DEUXIEME PARTIE : LA
MISE EN OEUVRE DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES FORESTIERES AU
CAMEROUN ET AU CONGO
CHAPITRE 1 :
L'INTRODUCTION DE LA NOTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LES POLITIQUES
FORESTIERES
Dans cette partie, l'étude de la
prise en compte des réalités locales sera envisagée
(section 1), avant d'examiner l'appui de la communauté internationale
dans la gestion des forêts du bassin du Congo (section 2)
Section 1 : La nécessité de prendre
en compte les réalités locales
Les contraintes psychologiques et sociales
(paragraphe 1) et les contraintes sociopolitiques et
financières (paragraphe 2) feront l'objet de l'étude de cette
section.
Paragraphe 1 : Les contraintes psychologiques et
sociales
A- Les contraintes psychologiques
Les populations ont, pendant longtemps,
été marginalisées dans les politiques publiques
forestières. Par leurs réactions, elles semblent dire aux
pouvoirs publics, puisque vous les avez conçues sans nous, nous
agirons sans tenir compte d'elles et de vous. Beaucoup de chercheurs
occidentaux sont surpris des incursions régulières des
populations riveraines dans les réserves, parcs et autres aires
protégées, alors que la plupart des activités qu'elles y
développent sont interdites. Au ministère de l'environnement du
Cameroun, la direction des aires protégées est au courant de la
situation. Cet état de choses peut bien s'expliquer par les perceptions
et croyances des populations. Il est intéressant d'écouter les
populations parler des forêts environnantes. Elles croient toujours que
ce n'est pas l'Etat qui leur donne le droit de propriété sur
leurs forêts. Elles croient que ce sont elles les
véritables propriétaires. Aussi, il y a leur perception de la
forêt. Elles estiment qu'elle ne peut pas finir. Elles considèrent
aussi la forêt comme une réserve de terres en même temps
qu'elles trouvent la forêt difficile à dompter. L'agriculture
itinérante sur brûlis est la méthode culturale
séculaire utilisée, pourtant dégradante pour la
forêt. C'est plutôt les exploitants qu'elles considèrent
comme des voleurs ou des pilleurs que l'Etat encadre et favorise.
Elles pointent sur elles leur doigt accusateur.
Ainsi, même sensibilisées, les populations
riveraines augmentent toujours la pression autour des aires
protégées pour leur alimentation, elles semblent ne plus avoir
d'autres alternatives. Cette donnée constitue en soi une remise en cause
de l'efficacité du PAFT, car si les populations avaient
été mises au centre de ces politiques ou encore
adéquatement intégrées dans celle-ci, les concepteurs
auraient mis assez d'importance sur l'éducation environnementale tout en
apprenant des populations qui maîtrisent leur environnement avec lequel
il semble régner une harmonie séculaire.
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