Contexte géographique
Illustration 1: La RD 992 dans la boucle nord des Hauts-de-Seine -
Conception et réalisation:Alexandre Laignel
Illustration 2: La RD 992 à Colombes - Conception et
réalisation:Alexandre Laignel
1. Une entrée de ville aux centralités
éteintes
L'objet de cette partie sera de dresser les
spécificités urbaines du quartier afin d'identifier les enjeux
relatifs à son urbanisation: l'intégration des rives de l'axe
à la voie, ainsi que l'aménagement d'un espace central
atomisé par la voie. Deux conceptions cloisonnées de
l'aménagement ont été mises en oeuvre sur ce territoire,
inspirées par des approches et des contextes spécifiques. Nous
reviendrons successivement sur la conception du Petit-Colombes qui s'est faite
aux marges de l'axe, du fait d'une servitude d'élargissement, avant
d'aborder dans un second temps la production du boulevard en lui-même et
de ses façaces. Enfin, nous dresserons l'état des lieux de la
recherche urbaine sur les enjeux de l'approche d'un territoire en terme de
"riveraineté", permettant de disposer d'une grille de lecture pour
identifier l'évolution du Petit-Colombes sur la période
récente.
1.1 Le «Petit-Colombes», un territoire en
quête de sens
1.1.1 Le «Petit-Colombes» une
identité propre
Un quartier excentré des centres historiques
Le quartier du «Petit Colombes» est marqué
par un contexte urbanistique récent, compréhensible d'une part du
fait de sa situation excentrée vis-à-vis des centres urbains
historiques des communes de la boucle nord des Hauts-de-Seine, mais aussi du
fait de son enclavement passé à Paris, provoqué par la
frontière fluviale de la Seine tardivement franchie par des ponts. Alors
que les communes voisines de Gennevilliers ou d'Argenteuil sont historiquement
tournées vers le commerce fluvial, du fait d'une topographie basse,
Colombes reste perché sur une colline calcaire, échappant par
là même au risque d'inondation. La vocation
céréalicultrice du territoire (seigle, orge, pomme de terre)
prédomine ainsi jusqu'à la moitié du
19ème siècle, tournant à partir duquel l'essor
des cultures vigneronnes puis maraichères individuelles annoncent la
transition vers le développement d'activités à plus
hautes-valeurs ajoutées, avec l'industrialisation de la ville
portée entre autre par l'extension de l'agglomération parisienne
(POLETTI, 1999).
Illustration 3: Illustration 1: Les rives de la RN 192 en 1905 - Source:
Mairie de Colombes, 1994
Le rapport à la Seine de Colombes donne
également lieu à une image bucolique de la commune, puisque la
Reine Henriette d'Angleterre, fille d'Henri IV, fait le choix des bords de
Seine colombiens pour édifier sa demeure, et quelques siècles
plus tard, les rives de la Seine sont adoptées comme des lieux de
canotage et de guingettes, donnant lieu au développement de l'actuelle
rue Colbert. C'est sur ce premier axe qu'apparaissent les premières
traces d'urbanisation. Au nord, cette voie débouche sur un
débarcadère permettant de traverser la Seine pour se rendre
à la commune de Bezons. Outre le rare habitat dispersé lié
à l'activité agricole, l'urbanisation épouse ici les rives
des premières grandes voies de passage. La rue de Nanterre (actuelle rue
Gabriel Péri) est le second grand axe important, au long duquel
s'implantent ponctuellement quelques maisons. Au croisement de la rue de
Nanterre et de l'actuelle rue Colbert, des premières constructions
témoignent de l'existence d'une centralité: l'église du
Sacré-Coeur domine alors l'ensemble du quartier. L'existence d'une
paroisse propre laisse également à penser l'existence d'une
identité propre au quartier, qui se serait développée
vis-à-vis d'un centre lointain (le centre de la commune de Colombes est
situé à 4 kilomètres). Mais si le sécessionisme
communal devient un phénomène d'ampleur en Ile-de-France, il ne
donnera pas lieu au Petit-Colombes à l'expression d'une telle
volonté (alors que La Garenne-Colombes puis Bois-Colombes sont
érigées en communes autonomes et se détachent
respectivement de Colombes en 1896 et 1910).
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