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Développement durable et gestion des forêts du bassin du Congo: étude comparative des politiques forestières du Cameroun et de la République du Congo

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par Parfait Oumba
Université de Limoges - Master en Droit international et comparé de l'environnement 2007
  

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CONCLUSION GENERALE

A la lumière de ce qui précède, l'étude sur la gestion durable des forêts du bassin du Congo par le biais de l'analyse des politiques forestières du Cameroun et du Congo démontre qu'il existe encore des insuffisances quant à la mise en oeuvre effective de cette gestion durable. Ces insuffisances sont d'abord le fait du retard de développement des ces pays, et particulièrement pour le Congo, la conséquence de crises graves, politiques et économiques qui les ont affectés dans la dernière décennie. Certes, une partie des causes de ce retard de développement trouve ses racines dans les politiques publiques inappropriées qui ont été conduites par les Etats, mais il serait illusoire de croire que le secteur forestier puisse ne pas subir les contraintes liées au mauvais état de l'infrastructure, à l'effondrement de pans entier du service public (éducation, santé, administration territoriale...), aux difficultés de paiement des salaires des fonctionnaires, au développement de l'insécurité, et aux incertitudes croissantes quant au statut du foncier. Il est peu envisageable que la situation dans le secteur forestier puisse progresser durablement sans, en parallèle, des améliorations sensibles dans les autres domaines de la vie économique, sociale et institutionnelle des pays concernés.

En ce qui concerne le Cameroun, il faut avouer que l'évolution du secteur forestier a joué un rôle clé pour amortir la grave crise économique de la deuxième moitié des années 80 puis, comme catalyseur du rétablissement de la richesse économique du pays. Le « modèle camerounais » s'est ensuite répandu, plus ou moins modifié, dans le reste des pays de la sous-région. Avec le temps, le Cameroun parait encore la locomotive de l'innovation en matière de gestion forestière parmi les pays du bassin du Congo72(*).

Plusieurs problèmes risquent cependant d'affaiblir le rôle des forêts camerounaises comme une des pierres angulaires du développement national. En premier lieu, la mise en oeuvre de la Loi a été émaillée de nombreuses limitations liées à la corruption et aux changements dans l'environnement de l'exécutif forestier dont la récente division du MINEF en MINFOF et MINEP. L'adoption d'un Observateur Indépendant et la mise en application du programme FLEGT sont toutefois des initiatives qui vont dans le bon sens pour réduire l'illégalité dans le secteur. Par ailleurs, les tendances dans les superficies allouées et la productivité des hectares exploités suggèrent que la filière bois a atteint un plafond en termes de surfaces et de production. Ce signe de « stagnation » de la valeur productive de l'écosystème est accompagné d'un double processus de concentration dans la couche « haute » de la filière bois (UFA du DFP) et de fragmentation dans les couches inférieures (« petites exploitations »). Une stabilisation de la production fonction de ce qui est possible durablement, une amélioration des techniques d'exploitation, l'intégration des petits exploitants dans la filière bois nationale, l'augmentation de la valeur ajoutée du secteur, la promotion des plantations forestières et une certification efficace et réelle, joueront sans doute un rôle décisif sur le future du secteur forestier et des forêts du Cameroun73(*).

La gestion forestière au Congo par contre est basée aujourd'hui sur un nouveau Code forestier qui offre théoriquement un cadre performant de gestion des ressources forestières. La législation nationale garantit une production forestière soutenue, tout en assurant la conservation des écosystèmes forestiers et la prise en compte des besoins socio-économique des populations locales. Ce cadre légal et règlementaire, convenablement appliqué, constitue un outil de choix pour la gestion durable des ressources forestières.

Cependant, malgré ces textes modernes et les actions significatives déjà engagées, la mise en oeuvre des principes de gestion durable des ressources forestières reste encore trop faible. Il en est de même pour les efforts entrepris en faveur de la protection de la biodiversité. L'élaboration des plans d'aménagement des concessions forestières (et des aires protégées) est, quant à elle, trop lente alors que des menaces pèsent sur ces écosystèmes. Des progrès substantiels ont été faits. Il reste encore beaucoup à faire pour supposer répondre positivement aux questions posées en introduction sur la durabilité de la gestion forestière au Congo. Un programme Sectoriel Forêt et Environnement (PSFE) actuellement en cours d'élaboration au niveau du gouvernement, vise à mettre en oeuvre des actions prioritaires au plan national. Il pourrait et devrait insuffler un nouveau dynamisme au secteur forêt/environnement du Congo, afin que les acquis soient consolidés et étendus à l'ensemble du pays73(*).

En définitive, la question de la gestion des ressources forestières dans le bassin du Congo ne doit pas être vue, seulement, comme un problème d'environnement, mais comme une question au coeur des relations environnement/développement. Aucune solution durable ne peut être trouvée dans une partie du couple si elle ne s'accompagne pas de progrès significatifs dans l'autre. Il ne faut cependant pas occulter le fait que ce couple est également conflictuel : historiquement, le développement s'est réalisé aux détriment de l'environnement - et notamment des surfaces forestières - . L'effort demandé aux pays du bassin du Congo est considérable : il s'agit d'adopter des itinéraires de développement inédits, en évitant de recourir à des solutions qui entraînent des dommages significatifs à l'environnement. L'appui de la communauté internationale est donc décisif pour parvenir à relever ce défi. Et cet appui doit se manifester dans les deux composantes du couple « environnement et développement », afin de maîtriser les liens problématiques qui les unissent.

* 72 KARSENTY (A.), « Limpact des réformes dans le secteur forestier en Afrique centrale » in Exploitation et gestion durable des forêts en Afrique centrale, Paris, l'Harmattan, 2006, p. 55.

* De BLAS (D.E.), MERTENS (B.), Pérez (M.R.), CERUTTI (P.O.), N'GONO (G.), « L'exploitation forestier au Cameroun : un laboratoire institutionnel de la sous-région ? » in Exploitation et gestion durable des forêts en Afrique centrale, Paris, l'Harmattan, 2006, pp. 149-150.

* 73 N'ZALA (D.), GAMI (N.), NKEOUA (G.), FORNI (E.), NSOSSO (D.), NKOUNKOU (F.), « La gestion des concessions forestières en République du Congo » in Exploitation et gestion durable des forêts en Afrique centrale, Paris, l'Harmattan, 2006, pp. 167-168.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway