La mise en oeuvre : un engagement insuffisant
Concernant la mise en oeuvre des plans nationaux, peu de pays
tropicaux (9 au total) ont terminé la première phase
d'élaboration (ou de révision) de leur plan national. Cependant,
un certain nombre de remarques peuvent d'ores et déjà être
formulées, et il conviendrait de s'y intéresser pour devancer les
problèmes à venir.
- L'engagement politique des pays tropicaux est primordial.
De la force de cet engagement dépend, en effet, la réussite des
actions. Il semblerait que les pays où le chef de l'État ou du
gouvernement ait pris très officiellement position en faveur du plan
national, en le plaçant parmi les priorités de sa politique,
soient peu nombreux. Dans la plupart des cas, l'engagement politique n'a pas
dépassé le département ministériel en charge du
secteur forestier : c'est insuffisant.
- L'engagement économique nécessaire des pays
tropicaux découle en grande partie du précédent. Peu de
ministères de l'économie, des finances et du plan ont
été réellement impliqués et se sentent
concernés. A cet égard, on doit
malheureusement considérer que les plans nationaux ainsi
élaborés ne constituent en rien un progrès par rapport
à ce qui était précédemment fait.
- L'engagement des différents partenaires locaux ne
semble pas suffisamment assuré. Trop de plans ont été
élaborés à partir de la seule mobilisation des
cadres administratifs du pays (et parfois même des seuls cadres
forestiers), sans que le secteur privé, les ONG et les populations
soient consultés réellement. On peut craindre, dans ces
conditions, que la mise en oeuvre des actions ne soulève
des problèmes de compréhension et d'adhésion d'un grand
nombre des partenaires actifs sur le terrain.
Enfin l'engagement financier des aides au
développement ne s'est pas encore manifesté suffisamment
clairement : la table ronde des bailleurs de fonds qui a eu lieu au Cameroun
en juin, à la suite de l'achèvement des travaux de
préparation d'un plan national, a révélé que la
totalité des bailleurs de fonds présents manifestaient un
« intérêt » pour un grand nombre de programmes et de
projets, correspondant à 70% des financements requis pour la mise en
oeuvre du plan pendant les cinq premières années. Mais la
quasi-totalité des bailleurs de fonds estimait cependant impossible
de préciser la hauteur de leurs engagements
financiers, plaçant le gouvernement camerounais (et
particulièrement la direction des forêts, chargée de la
mise en oeuvre du plan) dans une certaine inquiétude.
Cette situation illustre bien le décalage qui existe
entre, d'une part l'engagement politique et technique, d'autre part
l'acceptation des conséquences financières du PAFT ainsi que la
mise en oeuvre du plan.
En France, par exemple, aucune disposition financière
particulière n'a été prise pour assumer le suivi des plans
nationaux et leur mise en oeuvre. Il en va de même dans les autres pays
et agences d'aide au développement, à l'exception de la RFA qui a
voté un budget spécial de 150 millions de DM en 1989 et du
Royaume-Uni dont le Premier ministre a annoncé un financement de 100
millions de Livres pour les actions PAFT.
En outre, l'accroissement significatif des engagements
financiers de l'aide publique au développement (qui serait passée
de 400 millions de dollars en 1984 à 1 milliard de dollars en 1988) ne
doit qu'en partie être imputé à l'existence du PAFT car ces
montants d'investissement supplémentaires sont llés financer des
actions classiques de coopération bilatérale et
multilatérale. Enfin n'oublions pas que le niveau plancher estimé
pour la mise en oeuvre du PAFT au niveau mondial est de l'ordre de 5 à 7
milliards de dollars!
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