Paragraphe 2 : Les conditions externes de mise en
oeuvre
A- Les conditions liées aux acteurs
sous-régionaux
Pour aller droit au but, il faut signaler
ici qu'il est vrai que depuis le sommet de Rio, des évolutions
conceptuelles et institutionnelles ont été observées en
Afrique centrale, en termes de prise de conscience réelle des
problèmes d'environnement et de gestion durable des forêts, il
n'en reste pas moins vrai que le résultat global est à l'image de
la situation au niveau international. Les conférences et les sommets des
chefs d'Etat d'Afrique centrale avec les processus qui les ont
précédés et qui les accompagnent ont réalisé
une forte prise de conscience et bâti une forte volonté politique,
mais elles n'ont pas encore permis une amélioration significative des
phénomènes de déforestation et de dégradation des
forêts du bassin du Congo.
Bien au contraire, la déforestation et
l'écrémage des essences se poursuivent au rythme effrayant
d'environ d'un million d'hectares par an dans le bassin du Congo. La
consommation de la viande de chasse atteint aussi des niveaux effrayants.
L'insuffisance de cohérence entre les politiques forestières et
celles des autres secteurs du monde rural, couplée avec l'insuffisance
de dialogue entre les différents acteurs, constituent sans aucun doute
une des causes profondes de cet état de chose. Le très faible
niveau de développement socio-économique des populations rurales
des pays concernés conjugués avec la pression humaine et les
modes traditionnels de gestion des ressources naturelles n'est en fait que des
facteurs aggravants. Les recommandations et résolutions des
conférences au niveau international et régional ne sont pas
suffisamment relayées par les organisations ou institutions
appropriées au niveau national et local. Les organisations
compétentes en particulier la FAO, le PNUE, l'UICN, le WWF et l'OAB
peuvent aider dans cette direction.
B- Les conditions liées aux acteurs
internationaux
Au niveau international, les pays donateurs
et autres bailleurs de fonds doivent aider les pays de la sous-région
à améliorer l'application des lois et la gouvernance du secteur
forestier. C'est l'objectif annoncé du processus AFLEG (African Forest
Law Enforcement and Governance) qui vise à renforcer l'engagement
politique de haut niveau en Afrique et les capacités de mise en
application des lois existantes ainsi que la lutte contre la corruption. Un des
premiers résultats de cette initiative est l'accent mis sur la
certification et l'origine de légalité des bois importés
en Europe. En réaction, des systèmes spécifiques de
certification d'origine légale, sont actuellement
développés et mis en oeuvre comme le certificat OLB - Origine et
Légalité des Bois (Eurocertifor-BZQI2004). Pour cela, des cadres
règlementaires spécifiques favorables à de meilleures
pratiques doivent être mis en place. Ces changements dans les
législations sectorielles et extra sectorielles doivent être
conduits en étroite collaboration avec les administrations, les
entreprises et la société civile si on veut qu'ils soient
réellement mis en oeuvre par la suite, car au cours des 10
dernières années, plusieurs bailleurs de fonds ont poussé
les pays d'Afrique centrale dans cette direction avec le développement
de nouveaux systèmes de taxation et l'attribution aux enchères
publiques des concessions... Des solutions locales et pragmatiques doivent
être cherchées au cas par cas : la RDC est totalement
différente du Cameroun et dans un même pays, comme le Congo, la
situation au Nord est totalement différente de celle du Sud.
Dans le cadre du PAFT, il serait naïf de croire que
l'intervention de la communauté internationale était une
initiative à la suite de l'Armée du Salut. Il n'en est
rien. D'après les correspondants de l'OAB, les bailleurs ont
dicté la conduite du processus. En Côte d'Ivoire par exemple, dans
une phase précédente, les financements étaient
consacrés aux opérations de reboisement industriel qui, par le
fait d'une préparation de terrain de type mécanisé,
occasionnent une perte de diversité biologique. Les groupes de
consommateurs des pays importateurs des bois tropicaux ont menacés, par
ONG écologistes interposées, de boycotter ces bois si les
forêts n'étaient pas aménagés (OAB, 1996, 24). En
RDC, ce fut un véritable directivisme. Les termes utilisés pour
qualifier la contribution sont très évocateurs : le
leadership de mission multidonatrice (OAB, 1996, 34). A travers les
différentes contributions et la politique du gros bâton,
les donateurs ont presque réussi leur mission de pacification
écologique en Afrique centrale. Ainsi, ces politiques, bien que
cohérentes et appuyées par les bailleurs n'ont pas manqué
d'être critiquées. Déconnectées des
réalités sociales dans la conception, elles ont été
mises à l'épreuve au contact de celles-ci dans la phase
d'implantation.
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