Chapitre II :
|
Caractéristiques de base d'un partenariat
Université-entreprise mutuellement bénéfique
|
|
A travers du présent chapitre, on va mettre en relief
les conditions d'un partenariat plus efficace entre l'université et les
entreprises (section I), la gestion d'un projet de partenariat (section
II) la communication, l'intéressement et la concrétisation de
l'entreprise à l'université (section III) et quelques
recommandations de nature à rendre l'action partenariale plus
bénéfique à l'un ou l'autre des deux partenaires :
l'université et l'entreprise (section IV).
Section I : Conditions d'un partenariat plus efficace
entre l'université et les entreprises :
Généralement, un partenariat efficace entre
l'université et les entreprises suppose une adhésion forte
des deux parties moyennant une transformation culturelle.
Dans ce qui suit, on va présenter succinctement les
principales conditions d'un partenariat efficace entre les universités
et les entreprises et ce en examinant un par un les principaux domaines dans
lesquels cette action commune peut être entreprise ; à
savoir :
- Promotion des enseignements utiles;
- Encouragement aux études orientées vers les
applications pratiques ;
- Perfectionnement du corps enseignant par les relations avec
les entreprises ;
- Formation continue, par exemple sous forme de cours de
perfectionnement ;
- Utilisation des installations universitaires par l'industrie
et réciproquement ;
- Services de recherche et d'information.
1- Conditions d'un partenariat efficace en
matière de promotion des enseignements utiles :
Un des principaux objectifs du partenariat entre
université et entreprises consiste à adapter l'enseignement aux
besoins d'une économie en voie d'industrialisation. Il s'agit
essentiellement de concilier des objectifs qui semblent parfois
contradictoires, ceux de l'université et ceux de l'industrie.
L'université, et souvent l'Etat, considèrent que
l'université est là pour former le personnel compétent
nécessaire au développement économique et social. Les
universités pensent parfois qu'elles doivent se consacrer à leurs
tâches traditionnelles d'étude et de recherche et qu'on ne peut
pas leur demander de tout faire.
Dans les pays en voie de développement, les
universités doivent souvent se charger de fonctions qui, dans des pays
développés, incomberaient à d'autres institutions. Pour
pouvoir réaliser un équilibre convenable entre formation
universitaire et formation professionnelle, il faut qu'elles entreprennent et
entretiennent le dialogue avec le monde de l'action qui utilise leurs services
et leurs diplômés. Loin d'abandonner leur autonomie et leurs
franchises, elles pourront, ainsi, en les exerçant avec un sens
suffisant des responsabilités, les renforcer encore. Les
activités communes peuvent comprendre, entre autres :
- l'exécution par l'université et l'entreprise
d'enquêtes destinées à évaluer les besoins du pays
en main-d'oeuvre ;
- la prise de contact avec des organismes tels que les
organisations patronales, les chambres de commerce et les centres
d'étude de productivité en vue de faire l'inventaire des besoins
en matière de formation ;
- la création de comités consultatifs pour
collaborer à l'élaboration et à l'évaluation des
programmes ;
- l'appel à la coopération d'anciens
étudiants pour l'organisation de discussions destinées à
vérifier si leur formation universitaire correspond bien aux emplois
qu'ils ont obtenus par la suite ;
- l'organisation de réunions entre universitaires et
chefs d'entreprises en vue d'examiner les objectifs et les
problèmes ;
- l'admission d'industriels dans les commissions de
sélection des étudiants.
2- Conditions d'un partenariat efficace en matière
d'encouragement aux études pratiques :
Pour n'importe quelle formation universitaire, l'application
des connaissances techniques est aussi essentielle que leur acquisition. Il
faut donc associer l'expérience réelle à l'enseignement
théorique, ce qui nécessite une liaison entre université
et entreprise. Au nombre des activités propres à accentuer le
caractère pratique de l'enseignement, on peut citer :
- la création de cours où les étudiants
consacrent jusqu'à la moitié de leur temps d'étude
à l'entreprise et le reste à l'université. Pendant leur
séjour à l'entreprise les étudiants sont
régulièrement visités et contrôlés par un
moniteur, de sorte que la pratique et l'étude soient
inséparablement associées ;
- l'affectation des étudiants à des projets
installés au sein des entreprises d'accueil, qui les met en
présence des problèmes pratiques ;
- l'organisation de stages de formation dans les entreprises
pour les étudiants en période de vacances ;
- le développement des études de cas locaux
grâce à la collaboration entre les personnels universitaire et de
l'entreprise ;
- l'emploi de cadres d'entreprise en activité comme
moniteurs des étudiants affectés en stages à l'un de ses
services ;
- l'emploi de cadres d'entreprise comme professeurs
invités ou enseignants à temps partiel, étant entendu que
leur enseignement doit s'insérer convenablement dans celui du personnel
à temps plein.
3- Conditions d'un partenariat efficace en
matière de perfectionnement du corps enseignant :
La plupart des pays en développement souffrent d'une
pénurie de personnel universitaire qualifié. D'où une
tendance à recourir à des étrangers ou à des
enseignants locaux inexpérimentés. C'est là que le
partenariat université-entreprise peut contribuer au perfectionnement du
personnel enseignant, notamment par les moyens suivants :
- détacher temporairement des enseignants dans les
entreprises ;
- avec l'accord des entreprises intéressées,
affecter des enseignants à des équipes chargées
d'opérations spéciales d'une portée limitée, par
exemple par la création d'un service de contrôle de la
qualité ;
- faire adopter par des enseignants une société
ou un groupe d'entreprises où ils feront des visites et auront des
entretiens à intervalles réguliers ;
- réviser les critères d'avancement de
manière à récompenser non seulement l'érudition,
mais aussi la collaboration efficace avec les entreprises ;
- encourager les enseignants à se livrer à des
activités de consultation présentant des aspects universitaires
et, en cas de besoin, créer une infrastructure à cet effet, par
exemple sous forme de centres de consultation et de liaison ;
- envoyer les enseignants à l'étranger, non
seulement pour y compléter leurs études universitaires,mais aussi
pour y acquérir méthodiquement une expérience pratique.
4- Conditions d'un partenariat efficace en
matière de formation continue :
On accorde aujourd'hui une attention particulière
à la mise à jour des connaissances et des aptitudes des gens dont
les études, au sens formel du terme, sont achevées depuis
quelques années : ce domaine offre un terrain fertile à la
collaboration entre université et entreprise.
Ainsi, à titre d'exemple, l'enseignement de la gestion,
au personnel de l'entreprise peut être organisé, donné et
évalué en commun par le corps enseignants et les hommes
d'affaires. Ces programmes peuvent porter sur ces besoins nettement
définis en matière de formation. Ils peuvent même
être établis de manière à permettre aux participants
de s'aider réciproquement à définir leurs propres besoins
en matière de formation, les enseignants jouant alors le rôle de
conseillers. Les entreprises peuvent inviter des universitaires à
participer à l'élaboration des programmes de formation
spéciaux, soit en usine, soit à l'université.
Lorsque le corps enseignant est suffisamment qualifié,
il peut établir des programmes de formation destinés aux
entreprises ou à des groupes de sociétés. Lorsque, sans
posséder des qualifications nécessaires, il est susceptible de
les acquérir, on peut faire appel aux consultants étrangers
jusqu'à ce que le personnel local soit en mesure de continuer par ses
propres moyens.
5- Conditions d'un partenariat efficace en
matière d'utilisation des installations universitaires par l'industrie
et réciproquement :
Les installations coûteuses, comme le matériel
technique des grandes écoles d'ingénieurs, les laboratoires de
recherche et les bibliothèques, sont souvent sous-employés. Des
accords de banalisation conclus entre les entreprises et l'université
peuvent améliorer leur utilisation et faire
bénéficier les deux parties des avantages qui peuvent en
découler.
6- Conditions d'un partenariat efficace en
matière des services de recherche et
d'information :
Dans un grand nombre de pays en voie de développement,
l'université constitue l'une des rares ressources valables dans ce
domaine, car les centres de recherche de l'Etat ainsi que les services de
recherche-développement de l'industrie n'ont que des possibilités
limitées. Bien souvent aussi l'université est le lieu le plus
propice à l'installation de banques de données, de services
d'information et d'autres dispositifs fonctionnant à temps partiel. Les
rôles que peut jouer une action partenariale entre l'université et
l'entreprise dans ce domaine sont évidents.
L'entreprise peut faire appel au personnel universitaire pour
des projets de recherche utiles aux deux parties ; elle doit par
conséquent, reconnaître l'obligation d'apporter tous les concours
possibles en matière de recherche fondamentale, par exemple en
fournissant l'accès aux données.
De même, l'université doit se considérer
comme engagée à faire figurer dans ses programmes de recherche
des projets correspondant aux besoins de la société en voie de
développement dont elle fait partie. L'université peut nommer des
agents de liaison chargés de faciliter la coopération avec
l'économie dans ce domaine de la recherche et de l'information ;
ses autres activités en tireront indirectement quelques avantages. Elle
peut inviter des hommes d'affaires suffisamment compétents à
faire fonction de consultants pour ses projets de recherche.
Les hommes d'affaires ont parfois tendance à ne
concevoir le développement qu'à court terme. L'université
est en mesure de contrebalancer cette tendance en faisant participer les cadres
de l'industrie à des études ou à des séminaires
consacrés aux grands problèmes de l'évolution sociale et
économique.
|