conclusion
Dans sa conclusion le Professeur Mamoussé Diagne
rappelle les points de départs de ses hypothèses. Il fallait
montrer que les civilisations africaines sont des civilisations de
l'oralité. Ainsi, il s'est attelé à évacuer les
thèses qui tentent de dévaloriser l'oralité en le
référant négativement à l'écriture. Il
projette en substance de donner à l'oralité la dignité
théorique d'un concept opératoire.
Mais la thèse principale est de montrer que les
civilisations de l'oralité font appel à des procédures de
production, de gestion et de transmission de leur savoir, irréductibles
à celles que l'on trouve dans les civilisations d'écriture. Le
choix des genres fait au cours de ce travail est en fonction de leur
capacité à illustrer la thèse principale.
Pour le Professeur de philosophie, la dramatisation, forme
véhiculaire du savoir est le moyen incontournable de sa rétention
durable. Il considère l'épique orale comme un immense spectacle.
Les « maîtres de la parole » comme metteur en
scène rendent le spectacle grandiose. Ils offrent un socle
référentiel à l'aventure du groupe. Ces
spécialistes sont les protestations vivantes des hommes contre l'oubli
et la mort.
Dans le récit initiatique, la dramatisation
réapparaît et donne aux civilisations de l'oralité une
conception initiatique du savoir. Le procédé de dramatisation
intervient à la fin pour configurer l'étagement du savoir
initiatique et pour rendre son accès sélectif.
Sa conviction est qu'aucune civilisation ne se résigne
à l'acceptation passive de cette loi commune qu'est la mort. Chaque
civilisation déploie tout un arsenal de « ruses »
pour tromper la mort en tentant de piéger sa figure le plus visible qui
est le temps.
Il ne termine pas sans mentionner les difficultés.
C'est d'abord l'incapacité à généraliser ses
résultats. Il laisse la validation aux recherches ultérieures.
Ensuite l'étroitesse de la problématique a créé un
défaut de prise en charge des caractères multidimensionnels de
certains phénomènes.
Tout de même son objectif était de montrer que
l'absence d'écriture oblige à faire recours à des
techniques parmi lesquelles la dramatisation est la plus
caractéristique.
Cette étude qui s'est limitée aux
sociétés traditionnelles d'Afrique noire mériterait
d'être revisitée par endroit avec la révolution
informatique qui est venue bousculée toutes les thèses
élaborées avant sa prégnance sur notre quotidien.
Ce travail colossal a le mérite de baliser le vaste
champ de la littérature orale. Les éclairages conceptuels et
l'étude fouillée de cas précis sont un d'un d'apport
inestimable.
L'esprit du philosophe a par moment semblé revenir sur
des aspects déjà traité. Cela a parfois
égaré. La dernière partie consacrée au mythe est
plus proche de faits relatés qu'une analyse à l'image des autres
parties de l'étude.
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