CONCLUSION
Avec la loi du 1er Ventôse an III, qui réduit les
comités de surveillance à un par ville de plus de 50.000
habitants, les comités de surveillance du département de l'Ain
après 1 an et 6 mois d'existence disparaissent.
Leur part politique dans l'histoire du département de
l'Ain est indéniable surtout durant la période de Brumaire an II
à Thermidor an II. Ils ont été les parfaits
exécutants des lois et décrets de la Convention, mais aussi des
arrêtés des représentants en mission et des
autorités départementales.
Outre cet aspect, il faut prendre en compte le fait que les
comités de surveillance ont été des ramifications de la
Convention et du Gouvernement Révolutionnaire dans les villes et les
villages du département, transformant leurs membres (alors citoyens) en
scrutateurs de la vie politique, morale et sociale de leurs concitoyens. On
peut retenir que leur force vient de leur connaissance des gens et des affaires
locales. Ces connaissances leur permettent de distinguer le normal de
l'inhabituel, et par conséquence, d'appliquer au niveau local les lois
révolutionnaires. Mais cette intimité est aussi un frein, car
elle peut entraîner (par la peur de représailles ou l'envie de ne
pas être trop rigoureux avec leurs concitoyens) une modération des
activités, voir une inertie totale. La crainte qu'ils exercent sur la
population (grâce à leur pouvoir de délivrer des mandats
d'arrêt) permet au Gouvernement Révolutionnaire de s'installer
dans les communes qui possèdent un comité de surveillance.
On peut aussi constater que les membres de ces comités
sont à la base d'une élite révolutionnaire nouvelle,
recrutée majoritairement dans des classes laborieuses. Ils sont, par
leur rôle et le modèle qu'ils doivent inspirer, les "hommes
nouveaux" que la politique de la Convention cherche à promouvoir au
profit d'une élite séculaire et dépassée
d'Ancien-Régime.
Malgré cela, les comités ne sont pas toujours
bien acceptés par les municipalités, d'une part et des districts
d'autre part. En effet, s'ils représentent une limites d'action par la
surveillance qu'ils peuvent exercer pour les premières, ils sont aussi
des "parasites" financiers pour les seconds, ce qui entraîne un manque de
moyens pour les comités.
Les comités de surveillance dans l'Ain ont permis aux
lois de la République, mais aussi aux idées de la
Révolutions, d'atteindre tous les habitants du département. Ils
ont aussi été, sur les frontières, d'excellents
"douaniers" luttant sans beaucoup de moyens contre la contrebande, les divers
trafics et l'émigration. En général, les comités de
surveillance ont remplis leur rôle avec une assez grande
célérité ; ils ont aussi été les serviteurs
fidèles des représentants en missions et des instruments
indispensables pour les Sans-Culottes. Malheureusement de l'élite
populaire en partie créée par la formation des comités de
surveillance, aucun membre ne se distinguera dans une carrière
post-révolutionnaire.
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