B- Les contraintes sociales
La paupérisation et le
sous-développement représentent de véritables contraintes
sociales à une gestion durable des forêts du bassin du Congo. En
effet, la misère est pratiquement généralisée en
Afrique centrale malgré le potentiel en ressources naturelles. La menace
se fait plus grande encore avec le constat officiel (juillet 1999) de la
diminution de 60% des avoirs extérieurs des pays de la BEAC. La
pauvreté est aussi réelle en milieu urbain. En Angola, 80% de la
population urbaine utilise le bois de feu. Toute la population rurale utilise
le bois de feu (OAB, 1996, 10). Au Cameroun, le chiffre d'affaires du commerce
de bois de chauffe était de 50 milliards, soit 2,5 fois plus grand que
celui de la Société nationale d'électricité
resté à 18.8 millions (Batibonak, 1994, 29). Cette demande est
satisfaite par les populations rurales qui sont obligées d'entrer dans
la forêt pour satisfaire une demande excédentaire. La
répression ne peut se faire qu'avec mesure d'autant plus que l'Etat est
en partie responsable de la condition des populations. Une action violente de
l'Etat peut augmenter les tensions sociales ou encore servir les entrepreneurs
politiques à l'affût. Ce qui pourrait assombrir le ciel
sociopolitique.
Aussi, parce qu'elles sont conçues dans une optique
exclusive, les législations forestières des pays
étudiés restent avant tout répressives et donc
aliénantes. Leur finalité étant de limiter l'accès
de la forêt aux populations tentées de s'en servir pour leur
usage. Les lois nient en cela la capacité des populations rurales
à gérer convenablement les forêts. Dans ce contexte, les
populations ne trouvent aucun intérêt à conduire des
améliorations sylvicoles dans des forêts dont elles ne sont pas
propriétaires. Il s'ensuit donc une démobilisation sociale et un
désintéressement des populations qui estiment que pour
résoudre les problèmes immédiats, il vaut mieux couper et
brûler ce qu'on peut en évitant de se faire prendre, et en
n'attendant pas que le voisin l'ait fait avant.
La mainmise des Etats sur les forêts réduit les
populations à un rôle passif, dans un contexte d'affaiblissement
des autorités traditionnelles. Cette déresponsabilisation des
populations accélère le processus de déforestation. Au
demeurant, les impératifs de protection de l'environnement et la
nécessaire applicabilité des droits des populations locales et
autochtones ont amené la communauté internationale à
reconnaître l'importance de ces dernières dans la protection des
écosystèmes, notamment les écosystèmes
forestiers
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