale identifiée précédemment devrait donner
lieu à des activités plus attachées aux caractères
tertiaires et résidentiels du lieu : librairie, papeterie, pub...
De plus, la prévision de la construction d'un équipement public
au périmètre d'étude de la frange sud-est, en lien avec
une éventuelle sauvegarde des éléments faisant la
qualité paysagère du quartier (coeurs d'îlots,
éléments pavillonnaires remarquables), tendra à
accroître les pratiques résidentielles du lieu, associé
à des déplacements pédestres. Il reste que la
diversification du tissu commercial n'est pas certaine, notamment sur le front
urbain. L'implantation d'un magasin de vente-réparation de moto
« Yamaha », sur le premier immeuble de logement
construit sur la Z.A.C Charles de Gaulle (Avenue Aubenne), témoigne de
la prégnance d'activités ne participant pas à la
création de riveraineté. De plus, la zone d'ombre concernant
l'aménagement d'espaces publics sur les rives sud du boulevard s'accorde
mal avec la mise en valeur des circulations pédestres et cyclistes
prévue à travers la requalification de la voie. Outre une mise en
valeur du square Colbert envisagée avec la requalification d'un passage
piéton en coeur d'îlot, il n'existe à ce jour pas de projet
concernant les périmètres de coeurs d'îlots verts.
Le nord, un espace rigide à remettre sous
tension
Marqué par un déficit important de commerces, la
trame de commerces résidentiels du programme du rond-point se limite
à un seul point de vente de « pain chaud », ainsi
qu'à une auto école. Les rez-de-chaussées occupés
par des logements sont de fait difficilement reconvertibles vers une
destination commerciale. Pourtant, l'interconnexion T1/T2 augmentera la
fréquentation de ce lieu, qui sera susceptible de générer
une demande accrue de commerces.
Le problème de l'articulation entre les
commerces et la halte automobile
Outre les dispositifs de haltes de type
« dissociées-intégrés-dédiés »,
étendues à toutes les opérations récentes
(logements et bureaux) et concernant en premier lieu les salariés et les
riverains du quartier, le traitement des haltes de transit reste peu
traité, pénalisant l'éventuelle attractivité des
commerces pouvant se constituer sur les rives sud. Aussi, le maintien de petits
espaces de stationnements de 6 à 8 places à intervalles
réguliers donnerait la possibilité de faire halte avec sa
voiture. La conservation et la requalification des contre-allées est
ainsi à nouveau recommandée, pour vitaliser la trame commerciale
à venir. Au cas contraire, le risque encouru est d'étendre
à la rive est le type d'espace qui s'est formé sur les deux Z.A.C
Champs Philippe, un territoire où la métrique automobile
l'emporte sur les autres.
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