Une vitalisation de l'image de la zone nord: une
quête d'image indécise
Esquissée à travers la programmation
tourmentée de la "Z.A.C Marine", la rénovation de la
partie nord du boulevard touche en terme d'image à un lieu
dégradé. Spécialisé dans la fonction
résidentielle, ce bout de ville est un no man's land se
heurtant au nord contre la A 86, et à un parc départementale
inaccessible. Le cheminement piéton y est quasi impossible, et le
croisement de routes de statuts différents y rend la conduite
dangereuse. Difficilement remodelable du fait de sa rigidité
architecturale et des pesanteurs sociologiques, l'ensemble "rond-point"
subsiste tel quel.
Le programme de rénovation de la "Z.A.C Marine" est
esquissé selon plusieurs approches successives au long de sa conception.
Cette transition, due au changement de majorité au conseil municipal,
marque le passage d'une conception inspirée par l'image patrimoniale du
lieu (associée aux qualités architecturales du bâti typique
de l'architecture industrielle des années 1930), à des logiques
financières associées à un montage financier de
l'opération proposant l'enterrement des centres de remisage de tramway
(dont les murs de la structure sont prescrites à 10 mètres de
hauteur du fait des normes sécuritaires). Le premier projet
esquissé en 2000 par la majorité communiste voulait utiliser une
partie des bâtiments de l'ancienne usine d'aviation Amiot pour la
création d'un musée des transports à partir de la
collection entreposée, et consacrait le reste de l'espace à la
construction de logements, de commerces, de bureaux, du centre de remisage des
tramways en surface, et d'un square. Le rapport visuel du projet au boulevard
s'inscrit dans la continuité du bâti linéaire des
programmes rond-point ouest et est, façade d'immeubles dont la
destination n'est pas alors précisemment définie. L'ouverture
paysagère offerte par le square, et la percée d'une avenue
destinée à accueillir l'ancien tracé devenu
obsolète du tramway, constitue une mise en scène par rapport
à la rue, grâce à la présence de voies
ferrées et d'aménagements paysagers conséquents, de
l'édifice industriel évoquant l'image de la mémoire du
lieu.
L'abandon du projet de musée de transport avec le
changement de majorité au conseil municipal en 2001, et le choix de la
rénovation complète de la Z.A.C plutôt que la
réhabilitation, entraîne un changement dans l'image du projet,
allant vers le choix d'une image de la modernité et du prestige,
déjà incarnée dans le sud du boulevard. Si la
succession de projets proposés conserve la façade sur le
boulevard comme élément d'intégration, il ne propose dans
sa première mouture que comme option mineure la création
d'ouvertures visuelles (squares et rues), puisque le premier projet
proposé par la mairie écarte un aménagement
structuré par la rue. Il affirme également l'affichage d'une
façade moderne incarnée par le nouvel hotel haut de gamme.
Le programme "Lagravère Mancel", seul projet
de rénovation sur la rive nord-est, participe également à
la constitution du corridor urbain, rythmé visuellement par une
percée donnant à voir les aménagements paysagers
résidentialisés de l'ensemble. Accueillant en
rez-de-chaussée sur le boulevard le bureau de Poste
déplacé du coeur d'îlot de la place Aragon, il participe
non seulement à l'évolution de l'espace vécu, on le verra
plus tard, mais aussi la requalification de l'image d'un quartier
encrouté et peu vivant.
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