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La mission du représentant Albitte dans l'Ain

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par Jérôme Croyet
Université Lumière Lyon II - Maîtrise d'histoire 1996
  

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A / ses origines

Antoine-Louis Albitte est né le 30 décembre 1761 à Dieppe, dans la généralité de Rouen. Son père, François-Antoine Albitte est sieur d'Orival et "ancien Garde du Roy en la prévôté de son hôtel la grande prévôté de France"141(*). Sa mère est la fille d'un négociant de Dieppe. Albitte est donc issu d'une bourgeoisie urbaine qui, à la fin de l'Ancien-Régime, recherche un service anoblissant pour essayer d'imiter la noblesse par l'achat, où le rachat de titres (son père est sieur d'Orival) et qui par un mode de vie proche de cette dernière (les fils Albitte portent tous des prénoms composés incluant celui de Louis) attend une élévation sociale de leurs statuts. Albitte est l'ainé d'une famille de quatre frères et deux soeurs. Son frère cadet, Jean-Louis, aura un rôle mineur durant la décennie révolutionnaire; en tant que suppléant de la Seine-Inférieure à la Convention il n'y siégera que deux fois.

L'éducation d'Antoine-Louis Albitte est typique de la bourgeoisie urbaine d'Ancien-Régime : "collège des Oratoriens de Dieppe, puis des études de droit à Rouen"142(*) où il devient vite avocat et part exercer à Dieppe. C'est sans doute durant son séjour chez les Oratoriens qu'il acquiert un esprit cartésien dans lequel la logique ne laisse pas de place au hasard.143(*) Son éducation est semblable à celle que reçoivent au même moment plusieurs de ses futurs collègues (Javogues dans la Loire, Fouché à Nantes et Robespierre à Arras). C'est comme le suppose V.Courtine "par sa formation professionnelle qu' Antoine-Louis Albitte prend une part plus active à la vie politique de son pays "144(*) A la veille de la Révolution il s'inscrit, par sa formation intellectuelle et professionnelle, dans la classe sociale qui est appelée à être le réservoir qui fournira les acteurs et, ou, les orateurs de la Révolution. Mais bien qu'instruit, Albitte apparaît comme un homme au caractère faible et influençable qui ne fait pas de lui un des ténors de la Révolution.

B / l'itinéraire révolutionnaire d'Albitte

A Dieppe

Quand le 8 août 1788, Louis XVI convoque les Etats Généraux, Albitte est alors élu membre de l'Assemblée des représentants du Tiers Etat de Dieppe. D'après un chroniqueur de l'époque Albitte "accueille les débuts de la Révolution avec chaleur"145(*). Le 6 mars 1789 Albitte semble, d'après V.Courtine146(*), prendre part à la rédaction du cahier de doléances du Tiers Etats de Dieppe (puisqu'il en est un des signataires) le 15 mars 1789. Le 25 juillet 1789 Albitte crée la Garde Nationale de Dieppe et en devient chef de compagnie 147(*). Dès lors et tout au long de sa carrière durant la Révolution, il va mener parallèlement à sa carrière politique, une carrière militaire. Albitte dès 1789, apparaît comme un civil fasciné par la vie de soldat. Mais la politique et les idées révolutionnaires ne le laissent pas indifférents. Il participe à la diffusion des idées révolutionnaires en organisant dès 1790, "avec seize autres citoyens. . .une société des Amis de la Constitution"148(*) à Dieppe. Mais sa véritable carrière politique commence le 21 juin 1791; alors qu'il est notable, au moment où il est nommé électeur aux élections pour former l'Assemblée Législative. Sans doute soutenu par ses actions (création de la Garde Nationale de Dieppe et de la société populaire), sa famille (son grand-père maternel a été membre du Tiers de Caux) et ses idées, Albitte est le quinzième représentant a être élu sur seize le 7 décembre 1791 par le département de la Seine-Inférieure pour siéger à l'Assemblée Législative.

A l'Assemblée Législative

Fort de ses convictions politiques patriotes acquises et rodées dans son département, Albitte siège dès son arrivée à l'Assemblée sur la gauche et fidèlement à ses idées il s'inscrit au club des Jacobins. A la Législative, suivant son goût pour les affaires militaires, il s'inscrit au Comité Militaire (où il s'intéresse, avec un point de vue plus révolutionnaire que ses collègues, aux problèmes de l'organisations de l'armée) et au Comité de Marine. Il commence aussi à se pencher sur les questions religieuses.

Ses interventions à la tribune sont nombreuses mais brutales et concises, cherchant à obtenir des tribunes des applaudissements.149(*) Lui-même a conscience de ne pas être un orateur comme certains jacobins150(*); mais cela ne l'empêche pas de faire 131 interventions en 11 mois de législature.

Le 31 octobre 1791 il présente un rapport, fait au nom du Comité Militaire, sur le mode de remplacement et propose la suspension des nominations faites inconsidérément par les officiers généraux. Le 7 novembre 1791 il s'oppose au séjour près de l'Assemblée de troupes de lignes dépendantes du Roi et il arrive à faire décréter que la Trésorerie Nationale verserait des fonds à la caisse des Invalides.

Le 17 et 18 novembre 1791, alors que la Législative débat avec ardeur sur les mesures à prendre pour lutter contre les actes d'insoumissions du clergé, Albitte combat des projets concernant les prêtres réfractaires. Avec Isnard, il fait décréter que les prêtres réfractaires aux lois et aux autorités constituées seraient d'office mit en détention pour deux ans. Lors des débats "Albitte intervient énergiquement. Pour lui les prêtres non assermentés sont de véritables ennemis de la Révolution. . .il leur refuse le titre et les droits de citoyen"151(*) Le 25 novembre 1791 Albitte propose que les édifices religieux non occupés puissent être achetés et utilisés par des sociétés populaires. Son projet est adopté grâce au soutien de Guadet. Dès 1791, Albitte s'intéresse au problème de l'Eglise. Son point de vue va, avec le temps, se faire encore plus radical, pour atteindre son paroxysme quand il sera dans l'Ain.

Le 27 décembre 1791 il s'attaque à Narbonne alors ministre de la Guerre, en demandant que ce dernier réponde "sur sa tête des détails transmis sur la situation aux frontières".152(*) Le 2 janvier 1792, il attaque de nouveau aux ministres de la Guerre et de la Marine, qu'il accuse de négligence et de trahison. Il demande leur mise en accusation. Il est à noter qu'au moment où Albitte s'en prend à Narbonne et à Molleville, Collot d'Herbois au club des Jacobins, se fait une spécialité (depuis juin 1791) " de s'occuper. . .de la défense des soldats opprimés"153(*). C'est ainsi que Collot d'Herbois, entre l'hiver 1791 et le printemps 1792, s'attaque "à plusieurs reprises (aux) ministres et (au) pouvoir exécutif en général, exercice de style alors très fréquent chez les patriotes"154(*). Albitte, "très assidu aux séances du club des Jacobins"155(*). ne peut donc pas manquer de voir et d'entendre Collot d'Herbois (qui, en tant que comédien sait manipuler les mots) et de suivre ainsi le courant patriotique qui tend à s'attaquer aux ministres et au pouvoir exécutif. Dans l'espoir de ruiner l'autorité de Louis XVI, Albitte fait décréter en mai 1792, "par une majorité enthousiaste que, dorénavant, la formule réglementaire " Au nom de la Loi, de par le Roi" serait modifiée en ce sens : " Au nom de la Nation et de la Loi, de par le Roi"156(*)

Dans ses idées et dans ses actes, Albitte prend rapidement vis-à-vis des soldats, une position proche de celle de Collot d'Herbois. Effectivement, après la défaite de Tournay (le 28 avril 1792) il défend des pétitionnaires venu à l'Assemblée accuser les généraux d'incapacité : "il défend le soldat contre les chefs qu'il accuse de servir mollement la Révolution. A une armée dévouée au général, il préfère. . .une armée forte et prête à verser son sang pour l'exécution des lois."157(*) De même, lors de la réforme des tribunaux Albitte réclame une justice égale pour tous et condamne la composition des tribunaux d'exception (dont les tribunaux militaires) qui sont composés en majorité d'officiers. Il demande "que le soldat soit jugé par ses pairs"158(*).

Cette politique de soutien du soldat face à l'autorité de ses supérieurs tend à devenir une politique de soutien du peuple quand, le 12 janvier 1792, il s'oppose vigoureusement à la création de nouvelles brigades de gendarmerie, préférant "des soldats contre l'étranger (à des) sicaires pour aider à l'oppression de nos concitoyens"159(*). Toujours dans cette ligne de conduite il s'oppose, le 29 mai 1792, à ce que des troupes de lignes dépendantes du Roi séjournent près de l'Assemblée, comparant la présence de ces troupes à la construction d'une nouvelle Bastille 160(*) Le 12 mai 1792, au moment des débats sur l'organisation du défilé en l'honneur de Simonneau, le maire d'Etampes, Albitte arrive à faire décider par la Législative que le cortège sera composé de gardes nationaux et de citoyens en armes. "Le plus beau cortège c'est le peuple" 161(*) dit-il alors. Dès lors, Albitte appui et appui sur le peuple et les sans-culottes des faubourgs. Cet appui il le prouve le 19 juin 1792, en allant avec Chabot, Bazire, Merlin, Goupilleau et Lasource "au district des Enfants-Trouvés du faubourg St Antoine" 162(*) pour contribuer, par des discours, aux événements du 10 Août 1792 163(*). De même, il aurait d'après V.Courtine 164(*), participé avec la Commune de Paris, à l'occupation des Tuileries. Dès lors, Albitte reste proche de la Commune et du club des Cordeliers.

Le 11 juillet 1792, alors que la Patrie est déclarée en danger, Albitte reprend une proposition de Carnot, en date du 3 janvier 1792, qui demande la démolition de toutes les forteresses des villes de l'intérieur, "que l'auteur du Contrat Social appelle des "nids à tyrans" 165(*). Le 23 juillet 1792, considérant que l'exécution des lois est primordiale, Albitte fait décréter que les décisions de l'Assemblée seront applicables dans les 24 heures.

Le lendemain du 10 août 1792, soutenu par Sers, Albitte fait voter le renversement des statues de rois de la place Vendôme et de la place Louis XV. Il demande que ces statues soient employées à la fabrication de monnaies et de canons.

statue cassé

Le 21 août 1792 Albitte est élu secrétaire de l'Assemblée Législative et fait établir un crédit de deux millions afin de financer la constitution de courriers extraordinaires, aux ordres du Ministère de la Guerre, dont il va lui-même profiter. En effet, le 29 août 1792, il est nommé, avec Lecointre, commissaires chargés d'aider à la levée des volontaires dans les départements de l'Eure et de la Seine-inférieure. Mais cette mission a comme but officieux celui de préparer les prochaines élections dans des départements dont les commissaires sont originaires, afin de donner aux jacobins une majorité d'élus. Mais cette mission sort très vite de son cadre théorique pour devenir aussi une mission de surveillance de la bonne marche révolutionnaire des autorités locales.

Durant cette mission, Albitte acquiert une expérience sur le terrain, se formant au rôle de représentant en mission. Il va pouvoir alors mettre en pratique son goût pour les mises en scènes symboliques.

Les premiers pas d'Albitte représentant du peuple,

en mission dans l'Eure et la Seine-Inférieur.

Albitte et son collègue Lecointre partent pour Versailles en passant par Sèvres, où ils président l'assemblée primaire et recrutent 150 hommes. A Versailles ils sont accueillis par la garde nationale en armes et grâce à des discours au langage "inspiré par les circonstances et l'amour de la chose publique "166(*), ils recrutent 700 hommes. Tout au long de sa carrière politique, Albitte va garder le goût des déclarations et des discours, bien qu'il ne soit pas un brillant orateur.

Dans l'Eure Lecointre et Albitte sont témoins d'émeutes ou d'émotions, dont ils accusent les prêtres réfractaires, qu'ils font alors arrêter. A Rouen, ils adressent à la population un appel patriotique qui ne donne pas le résultat escompté. En effet, Rouen a une réputation de ville tièdeà cause de la présence de beaucoup de prêtres réfractaires et de nobles. Le 13 septembre 1792, Albitte et Lecointre écrivent qu'ils voient "avec chagrin abonder une multitude d'ennemis de la Révolution" 167(*)dans cette ville. Alors que les deux hommes ont fait arrêter des prêtres réfractaires dans l'Eure le 13 septembre, ils viennent au secours de prêtres menacés par la foule à Quillebeuf. On peut voir dans ce geste toute la grandeur qu'Albitte donne au respect des lois et par elles, de l'individu. Suit-il l'avis de Lecointre, "l'un de ceux sur lesquels pèse le plus lourdement la responsabilité des journées d'octobre 1789" 168(*) et dont "la grande occupation est la dénonciation" 169(*); ou agit-il de son propre chef ? Quelques jours plus tard, Albitte se retrouve chargé d'escorter des réfractaires qui partent pour l'Angleterre. Il mène cette mission à bien en évitant pour ces prêtres tout accident. On peut donc voir qu'Albitte n'est pas un monstre sanguinaire, bien au contraire, son respect des loi induit chez lui le respect physique des personnes. Ce trait de caractère, qui tend à une certaine modération, se vérifiera quelque temps plus tard à Marseille. Mais il est aussi permis de penser qu'Albitte agit moins pondérément quand il se retrouve au milieu d'un état de crise et, ou, au milieu de personnes qui, par leur présence ou leurs actions, exerce une influence sur lui.

A Fécamp Albitte et Lecointre trouvent des feuilles d'enrôlement vierges. Ils accusent les prêtres et les nobles "de corrompre l'esprit public dans la Seine-Inférieure" 170(*). Le 20 septembre 1792, ils sont à Dieppe. Dès le 28 août 1792, Albitte écrit à la municipalité de sa ville natale afin que l'enrôlement soit un succès. Le 22 septembre, les deux représentants comptabilise l'enrôlement de 250 volontaires à Dieppe et à peu près autant dans les cantons voisins.

Albitte, tout en veillant à l'enrôlement, prépare son élection. Le 4 septembre 1792 l'assemblée électorale de l'Eure l'élit au premier tour de scrutin ainsi que Lindet, Buzot, Thomas, Duroy et Richon. L'assemblée électorale de la Seine-Inférieur se prononce elle aussi le 4 septembre en faveur d'Albitte. Le 8 septembre 1792 il accepte ses nouvelles fonctions, et opte pour le mandat de la Seine-Inférieure. Fin septembre, alors que leur mission est terminée, Albitte et Lecointre rentrent à Paris.

En onze mois d'Assemblée Législative et de débats aux Jacobins, Albitte acquiert des convictions politiques plus dures sous l'influence certaine des grands orateurs jacobins. Il devient un ardent défenseur des soldats, du peuple et de la Révolution en écoutant Collot d'Herbois aux Jacobins et en fréquentant la Commune de Paris, auprès de laquelle il cherchera durant sa mission dans l'Ain "l'approbation de ses arrêtés"171(*), se plaignant de "ne pas être soutenu par le Comité de Salut Public"172(*). A la fin de son mandat à la Législative, Albitte est devenu un homme écouté de la gauche politique qui le considère comme un patriote zélé. Son manque de génie révolutionnaire l'oblige à être un "orateur brutal et concis" 173(*), spécialiste des affaires militaires. Il n'obtient des résultats à ses projets seulement quand il est fermement soutenu. Bien qu'il ne soit pas un personnage de premier plan il a un penchant pour les symboles et les discours.

A la Convention

De retour à Paris, où la Convention siège de puis le 21 septembre 1792, Albitte retourne prendre sa place avec les jacobins, sur la gauche à la Montagne. Désormais, "Albitte fait partis de ces hommes pour qui l'intérêt public passe avant l'intérêt privé" 174(*). Le 27 septembre 1792 il rend compte de sa mission avec Lecointre et "obtient les félicitations de l'Assemblée" 175(*). Désigné avec Dubois-Crancé pour faire partie du Comité Militaire, il participe aux discussions sur les réformes de l'armée et surtout sur la nouvelle organisation de celle-ci, où il prend une grande part. Avec Dubois-Crancé ils font adopter le principe de la fusion entre régiments de lignes et volontaires, c'est à dire les demi-brigades.

Toujours emprunt d'un certain esprit de conciliation, il proteste le 13 octobre 1792 aux Jacobins, contre le discours de Couthon qui dénonce le Comité de Constitution.

Sans doute soutenu par Dubois-Crancé et Lecointre, qui dénonce les ministres Duportail, Beaumarchais et Narbonne; Albitte reprend "ses dénonciations contre les généraux d'Estournel, Ligneville, Mathieu-Dumas et Brunet" 176(*).

Quand s'ouvre le procès de Louis XVI, Albitte est "très influent sur la majorité jacobine." 177(*). Lors des débats il manifeste son opinion brutalement, où, en bon montagnard, il se montre implacable. Le 11 décembre 1792 il refuse au roi le choix de conseillers, voulant "détruire entièrement la tyrannie (en faisant) tomber la tête du tyran" 178(*). Il rejoint lors de ces débats, l'idée de Robespierre : "Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie vive."179(*). Le 16 janvier 1793, soir du jugement, lors de l'appel nominal Albitte est parmi " les montagnards les plus ardents" ; avec Duhem et d'autres qui "ont quitté leur place et circulent dans les rangs, surveillants les uns, gourmandant les autres, dictant le vote aux indécis, intimidant les plus faibles" 180(*). Il vote la mort de Louis XVI, sans appel, ni sursis. Albitte est un jacobin avancé, qui rejoint en cela ces collègues Javogues, Fouché, Lebon et Carrier; dans leur cursus politique. Il est le montagnard idéal, aux yeux de ses collègues des Comités pour remplir un rôle de représentant en mission. Il reste un homme de second plan, très attaché aux affaires militaires et aux principes de la Révolution au sein du Comité Militaire, dont Dubois-Crancé est le plus influant.

Albitte participe aussi activement aux débats. Le 23 mars 1793 il fait décréter que "les émigrés, arrêtés en pays étrangers, armés ou non armés, soient traités de la même manière" 181(*). Il arrive aussi à faire décrêter que les officiers nobles soient destitués. Quand Robespierre fait décréter que les membre de la famille royale ne puissent pas être membres d'une société populaire, Albitte propose l'extension de cette mesure de mise au banc de la vie politique, à tous les nobles et prêtres. On peut voir dans cette attitude d'Albitte un premier pas vers une politique sociale qui se concrétisera durant son séjour dans l'Ain, par les arrêtés des 8 pluviôse an II et des 23 ventôse an II; alors que ces idées qui ne seront que se renforcées et s'affermies au contact des représentants à Commune-Affranchie.

Pour la politique militaire, "Albitte n'est pas un partisan d'une armée permanente" 182(*). Il est plutôt partisan d'un service militaire pour tous, suivant l'idée du soldat-citoyen prônée par Dubois-Crancé. Depuis son mandat à la Législative, l'opinion d'Albitte concernant le sort des soldats face à celui des officiers a évolué. Désormais il voudrait que les soldats choisissent leurs officiers comme il souhaite qu'il y ait désormais une justice égale entre officiers et soldats : "on veut sévir contre les soldats,. . .pourquoi ne pas frapper aussi les généraux coupables ? "183(*) Il réclame donc la création d'une commission spéciale chargée d'examiner la conduite des généraux. Ces idées lui valent d'être accusé de "vouloir supprimer toute autorité" 184(*). Son rapprochement idéologique avec la Commune et le peuple parisien est évident.

Si Albitte agit avec vigueur contre les officiers c'est qu'il impute les revers des armées républicaines, depuis l'insurrection vendéenne en mars 1793 et la trahison de Dumouriez, à l'incompétence des officiers.

Dans le même temps Albitte devient "un adversaire irréconciliable des Girondins" 185(*). Il se rapproche de plus en plus du peuple, approuvant le 5 avril 1793, la circulaire de Marat aux sociétés populaires, les invitant à demander la mise en accusation des généraux traîtres, des ministres prévaricateurs et des agents infidèles du gouvernements; de même que la destitution des conventionnels complices de Dumouriez, ou défenseurs du Roi. Albitte soutient ces attaques masquées de Marat contre les Girondins comme il défend "l'Ami du peuple", le 13 avril 1793, en refusant (avec Dubois-Crancé, Ducos et Desmoulins) de signer sa mise en accusation. Par ce geste symbolique Albitte continue de soutenir le peuple parisien et donc de s'attirer la bienveillance du club des Cordeliers.

Le 14 avril 1793, sur proposition d'Albitte, la Convention décrète la création de l'écharpe tricolore pour les membres des conseils généraux des communes. Cette proposition symbolique d'Albitte montre tout l'intérêt qu'il porte aux représentants de la loi.

Fort de son travail au sein du Comité Militaire et de sa mission réussie avec Lecointre, Albitte est nommé le 30 avril 1793 représentant auprès de l'Armée des Alpes afin de "surveiller la frontières des Alpes, les places fortes ou forts dans le département de l'Ain" 186(*). Ce rôle de surveillance des places fortes dans l'Ain est un des éléments essentiels de la contestation du 16 nivôse an II des représentants à Commune-Affranchie des pouvoirs de Gouly et favorise la nomination d'Albitte dans l'Ain. 187(*)

En mission à l'Armée des Alpes

Albitte est nommé le 30 avril 1793 avec Nioche et Gauthier-des-Orcières.188(*)

Le 11 mai 1793, sur le chemin de l'Armée des Alpes les trois hommes s'arrêtent à Lyon. Le 12 ils sont rejoints par Dubois-Crancé. Ce dernier, général de brigade depuis le 7 mai 1793, est un homme courageux, "vigoureux comme orateur et même comme écrivain, Dubois-Crancé dépasse et domine ses collègues" 189(*). A n'en pas douter la proximité de Dubois-Crancé, "l'une des têtes les plus fortes de la Révolution" 190(*), auprès d'Albitte influence le député dieppois. Albitte, comme Dubois-Crancé, va mène dès lors, parallèlement à sa carrière politique, une carrière militaire. Le 9 mai 1793, il est nommé "lieutenant au 14 régiment de chasseurs à cheval" 191(*). Dubois-Crancé prend les initiatives sur ces collègues, ayant sans doute sur eux une supériorité morale et technique; en effet il possède sur eux une expérience militaire qui fait de lui le leader du quatuor 192(*)

Lyon est alors en plein conflit politique entre jacobins et modérés, entre "le clivage politique (des) autorités municipales et départementales" 193(*). Dans la ville règne une grande tension. La ville étant au bord de la guerre civile, les représentants doivent donc agir avec tact et précaution. Le 13 mai 1793 les représentants réunissent, en séance publique, les corps administratifs. Dubois-Crancé parle de l'insurrection vendéenne. Puis les quatre conventionnels invitent les autorités constituées à redoubler d'énergie de zèle et d'activité pour prévenir les troubles. Le lendemain cette réunion donne naissance à la proclamation du 14 mai 1793, qui selon T.Koï 194(*), "relève d'avantage de l'Hébertisme que du Robespierrisme". Cette "guerre sociale aux riches", initiée par l'arrêté, est reprise, dans l'Ain par Gouly 195(*)et le sera en moindre échelle par Albitte.

Le 16 mai 1793, les représentants quittent Lyon pour Grenoble, où les Piémontais font une offensive.

En apprenant les agitations qui secouent la ville rhodanienne, Nioche et Gauthier-des-Orcières se séparent d'Albitte et de Dubois-Crancé; pour retourner à Lyon.

Pourquoi Albitte ne les accompagnent-ils pas ? On peut supposer qu'il se sent plus à l'aise auprès des armées en campagne que dans une fonction auprès de population civile; sachant qu'en brumaire an II, Collot d'Herbois voit "Albitte comme plus utile avant tout auprès des troupes" 196(*), il est donc évident qu'en mai 1793, Dubois-Crancé, accorde plus de crédit à voir Albitte vers les troupes, que dans un rôle de médiateur que son manque de génie oral n'aurait pas favorisé.

Une question se pose alors : pourquoi Albitte, est-il envoyé dans l'Ain, le 19 nivôse an II dans une fonction civile, alors que jusque là tout le désigne comme parfait auprès des armées ?

Albitte et Dubois-Crancé apprennent les événements de Lyon du 29 mai, alors qu'ils sont à Chambéry. Sans doute craignant de voir les arrières de l'Armée des Alpes menacés ils envoient une réquisition à Kellermann qui ordonne de faire marcher des troupes sur la ville. Lindet, le 3 juin 1793, dénonce cette mesure comme "funeste à la République"197(*). Le 13 juin 1793 dans une lettre à Calon, conventionnel de l'Oise, Albitte approuve les événements du 31 mai et du 2 juin198(*) à Paris. A une époque où la Révolution est ébranlée il commente très durement la situation, pour lui Lyon "est véritablement contre-révolutionnaire; la parti populaire y est atterré. . .la France est inondée des agents du Brissotisme, que l'esprit du peuple est égaré, que la coalition des égoïstes et des aristocrates existe réellement " 199(*). Albitte, Dubois-Crancé, Nioche et Gauthier-des-Orcières travaillent pour d'améliorer l'approvisionnement des troupes. Ils s'occupent essentiellement des ces dernières. En effet ils jugent tout ce qui se passe autour d'eux, avec le regard de personnes préoccupées par les affaires militaires aux frontières. C'est pour cela que Dubois-Crancé et Albitte écrivent aux Jacobins de Paris en se plaignant que leurs requêtes ne sont entendues. Le 24 juin 1793, dans un courrier adressé au Comité de Salut Public, ils se plaignent du manque de soutien de ce dernier 200(*). De même ils préviennent Paris des troubles lyonnais grandissant qui pourraient devenir fatal pour l'Armée des Alpes, puisque Lyon en est la base principale.

Le 27 juin 1793 les représentants demandent de "déclarer Lyon en état de révolte, (d') appeler contre lui les départements environnants"201(*). Albitte, avec la fougue de Dubois-Crancé comme modèle, prend son rôle de représentant très à coeur, sa nomination au grade de capitaine le 10 juin, ne pouvant que renforcer cet état d'esprit.

A la nouvelle de la révolte de Marseille le 6 juillet 1793, un corps de 1500 hommes détaché de l'Armée des Alpes est formé. Il est sous le commandement du "sans-culotte général Carteaux" 202(*), et sous la tutelle d'Albitte. Leur mission est de marcher sur Avignon pour empêcher toute jonction entre Marseillais et Lyonnais. Le 8 juillet 1793 le détachement arrive à Valence et se dirige sur Pont-St Esprit qui tombe le 14 juillet 1793. Albitte voit en oeuvre les armées de la République et commente au ministre de la Guerre comme un succès "l'amalgame généraux et sans-culottes" 203(*).

Vers le 9 juillet 1793, se joint à la colonne de Carteaux et d'Albitte, quelques hommes sous le commandement d'un jeune capitaine, fringuant jacobin, qui se voit confiER le commandement d'une colonne d'artillerie volante, afin d'aider à prendre Avignon.

Le 25 juillet 1793 Avignon est prise, et les 28 et 29 se sont au tour de Tarascon et Beaucaire de tomber dans les mains des troupes de la Convention.

Le jeune capitaine, du nom de Bonaparte, écrit à cette date Le souper de Beaucaire, où il présente une conversation (à la manière du Père Duchêsne d'Hébert) entre un fabricant montpelliérain, un nîmois et deux négociants marseillais. Cette brochure, sûrement très jacobine, plaît à Albitte qui en ordonne la réimpression aux frais du Trésor. Albitte voit dans Bonaparte un jeune officier, plein d'énergie et d'idéologie montagnarde. Il l'encourage donc et le conforte dans ses dispositions vis à vis du parti dominant à la Convention. Il encourage donc un officier de la nouvelle génération, c'est à dire non-suspect comme les officiers de l'Armée Royale, et patriote. Bonaparte rentre donc, tout à fait dans l'idée que se fait Albitte de l'officier méritant et partageant le sort de ses troupes 204(*). Albitte sans le savoir prépare sa carrière post-révolutionnaire.

Le 25 août 1793, c'est au tour de Marseille de tomber.

Avec sa carrière militaire qui évolue plus vite que sa carrière politique, Albitte mène les troupes plus comme un soldat que comme un civil. Peut-être a-t-il la même attitude que St Just à l'Armée du Rhin ? Le 9 septembre 1793 Albitte écrit à la Convention pour décrire la situation économique catastrophique de Marseille. Devant le nombre élevé de suspects il écrit le 12 septembre 1793 que si l' "on punissait à Marseille et dans le département des Bouches-du-Rhône tous les coupables, trois quarts au moins de la population disparaîtraient." 205(*). Cette attitude conciliante, inhérente au caractère d'Albitte, lui vaut d'être dénoncé le 20 octobre 1793 par Barras et Fréron auprès du Comité de Salut Public : "Albitte a montré la plus invincible répugnance pour les grandes mesures" 206(*). Paradoxalement le 18 pluviôse an II alors qu'il est dans l'Ain, Albitte se voit encore dénoncé aux Jacobins de Paris par Loys (membre d'une députation marseillaise) car "la société populaire (de Marseille) eut beau lui présenter la nécessité de faire incarcérer les contre-révolutionnaires de Marseille, il répondit par des objections futiles et ne voulut prendre la responsabilité de telle mesure." 207(*).

Il est intéressant de noter, pour l'historien, ici toute l'ambiguïté du personnage, qui en septembre 1793 à Marseille fait figure de modéré, alors qu'il est vu comme "un sultan d'Asie avec des hussards pour janissaires" 208(*) par la population de Belley, en l'an III. Est-il victime du changement de perception de ses contemporains, en fonction du revirement des tendances politiques et, où, est-ce ici l'illustration parfaite d'un homme au caractère plutôt influençable ? Les deux réponses sont justes mais, il semble bien que la tourmente révolutionnaire et ses effets aient sur Albitte une certaine emprise, ayant tendance à altérer quelques fois son caractère conciliant.

Le 9 septembre 1793, par un décret émanant de la Convention, Albitte ainsi que ses collègues auprès de l'Armée des Alpes, de l'Armée d'Italie, en mission dans le Var, et les Bouches-du-Rhône; doit de rendre à Toulon pour y réduire la révolte.

Barras, Fréron, Ricard, Saliceti, Escudier, Albitte et Robespierre-le-jeune, se retrouvent devant la ville assiégée.

Le 26 septembre 1793, alors que Doppet remplace Carteaux à la tête de l'armée, Albitte est chargé par ses collègues de se rendre à Paris, afin d'exposer la situation devant Toulon. Ses confrères, ont-ils voulu écarter Albitte qu'ils trouvent alors trop modéré ? Cette hypothèse est fort probable, étant donner que Carteaux qui était avec lui à Marseille, est lui aussi écarté de la place. Albitte est à Paris quand Lyon est reprise le 9 octobre 1793.

Le 18 octobre, il est chargé de se rendre à Commune-Affranchie pour s'occuper du ravitaillement en armes, munitions et tout ce qui peut être utile à l'armée en campagne à Toulon. Albitte arrive à Commune-Affranchie le 24 octobre 1793 où se trouve déjà Couthon. Bien qu'étranger aux affaires propres à Commune-Affranchie, il approuve néanmoins les mesures décretées par son collègue (création d'un tribunal militaire) et ses idées (transfert de population) 209(*). Albitte comme toujours, conduit sa mission avec beaucoup de zèle. Avec Doppet, ils se chargent du ravitaillement des troupes assiégeant Toulon. Pour cela, il se rend à Chambéry le 31 octobre 1793 pour former des bataillons. De même, il va à Grenoble, pour faire marcher des canonniers sur Toulon.

Le 6 novembre 1793, alors qu'il est sur la route pour rejoindre Toulon, il reçoit, lors d'une halte à Valence, une lettre du Comité de Salut Public, requérant sa présence à Commune-Affranchie, mais comme représentant auprès de l'Armée des Alpes.

A Commune-Affranchie, il retrouve Collot d'Herbois, Fouché et Laporte (qui était parti "pour se reposer quelques jours à la campagne" 210(*)). Collot d'Herbois et Fouché, exercent "une grande influence sur le caractère faible d'Albitte" 211(*). Collot d'Herbois (ancien acteur, orateur aux Jacobins) a été en mission dans la Nièvre et le Loiret. En tant que membre du Comité de Salut Public, il ne peut qu'augmenter son aval sur Albitte que sa formation professionnelle et politique desservent déjà beaucoup. Bien que le nom d'Albitte apparaisse avec celui de ses collègues au bas des arrêtés, il ne prend pas une part active aux fonctions relevants des représentants à Commune-Affranchie.212(*). "Collot d'Herbois considère Albitte comme utile avant tout auprès des troupes" 213(*) donc loin des affaires des représentants à Commune-Affanchie. Albitte ne désapprouve pas pour autant les mesures révolutionnaires de ses collègues.

Albitte trouve dans Collot d'Herbois un "ardent défenseur" 214(*) . Y trouve-t-il aussi un modèle, entre militant jacobin et sympathisant cordelier ? Cette amitié, ainsi que celle de Fouché, lui sauve peut-être la vie en thermidor an II.

C'est à Commune-Affranchie qu'Albitte prend modèle pour mener une mission auprès de populations civiles. L'expérience de Fouché et Collot d'Herbois (ainsi que les mesures révolutionnaires prises à Commune-Affranchie) façonnent l'idéologie d'Albitte215(*) A Commune-Affranchie, Albitte côtoye Javogues, qu'il trouve (grâce à "sa perspicacité habituelle" 216(*)) trop impulsif, ne calculant rien et n'écoutant pas sa raison. Les deux hommes pourtant s'apprécient.

Albitte lors de ses séjour à Lyon, informe le Comité de Salut Public non seulement de ses actions (il rédige presque une lettre par jour), mais aussi de ce qu'il voit et de ce qu'il pense. Il se montre très perspicace et logique. Il étudie les choses autours de lui et en fait rapport avec une franchise très droite. Ainsi en Octobre 1793, il n'hésite pas à critiquer la loi du maximum217(*) et en Vendémiaire an II à critiquer l'anarchie des pouvoirs qui découle du trop grand nombre de représentants du peuple et de commissaires du pouvoir exécutif qui sillonent les mêmes départements. A cette dernière critique, Albitte donne une solution dont il bénéficiera dans l'Ain : un ou deux représentatns par départements avec les pleins pouvoirs sans aucuns autres intermédiaires que les administrations locales pour se charger des affaires218(*).

Cette perspicacité (d'après C.Lucas propre à Albitte) lui fera plutôt défaut dans l'Ain.

A Commune-Affranchie Albitte fait la connaissance de Dorfeuille, Millet, Vauquoy, Merle et Bonnerot. Mais c'est aussi à Commune-Affranchie, qu'il tombe gravement malade. Il est victime d'une affection arthritique chronique qui déclenche chez lui une "gêne des mouvements musculaires au point que le malade ne peut marcher sans les secours de la béquille. Les mêmes douleurs portent tour à tour aux différents systèmes et semblent s'être particulièrement attachés aux organes urinaires"219(*). Albitte n'a certainement pas besoin à ce moment de béquille, mais il se fait néanmoins suivre par un médecin militaire en poste à Mâcon220(*). Cette maladie, Albitte va la subir jusqu'à la fin de sa vie.

C'est à cause de sa maladie qu'Albitte demande, en nivôse an II, à partir auprès de l'Armée des Pyrénées221(*). Son désir de changer d'affectation et la contestation des pouvoirs de Gouly par les représentants à Commune-Affranchie et les dénonciations des Sans-Culottes de l'Ain, amènent le Comité de Salut Public à prendre une décision rapide et donc nommer Albitte dans l'Ain 222(*)

Le Comité a toute confiance en lui et l'envoi dans l'Ain pour s'assurer que les loix révolutionnaires sont biens appliquées, si ce n'est pas le cas de prendre des mesures pour le faire.

Albitte ne part pour Bourg que le 27 nivôse (16 janvier). Sûrement a-t-il attendu que son successeur Méaulle arrive; comme il lui a sans doute fallu le temps pour préparer sa mission. Lui sont adjoints plusieurs commissaires civils, hommes politiquement et professionnellement éprouvés pour ce genre d'action. Il part avec comme conseil du Comité de Salut Public de rester en correspondance avec ses collègues à Commune-Affranchie.

Venant de Commune-Affranchie, Albitte arrive à Bourg le 28 nivôse an II (17 janvier), en compagnie de clubistes parisiens pris dans l'entourage des représentants à Lyon. On peut penser que l'envoi de ces commissaires civils dans l'Ain et le Mont-Blanc avec Albitte, fait suite aux tensions qui règnent entre amis de Chalier et clubistes parisiens à Commune-Affranchie. En effet ces derniers ont la confiance des représentants à Lyon 223(*). L'envoi de ces hommes, outre le fait de marquer un esprit de conciliation avec les jacobins lyonnais, montre aussi la volonté des représentants de vouloir imprimer efficacement la marche du Gouvernement Révolutionnaire224(*) dans l'Ain, en secondant Albitte par des experts de ce genre de travail. Ces commissaires nationaux forment donc le premier entourage d'Albitte, ayant pour rôle, de le conseiller, de l'aider, mais aussi de le diriger quand le représentant pourrait faire preuve de modération comme à Marseille. Qui sont ces hommes, quelle est leur formation et leur parcours révolutionnaire ?

III : l'entourage d'Albitte dans l'Ain

* 141Archives municipales de Dieppe, citées par V.Courtine in "L'itinéraire révolutionnaire d'un représentant du peuple dieppois : Antoine-Louis Albitte" mémoire de maîtrise sous la direction de C.Mazauric, U.E.R "lettres et sciences humaines" Université de Rouen 1989, page 19.

* 142A.Soboul in "Dictionnaire de la Révolution Française" P.U.F, Paris 1989, page 14

* 143Voir les arrêtés du Représentant Albitte, qui son construit suivant la même rigueur, comme une déclinaison ou un plaidoyer d'avocat : considérants, puis arrêté composé de plusieurs articles.

* 144Ibid, page 20

* 145J.Noury in " Souvenir Révolutionnaires, Albitte, député de Dieppe, son frère, son neveu" dans le "Patriote de Normandie" du 10 septembre 1894, cité par V.Courtine, page 20

* 146V.Courtine, Ibid, page 20

* 147A.Kuscinski in Dictionnaire des Conventionnels, fascicule A-C, Paris librairie F.Rieder, 1916 page 2 à 4

* 148A.Boudier in Albitte Antoine-Louis, notice bibliographique, Rouen 1931, cité par V.Courtine, page 22

* 149J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost in Dictionnaire de Biographie Française, tome 1 Paris librairie LeTouzey et Ané, 1933, page 1254

* 150"Je voudrais avoir une éloquence assez forte pour vous persuader. . .je sens la vérité, mais je n'ai pas les moyens de l'exprimer" cité par A.Boudier in Albitte Antoine-Louis notice bibliographique, Rouen 1931, page 8; cité par V.Courtine, page 27

* 151V.Courtine Op.cit, page 28

* 152A.Robert-E.Bouloton-L.Cougny in Dictionnaire des parlementaires français tome 1, Bourloton éditeur Paris 1891, page 32

* 153M.Biard in Collot d'Herbois, légendes noires et Révolution, Presse Universitaire de Lyon, Lyon 1995, page 91

* 154Ibid, page 97

* 155A.Kuscinski, page 2

* 156A.Boudier in Albitte Antoine-Louis, cité par V.Courtine, page 33

* 157V.Courtine Ibid page 32

* 158A.Boudier, cité par V.Courtine page 32

* 159J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost in Dictionnaire de biographie française, Paris 1933, page 1253

* 160V.Courtine, Op.cit, page 34

* 161Cité par V.Courtine, page 32

* 162C.F.L de Montjoye in l'Histoire de la conjuration de Louis-Philippe-Joseph d'Orléans surnommé Egalité, sans nom d'imprimeur, Paris 1796, page 175

* 163Dr.Hoeffe in la Nouvelle biographie universelle, Firmin Didot frère éditeur, Paris 1852, page 638.

* 164V.Courtine, page 37. V.Courtine, s'appuit sur la correspondance du représentant, mais ;cette présence n'est corroborée par aucun témoignage, ni par aucune biographie. Il est donc possible de penser, qu'Albitte, comme proche de la Commune et de la sans-culotterie parisienne, est participé à l'occupation des bâtiments, et non à l'assaut.

* 165Archives Parlementaires, juillet 1792, cité par V.Courtine, page 35.

* 166Moniteur du 3 septembre 1792, cité par V.Courtine, page 39.

* 167Cité par V.Courtine, page 41.

* 168M. de la Rocheterie in Le 16 octobre 1793, librairie de la Société Bibliographique 35 rue de Grenelle, Paris 1876, page 11

* 169J.Tulard-J.F.Fayard-A.Fierro in l'Histoire et dictionnaire de la Révolution Française 1789-1799, éditions Robert Laffont, collection Bouquins, Paris 1987, page 941.

* 170V.Courtine, page 43

* 171Dr. Hoeffe, page 638

* 172J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, page 1255

* 173Ibid page 1255

* 174V.Courtine, page 45

* 175A.Robert-E.Bourloton-L.Cougny in le Dictionnaire des Parlementaires Français, Bourloton éditeur, Paris 1891, page 32.

* 176J.Balteau-M.Barroux-M.Prévost, Op.cit, page 1255. Il en obtiendra l'arrestation dans le comté de Nice, quand il sera représentant du peuple à l'Armée des Alpes; et fera traduire Brunet au Tribunal Révolutionnaire.

* 177Ibid page 1255

* 178V.Courtine, page 47.

* 179Robespierre "sur le jugement de Louis XVI" du 3 décembre 1792, in Discours et rapports à la Convention, Union Générale d'Editions, 8 rue Garancière Paris, 1965, réedition de 1988, page 79.

* 180M.de la Rocheterie in Le 21 janvier 1793, librairie de la Société Bibliographique, 35 rue de Grenelle, paris, 1876, page 23

* 181Dr.Hoeffe, page 638

* 182B.Benoit-R.Saussac in le Guide Historique de la Révolution à Lyon 1789-1799, éditions de Trévoux, Lyon 1988, page 128

* 183A.Boudier, cité par V.Courtine, page 50.

* 184V.Courtine, page 50

* 185A.Robert-E.Bourloton-G.Cougny, page 32.

* 186Moniteur Universel, tome 18 page 303, cité par V.Courtine, page 54.

* 187"Le Comité de Salut Public te fait passer, citoyen collègue, une note relative aux opérations des quatres commissaires envoyés dans le département de l'Ain par les représentants qui sont à Ville-Affranchie. Ce département est confié à ta vigilence, le Comité a cru devoir te faire part de ses renseignements. Toutes les fois que tu croiras utile de te déplacer, tu instruiras le Comité du lieu actuel de tes opérations." Lettre du C.S.P à Albitte du 14 nivôse an II, citée par E.Dubois in Histoire de la Révoltuion. . ., tome 4, page 131.

* 188Antoine-François Gauthier dit des Orcières, né à Bourg en 1752 dans une des plus anciennes familles bourgeoises de Bourg. En 1785, il est recteur de l'école des Pauvres de Bourg. En 1788, il s'attire la colère de la noblesse, en publiant des différents mémoires : considérations sur l'état actuel de l'administration de la Province de Bresse, et réflexions contre les religieuses de St Claire. Elu député aux Etats Généraux par le Tiers du baillage de Bourg, il est considéré comme un éxalté par la noblesse et le clergé. Durant la Législative, il est procureur général syndic du département. Elu à la Convention, il vote la mort du roi. Ami de Dubois-Crancé ( in Les Conventionnels de l'Ain,, page 32), il en sera pour beaucoup, dans l'appel à Paris par les Comités, des sans-culottes de Bourg en prairial an II.

* 189E.Herroit in Lyon n'est plus tome 1 "Jacobins et modérés", librairie Hachette, 1937, page 333

* 190Ibid, page 322.

* 191"Etats de service du sous-inspecteur aux revues Albitte Antoine-Louis", archives de l'Armée, dossier Albitte, sans côte. Albitte devient capitaine au 19 régiment de chasseurs à cheval le 10 juin 1793, adjudant-général chef de bataillon le 16 août 1793.

* 192Ancien garde du corps du Roi et ancien aide de camp de Wimpfen et du ppreince de Hesse, Dubois-Crancé, est le vecteur des haines lyonnaises durant la crise fédéralistes. En juillet 1793, il est considéré par L.N Carrier, dans le "Journal de Lyon" ( mémoire de maitrise de L.Jacquet, Le Journal de Lyon 1791-1793, Sous la direction de S.Chassagne, Université Lyon 2, 1996) comme le "tyran de l'Armée des Alpes". Ce qui prouve son importance face à ses collègues, qui sont toalement occultés.

* 193B.Benoit-R.Saussac, page 77.

* 194Cité par B.Benoit-R.Saussac, page 25.,

* 195Voir page 19.

* 196M.Biard in Collot d'Herbois, légendes noires et Révolution, Presse Universitaire de Lyon, Lyon 1995, page 129.

* 197A.Aulard in" recueil des actes du Comités de Salut Public" tome 3, page 432, cité par V.Courtine, page 58.

* 198"Le peuple de Paris vient de faire un mouvement spontané qui peut sauver la France". Correspondance d'Albitte (A.D.R ms 6629), citée par V.Courtine, page 60

* 199Ibid

* 200"Nous vous écrivons et vous ne répondez pas. . .aucune de nos lettres n'est connues par l'Assemblée, aucune de nos demandes sur les besoins et les subsistances de l'armée n'entraine de décision. . .vous devez seconder notre zèle et notre dévouement et ne pas nous oublier ainsi." Lettre cité par V.Courtine, page 65.

* 201Lettre de Dubois-Crancé et d'Albitte du 23 juin 1793. Citée par V.Courtine, page 62.

* 202Lettre d'Albitte au ministre de la guerre, citée par E.Herriot, tome 2, page 234.

* 203Ibid.

* 204"A l'armée,. . .on respecte l'officier quand il fait son devoir." Correspondance d'Albitte, citée par V.Courtine, page 50.

* 205A.Kuscinski, page 2.

* 206Ibid

* 207Ibid.

* 208"Les citoyens de la commune deBelley, réunis en société populaire, à la Convention Nationale. Tableau succinct de la conduite publique et privée qu'ont tenu les représentants du peuple en mission dans le district de Belley." Imprimerie Kindelem, Belley an III, fonds Coste, côte n° 114964, B.M.L.

* 209M.Biard, Op.cit, page 137.

* 210M.Biard, Ibid, page 129.

* 211A.Kuscinski, Op.cit

* 212En effet, lors du rappel de ses fonctions, par la lettre du Comité de Salut Public le 14 nivôse, le Comité l'informe des "opérations des quatres commissaires envoyés dans le département de l'Ain par les représentants qui sont à Ville-Affranchie."( Op.cit); comme si Albitte n'était pas à Commune-Affranchie. Ce qui prouve un certain détachement d'Albitte pour les affaires lyonnaises.

* 213M.Biard, Ibid, page 129.

* 214V.Courtine, Op.cit, page 75.

* 215Les missions des représentants dans les départements, (voir l' ouvrage de C.Lucas sur la Mission de Javogues dans la Loire, l'ouvrage de M.Biard sur Collot d'Herbois) sont régies toutes suivant un modèle quasiment identique : 1-contact avec les autorités locales et les sociétés populaires. 2- renseignement sur les prisonniers, par des visites oppérés par des agents du représentant. 3-épuration des administrations, avec appuit sur les sociétés populaires, elles aussi épurées si il le faut; afin de disposer d'une base sûr pour établir la politique révolutionnaire.4-phase de déchristianisation, souvent suivit d'arrestations "d'aristocrates" et d'ennemis de la Révolution. Pour cela les représentants s'appuient sur des agents du Gouvernement Révolutionnaire, les commissaires nationaux et les agents nationaux.

* 216C.Lucas in La Structure de la Terreur - l'exemple de Javogues dans le département de la Loire", Oxford University Press 1973, traduction française de G.Palluau, éditions du CIEREC travaux LXIX, Université Jean Monnet, St Etienne 1990, page 59.

* 217Voir Mathiez Albert : La vie chère et le mouvement social sous la Terreur. Tome 2 , page 49 et 50.

* 218Lettre d'Albitte citée par H.Wallon, Op.cit.

* 219"Certificat de maladie fait à Vienne le 16 juillet 1806" Archives adminstratives du Ministère de la Guerre, dossier Antoine-Louis Albitte, sans côte.

* 220Lettre du citoyen Tissot, officier de santé, commissaire inspecteur des hopitaux militaires, à Albitte, du 1er pluviôse an II. Citée par P.J.G in "La maladie secrète d'Albitte" in Visages de l'Ain n°76, décembre 1964, page 25.

* 221"Tu as paru désirer toi-même un changement de position et la destination que nous t'indiquons te conviendra d'autant mieux qu'il y aura moins de fatigue que dans celle des Pyrénées que tu nous indiquais, et que tu nous a dit que ta santé n'était point encore tout à fait rétablie" Lettre du Comité de Salut Public à Albitte, du 19 nivôse an II, écrite de la main de Robespierre, citée par E.Dubois in Histoire de la Révolution. . ., Op.cit, tome 4 page 142.

* 222"Le Comité de Salut Public a pensé qu'avant de quitter le poste que tu occupes et de rentrer à la Convention, tu pourrais, en visitant les départements du Mont-Blanc et de l'Ain, y mettre en vigueur le gouvernements révolutionnaire." Ibid.

* 223Fouché dit des amis de Chalier, qu'ils sont de faux patriotes, leur paréférant donc les "paracchutés" parisiens. B.Benoit-R.Saussac, Op.cit, page 36.

* 224Dorfeuille et Millet se présentent comme des "commissaires nationaux nommés par Fouché, Collot d'Herbois, Albitte et Laporte". (in "Le Père Duchèsne la cadet" l'arrivé du père Duchèsne à Bourg, cité par Ph.le Duc, Op.cit, tome 4, page 338.

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